Type de RP Classique
Chapitre concerné Chapitre 4
Date du sujet 2 Voiréale 5:13
Participants @Cyriel & @Miche
TW Consommation d'alcool
Résumé Cyriel emmerde un bar entier pour son propre amusement et ne s'arrête que quand Miche lui apparaît - pour évidemment lui infliger le même sort.
Pour le recensement

Code:

[code]<ul><li><en3>2 Voiréale 5:13</en3> : <a href="LIEN DU RP">Excusez-moi, c'est la bière</a></li></ul><p><u>Cyriel, Miche.</u> Cyriel emmerde un bar entier pour son propre amusement et ne s'arrête que quand Miche lui apparaît - pour évidemment lui infliger le même sort.</p>[/code]

L'alcool ne parcourt pas fréquemment les veines de Cyriel mais, quand c'est le cas, c'est un signe indéniable de son ennui. La vie à Starkhaven ne lui offre pas bien de rebondissement et, si c'est ce qu'il dit chercher, il peine en général à s'y faire. Pour lui, l'ennui n'est bien trop souvent que temporaire, un signe que sa déchéance inévitable et récurrente arrive. Sa présence aux Plinthes mousseuses n'est alors peut-être qu'une tentative d'accélérer ce processus.

Parce qu'aux Plinthes mousseuses, on entend Cyriel même par-dessus le brouhaha des buveurs aussi éméchés que lui. Leurs grognements agacés par ses histoires sont aussi forts que les rires de ceux qui ont eu la chance de ne pas croiser son chemin et les plus patients d'entre eux craquent inévitablement quand ils sentent ses mains tenter de se faufiler vers leurs poches.

L'envie de déclencher quelque chose – sous-entendre, de se faire casser la gueule – est irréfutable et, comme pour y répondre, Miche lui apparaît. Ses yeux brillent dès lors qu'ils se posent sur lui pour la première fois depuis un bail et, sans hésiter, Cyriel quitte sa place de minable délaissé au comptoir pour le rejoindre.

Michou ! qu'il s'exclame en s'avançant à bras ouverts pour l'enlacer avant de retrouver la raison suffisamment longtemps pour s'en empêcher. Ses mains s'affaissent alors sur ses épaules mais n'en demeurent pas moins chaleureuses, la délicate pression qu'elles exercent communiquant son enthousiasme de le revoir tout autant que le sourire radieux qui orne ses lèvres. Ca fait des siècles, j'ai l'impression. Tu es passé où ? Je me suis fait du souci pour toi, tu sais.

Finalement, ses démons ont raison de lui et il passe un bras autour des épaules de Miche pour le présenter à son audience imaginaire composée de clients dont l'envie de le tabasser est, en revanche, bien réelle. C'est mon ami Miche ! Il parle pas beaucoup, mais il est top.

Les habitudes se sont forgées au fil du temps, et parmi ces habitudes siègent avec une certaine réjouissance les plinthes mousseuses. Un rendez-vous assez régulier avec Hector et la bande de Garde des Ombres qui parfois l’accompagnait lors de soirées arrosées. Une certaine césure dans mon quotidien rigide et exigeant qui, ne nous trompons pas, me plaît toujours autant.

Ce soir, en revanche, Hector était occupé – une bonne nouvelle, lui qui s’emmerde –, mais j’avais tout de même décidé de payer une visite au tenancier, qui à force commence à me connaître. Rien de bien significatif, quelques bières et je serai rentré plus tôt.

Cependant, cette soirée a décidé de m’emmerder de façon peu coutume.

Si les bruits de fonds habituels crissaient à nos oreilles blasées, le tenancier secoue la tête de dépit. Car ce soir, pour une raison qui m’échappe, mais qui remplit ses poches, les pipelettes enivrées étaient plus assourdissants que d’ordinaire, et pas pour les bonnes raisons, à en juger par l’humeur fracassante du tenancier. L’ennui était surtout que l’épicentre agaçant se trouvait non loin de nous, et malheureusement, je n’allais pas aider son cas.

