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MISSION - Ardal Irvine et Eanna Irvine

Frère Génitivi
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Frère Génitivi
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Illustration : MISSION - Ardal Irvine et Eanna Irvine Lgqv

Occupation : Je retranscris vos histoires pour que les ères suivantes s'en souviennent...
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Ardal IrvineChapitre 5 : À qui, la nuit, supplie les corps voilés

2 Primeneige, 5:13 des Exaltés

« La Commandeure-garde m'envoie chercher Messerah Irvine. »

Voici les mots par lesquels cette Garde des Ombres s'est présentée à ton domicile, @Eanna Irvine, en ce début d'après-midi de Primeneige : le voilà qui t'accompagne pour la Commanderie dans le Sullenhall. Des jours durant, seul le silence t'avait répondu, implacable. Un mur bleu composé de plumes de griffon, de visages fermés, d'acier brillant et d'un omniprésent habit bleu.

Quel comble, quand même, symbole de ton désespoir : alors que tu croyais rendre visite à ton père dans les geôles qui l'abritaient depuis des mois, ce sont les rumeurs qui t'ont appris qu'il avait été conscrit par la Garde des Ombres le dernier soir de Satinalia. S'en était alors suivi le silence, et ensuite l'attente, et enfin les doutes : tu n'as appris que récemment qu'il était encore vivant, contrairement à de nombreuses recrues de cette vénérable institution. La peur t'a-t-elle pour autant libérée ? Question tortionnaire, réponse difficile.
Il t'a fallu patienter jusqu'à ce qu'enfin, la Commandeure-garde réponde à ta demande de visite par cette escorte.

Votre passage dans les rues de la cité ne passe pas inaperçu : connue comme tu es, ma chère @Eanna Irvine, tes apparitions tirent ces derniers mois des regards dédaigneux, des regards compassionnels, des regards curieux. On te laisse pourtant tranquille, aujourd'hui : la présence de la garde des Ombres à ton côté repousse ces inquisitrices attentions. Un bouclier silencieux, certes, mais un bouclier bienvenu, qui te mène enfin à une Commanderie en pleine ébullition.
Il faut bien préparer le siège à venir.

« Votre père a été prévenu de votre venue, voici comme se termine ladite escorte tandis que la Garde des Ombres t'a faite entrer et avancer jusqu'au pied d'un long escalier : il est encore en entretien avec notre Commandeure-garde, mais vous pouvez monter le rejoindre à son bureau. »

Sur ses mots, la guerrière se détourne de toi, @Eanna Irvine, et s'en va à de plus essentielles occupations : te voilà maintenant livrée à toi-même pour visiter ton père.

Consigne
  • Cette mission fait suite à une demande de rencontre avec le.a PNJ ici.
  • Il n'y a pas de délai de réponse demandé : à vous de gérer votre rythme.
  • Les MJs s'engagent à répondre sous dix jours après votre dernière réponse : si ce délai est dépassé, ne pas hésiter à contacter @Frère Génitivi.
  • En cas de mission secrète, merci de bien mettre sous balises hide tout votre message. Si vous évoquez des secrets, utilisez des balises hide autour du passage concerné.



Durant mes pérégrinations, toutefois, j’ai trouvé un récit commun à toutes les peuplades de cette contrée ; un récit d’orgueil et de damnation qui, malgré quelques variations, reste identique en substance.
Celle de leur combat contre la chute inévitable de notre monde.

