Gâteaux et Négociations
Pourquoi il faut TOUJOURS se lever à l’aube pour les missions ? Les Dragons n’ont pas le droit de dormir ? Tod m’a dit que c’était une histoire de trajet entre Corintamh et Starkhaven, je m’en fou, ils avaient qu’à programmer le rendez-vous plus tard. Et puis pourquoi je dois venir ? J’ai pas envie. Moi je veux dormir, m’entraîner, enfin j’en sais rien, mais pas aller me balader à cheval dans le froid et la fatigue. Mais bon, si messer Tod en a décidé ainsi, et bien soit, serah Nora suivra. Putain.
Depuis la petite finale, c'est toujours la croix et la bannière pour arriver à faire quelque chose... Les premiers jours je veux bien. Je comprends, ok, Copper a voulu me protéger de je ne sais quoi. Mais pourquoi toujours me retenir prisonnière ? Pourquoi m'empêcher de sortir sans lui (ou sans son larbin) ? Il a surement ses raisons, et si j'étais un peu moins de mauvaise foi je les accepterais. Mais maintenant ça va. Il me saoule. Putain.
J’enfilais donc machinalement mon armure, enfin ma tenue normale quoi, merde. Bref pardon. J’attrapais ma cape de voyage en laine, et m’emmitouflais au maximum. Ce matin de Tollecourse était définitivement glaciale. Je traversais le camp encore endormi par cette EVIDEMMENT QUE LE CAMP EST ENCORE ENDORMI LE SOLEIL EST MÊME PAS LEVE BORDEL TOD TU ME SAOULES par cette douce matinée. Même Bisou devait encore dormir… A l’extrémité Nord, m’attendais mes équipiers. Tod, évidemment, toujours de bon honneur sur son grand cheval, bien coiffé. A côté de lui, il y avait… Géza. Putain il n’a rien dit il me saoule déjà.
Géza, c’était ce mercenaire des dragons qui passait le plus clair de son temps à me coller aux basques. Il était arrivé il y a quoi, trois, quatre ans ? J’arrivais plus à savoir. Un grand garçon, à peine vingt-cinq ans, la peau mate, l’accent prononcé (toutefois agréable), il venait de je ne sais quelle cité du sud. En soit, il n’était pas si horrible. Il était juste collant. Et insupportable. Et à toujours vouloir me faire la morale. Bref il me saoulait, mais en fait pas tant que ça, au fond je le supportais. Enfin j’imagine, je ne l’avais pas encore tapé. Je m’égare.
Le dernier, c’était un gars du nom de Lucas… non, Lucan. Un grand brun, à peu prêt mon âge, pas bavard mais pas désagréable. Je le connaissais pas plus que ça. Tod, tenait dans sa main la bride
« Nora ! On a failli t’attendre. En selle Messerah. »
Je lui grommelais un truc inaudible, et attrapais la bride sèchement. Je me mis en selle. Nous nous mîmes tous en route, traversant la plaine gelée pour nous rendre à Starkhaven. Le trajet ? Rien à signalé évidemment. Quatre combattants en armure en pleine NUIT, ça ne craint rien. Arrivant devant les grandes portes de la ville, nous ne perdons pas de temps et empruntons la route de Clachdun.
« Je trouve que les portes de Starkhaven font tout de même preuve d’une certaine majesté… lança machinalement Géza, qui n’avait pas arrêté de parler avec Tod pendant tout le trajet.
- Jeune Géza, tu as bien raison. Je ne me lasse pas de les admirer. »
Je ne dis rien. Rien à dire, c’est juste une porte, j’en ai une chez moi aussi. Nous passâmes donc cette somptueuse porte centenaire, pour atteindre l’ambassade. Nous avions rendez-vous avec le conseiller de l’Ambassadeur de Tevinter. Copper voulait qu’on lui négocie une entrevue avec lui, mais évidemment, ce grand Copper ne pouvait pas se déplacer lui-même… « c’est mieux qu’on prépare le terrain » avait dit Tod. Des rumeurs couraient, comme quoi ce fameux conseiller n’était rien d’autre que son esclave. Nous verrions bien ce qu’il en retournait. Et dans notre bonne grâce, nous avions même amené un gâteau pour l’ambassadeur.
Enfin, après tout ce trajet d’un chiant absolu, nous arrivâmes devant le bâtiment. Tout dans le paraître évidemment, dans ce quartier de bourge. Tod mit pied à terre, et nous incita à faire de même. Gravissant les escaliers, notre petite équipe arriva devant la porte close, gardée par deux gardes.
« Messers, nous sommes la délégation des Dragons de Rubis, veuillez-nous annoncer au conseiller de l’Ambassadeur. »
Notre délégation de fortune, composée de Tod, Géza, Lucan et moi-même attendions toujours devant l’ambassade. Tod avait quémandé le conseiller d’Aerontus Nepos, ambassadeur de Tevinter (ou plutôt son esclave), mais nous l’attendions toujours. En regardant autour de nous, il y avait quelques arbres, quelques maisons, et la grande allée pavé que nous venions d’emprunter. Aucune sortie pour moi. De toute façon, ce n’était pas le moment pour leur fausser compagnie. Copper finirait forcément par réduire la surveillance autour de moi, et à ce moment là je pourrais reprendre mes petites affaires sans qu’il ne s’y immisce. Enfin… Quand ils seraient à la cathédrale pour le sacre de la gagnante, ça marcherait.