Un soupir exténué franchit mes lèvres à l’hurlée d’un “Michou”. Mais quelle horreur. Mais il n’y avait qu’un seul dégénéré à l’Acanthe pour m’appeler ainsi – enfin, qu’un seul dégénéré tout court, qu’on se le dise –, et ce constat me dépite davantage.

Lui.

Le voici qui s’avance, bras grand ouverts, le pas tordu par les vapeurs d’alcool. Si son intention hésite, il se décide finalement sur une main sur mon épaule – une familiarité qui lui aurait valu de perdre quelques dents si j’étais de service.

- « Cyriel… »
- « Ca fait des siècles, j'ai l'impression. Tu es passé où ? Je me suis fait du souci pour toi, tu sais. »

Je relève ma pinte, d’une part pour lui signaler que sa tentative de connexion physique m’emmerde, mais aussi pour répondre à sa question.

- « Je bois, comme tu peux le voir. »
- « C'est mon ami Miche ! Il parle pas beaucoup, mais il est top. »

Évidemment, un maniaque du spectacle de sa trempe se doit de donner représentation, en me traînant malgré moi dans ses emmerdes. Je lance un regard blasé au reste – que je connais, à force de venir –, et je constate que le sentiment est partagé. Mais surtout, que la garde de ce bambin insupportable me revient pour la soirée. Bravo les gars.

Je l’observe, tandis que le message précédent n’était pas du tout passé – en témoigne son bras qui encadre mal mes épaules bien trop larges pour lui. Un regard perplexe.

- « Alors, ça récolte les ennuis si tôt ? »

Cyriel n’est pas un mauvais bougre per se, mais son visage agit comme un puissant aimant pour tout poing qui a le malheur de se trouver dans son périmètre. Un panier à ennuis. Il a intérêt à se tenir à carreaux, mais quelque chose me dit qu’avec son état de sobriété évident – n’est-ce pas –, j’avais un trop plein d’espoir pour lui.

Le dédain avec lequel Miche lui répond est accueilli avec bienveillance – avec satisfaction, que dis-je ! C'est bien la marque de fabrique de l'homme, celle dont sont empreintes toutes les rares fois où il s'exprime. Envers Cyriel, du moins. Il faudra bien plus que cet air de marbre pour le désarmer et, s'il se retient tout de même de le prendre dans ses bras, ça ne l'empêche pas d'initier un contact physique pour lequel il emploie sa présentation à son public imaginaire comme prétexte.

Je ne te dérange pas, j'espère ?

Bien sûr que si, mais ça ne rend sa tentative de connexion que plus intéressante pour lui. Cyriel a toujours aimé s'insérer dans des situations où il n'a lieu d'être pour voir ce que sa présence y ajoute, comme on jette un caillou à l'eau pour étudier les ondulations à sa surface. Si les conséquences de ses passages sont souvent dévastatrices, ce n'est pas par manque d'égard ou d'adresse, mais par soumission à une vérité qu'il a depuis longtemps acceptée : son existence dans ce monde a toujours été celle d'un parasite.

J'ai bien vu que tu buvais, mais tu avais l'air tout tristounet, seul dans ton coin, souligne-t-il d'une moue triste en s'installant auprès de Miche sans y être invité, qui d'autre que moi pour t'en sauver ?

Qui d'autre que Cyriel pour oser s'approprier un moment censé être de détente et de paix ? Qui d'autre que Cyriel pour s'improviser sauveur de quelqu'un qui n'en a absolument pas besoin ? Dans une autre vie, il aurait sûrement été le prophète ou missionnaire parfait. Dans celle-ci, en tout cas, être un horrible compagnon de beuverie lui suffit.