Eanna Irvine
Eanna Irvine
Héritière des Irvine
« Belle de Starkhaven »
Héritière des Irvine« Belle de Starkhaven »
Eanna Irvine
Personnage
Illustration : MISSION - Ardal Irvine et Eanna Irvine 9iy3

Peuple : Humain
Âge : 25 ans
Pronom.s personnage : Elle.
Origine : Noble domaine minier des Irvine, à l'ouest de Starkhaven. Sa mère provenait de Wycome.
Occupation : Assiste aux tâches d'intendance du Couvent des Murmures. Elle gère des stocks et tient des comptes.
Localisation : Principalement au Couvent ou dans son domaine. Elle sort peu, bien que les récents événements la poussent plus volontiers face au monde. L'évolution nécessite une adaptation.
Pseudo : Lyr'se Aquilae
Pronom.s joueur.euse : Il de préférence. Iel.
Crédits : Head painting practice par LiXin Yin | Inconnu par Annie Stegg Gerard
Date d'inscription : 16/07/2024
Messages : 13
Autres personnages : Karl, Faolan
Attributs : CC : 9.
CT : 9.
End : 12.
For : 9.
Perc : 19.
Ag : 13.
Vol : 17.
Ch : 15.

Classe : Civile, niveau 2
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https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t2325-eanna-irvine-i-s
Days seem sometimes as if they'll never end

Chaque jour de silence s'est avancé avec la pesanteur de la sentence prête à tomber.

Certainement mon calvaire ne fut-il pas à la mesure de celui dévolu à mon père ; ce qui ne laisse pas de me tordre les entrailles, à imaginer le doute et la douleur qui seuls lui tinrent compagnie. Il me navre cependant d'avouer que je ne suis pas étrangère à l'agonie invisible des décomptes. Le travail combiné du temps et de la solitude a fait son œuvre par le passé, il a patiemment érodé mon innocence jusqu'à mettre à nu la fragilité des espoirs qui en font la couche. Aujourd'hui, il est peu de situations où un chemin de lumière me semble accessible, pour peu même qu'un chemin se dessine ; et la faute, hélas, n'incombe pas qu'à l'Enclin.

Délaissée par l'escorte bourrue qui m'amena en ces lieux, je le devine, séant mieux au pas martial des pourfendeurs de l'engeance qu'au chuchotis malaisé de mes souliers, je considère l'escalier qui s'ouvre à moi avec une paradoxale répugnance. N'ai-je pas souhaité cette invitation de tout cœur, au cours de mes nuitées infécondes ? N'ai-je pas chaudement prié, dans l'absence qui gouverne ma dévotion, pour que la fatalité cruelle me rende mon père avant que la guerre et la peine n'exigent la rétribution de son serment ?

Ces muettes suppliques, proférées au creux d'indicibles cauchemars, maintenant exaucées, je crains de gravir cette volée de marches qui illustre, pour l'éternité, que Père et moi ne nous retrouverons jamais.

Indésirable, l'impression sourde de faire obstacle aux activités des hommes et des femmes alentour s'attarde avec moi, dans ce couloir normalement réservé aux regards de la Garde. Culminant au-dessus des tabards bleus, les mines patibulaires se succèdent dans l'empressement, sans déloger une remarque de leurs lèvres pincées : leur circonspection à mon égard ne s'embarrasse pas des mots dont elles sont avares. Par mon père, je connais le besoin de rigueur des militaires ; la présence d'une ingénue sur le terrain de leurs habitudes austères ne doit pas passer pour plaisante - étonnante au mieux, aux yeux des plus tolérants.

Afin de ne pas importuner davantage leurs allées et venues fébriles, je repousse l'appréhension établie au fond de ma poitrine, et entreprends l'ascension d'un précipice.

L'escalier relâche quelques soupirs contrariés au passage fugace de mon poids. Timorée comme la souris qui se faufile à l'insu du chat, je me déporte sur le palier, mesurant la pression de mes pas dans un effort, aussi absurde qu'irrépressible, de ne le point faire grincer. Irrépressible, car ma progression prend des aspects d'invasion à chaque mouvement que j'esquisse ; absurde, car j'ai été conviée et toutes les règles de bienséance m'inviteront à annoncer mon arrivée au terme de ce bien bref voyage, qu'irrationnellement mes errements prolongent.

Lorsque la porte close surprend ma route, c'est d'un souffle tremblant que je tente de dominer mes pensées. Du revers des doigts, j'imprime quelques percussions au battant épais ; le bois répond à peine à la provocation.

