Type de RP RP Classique
Date du sujet 3 Floraison 5:11
Participants @Lachlann Vaël et @Leone
TW Grossièreté, abandon, violence psychologique, mention d’enfant mort-né
Résumé Leone est abordée dans sa triste prière par Lachlann Vaël qui parvient à lui changer les idées. Ils discutent, échangent des points de vues, parlent théologie et se découvrent au détour des mots si bien que Leone finit par lui proposer une visite de la Commanderie de Starkhaven.
Pour le recensement

Code:

[code]<ul><li><en3>3 Floraison 5:11</en3> : <a href="https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t636-sous-les-yeux-du-createur-pv-lachlann">Sous les yeux du Créateur</a></li></ul><p><u>@”Lachlann Vaël” et @”Leone”</u>Leone et Lachlann se rencontrent à la Chantrie, sous les yeux du Créateur. Deux vies et une entraide inattendue.</p>[/code]

Quand l'heure était au désespoir, il était grand temps de s'en remettre à la volonté du Créateur. Leone ne s'était jamais sentie aussi vide, ni aussi désemparée. Longtemps, elle avait fuit, pour tout un tas de raisons, bonnes ou mauvaises. Lorsqu'elle avait décidé de remettre les choses à plat, son destin lui avait échappé.

Leone se trouvait, comme souvent, devant la grande Cathédrale de Starkhaven. Elle ressentait ce besoin de se confier, d'être écoutée et de se fier à un dessein plus grand qu'elle. L'immense bâtisse la surplombait alors qu'elle avançait à pas mesurés vers l'entrée. Les fidèles se pressaient, nombreux, mais la foule ne dégénérait pas en cohue. Elle entra dans le lieu sacré et, comme à chacune de ses venue, fut subjuguée par la beauté et la puissance des voûtes qui s'entremêlaient. Ce gigantisme forçait le respect et Leone ploya la nuque dans un signe respectueux.

Le regard abaissé, les mains jointes, elle s'installa sur un banc à l'écart, excentré et caché de l'allée principale. Aujourd'hui, elle ne se sentait même plus digne de Son regard clément.  

Les retrouvailles avec Copper avait été plus glaciales qu'elle ne l'avait espéré. Copper avait pris autant d'années qu'elle et Leone avait mené sa propre vie pendant que lui, élevait sa propre fille. Copper ne pouvait décidément que lui en vouloir. Avec difficulté, elle l'entendait et le respectait. Copper ne connaîtrait jamais l'enfer de voir sortir de ses propres entrailles un bébé mort ni toutes ses répercussions psychologiques. Leone devait être compréhensive à ce sujet.

Après tout, c'était bien elle la fautive. D'abord incapable de concevoir un héritier. Puis d'être tout aussi incapable d'encaisser le coup et préférer la fuite. Puis retomber dans ses travers en fuyant à nouveau alors qu'une nouvelle vie lui tendait les bras. Souvent, elle imaginait ce que sa vie aurait été au sein des Dragons de Rubis, Céleste, Copper et Amadis à ses côtés. Image aussi vaine qu'elle était éthérée.

Le regard de la garde de rang se redressa enfin. Les coudes solidement encrés sur ses genoux, les mains toujours entrelacées, son immense corps paraissait avachi. L'inquiétude et la douleur se lisaient sans mal sur son visage. Son regard se perdait dans l'observation de la coupole pendant qu'elle humectait ses lèvres, visiblement émue.

Résumé : Leone est désespérée, elle se rend par habitude à la Grande Cathédrale pour trouver le refuge du Créateur.

Leone n’arrivait pas à blâmer le Créateur, mais, elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’il était rude avec elle. Après avoir réussi à amenuiser le conflit latent entre elle et Copper, elle l’avait convaincu de l’emmener avec lui pour rendre visite à la famille Treglown, où était cachée sa Celeste. Un petit village sans histoire, des familles qui vivaient avec peu mais dans une relative harmonie. Son ami avait bien choisi, Celeste devait avoir mené une vie tranquille et sans histoire, tout ce dont elle avait elle-même rêvé petite. Si l’anxiété dominait, Leone était aussi rempli d’espoir.