Le seul ennui que je constate, c'est celui de cette taverne, souffle-t-il tristement, tout l'enthousiasme d'embêter les autres clients a disparu le moment où Miche est apparu. D'un étirement du bras téléscopique, il récupère la pinte brièvement abandonnée sur la table voisine et s'ajuste confortablement dans son siège, les jambes croisées l'une sur l'autre. Heureusement que tu es là ! À peine ces mots prononcés qu'un petit gars baraqué vient se poster près de lui et Cyriel le dévisage de haut en bas, peu impressionné. À en juger par son air mécontent et le regard concentré sur sa bière, il en est le propriétaire revenu d'on ne sait où – sûrement les sanitaires, s'il se fie à son odorat.

C'est toi le connard qui a pris ma pinte ? Je vais te–
– Mais vous voyez pas qu'on discute, là ?! Bordel de merde !

Si le haussement de ton inciterait normalement à rétorquer d'un coup de poing dans la gueule, la folie théâtrale de Cyriel suffit à faire comprendre que rien de bon ne résultera d'une altercation avec lui. Sans prononcer le moindre mot, il regarde l'homme ravaler sa fierté et se retrancher au comptoir pour demander une nouvelle pinte, indubitablement satisfait malgré l'absence de sourire sur son visage quand il se retourne vers Miche.

Les gens sont complètement fous, je te jure.

Un soupir dépassé lui échappe et il ne peut s'empêcher de le noyer dans la bière dont le goût est agrémenté par sa petite victoire. Alors, dis-moi. Son doigt trace le rebord de sa chope comme s'il retraçait l'inscription de son nom sur un trophée, le sourire en coin illuminant enfin son regard de jais où vient d'habitude mourir la lumière . Tu es passé où, Michou ?

- « Je ne te dérange pas, j'espère ? »
- « Bien sûr. »
- « J'ai bien vu que tu buvais, mais tu avais l'air tout tristounet, seul dans ton coin. Qui d'autre que moi pour t'en sauver ? »
- « Franchement, la liste est longue. »

C’est toujours un malin plaisir d’être brutalement honnête au point de briser quelques cœurs avec les lourdeaux, mais l’exercice avec une tête de mule comme Cyriel est sans aucun doute un plaisir coupable. Le genre d’homme à tout encaisser et à se contenter de lire sa petite strophe, sans se soucier de son environnement, et ce avec un sourire des plus tentateurs.

- « Le seul ennui que je constate, c'est celui de cette taverne. Heureusement que tu es là ! »
- « Mh-mmh, ouais. Cyriel, repose cette bière. »

J’ignore ce qu’il essaie de communiquer, mais il communique. C’est déjà quelque chose. La nonchalance de son acte souligne une habitude – bonne ou mauvaise, ce n’est plus à moi de juger. Mais bien assez vite, un costaud pointe le bout de son nez, visiblement contrarié. Sûrement le propriétaire. J’espère qu’il a craché dedans pour marquer son territoire.

- « Cyriel… »
- « C'est toi le connard qui a pris ma pinte ? Je vais te– »
- « Mais vous voyez pas qu'on discute, là ?! Bordel de merde ! »

Je ravale un rire, lançant un regard dépité au pauvre picoleur dérobé de sa blonde avant de hausser des épaules. Est-ce que ça vaut vraiment la peine de se prendre la tête avec une tête à claques pareille ? Est-ce que la même satisfaction émerge à le remettre à sa place, alors qu’il semblerait que c’est tout ce qu’il demande ?

A le voir accepter son destin, je me dis que la maturité de cet homme et sa patience en ferait un bon père de famille. S’il a un fils dans son impulsive adolescence, ça se voit.

- « Les gens sont complètement fous, je te jure. »
- « Tout ça pour quelques sous… »
- « Alors, dis-moi. Tu es passé où, Michou ? »
- « En pèlerinage au fin fond de mon rectum. » Je l'observe un instant, dépité, avant de finir. « Où veux-tu que je sois ? »

Je lui adresse un regard rapide, avant de poursuivre avec ma boisson. Je ne suis pas venu ici pour lui faire la conversation en particulier, donc ce n’est pas surprenant si je n’y mets pas particulièrement du mien ce soir.

- « Par contre, c’est Miche. Pas “Michou”. »

“Michou”. Quelle horreur.