« Veuillez pardonner ma hardiesse : je suis Eanna Irvine, et l'une de vos consœurs m'a priée de rejoindre mon père à cet étage. Suis-je bien au bureau de Messerah la Commandeure-Garde ? » je m'enquiers au travers des planches bardées de fer.  

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Ardal IrvineChapitre 5 : À qui, la nuit, supplie les corps voilés

2 Primeneige, 5:13 des Exaltés

Le bois soutient avec force la pression de tes coups, @Eanna Irvine : il ne servait pourtant à rien d'opposer pareille résistance à tes doigts si graciles. Quel étrange contact entre deux mondes, n'est-ce pas ? Quel singulier rappel à une situation pas moins étonnante et intrigante, n'est-ce pas ? Tu as respecté toute la solennité qui entoure cette vénérable institution jusqu'à ce moment précis où tu t'es annoncée, devant le bureau : ta voix claire s'élève au milieu des discours pragmatiques diraient certains, sanglants railleraient d'autres.
Une colombe au milieu des corbeaux. Un paon au milieu des griffons.
À ton annonce, tu entends des meubles râcler le sol et des voix s'élever : tu reconnais sans efforts les tons graves de ton père Ardal Irvine répondre à la voix autoritaire, certes, mais féminine de Senaste. Comme une évidence, il explique à sa désormais supérieure que tu es sa fille, ce à quoi elle l'enjoint de te rejoindre, tout simplement. Les pas claquent avec force contre le sol, puis cette porte si austère, si solide, cède devant la poignée fermement enclenchée.
Le bois dur accepte de te délivrer ton père.

« Eanna... »

Ses bras paraissent s'écarter pour t'enserrer avant qu'il ne se ravise ; sa voix s'avérait prête à s'élever pour dominer toute la commanderie avant qu'elle ne s'adoucisse. Il t'observe de haut en bas pour se rassurer sur ton état - dans quel état es-tu, ma fille ?, murmurent ses pupilles  - avant de se rendre compte que tu es seule, comme il se doit, et qu'une ère entière s'est écoulée depuis votre dernière rencontre. Difficile de trouver une bonne accroche à cette conversation.
Difficile de trouver une meilleure explication à ces rerouvailles dans l'encadrement du bureau de la Commandeure-garde des Marches Libres, elle-même spectatrice silencieuse.

« Je ne t'attendais pas de si tôt. »

Ardal Irvine est différent. Tu ne saurais dire comment puisqu'à tes yeux clairs, il t'apparaît comme tu l'as toujours connu : mais quelque chose a changé depuis qu'il est entré dans la Garde des Ombres, organisation nappée de mystère. Cette aura qui touche tous les membres à l'habit bleu, une couleur qu'il doit désormais porter, certes, mais dont il ne s'est pas revêtu aujourd'hui - tu vois qu'il ne possède plus les mêmes chaussures à ses pieds, que ses chausses sont désormais brunes, et qu'il a manifestemment changé de barbier.
Est-ce pourtant une métamorphose suffisante pour changer à tes yeux ?

« Tu... Je... Comment... Tu vas bien ? »

Le doute a de quoi te surprendre, @Eanna Irvine : il te ramène à bien des années en arrière, à ce moment où, seul à seule, vous vous retrouviez par la force des choses à vous redécouvrir. Parce qu'il n'y avait plus personne pour vous oublier l'un et l'autre ; parce qu'il n'y avait plus d'urgence pour vous détourner l'un de l'autre ; parce qu'il n'y avait plus d'alternative pour que vous ne parliez pas l'un avec l'autre. Voilà que, par la force des choses, il semblerait que vous vous trouviez dans la même situation.
Alors que derrière vous observe une grande femme blonde à la mine sérieuse, que tu reconnais comme la Commandeure-garde des Marches Libres. Alors que le monde menace de s'effondrer devant l'Enclin. Alors qu'il bégaye en ne sachant que te dire.