Ce jour-là, ils trouvèrent la chambre vide.
Des parents désemparés.
Deux filles disparues en quelques semaines à peine.
L’une envoyée au Cercle.
L’autre simplement evaporée.
En plus de son propre chagrin, Leone s’était chargée d’apaiser les parents.
Une nouvelle fois brisée, réduite en miettes.

Elle avait ramassé son cœur en morceau, ravalé ses larmes. Elle n’avait juste pas trouvé les mots pour se présenter aux Treglown, elle ne le méritait pas. Depuis cette sombre journée, elle priait chaque jour pour que sa fille lui revienne. Elle avait bien fait quelques recherches avec Danse-Vent, mais son statut de Garde de Rang l’empêchait de s’éloigner trop souvent et trop longtemps de Starkhaven. Frustrée et anéantie, elle s’en remettait à Andrasté.

Les paroles de la cérémonie du jour effleuraient ses oreilles sans l’atteindre. Les litanies étaient toujours les mêmes, Leone n’arrivait pas à savoir si c’était rassurant ou agaçant. Solitaire, elle se mettait toujours à l’écart et improvisait mentalement sa propre cérémonie. C’était sa manière à elle de suivre sa foi. Elle n’avait jamais été interrompue, jusqu’à aujourd’hui où un salut déplacé fit trembler sa prière. Elle l’ignora et se reconcentra en serrant la mâchoire. Mais, le jugement de la personne assise à sa gauche vint la déranger de nouveau. Elle resta le regard fiché devant elle, se rappelant d’être clémente.

« _ Si. » Elle prit une inspiration alors qu’elle sentait sa voix trembler. « J’assume mes fautes et cherche la rédemption. Seul le Créateur en a le pouvoir et je prie pour qu’il me guide à travers la fatalité. Je garde espoir, mais le chemin est parsemé de nouvelles crevasses qui le rendent plus long, plus difficile, plus éprouvant. Après avoir sauté de l’autre côté du ravin, je voulais trouver le calme de la plaine, mais, le Créateur a choisi un autre sentier pour moi. Je m’attèle à le gravir. En gardant foi, j’y parviendrai. » Elle hésita avant de finalement continuer. «  Même si… j’ai l’impression que mes pas se font las et fourbus… »

La plaine, elle l’avait espéré en fuyant le domaine de Ruisseldor. Puis, en quittant les Dragons. Et, enfin, en rendant visite aux Treglown. En quarante années et quelques, la douce plaine sans accroc se refusait à elle. Chaque nouvel objectif atteint semblait l’éloigner d’un sommet insaisissable. Chaque pas se faisait plus difficile que le précédent, était-elle au moins capable d’avancer encore ?

Toujours la mâchoire crispée, elle ajouta en un souffle.

« _ Ce sont bien là les paroles de ceux qui ont abouti à la plaine, trouvé leur chemin. » Elle tourna la tête vers son interlocuteur. Elle fut un instant déstabilisée par ses traits d’homme mature, même s’il était plus jeune qu’elle. Une abondante crinière noire cascadait autour de deux yeux compréhensifs. Sa tenue, sa posture, le port de son visage, il n’était pas des communs. « Me trompai-je ? »

Sans s’en rendre compte, l’arrivée de cet énigmatique personnage avait éloignée Leone de ses problématiques les plus urgentes.

Résumé : #3615 mylife avant d’être gênée puis intriguée par l’arrivée de Lachlann.

Le silence qui plana pendant quelques instants fit penser à Leone que, finalement, ce voisin qui avait engagé la conversation espérait que la discussion s'étouffe tout aussi vite. Était-ce la sacralisation de la cathédrale qui le faisait hésiter ? Pourtant, la saluer et l'importuner dans sa prière ne l'avait pas gêné un instant, ni même faire un pas dans son espace mental privé. Il avait ouvert une brèche et ne pouvait décidément plus se débiner.

