Le visage cramoisi par le soleil, un coup fendant l’air mit un de mes énièmes adversaire le cul au sol. Un coup de botte supplémentaire l’empêcha de se relever. L’elfe qui avait eu le culot de me défier était en train de ravaler sa fierté à présent. Fermement, une main vint se poser sur mon bras humide de transpiration.

« C’est bon Nora il est à terre. »

Je me retournais vers lui, en me dégageant d’un mouvement d’épaule. Evidemment, c’était toujours le même qui venait faire la morale. Un mercenaire qui prônait autant la paix que Geza, j’en avais pas rencontré beaucoup. Il devait avoir quoi, vingt-cinq ans à tout casser ? La peau mate, un accent léger, le regard bien trop bienveillant pour un combattant, je ne sais pas de quel origine il était mais sûrement pas havenois.

« Je t’ai demandé ton avis à toi ? »

Accrochant rapidement mon épée dans ma ceinture, je détournais mes pas pour partir à l’opposé de ce rabat-joie. C’est bon merde, je m’entraîne, c’est pas protéger un elfe perdant qui va le rendre meilleur. Au contraire. Foulant le sol de sable chaud sous le soleil cuisant, je n’avais à peine fait quelques pas que je sentais derrière moi une petite foulée arriver dans ma direction.

« Nora attend… »

« J’ai pas souvenir t’avoir demandé quoi que ce soit Geza, donc tires-toi, tu commences déjà à me les briser. »

« Tu peux pas passer ton temps à cracher sur tes adversaires comme ça je te l’ai déjà dit… »

« Mais je t’ai déjà dit que j’en avais rien à faire de ta morale à la con » rétorquai-je sèchement. « Encore une fois Laisse. Moi. Tranquille. Franchement Geza, je commence à en avoir plus que marre que tout le monde dans ce putain de camp me fasse la morale. Tire-toi. »

Les bras ballants, le jeune homme ne sut trop que répondre, et arrêta de me suivre. Je poussai un long soupir de d’ennui, avant de reprendre mon chemin. Je commençai à sentir des derniers entrainements s’accumuler – j’avais peu eu l’occasion de me reposer ces derniers jours. Arrivée à l’extrémité du camp, je m’asseyais par terre, adossé à la rambarde histoire de soulager un peu mon dos engourdi.

Quelques instants, je me laissai aller à une certaine relaxation. Regardant le ciel, les arbres, écoutant les cris des autres dragons en train de s’entrainer, se poser quelques instants faisant du bien (bien que jamais je n’admettrai en avoir besoin).

Ma main posée sur mon épée de bois, mes doigts caressant la garde, je dégainai une nouvelle fois pour observer ce bâton de la victoire. Le bois commençait vraiment à s’émousser de part en part. Attrapant mon galet à ma ceinture, j’entrepris de polir un peu mon arme, afin d’occuper mes doigts.

« Je cherche votre chef. Il est ici ? »

A moitié somnolente et absorbée dans mon travail, je n’avais pas entendu l’homme arriver. Relevant la tête, plissant le yeux pour distinguer sa silhouette se dégager du soleil puissant, ça m’avait tout l’air d’être un noble. A sa grande robe qui trainait dans le sol terreux, probablement un mage ou quelque chose du genre.

Encore un noble…

C’est vrai qu’on en avait pas vu assez à Corintamh…

« J’ai l’air d’être une pancarte ? »

« Une pancarte aurait été plus utile, mais on se contente de ce qu’on a. Enfin, j’aurais dû me douter que quelqu’un qui a encore une épée en bois n’aurait jamais vu de chef guerrier… »

Ah oui. Sa phrase orgueilleuse et son regard hautain semblait confirmer ma théorie. Encore un bourgeois. Sa petite pique sur ma magnifique épée-jouet en bois me contenta d’autant plus. Il lui aurait suffi, allez, de regarder ne serait-ce qu’un tout petit peu plus loin que son beau nez lustré pour comprendre que littéralement tous les dragons ici S’ENTRAINAIENT avec des épée en bois.

Mais bon. Mis à part protéger le bas de sa robe de notre parquet terreux, il n’avait pas l’air de savoir faire grand-chose. Et puis le chef guerrier… Je laissais échapper un très long soupir.

« Sachez que cette épée en bois pourrait vous mettre à terre bien plus rapidement que vous le pensez. Des gens de votre trempes y ont déjà goutés. Qu’est ce que vous voulez à Copper ? »

De nouveau, je soupirai d’ennui. Je n’avais même pas l’énergie, finalement, pour m’énerver comme je l’aurais fait contre beaucoup de monde. Il ne semblait même plus trouver l’énergie pour poser le regard sur moi. Scrutant le camp, probablement pour trouver un chef que la « pancarte » ne semblait pas lui indiquer, il m’ignorait. Mais le pire était à venir.