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Durant mes pérégrinations, toutefois, j’ai trouvé un récit commun à toutes les peuplades de cette contrée ; un récit d’orgueil et de damnation qui, malgré quelques variations, reste identique en substance.
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Eanna Irvine
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Memories swim and haunt you

Peut-être mon esprit impressionnable s'est-il par trop énamouré des fables et de leurs fantastiques imprévus, car me voilà qui retiens mon souffle, les paroles désormais en cavale, à l'idée sottement infantile que la porte se dégonde incontinent, jappant et claquant du battant dans sa hâte de happer les doigts que je viens d'éloigner. Bien sûr, rien n'en fit. Le mastodonte de planches demeure assis à son emplacement, plus immobile qu'un cerbère.

C'est par-delà sa face hérissée de clous que le grognement monte, que le cri des pieds de chaise contre le plancher vétéran cède la place à de lents coups de tambour, la cadence des pas qui égrène par à-coups sourds l'inéluctable. La marche s'est lancée, j'en distinguerais la raideur militaire entre mille ; les vieux combats peuvent se retrancher dans le souvenir et ceux à venir dans la spéculation, c'est ici une toute autre bataille qui va se jouer, où vont défiler les mêmes incertitudes couturées de regrets. La porte abdique sous la poigne du général, et là vient le choc.

La rencontre.

Car il serait insuffisant de dire que nous affrontons de simples retrouvailles. Je ne me méprends pas : il s'agit bien de lui. « Eanna... » exhale la voix du foyer, sa puissance roulant sous le murmure comme la musculature sous le pelage d'un fauve. Prêts à la détente, ses bras s'interrompent avant que leur intention ne s'éclaircisse. Concevait-il un reproche, ou une étreinte ? Par chance, ici plus qu'ailleurs ai-je revêtu la révérence à même la peau de mon visage. Ainsi dissimulé le saisissement qui a enserré mon cœur, j'adresse à mon seigneur mon Père l'hommage affable qu'il doit espérer.

« Je ne t'attendais pas de sitôt. »

N'attendez-vous pas toujours ? Bien que je me trouve à votre merci, brandie sous vos yeux las où s'empaquettent les nuits d'effort, et qu'il n'y a plus guère qu'un encadrement de porte entre ici et là, vous et moi, je vous sens lointain comme le périple qui vous convoque. Je vous vois en ces lieux et ailleurs, dans ces geôles putrides dont je crus qu'on ne saurait jamais vous sortir, sous le joug de ces hôtes du destin tout de bleu préparé afin d'éviter qu'on ne leur soutirât de réponses, seulement plus d'interrogations pour une damnée privée de deuil. Je vous vois, bientôt, jeté sur les piques de l'engeance en singerie caquetante de la justice, alors que d'autres choisirent d'offrir aux monstres la place de notre famille à votre chevet, et je vous sais déjà parti. Je m'y refuse aussi bien que cette liberté insensée m'oblige dans une perspective vertigineuse, cependant nous n'y pouvons rien changer : de l'extérieur le soldat d'exigences qui a dicté ma vie, de l'intérieur le Garde qui s'insinue et grandit en vous jusqu'à faire de votre essence une étrangère. Et n'est-ce pas l'illustration pervertie du lien qui nous a invariablement échappé ? N'ai-je pas tenu loin de vous ma propre essence, à lui donner autre corps et autre nom, si bien que tant d'années durant votre fille a nourri une intruse ?

Cette confrontation n'est devenue cynique qu'à l'aune de nos mutations les plus intimes.

« Les jours derniers ont maturé bien des craintes, et les prochains ne manquent pas de nuages pour oppresser l'esprit. Sitôt que j'ai reçu le droit de vous visiter, je n'ai pu surseoir davantage notre réunion, » m'expliqué-je en atténuant l'altitude de mon regard, assurant à chacun de mes traits le polissage de la déférence.