Lorsqu'il eut finalement la décence de répondre, ses paroles furent avisées. Là où se dressait la montagne, Leone n'avait perçu que le chemin le plus difficile, grimper tout droit et s'échiner à la tâche. L'idée d'un chemin dérobé plus calme la rassurait. Elle avait peut-être décidé d'aborder ses problèmes trop frontalement et se retrouvait au pied du mur. La subtilité n'était pas sa plus grande qualité. Aussi banales qu'étaient les paroles de l'homme, elles prenaient une dimension supplémentaire en cet espace sacré.


« _ Vos paroles sont pleines de bons sens. A force de maintenir un cap trop rigide, j'ai manqué de clairvoyance. Elle leva les sourcils. Cette affirmation tombait si juste… et lui retirait un poids. Je crois qu'on peut dire que vous tombez à pic, même si je ne crois pas vous avoir déjà vu ici. »

L’échange était sobre mais pas dénué d’intérêt. Leone avait gardé les yeux rivés sur la colonne en face d’elle. Lorsqu’elle risqua un regard dans la direction de la voix, elle s’attendait à voir un vieux monsieur rempli de sagesse. Les clichés ont la vie dure. La question de la garde le toucha et elle vit vaciller la flamme, il empruntait un chemin sans doute aussi ardu que le sien mais, avait su trouver un équilibre. Elle acquiesça lentement, échanger d’aussi longues tirades n’étaient pas bienvenues lors de ce moment de recueillement.

« _ Je vous renvoie la pareille. Et elle se tue, laissant les deux protagonistes à leur affaire. »

Leone retrouva sa posture première, calla son postérieur sur le banc inconfortable et ferma les yeux, la tête levée en direction des voûtes. Elle psalmodiait désormais en silence, priant le Divin pour qu’il lui présente d’autres voies, s’excusant d’avoir invariablement suivi le sentier le plus compliqué alors que les solutions se trouvaient sous ses yeux. Leone ne pouvait défaire le passé, ni ne pourrait échapper aux courroux d’Orlaïs le temps venu. En attendant, elle pouvait retrouver sa fille et peut-être éponger ses erreurs.

« _ Veillez sur ma Celeste. Conclut-elle en un murmure. »

Elle se laissa porter par la suite de l’office, entonnant parfois du bout des lèvres les chants sacrés qu’elle connaissait par cœur. Son attention était ailleurs, libérée d’une partie de son fardeau, elle voulait désormais en apprendre plus sur cet énigmatique personnage.

Résumé : Les paroles de Lachlann visent juste et libèrent Leone de son fardeau du jour. Elle l’en remercie avant de le laisser à sa prière mais attend avec insistance le moment où ils pourraient à nouveau discuter.

L’attention de Leone revint diligemment vers l’homme qui semblait patiemment l’attendre. Avait-il prié ou simplement attendu que le temps passe ? Elle avait senti qu’il n’était pas tout à fait concentré et peut-être qu’il venait simplement observer les vitraux, au demeurant extraordinairement teintés. Il était de toute façon trop tard pour s’attarder sur ce genre de détail, l’homme avait piqué sa curiosité en plus de lui rendre cette mâtinée vivable. Elle hocha doucement la tête à ses nouvelles paroles. Ainsi, il n'était ni un hérétique, ni un habitué de la Grande Cathédrale. Leone côtoyait peu de gens de la Haute mais savait en reconnaître un lorsqu'il était sous son nez. Tous les indices laissés par courtois ténébreux menait à cette conclusion simple : ils n'appartennaient pas au même monde. Et, par sa faute, Celeste ne goûterait jamais la saveur de l’aristocratie.

