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PROJER - Enquêter sur les disparitions

Frère Génitivi
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Conteur érudit
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Frère Génitivi
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Illustration : PROJER - Enquêter sur les disparitions Lgqv

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Sœur SilenceChapitre 5 : À qui, la nuit, supplie les corps voilés

5 Tollecourse, 5:13 des Exaltés - Début de matinée

« Ma sœur, pardonnez le dérangement : la mendiante vient d'arriver. »
La soigneuse se tient à côté de la religieuse, le haut du corps légèrement incliné : personne ne lui impose un tel geste de respect, mais cette manifestation lui est venu naturellement. La vue de Sœur Silence, même dans sa plus simple robe de lin, cheveux certes attachés mais non recouverts, et qui laissent donc tomber de fines rivières grisâtres sur ses épaules. Celle-ci la salue d'un geste de la main, et dépose les herbes médicinales qu'elle est en train de trier sur le côté de son bureau : elle lui fait signe de lui ramener leur invitée, ce que l'on s'empresse de faire

Lorsque la mendiante arrive, pas hésitants mais tête et dos droits, Sœur Silence a eu le temps de jeter sur ses cheveux un voile blanc, et elle se tient debout pour l'accueillir convenablement. La femme qui se présente à elle a dû être belle, un jour, ou au moins convoitée : les épreuves de la vie l'ayant jetée dans la rue ne l'ont pas empêchée de conserver autant qu'elle le pouvait cette beauté. Cela n'empêche pas la misère de se graver dans les traits et dans les fibres, dans les regards et dans les gestes – ce qui n'empêche pas à la fierté de vaincre.

« Quel est votre nom ?, demande la soigneuse
- Abbie, serah, et la dénommée Abbie ne sait laquelle des deux occupantes du Couvent des Murmures regarder.
- Expliquez à Sœur Silence ce qu'il s'est passé, Abbie.»

La mendiante ne se tient pas loin de Sœur Silence, impassible et attentive, et pourtant un monde paraît les séparer : des raies lumineuses traversent une fenêtre et jette un voile de sur leurs regards. D'une inspiration, elle trouve ses mots et commence :
« Depuis deux ans maintenant, dans le Clayrak, il y a cette petite fille qui vend des pois et des graines à côté du marché. Son nom est Ellie, elle est toujours gentille et mignonne, quoiqu'un peu... chipie. Je ne sais pas d'où elle vient, mais je n'ai jamais vu de famille avec elle : mais elle m'apporte quand elle peut les restes de ses tournées. Sauf que cela fait quelques semaines que je ne l'ai plus vue... Ce n'est pas normal. »

Lorsque la religieuse secoue la tête pour lui confirmer que ce n'était manifestement pas normal, le regard d'Abbie s'éclaire d'être écoutée : la voilà qui fait un pas vers Sœur Silence, dans la lumière.
« Depuis combien de temps ?, insiste la soigneuse.
- Quelques semaines, serah, et cette fois-ci la mendiante se tourne vers elle : je dirais au moins trois, si ce n'est un mois, je ne sais pas. Le temps se perd dans la rue vous savez. Mais c'était après Satinalia.
- À quoi ressemble-t-il ?
- Une petite fille, aux cheveux bruns bouclés, et à la robe bleue délavée. Elle n'est pas bien grande... et il lui manque quelques quenottes devant, Abbie désigne les dents qui manquerait à la disparue. Je sais que ce n'est pas rare, mais je trouve cette absence bizarre, serah. Croyez-moi... »

Ses yeux cerclés de cernes se posent sur Sœur Silence en une prière silencieuse : n'est-ce après tout pas la meilleure manière de s'adresser à une religieuse liée par un vœu de mutisme ? Elle ne trouve pas de meilleur mot, et n'ose pas approcher d'elle à moins de trois pas ; la vieille femme demeure immobile et calme, laissant à la soigneuse le choix habile des mots :
« Nous vous croyons, Abbie. »
Sous une exclamation de surprise, la mendiante s'effondre à genoux, soulagée d'entendre ces quelques mots, remerciant Andrasté d'avoir trouvé refuge dans une demeure aussi réconfortante : depuis combien de temps ne lui avait-on pas offert une telle considération, aussi humaine ? Ses pleurs silencieux, à l'image des lieux et de sa tenancière, donnent toute réponse.

La soigneuse s'approche de la mendiante ainsi agenouillée, et l'accompagne pour qu'elle se relève et retrouve cette fierté que cachent la faim et la fatigue. Sous le regard béni de Sœur Silence, ces quelques mots lui sont adressés :
« Suivez-moi maintenant, serah : le Couvent a un repas chaud et des vêtements propres pour vous.
- Merci... Merci... »
La reconnaissance d'Abbie n'a d'égale que sa dignité, et pourtant sa voix chevrote devant le geste : de ses deux mains, elle attrape celle de la religieuse, l'embrasse, et l'élève dans la gloire du Créateur. Sœur Silence accepte ces manifestations de joie avec retenue et calme, offrant à l'autre femme un doux sourire. Ses pensées sont pourtant ailleurs : les révélations sur la disparition de la vendeuse aux allumettes l'emportent loin, à des problèmes à régler.

Le lendemain, déjà, les missives partent du Couvent des Murmures en direction de celles et de ceux qui ont déjà manifesté leur intérêt pour l'enquête sur les enfants disparus : les noms se multiplient, se rapprochent lentement mais dangereusement...
Cela inquiète Sœur Silence comme cela a inquiété Abbie.

Explications
  • Cette réaction d'un.e Chef.fe de Faction fait suite à l'évolution du projet Enquêter sur les disparitions qui a atteint sa Phase de notoriété.
  • Si vous souhaitez faire évoluer ce projet (ou d'autres) en faveur de votre Faction, n'hésitez pas à investir !



Durant mes pérégrinations, toutefois, j’ai trouvé un récit commun à toutes les peuplades de cette contrée ; un récit d’orgueil et de damnation qui, malgré quelques variations, reste identique en substance.
Celle de leur combat contre la chute inévitable de notre monde.

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