« Tu... Je... Comment... Tu vas bien ? »

De tout temps, les atermoiements ont excédé Père, homme de décisions et d'initiatives assumées. Pour lui, l'indécision est synonyme d'incompétence, quand elle n'est pas le fruit pourri de l'oisiveté ; sur le terrain, la lenteur de jugement fait une différence directe entre la vie et la mort. Cette prise de position a résulté en un individu prompt à l'action, si ce n'est impulsif, un caractère dont ma sœur a hérité mais qui me fait défaut. Trop nombreuses furent les occasions où mon seigneur mon Père s'appliqua à bouter hors de moi toute trace d'hésitation, au moyen de dures remontrances et d'âpres leçons. Ma nature n'est fidèle qu'à elle-même, et s'en est illustrée à l'approche de ce bureau celant mes plus vives inquiétudes, mais l'éducation et son tuteur guident même le plus indiscipliné des grimpants vers la structure ; aussi mes pensées trouvèrent à se surpasser pour dépasser les déplaisantes failles de l'indétermination.

Un tel souvenir d'assurance et de justification personnelle se superpose fort inadéquatement à l'homme fourbu qui s'ébahit devant moi, et qui n'ose, je le réalise soudain, s'engager d'un pas dans ma direction. Même grande ouverte, la porte impavide se pose entre nous comme un obstacle infranchissable, la manifestation de tout ce qui s'est refermé sur nous jusqu'à nous barrer le chemin du retour. Le trébuchement de sa langue sied peut-être au moment, un peu moins à l'endroit, si l'on oublie que le locuteur se nomme Ardal Irvine, ancien conseiller du Prince. Il correspond mieux à des vestiges que je préférais garder scellés dans ma mémoire, issus d'une époque où un changement véritable semblait encore possible. Derrière le cahot des mots et les vides ouverts par le trouble, j'entrevoyais l'opportunité d'une explication, le déséquilibre nécessaire à un basculement. Que m'étais-je trompée ! Tout affligé qu'il fût, mon père ne m'aurait jamais permise de devenir autre que La Belle de Starkhaven.

Car cela aurait signifié devenir autre que sa fille. Perdre à nouveau, après son aînée et son épouse.

Le silence siffle après la question qui s'égaille avec panique dans l'atmosphère bleuie, désireux de l'étrangler entre ses anneaux invisibles. Le doute s'arroge presque le titre de détresse sur le visage de mon père, expression que j'ai haï du plus profond de mon être, et que je hais aussitôt. C'est pour chasser le siège qu'elle fait sur ses traits taillés à la serpe, et maintenant vieillis par les épreuves, que j'ai accepté de reprendre le cours de ma souffrance. Ces retrouvailles, qui sont tout sauf simples, abreuvent en moi la culpabilité et le fiel.

Et, pour autant que je puis détester cette tenue trop coûteuse, il n'y a toujours que la Belle pour trouver la bonne réponse.    

« Les temps que nous vivons n'épargnent personne, mais je sens mon chagrin s'alléger de vous revoir en vie. »

Frère Génitivi
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Ardal IrvineChapitre 5 : À qui, la nuit, supplie les corps voilés

2 Primeneige, 5:13 des Exaltés

L'instant se suspend entre vous deux, oubliant la troisième actrice de cette scène qui demeure plus silencieuse qu'une statue. Lui acquiesce à tes paroles distillant à la fois douleur mais résilience, hérauts de cette force qu'ont toutes les jeunes filles contraintes par l'éducation, vassaux de cette force que tu arbores particulièrement avec tes mots.
Son regard fuit de moins en moins ta présence et ta personne ; les doutes, quant à eux, persistent dans ses gestes.