« _ Vous connaissez la Garde des Ombres ? C'était une question rhétorique. Je ne sais plus ce qu'on imagine sur nous. Ni comment on peut enjoliver la chose en se persuadant qu'on entre dans les rangs par choix ou par vocation. C'est souvent une belle fuite qui se termine dans cette cage intouchable. On aligne les pires fuyards sur le front, parce qu'on le mérite bien. La mort est juste plus lente sans Enclin. Et les Enclins nous empêchent de trop penser. »

Leone se tut. Elle-même ne savait pas ce qu'elle cherchait à prouver en exposant tout cela à voix haute. Pour certains, la Garde était une seconde chance et, même si elle n'en faisait pas partie, d'autres l'avait vraiment choisi, par intérêt, peut-être, mais choisit quand même. Elle en était revenue à être incapable de voir plus loin que le bout de son nez, à penser qu'elle ne méritait qu'une mort longue et douloureuse à cause de son incompétence.

« _ Ouais, j'pense bien que si on est là, c'est que là-haut on a décidé qu'on était en trop. »

La messe était terminée et le clocher sonnait onze heures. Les fidèles s’échappaient par la grande porte dans un calme relatif. Pour ceux-là, l’heure était à la délivrance pendant que Leone avait choisi sa propre prison pour le restant de ses jours, telle une flagellation.

Résumé : Comme Lachlann veut pas parler, elle philosophe sur sa condition et la Garde des Ombres. #Youpi

La réponse du brun ne tarda pas à venir et Leone s'apprêtait à pester en retour. Il ne savait pas. Ne comprenait rien à rien. La Garde des Ombres était un allé simple et on s'y engouffrait sans en être pleinement conscient, jusqu'à cette cérémonie qui les liaient à jamais. Leone toucha instinctivement son pendentif pendant que la suite du message de l'homme grimpait doucement au haut de son crâne.

Des apprentis confiés ?

« _ Vo-vous êtes un mage ?! Ne pût-elle pas s'empêcher de s'exclamer, un peu trop fort dans une cathédrale. »

Elle remettait tout en perspective sous ce nouveau prisme. Maintenant qu'elle y prêtait attention, elle entendit les pas armurés d'un templier. Leone s'en voulait de s'être laissée berner ainsi. Les mages, elle ne les côtoyait que par intérêt au sein de la garde. Dire qu'elle n'avait pas d'affection pour eux serait un mensonge mais avouer qu'elle les portait dans son cœur était faux.

Son corps se crispa mais la présence du Templier non-loin la rassurait. Elle se força au calme et tenta tant bien que mal d'effacer les stigmates de son intolérance. Elle rabattit une mèche rebelle derrière son oreilles, passa une main sur son visage et perdit quelques secondes son regard dans la colonnade. Un semblant de paix retrouvée, elle sentit soudainement que l'homme était tout aussi ébranlé par les mots échangés. L'empathie reprit le dessus.

L'air à la fois sympathique et désolé de l'enchanteur fissura son cœur. Elle ne pouvait pas échapper à la réalité des faits : les mages brisaient le Voile mais comparer les deux ordres lui rappelait à quel point ils étaient semblables. Elle acheva la distance qui les séparaient jusqu'alors et entreprit de poser une main maternelle sur son épaule.

« _ Soyez fier de votre condition. Il est trop tard, pour nous deux, désormais. »

L’évocation de son passé la ramena à une réalité si dure que son bras tomba le long de son corps et ses yeux se détournèrent bien vite.

« _ Mon corps m'a trahi. Un instant passa. Au moment où j'aurais dû briller, le Créateur m'a rappelé que nos enjeux politiques ne sont rien face à ses desseins. Il m'a appris l'humilité. Et, peut-être, qu'en plus de la fuite, c'est l'une des raisons pour lesquelles je suis entrée chez les Ombres. Son visage devint plus grave. Considérez-vous avoir été trahis par votre corps ? La curiosité était véritable, mais peut-être un peu trop franche. »

Résumé : OMG. UN MAGE. oklm je gère. Presque. Je te renvoie la balle, zoubis.