Des pas se firent entendre sur le grand sol de marbre du vestibule de l’ambassade. Encore une fois, c’était l’opulence à profusion. Ils avaient tellement d’argent qu’ils ne savaient qu’un faire. Et lorsque l’esclave se présenta à nous, je ne pus que me conforter dans mon idée : des vêtements de soie, un corps propre, une stature fière et… des oreilles d’elfes. Evidemment, c’est le plus souvent les elfes les esclaves. Je le savais putain, mais ça me tend quand même. J’espère que cette histoire ira vite. Parler des heures avec un elfe bourgeois ça me plait vraiment moyen.
« Vous me flattez, Messer, mais je ne suis que son humble serviteur. »
C’était définitivement son esclave. Son « humble serviteur », mais à qui essayait-il de faire croire qu’il n’était qu’un serviteur ? C’est vrai qu’on avait toujours cette vision des esclaves pauvres et maltraités (surement une manigance de nos chers dirigeants, pour diaboliser cette pratique exotique) ; ce jeune elfe ne semblait pas mécontent de sa situation.
« Je vous souhaite, à tous, la bienvenue à l’ambassade de Tévinter, et vous remercie de nous faire l’honneur de votre présence. » L’elfe porte son regard sur chacun de nous, sans laisser transparaître la moindre émotion traitresse, avant de nous inviter à entrer. « Je vous prie de remettre votre équipement à Dorte, qui en prendra grand soin jusqu’à votre départ. »
« Sans problème Maître Elfe, il va de soi qu’armes et diplomatie ne font pas bon ménage. »
Tod me jette un regard insistant, accompagné d’un grand sourire qu’il sort de derrière sa moustache. Visiblement, il ne veut pas que je fasse d’esclandre… Ça se comprend, mais putain pourquoi m’emmener si c’est pour stresser ? Je suis assez grande pour rester toute seule, et je ne lui dois rien, ni à lui, ni à Copper. Merde.
Un autre elfe, qui me semblait plus âgé et moins sympathique s’approcha de nous. C’était lui qui prendrait nos armes pour la matinée. Je soupirai, et détachai mon fourreau de ma ceinture, pour le lui remettre. De toute façon, vous pensez vraiment qu’en cas de besoin, quatre dragons ne pouvaient pas battre quelques elfes bourges à mains nues ? Moi je pense que même seule je gagnerais sans problèmes. La vie, c’était pas comme leur tournoi de merde où les nobles décident qui gagne. Je serais ravi de le leur apprendre. Mais, je ne le ferais pas évidemment. Nous étions là pour discuter, pas pour taper de l’elfe, malheureusement.
« La route depuis Corintamh ayant dû être fort longue – et je vous remercie encore une fois d’avoir eu l’amabilité de faire le déplacement –, nous vous avons préparé toutes les commodités pour vous rafraîchir, si vous le souhaitez. Autrement, je vous propose de passer dans le petit salon. »
ENCORE DES ELFES ? Une demi-douzaine déboula d’une pièce adjacente dès lors que le chef des elfes eut parlé. Parmi cette troupe folklorique, l’une d’elle attirait mon attention. Elle semblait jeune, légèrement bronzée, et toute mince.
« Ce serait impoli de notre part de refuser l’invitation. Il est vrai que mes hommes et moi-même serions ravis de pouvoir nous désaltérer, avant que notre souffle ne nous échappe à nouveau. »
Durant toute notre petite marche dans le vestibule, et même après, elle semblait toujours reporter son regard sur moi. Presque agitée, dès lors que mon regard croisait le sien elle se détournait, continuant ses occupations en se contenant difficilement. Je lui fis un signe de tête pour qu’elle arrête. Pourquoi elle me mate celle-là ? C’est bon j’ai assez de problèmes pour qu’une elfe vienne me faire chier.
C’est vrai que j’ai faim et soif. Je n’aime pas être servie, et je ne veux pas manger ce qu’ont préparés ces elfes, mais je sens la forte présence de Tod autour de moi, et je sais que je n’y couperai pas. Copper, tu peux pas savoir comme j’ai hâte d’avoir la bourse pleine à la fin de tes missions de plaisance à la con.
Mais cette elfe bizarre n’arrête pas de me fixer avec les yeux qui brillent. Ça commence à me mettre presque mal à l’aise. Je crois que je n’arrive pas à lui faire comprendre que ça me saoule.
« Merci d’avoir accepté de nous recevoir, les Dragons de Rubis ont très forte envie de converser avec messer l’Ambassadeur, nous ne vous dérangerons pas longtemps, » relança Tod, qui s’était avancé à la hauteur de l’elfe.