« Quant à moi, je me réjouis de te voir en... bonne santé. »
La phrase s'est arrêtée un court instant où ton père s'accroche assez à ton regard pour comprendre qu'il y a plus derrière les apparences : une façade comme il t'a forcée à en construire, maçon et bâtisseur ; une façade comme tu as été forcée de te rapproprier, charpentière et menuisière. Certaines couleurs avaient peut-être changé depuis la dernière fois qu'il t'a vue ; il ne devine pas toute la mesure de tes déboires et de ta solitude, soit qu'il n'y comprend rien, soit qu'il la dénie, soit qu'il ne peut la supporter.
Mais il lui faut bien avancer, lui aussi, ou vous resteriez ainsi plantés jusqu'à avouer un nouvel échec dans vos vie d'Irvine, devant un juge implacable et silencieux.

« Acceptes-tu de marcher un peu avec moi ? Nous resterons dans la commanderie bien entendu. »
Tu remarques, @Eanna Irvine, le léger froncement de sourcils de la part de la Commandeure-garde dans le dos de ton père : tu ne saurais dire si elle assentit à son propos ou si, au contraire, elle le réprouve, mais elle ne pipe pas un mot pour t'aider à interpréter son geste. L'homme, quant à lui, n'en voit rien et pose sa large main que tu sais manier autant les caresses que les coups – mais ce dernier, jamais à ton égard – sur ta fine épaule.

« As-tu déjà mangé aujourd'hui ? », s'enquit-il d'une voix qu'il force à la douceur et à la gentillesse.
L'effort est empli de sincérité, @Eanna Irvine, et tu le reconnais : mais cela n'a jamais été le naturel d'Ardal Irvine que d'être tendre. Sauf à ton égard, à toi et toi seule, lorsqu'il avait tant à se reprocher qu'une vie entière ne lui suffirait pas à se racheter ; lorsqu'il désirait tant se rapprocher d'un rôle de père qu'il n'endossait jamais aussi bien que lorsqu'il se paraît d'autorité et de dureté, mais qu'il sentait dépassé.

Alors la question paraît banale et imbécile lorsqu'il t'invite d'une ferme pression à quitter le bureau de la Commandeure-garde. Peut-être n'a-t-elle aucune autre vocation qu'à paraître banale et imbécile face à la ferme pression.

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But after sunlit days, one thing stays the same

Il paraît finalement que la nature indomptée de l'homme reprend le pas sur le doute qui l'abrutit ; me voici soulagée de constater que la trajectoire de son regard se redresse, alors que pour tant d'années, l'éclat vitrifiant de ses yeux clairs fut le signe avant-coureur d'une semonce volcanique. Aujourd'hui, la concentration de leurs faisceaux n'annonce que l'émergence d'un passage vers l'échange.

« Quant à moi, je me réjouis de te voir en... bonne santé. »

Dans ses cratères noircis par l'insomnie, je vois une lave de pensées circonvoluer, sans pouvoir définir les bouillonnements qui l'animent. Par désir d'endurer, en ai-je trop révélé ? Me suis-je trahie avec une toilette trop apprivoisée, des paroles si bien creusées qu'elles mettent au jour les conflits de mon âme ? Je ravale mes incertitudes avant que mon seigneur mon père n'y découvre de nouvelles raisons de sévir, ou pire, de s'inquiéter : à cette éruption fugace de perplexité qui se tarit déjà derrière les barrages providentiels de l'habitude, je réplique un sourire moins fatigué, qui s'autorise à réchauffer le portrait paternel du réconfort - sincère - que j'éprouve à retrouver ma famille.  

Même si notre foyer, lui, n'a de cesse de se dérober. « Acceptes-tu de marcher un peu avec moi ? Nous resterons dans la commanderie bien entendu. » 

Aveuglée par le feu de l'émotion, j'ai éclipsé de ma mémoire l'éminence pétrifiée qui eut dû présider à notre conversation ; mais voilà que les paroles de mon seigneur, sans doute propulsées avant d'être réfléchies par celui qui exerça le commandement pendant si longtemps, fait ondoyer le visage de marbre auquel il doit désormais répondre. Le froncement de sourcils de la Commandeure ordonne un frisson de culpabilité le long de mon échine, pourtant sa carrure de roc ne s'ébranle pas ; pas plus que mon seigneur mon père ne songe à consulter son approbation. Ont-ils tout arrangé ? Je me prends à le souhaiter. « Maintenant que je le puis, je partagerai volontiers votre compagnie, » je confirme en esquissant un nouveau salut ayant valeur d'acquiescement.
   