Leone fit non de la tête, en dépit de ce qu'elle pouvait vraiment penser.

« _ Cela m'a surprise, voilà tout. s’excusa-t-elle. »

Il partit dans d'autres considérations et Leone respecta son nouveau silence. En s'approchant de lui, elle comprit bien qu'il n'avait pas -ou plus- l'habitude de voir brisé son cercle de proximité. Elle capta les sourcils froncés, ressentit une pointe de gêne avant d'être happée par leur conversation.

Elle inclina la tête de manière respectueuse. Il n'était pas bien plus jeune qu'elle et la Garde lui avait servi le même discours qu'aux jeunes recrues fraîchement survivantes de l'Union.

« _ Pardonnez Messer, je vois bien que vous n'avez guère besoin des beaux discours dont je soupe les jeunes Gardes. Elle passa sa main devant son visage pour faire signe de continuer la conversation. Elle se garda d'ajouter qu'elle lui donnait à peine trente ans sous ses traits lisses. »

A la question du mage, Leone s'ouvrit, offrant des moments de vie clés à ce compagnon d'une matinée. Jamais trop en dire, toujours rester flou. A trop donner d'indices, elle se mettait en danger. Et même si son serrement de presque vingt ans envers les Ombres la protégeait, elle n'était toujours pas prête à affronter ceux qu'elle avait délibérément laissés derrière elle. Revoir Émile, ses parents, c'était s'assurer un allé simple dans ses douloureux souvenirs et replonger dans une dépression qu'elle s'interdisait.

Malgré ces secrets avoués, ce pan de cœur mit à nu, l'enchanteur semblait bien peu enclin aux mots doux et rassurants. Leone comprenait qu'on ne sut comment réagir, après tout, il n'y avait rien à commenter, c'était tout. Peut-être aurait-elle apprécié une accolade amicale, une chanson rassurante ou un moment d'écoute active, mais que pouvait-elle exiger de cet inconnu ? Elle rangea son soupir, préférant abandonner ses regrets avant qu'ils ne surgissent. Il était tout ce dont elle s'imaginait des Mages, direct, froid et pragmatique.

Finalement, Leone aurait pu blâmer ses proches de la même manière que l'homme le faisait actuellement. Il avait raison, elle comprenait, la pression familiale pour engendrer un héritier avait été si forte. Mais de quoi avait bien pu être éloigné son interlocuteur par sa condition de Mage ? Ses paroles étaient bien nébuleuses et ne laissaient pas de point d'accroche. C'était ainsi, ils avaient tous les deux leur jardin secret et n'étaient pas prêts à en dire plus, c'était compréhensible.

« _ J'espère en tout cas que vous avez trouvé la force de pardonner à ceux qui, à un moment donné, n'ont pas su vous donner le soutien que vous méritez, comme le prêche le Créateur. Quant à elle, elle n'en voulait à personne à part elle-même et le chemin restait long pour apprendre à se pardonner.   Nos alliés ne sont pas toujours là où on les attend. ajouta-t-elle de manière énigmatique, en battant lentement des cils. On ne peut pas compatir à toute la misère du monde, il faut savoir se préserver. Elle sourit, de nature empathique, elle avait parfois trop voulu donner. Quelques instants passèrent dans un silence religieux. Vous disiez que les gens heureux ne se cachent pas pour prier, vous semblez satisfait de votre condition de mage. Dites-moi, pourquoi vous cachez-vous, alors ? Leone avait de cette brusquerie qu'elle ne savait pas cacher. Elle se ressaisit en se raclant la gorge.  Non, vous n'êtes pas obligé de répondre. La maison du Créateur me donne parfois des ailes. Peut-être vous ai-je même déjà mis en retard, ne vous sentez pas obligé de rester. »

Résumé : Beaucoup d’excuses suite à ses maladresses bourrues, Leone essaye de creuser pour en savoir un peu plus.