Dans un soupçon de son, je l’entendis marmonner quelque chose. M’appuyant sur le sol, je me redressai debout. Il était plus grand que moi, mais ça ne m’avait jamais intimidé outre-mesure. S’il avait bien maugréé ce que j’avais cru percevoir, mon ennui allait vite passer.

« Je crois que j’ai pas bien entendu. »

« Parce que tu te bas souvent contre des mages ? »

Mais quelle question ? Evidemment que non. Affronter des mages était un peu une hantise, j’avais toujours une peur bleue à l’idée qu’ils puissent se rendre immatériels. Ça reviendrait à affronter du vent. C’était donc un de ceux-là…

« Non, je préfère me battre avec honneur. »

« En tout cas je ne vois pas en quoi ça te regarde si tu ne peux même pas me dire où il est. C’est donnant-donnant, on n'apprend pas ça à l'école des secrétaires de guerre ? »

Sans relever la pique, je me levais pour lui faire face. Il se retourna de nouveau vers moi. Malgré son mépris, j’arrivais à garder son attention, même si ce n’était jamais plus de quelques instants.

« Je crois que j’ai pas bien entendu.

– … Parce que je ne te parlais pas. Quand je me plains de ma famille j'aime le faire sans avoir à m'expliquer, alors continue à ne pas entendre. »

J’aurais tant aimé lui asséner un des violents coups dont j’avais la secret, mais la peur du ridicule face à sa possible immatérialité m’en empêchait. Ma seule arme était donc mes mots. Et c’était de loin la plus dure à maîtriser. Je retroussais légèrement mes lèvres, afin de compenser ma colère montante. Je devais toutefois faire très attention, les sorciers cachaient bien leurs jeux. S’il souhaitait me transformer en caillou je ne pourrais rien faire.

« Donc vous arrivez ici, et la première chose qui vous plait c’est de venir me faire chier ? Evidemment, j’ai l’impression que c’est un peu le mantra des gens comme vous. Mais avec un putain de balai comme celui que vous avez, hors de question que je vous laisse atteindre Copper. Il a clairement d’autre chose à foutre que de vous répondre. »

Je soufflais un instant. Je ne devais pas laisser le venin qu’il m’inspirait m’échapper. Heureusement, ma peur des mages m’en empêcherait.

« Et puis votre famille je ne la connais pas. Et en soit je m’en fou de qui est votre père, mère, frère, sœur ou je ne sais quoi. Alors lorsque vous êtes devant moi, si vous ne me parlez pas, tâchez de ne pas parler tout court. »

Plantant violemment mon épée dans le sol, je croisais les bras en toisant son regard.

« Maintenant je vous écoute, et je jugerais si votre demande mérite que l’on aille voir Copper. »

Malgré mon assurance certaine, je croisais fortement les doigts pour qu’il ne me transforme pas en quelque chose de pas naturel…

« Maintenant je vous écoute, et je jugerais si votre demande mérite que l’on aille voir Copper. »

J’avais ensuite planté mon épée dans le sol avec toute la force que je pouvais trouver. Je vis ses yeux jeter un regard rapide en direction de la terre dans laquelle ma pointe s’était plantée. Finalement, peut-être qu’il n’avait pas autant de superbe que ce qu’il laissait prétendre au premier abord…

Respirant un instant, il se rapprocha de moi. Il était si proche, que malgré le fait que nos lèvres se touchaient presque. Il leva sa main au niveau de son ventre, et par je ne sais quel maléfice, fit apparaître une sphère violette au creux de sa paume. Je fis un bon en arrière. Mon cœur s’était accéléré d’un seul coup. L’homme repris la parole.

« Je suis Lachlann Vaël, le plus beau de tous les Vaël. Tâche de te souvenir du nom, ton Copper t’expliquera pourquoi. Personne ne se fiche de ma famille plus que moi, mais ce n’est pas ta présence qui va m’empêcher d’en parler, alors si tu ne peux pas le supporter devant toi tourne le dos. »

Lachlann Vaël. Un Vaël… Encore un Vaël… Plus que le prince-bâtard et j’aurais rencontré toute la fratrie. Mais si ce Lachlann commençait à user de sa magie, je n’allais pas pouvoir faire grand-chose. Je rattrapais subtilement mon épée, et je ne sais pas si c’était seulement dans ma tête, mais j’avais l’impression qu’elle avait ramolli, comme s’il était en train de la transformer. Je serrais ma garde à faire éclater mes phalanges.

« Un Vaël ? Evidemment oui… J’ai eu l’occasion d’en rencontrer des comme vous Messer. Sachez que quel que soit votre affiliation, je vous offrirais le respect que vous daignerez me donner, commencai-je, d’un mielleux que la peur m’inspirait. »

Je soufflais un instant. Mon rythme cardiaque commençait à se stabiliser. Je laissais mes muscles se détendre.