La main qui vient envelopper mon épaule, si elle propose une invite, m'impose surtout le mouvement. À la Commandeure pas plus qu'à moi elle ne semble ouvrir la possibilité d'une objection, même tacite : en dépit du lieu, en dépit de ses déchéances successives et de ses efforts, l'autorité ne se détache pas de l'image d'Ardal Irvine et les rênes de la décision demeurent vissées à ses paumes.

« As-tu déjà mangé aujourd'hui ? » s'enquiert-il d'une voix qui dément néanmoins l'injonction de son accolade. La question me prend au dépourvu, sa futilité presque grossière. Mon seigneur le sait, mon estomac rétif regimbe à se garnir et me fait regretter tout le plaisir que je puis trouver à la bonne chère ; lorsque l'angoisse tord ce pénible organe, ses caprices ne font que forcir. « Je n'ai su, » je murmure. Mon regard s'esquive pour quérir une ultime fois l'opinion fort bafouée de messerah la Commandeure, laquelle ne se départit pas de sa pesanteur statuaire ; dans mes yeux se dessine une excuse, implorant compassion pour le vétéran brisé aussi bien que pour moi, qui viens ingérer sur son domaine de guerre. Puis, incapable de tenir tête aux appels de la piété filiale, je me retire de ces hauts quartiers. La massive porte aux clous dénudés enfin franchie, le battant condamne sur nos pas mal assurés la voie de tout ce qui nous fut familier.

Au moins mon Père est-il pour l'heure à mes côtés.

« Pardonnez mon trouble, je ne sais où me rendre. Votre nouvelle demeure » (Le qualificatif de dernière, pour le moins malvenu, est repoussé sitôt qu'il me vient à l'esprit) « m'est encore étrangère. »

Et elle le restera, qu'importe le compte des visites et des années. Tandis que ces bâtiments sévères vous instruiront de leurs secrets, notre foyer se desquamera entre les griffes de l'engeance. Alors, quel accueil l'ailleurs fera à mes lambeaux éparpillés ?

Où que je me disperse, l'ombre d'un autre s'appropriera les sésames de mon sanctuaire. Je ne suis plus à ma place jusque dans ma moelle.   

Frère Génitivi
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Ardal IrvineChapitre 5 : À qui, la nuit, supplie les corps voilés

2 Primeneige, 5:13 des Exaltés

La Commandeure-garde reste indifférente à tes prunelle regard implorant ses excuses, @Eanna Irvine : vous partez avec son assentiment tacite, puisqu'une femme pareille ne se serait pas privée d'exprimer tout sentiment contraire en sa commanderie, mais elle ne cache pas une certaine indifférence à ton égard. À moins que celle-ci ne soit à l'égard de ton père ? Les manières de la Garde des Ombres sont bien difficiles à saisir, serais-tu légitime de conclure tandis que la porte du bureau se referme sous les doigts d'Ardal Irvine... des doigts gantés de bleu pour l'éternité.

Tandis que vous abordez l'escalier qui t'a conduite, @Eanna Irvine, au bureau de la Commandeure-garde, tu observes ton père t'inviter à descendre la première : loin de te seconder d'une quelconque manière, puisqu'il t'a toujours fallu te débrouiller, il adopte plutôt cette habituelle posture de surveillance. Présence imposante dans ton dos, regard par-dessus ton épaule : tu ne doutes pas un instant, malgré son silence plus bruyant que tu ne l'aurais espéré, que ta frêle silhouette n'échappe pas à son attention.
Ardal Irvine veut-il toujours comprendre ce que tu ne lui confies pas, tes petits pieds effrayés de sauter ce fossé que ton enfance a creusé entre lui et toi ? Ou bien est-ce lui qui refuse de réaliser la réalité, se soustrait au coup d'oeil dans cet abîme que tu toises toi-même de l'autre côté et dans lequel il plongerait de chagrin ? Une fois encore.