Le sujet était donc clos, chacun pouvait désormais s’en aller quand bon lui semblait. Bien, Leone ne pouvait décemment pas reprocher la franchise de cet enchanteur du Cercle. Elle l’appréciait, rares étaient ceux qui ne s'embarrassaient pas de ronds de jambes dans ces conversations. Pour autant, elle ne désirait pas partir, pas tout de suite. Elle n'avait guère l'occasion de converser avec des mages du Cercle sous la protection du Divin.

La situation semblait être la même pour son interlocuteur qui avoua ne plus avoir l'habitude de prier autrement que seul, dans la chapelle du Cercle. Le commun n'avait guère ce problème, tout entassé que nous étions dans les petits édifices religieux. C'était un fait, sa condition de mage l'éloignait de tout ce qu'il avait dû connaître avant cela. Leone s'en retrouva attristée, elle pouvait autant venir prier ici qu'elle aurait pu le faire avant. Là où on remerciait la Garde des Ombres, on craignait les Mages. Elle crut déceler une étincelle de mélancolie en lui, comme si cette vie d’avant lui manquait, au moins un peu. Difficile de lui en vouloir ni lui, ni ses proches n’avaient dû vouloir de cela.

« _ Rien ne remplace l’alchimie de ce lieu, de ces bancs remplis de l'écho des voix. Je comprends qu’on veuille y revenir, de temps en temps. concéda-t-elle. »

Elle fût rassurée que ses paroles quoi qu’un peu entreprenantes aient tout de même trouvé un écho dans le cœur du mage. Le compliment la toucha droit au cœur, elle donnait beaucoup de sa personne pour garder à flot une Garde digne de ce son, malgré des moyens de plus en plus restreints et une motivation en berne. Les nouveaux venus se comptaient sur les doigts d’une main, pourtant, elle continuait inlassablement de les entraîner, jour après jour.

Leone ne pouvait pas approuver la méthode d’enseignement que lui exposa le Mage. Simplement leur passer les connaissances nécessaires n’était pas suffisant, loin de là. La Garde des Ombres, c'était aussi apaiser des esprits qui avaient trouvé refuge en leur sein. C'était rassurer après une Union douloureuse et ne cesser de rappeler qu'un Enclin pouvait débarquer, sans les consulter. Une veille permanente auxquels les jeunes gardes n'étaient jamais préparés et un aspect était souvent négligé tant le dernier Enclin était lointain.

Heureusement, l'enchanteur n'était pas spécialement chargé de former les nouveaux mages démunis par l'apparition de leurs pouvoirs. Leone ne put s'empêcher d'être soulagée, le manque d'empathie et de mots rassurants de sa part n'en faisait pas quelqu'un de confiance pour des enfants dont la vie basculait du jour au lendemain. Elle retint sa langue, si certains adultes l'avaient choisi pour exemple, c'est qu'il devait avoir d'autres qualités.

Elle acquiescait au fur et à mesure de ses paroles, s'esclaffant par politesse à la mention d’un cheval en forme d’araignée. Elle n’était pas sûre de comprendre tant la magie était un monde voilé de mystère.

« _ C’est un système intéressant. Elle n’osait dire que cela semblait être un joyeux foutoir. Pour dire vrai, j’imaginais quelque chose de plus… carré ? Imaginez que votre image nous est surtout donnée par les Templiers. Et ils sont si… Rustres ? Pas commodes ? Soupçonneux ? Rigides ? Droits. Elle regarda autour d’elle pour vérifier si le Templier du Mage l’avait entendu, si c’était le cas, il ne lui fonça pas dessus pour la mettre hors d’état de nuire. »

Leone était si préoccupée par la réaction -ou non réaction- du Templier, qu’elle ne sentit pas le vent tourner et le changement de conversation. Son cœur implosa à la nouvelle mention de Celeste. Elle qui avait réussi à zigzaguer dans la conversation en y faisant référence sans pour autant la nommer, son cerveau carburait pour trouver une conclusion logique. Elle essaya de ne rien en laisser paraître même si la sueur coulait le long de son dos, ses cils clignaient de manière irrégulière et son pouls pulsait jusqu’à ses oreilles.