« Concernant Copper, je peux vous conduire à lui si vous le souhaitez. Comprenez simplement que nombreux sont les étrangers à entrer au campement, et que je ne peux aisément pas tous les conduire à la plus haute instance des dragons sur demande. »

J’avais utilisé un ton dont je n’avais vraiment plus l’habitude. C’était à vomir. Je me refusais catégoriquement normalement à parler de cette façon, mais la fin justifie les moyen…

Fanfiction érotique entre Lann et Nora:

A mon sursaut de recul, je ne reçu qu’un sourire. Glaçant. Apparemment, le Vaël semblait bien heureux d’arriver à m’intimider. Evidemment, c’est toujours facile avec la magie. Moi aussi je peux apeurer un enfant avec une arbalète. Mais où est l’honneur dans ce cas-là ? Il n’existe pas. En même temps, entre honneur et réflexion le Vaël n’arrive pas à tout faire, il est obligé de choisir.

«  J’espère que je ne te dois pas un respect rétroactif pour ce ton, Messerah.

- Je crois bien que si Messer, mais j’ai peur que ce ne soit trop vous demander. »

Je ne risquais rien à une petite pique. Au pire, il sortirait de nouveau une petite boule violette ? Tant qu’il ne se rendait pas immatériel où qu’il ne me métamorphosait pas en quelque chose de pas naturel, tout irait bien. Mais je dois avouer que la mort est un peu catégorique pour que je l’apprécie à sa juste valeur, je tâcherais tout de même de ne pas me faire avoir par ce sorcier.

« Comment ça un Vaêl ? Il y en a d'autres que j'ignore ? » Il fronça les sourcils en me regardant, visiblement vexé d’être relégué au rang de « un ».  « Tu parles beaucoup des "comme moi", mais venant d’une pauvre ça peut vouloir tout dire. J'apprécierais des noms, à titre d’exemple. »

Ne pas s’énerver. C’est un mage. Ne pas s’énerver.

« Oui je parle des comme vous. Je parle des mages comme vous qui ne se sentent plus avec leurs sortilèges, je parle des noble comme vous qui ne se sentent plus par rapport aux gens comme moi. Vous voulez des noms ? Très bien. Vous en aurez. Concernant Copper, je peux vous conduire à lui si vous le souhaitez. Comprenez simplement que nombreux sont les étrangers à entrer au campement, et que je ne peux aisément pas tous les conduire à la plus haute instance des dragons sur demande.

– Et dans le doute, tu préfères insulter tous ceux qui essaient ? Osé, mais un peu stupide.

- Ca à le mérite d’empêcher les curieux d’avancer plus loin.

- Inutile de le déranger s’il est si occupé, déclare-t-il en croisant les bras. Je venais seulement voir quel genre d’homme il est et si on peut vraiment compter sur les dragons pour assurer la sécurité du tournoi – n’importe qui d’assez proche peut répondre à ces questions. J'aviserai ensuite s'il mérite que je lui parle personnellement. »

Je soupirais de lassitude. Je croisais les bras, et une nouvelle fois – à distance de sécurité – je toisais son regard. C’est moi qui allait diriger maintenant. Qu’il soit le plus beau des Vaël ou je ne sais quelle autre connerie il allait me sortir maintenant, c’est moi qui mènerait la danse.

« Non, c’est moi qui avise Vaël. Si tu ne peux pas me contenter tu n’avanceras pas plus loin. Tu voulais un nom ? Le voici. Fionnuala. »

Et maintenant, je croisais les doigts pour que mon excès de zèle de transforme pas une Nora en merlette.

TW : vulgarité

J’adore Kietah, c’est juste Nora qui aime pas trop Fionnuala

Tout se passa très vite. L’abruti de mage sembla un instant sous le choc de mon coup – son mouvement de recul trahie son impassibilité passible – et la marque rouge de on coup sur sa joue ne pouvait m’apporter plus de contentement.

L’affrontement continuait à rameuter les curieux, mais connaissant les aristos, il allait vite se faire la malle – dès qu’il faut se mouiller il n’y a plus personne. Je fis craquer mes phalanges avec forces, puis m’avançait dans sa direction. J’en avais ma claque, j’allais lui asséner un coup de plus, puis on le poserait dans la prochaine charrette pour Starkhaven.

Anticipant mon action, le sorcier fit je ne sais quoi avec ses mains. Ma poitrine se serra, ma gorge se rétracta, mais je n’avais même pas la force de me l’attraper. Je tombais à genou, sous le choc. Mes muscles continuaient de se raidir. D’un coup, tout se relâcha. Je me retrouvais, quatre pattes contre le sol à cracher un peu de sang.

Les yeux rouges et exorbités, les cheveux rêches tombant le long de mes joues rosies par l’éclatement de mes vaisseaux, je lui lançais un regard, entre haine et terreur. Je ne sais pas ce qu’il avait fait, mais c’était de la magie. C’était forcément de la magie. Mes mains encore tremblantes, je me laissais tomber, assise. C’était au-dessus de mes forces.

« Allez-vous-en. »

Quel connard. Il se serait aplati sous mon prochain coup.