« Veux-tu bien m'accompagner au réfectoire ?, sa voix s'élève soudainement dans ton dos et couvre le grincement des marches. Cela me rassurerait de savoir que tu as eu accès à un bon repas... »
Son arrêt est marqué par la plainte stridente du bois : aussi guerrier soit-il, le noble n'a jamais réellement mal manger ; il ne saurait pourtant gager de la qualité des repas servis à la Commanderie. De plus, il ne peut ignorer l'aveu que tu lui as fait, @Eanna Irvine, des tensions qui vrillent ton estomac lui-même ; ni même oublie-t-il que tu lui as rappelé avoir un estomac de passereau. À lui de compléter après un léger soupir :
« ... enfin, à un repas. »

Une fois au bas des escaliers, Ardal Irvine réagit alors à la question de la demeure étrangère qu'est cette Commanderie, te faisant un aveu étrange qu'il souffle pour que les murs ne l'écoutent pas, ne le retiennent pas, ne le rapportent pas à qui de droit :

« Elle l'est tout autant pour moi. »

Naturellement, le mot demeure continue de travailler ton père : s'il ne l'affiche pas sur ce visage toujours égal, ni le laisse percevoir dans ses gestes tandis qu'il t'indique le couloir à suivre, il te permet de l'entendre par ces nombreuses questions qu'il t'adresse.

« Vis-tu au manoir du Mealluaine ? Je sais qu'il n'est pas très confortable mais il te protégera autant qu'il le faudra, tu as droit aux remparts de la cité. Arrives-tu à le tenir correctement ? Des domestiques sont-ils restés pour t'aider à son entretien ? Ils ont intérêt après tout ce que j'ai fait pour eux.. S'il te faut vendre tous les chevaux pour amasser un peu d'argent, n'hésite pas, fais-le : ils ne serviront plus à rien. »

Factuel, comme toujours, Ardal Irvine aborde sans tout à fait l'évoquer la situation qu'il t'a abandonnée, et notamment ces biens que l'on ne t'a finalement pas confisquée à toi, sa fille désormais héritière. Malgré toute la haine – bien réciproque – que vous porte la famille princière, tu vois bien qu'il n'ose évoquer cette conession qu'ils ont fait pour toi : peur d'avouer la bonté, peur d'avouer sa faiblesse ?
Vous marchez lentement vers ce réfectoire qu'il t'a enjointe à rejoindre – ou bien l'ailleurs que tu lui aurais indiqué, si te nourrir ne t'a pas inspirée, @Eanna Irvine : un père plus loquace que tu ne l'aurais attendu, empli de nombreuses instructions à ton intention... Non, attention. Craint-il de manquer de temps, veut-il rattraper son retard, ou n'est-il pas tout à fait capable de gérer cette situation sur laquelle il n'a pas de contrôle ?
Tant de questions si étranges....

Consigne
  • Cette mission fait suite à une demande de rencontre avec le.a PNJ ici.
  • Il n'y a pas de délai de réponse demandé : à vous de gérer votre rythme.
  • Les MJs s'engagent à répondre sous dix jours après votre dernière réponse : si ce délai est dépassé, ne pas hésiter à contacter @Frère Génitivi.
  • En cas de mission secrète, merci de bien mettre sous balises hide tout votre message. Si vous évoquez des secrets, utilisez des balises hide autour du passage concerné.



Durant mes pérégrinations, toutefois, j’ai trouvé un récit commun à toutes les peuplades de cette contrée ; un récit d’orgueil et de damnation qui, malgré quelques variations, reste identique en substance.
Celle de leur combat contre la chute inévitable de notre monde.

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MISSION - Ardal Irvine et Eanna Irvine