« _ Non, Cel…este c’était toujours un crève-cœur à prononcer. ne fait pas partie de mes troupes. Elle tenta de lui adresser un regard dur pour qu’il ne revienne pas sur le sujet et profita des autres questions pour s’en extirper. Un bon professeur devrait-il dire que non, ils sont tous égaux à ses yeux ? J’aimerais bien, mais, même sans guerre, j’ai vu partir des amis, tomber des héros. Je suis consciente que tous mes subordonnés ne survivront pas et si Enclin il y avait, nous serions décimés. Et cela les rend tous spéciaux à mes yeux. Certains sont incroyablement mauvais, d’autres brillent par des compétences martiales équivalentes à celles de n’importe quel mercenaire. Et si vous voulez une réponse franche, je trouve que les nains font de redoutables recrues, dur comme la roche et fervents comme s’ils avaient tout perdu. Elle pensa sincèrement à Mukae, naine rigolarde et toujours douée pour la faire sourire. Que diriez de passer voir la garnison de Starkhaven ? Vous y connaissez peut-être des Mages ? »

Résumé : ils sont pas d'accord mais Leone se tait. Elle a envie de mourir en parlant de Celeste mais essaye de clore le sujet. Elle propose à @Lachlann Vaël de venir voir la garnison.

Pour la première fois, ils tombèrent d'accord, même si l'homme ne semblait pas tirer satisfaction à définir les Templiers comme Droits. Ensuite, Leone le trouva de mauvaise foi, la Garde des Ombres donnait une vitrine bien plus transparente que les Cercles. Cherchez des informations sur elle et vous en trouverez tout votre saoul. Elle recrutait ouvertement, se dressait seule face à l'Enclin même si le rituel de l'Union restait bien nimbé de mystères. Mais ce n'était que bien peu face à l'opacité des tours de Mages. Néanmoins, elle concédait que fuir l'un ou l'autre des groupes mettait son auteur dans de sales draps. Lui avait-il fallu ce couteau sous la gorge pour qu'elle ne prenne pas les jambes à son cou une énième fois ?

Leone trouva l'image de la famille nombreuse amusante, si bien qu'elle se fendit d'un sourire. Accueillir des enfants de toute origine, de toute classe sociale, cela devait bien chahuter, sans compter les hormones… le tout sous la main ferme et intransigeante des Templiers et de leurs règles. Définitivement une destinée que Leone n'enviait pas pour deux sous. Ceux-là ne connaîtraient sans doute jamais le plaisir de voler aux quatre coins du continent. Chose qui aurait toujours manqué à l'aventureuse Leone.

Andrasté soit louée, il n'insista pas face à sa maigre réponse à propos de Celeste. S'il y avait bien un sujet qu'elle n'avait pas envie d'aborder, c'était celui-ci. De plus, elle avait chassé ses démons pour la journée, autant ne pas y replonger aussitôt.
La conversation s'en fut donc vers de nouvelles épines, puisque Leone piqua une nouvelle sensibilité. Elle n'était pas dupe, les recrutements de mages n'étaient pas aussi rares qu'il voulait lui faire croire. Elle feignit l'innocence en haussa les épaules.

« _ Qui sait, vous pourriez en effet être surpris. Ravie que l'idée vous plaise, voilà bien longtemps que nous n'avons pas reçu un Mage de votre stature à la Commanderie. Tant focalisée sur sa curiosité envers les personnes douées de magie, qu'elle en avait oublié les non moins imposants Templiers. Si, bien sûr que si. Il est amusant de remarquer qu'à la Commanderie de Starkhaven, la plupart de nos Mages viennent de son Cercles là où les Templiers viennent de tout Thédas. A vrai dire, elle n'avait pas mené de statistiques mais c'est ainsi qu'elle ressentait les choses. Quand seriez-vous disposé à passer ? Elle n'osait rien proposer tant elle ignorait les us et coutumes des tours de Mages et la possibilité pour l'un d'eux de s'en extirper. »

Résumé : Leone trouve que Lachlann abuse mais est d'accord sur un point : il est suicidaire de quitter un cercle ou la garde. Elle est bien contente de ne pas s'atarder sur Celeste. Elle propose de convenir d'un rendez-vous pour qu'il vienne voir la commanderie.
@Lachlann Vaël

Ainsi, il avait déjà visité la Commanderie. Ce n’était pas un évènement si rare, la Garde souhaitait toujours donner bonne image et gardait ses bras grands ouverts quant aux diverses visites de curieux. Qu’une entrevue ait déjà été organisée pour les Mages n’était pas une grande surprise. Leone capta pourtant le regard nostalgique qui tétanisa son interlocuteur, difficile de deviner en quoi cette dernière excursion avait pu tant le marquer.

« _ Cela se passe souvent dans les détails mais la Commanderie est en perpétuelle évolution. C’est un endroit fonctionnel, nous sommes toujours sur le qui-vive, quoi qu’il puisse se passer.»

Un Enclin, par exemple. La Commanderie était avant tout un lieu de vie où l’animation était incessante. Tout bougeait et, pourtant, rien ne changeait fondamentalement. Les rituels restaient les mêmes, entraînements, repas partagés, soigner les bobos, tours de garde et envolées de Griffons. Leone aimait l’apaisement que lui apportaient ces images. Elle ne se voyait pas ailleurs qu’à la Garde, malgré toutes ses erreurs, elle avait trouvé une place.

« _ Je pourrais passer du temps à tenter de percer ce mystère, mais, si vous voulez mon avis, un enfant retiré de ses parents de part ses pouvoirs aura cette volonté de rester proche de sa famille. Là où quelqu’un choisissant l’Ordre préférera à un moment donné l’émancipation. N’y prenez ombrage, c’est une vision parmi tant d’autres. N’hésitez pas à me partager la vôtre. »

Leone espérait sincèrement ne pas l’avoir froissé malgré toutes ses précautions. Elle était intimement persuadée de toucher du doigt une part de vérité. Arracher de jeunes enfants à leur famille devait forcément les influer à rester au plus proche d’eux.

Ainsi, le rendez-vous était pris et Leone ne pouvait plus s’y soustraire, c’était sa part du marché. Elle était heureuse d’avoir mené cette conversation qui se concluait à merveille pour la Garde des Ombres. Elle avait un devoir de dédiaboliser leur bannière et de montrer que Mages et Templiers vivaient bien en leur sein. Convaincre, elle n’en était pas là mais montrer patte blanche était un pas de plus vers une entente de leur deux partis.

« _ Que le Créateur pardonne ma rudesse, on m’appelle Leone. Tout le monde me connaît à la Commanderie, vous n’aurez aucun mal à me faire mander si je ne suis pas dans les parages. Elle se leva du banc pour envisager un départ prochain. Et, vous êtes ? Peut-être pourrais-je vous contacter par courrier pour dater votre visite à la Commanderie ? »

Elle n’avait même pas fait attention au fait qu’ils avaient discuté si longtemps sans même s’échanger leur patronyme. C’était le pouvoir de la maison du Créateur. Leone réajusta sa cape et salua d’un mouvement de buste son interlocuteur qui se révéla être Lachlann Vaël. Leone manqua de prendre aussitôt les jambes à son cou, comment avait-elle pu passer au travers de tous les indices depuis le début ? Tout s'imbriquait désormais et la conversation prenait une nouvelle teinte à cette révélation. Sans le savoir, elle venait de placer un pion primordial sur son échiquier, elle parvint à n'en rien laisser paraître.

« _ Bien. Merci pour l’enrichissante conversation. A très bientôt, Enchanteur. »