Type de RP Classique
Chapitre concerné Chapitre 4
Date du sujet 8 Auguste
Participants  @Alzyre de Launcet & Cadwell
TW Quelques vulgarités et beaucoup de larmes.
Résumé Les camarades templiers d'Alzyre ont préparé une surprise pour l'accueillir alors qu'il sort enfin de son isolement forcé.
Pour le recensement

Code:

[code]<ul><li><en3>8 Auguste</en3> : <a href="https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t2241-mission-d-intervention-alzyre-cadwell">Mission d'intervention</a></li></ul><p><u>Alzyre de Launcet, Cadwell</u> Les camarades templiers d'Alzyre ont préparé une surprise pour l'accueillir alors qu'il sort enfin de son isolement forcé.</p>[/code]

En quelques minutes, cela avait été un véritable branle-bas de combat. Des cris à base de "OK c'est le moment", des "personne ne panique", sans oublier un tonitruant "CECI N'EST PAS UN EXERCICE" avaient fusé dans la salle d'entraînement auparavant vide. Râteliers, cibles et autre matériel militaire avaient été remisés tandis qu'on ramenait un peu précipitamment les paniers de nourriture "empruntée" aux cuisines pour l'occasion - pain, fromage, raisins, quelques douceurs et même un peu de lard séché.

"Je reviens", annonça presque solennellement Tadgh à l'assemblée, ce qui signifiait : "soyez prêts à mon retour".

Bientôt le reste du petit groupe de templiers n'eut plus qu'à attendre. Quelques chuchotements perçaient ça et là le silence, mais globalement tout le monde semblait impatient ou nerveux, parfois même un peu des deux. Cadwell se retourna et lança un regard suspect vers son camarade le plus proche.

"Tu n'es pas obligé de retenir ta respiration, Etienne", chuchota-t-il.

Il était moins pâle que d'ordinaire. Il devait se retenir de hurler son excitation. À tous les coups il allait exploser, songeait Cadwell. Comme son camarade ne répondait pas et que son expression demeurait crispée, le plus jeune ajouta :

"Ne compte pas sur moi pour te réanimer si tu tombes dans les pommes."
"Oh, la ferme !"

Cadwell sourit, satisfait. Etienne était un peu bizarre, en ce moment. Peut-être que se prendre des raclées avec Rita lui avait secoué le cerveau, mais son cadet était content de voir qu'il restait un peu lui-même au fond.

"Bon, t'es pas obligé de me souffler dans la nuque non plus..."
"Non mais laisse-moi vivre ?"
"Je disais juste..."
"F..."
"Taisez-vous, ils arrivent !"

Cette fois, ce fut tout le groupe qui retint sa respiration. La porte de la salle d'entraînement grinça et... leur camarade Alzyre apparut, le caporal sur ses talons. Un énorme "SURPRIIIIISE !" résonna en choeur. L'effet devait être réussi. Tadgh avait prévu de retrouver "par hasard" Alzyre à sa libération en lui faisant croire que personne n'avait pu venir l'accueillir... À présent, Cadwell regrettait presque de s'être moqué d'Etienne lorsqu'il avait proposé de lancer des grains de riz ou des pétales de fleurs sur leur ami pour rire. L'idée de toute cette opération ne venait pas de lui, mais il s'était pris très vite au jeu et à présent, il ne pouvait plus s'empêcher de sourire comme un idiot. Alzyre leur avait à tous beaucoup manqué.

Quand je m'enfonce dans la nuit sombre,
Jamais, cependant, ne suis-je seul.
Car auprès de moi subsiste
La lumière du Créateur,
L'amour de son épouse,
Et le souvenir de mes amis.

Il y a à peine un peu plus d’une année, j’aurais éclaté de rire face à ce non-sens de véritable illuminé. Mais bien sûr, la lumière du Créateur. Et puis quoi encore, le saint boulard de la prophétesse aussi ?! Ces neuneus qui pensent que toutes les réponses à leurs problèmes se trouvent dans les prières qui se perdent et dans l’attente et l’inaction. Qu’au lieu d’accepter la main qui se tend, ils proclament haut et fort pour bien se faire voir que la main du Créateur leur sera tendue à la place. Quelle bande d’ignorants et d’imbéciles.

Et depuis, il y a eu elle. Avec ses raisonnements aussi alambiqués que parfois lunaires, mais dont le fond, dont l’intention finale n’est pas si débile que ça. Qu’il faut voir le message essentiel à travers ces mots biscornus qu’ils emploient, voir les actions concrètes et altruistes à travers ce message essentiel. Que ces paroles sont faites pour qu’on les pense et repense jusqu’à en comprendre le sens que la bonne morale universelle attend de nous.

Si mon attention se serait focalisée sur ces lumières et ces créateurs et ces autres mots pompeux, mon attention aujourd’hui, comme chaque jour de solitude depuis que je suis ici, se focalise sur ce qui est vraiment important, ce qui me permet de tenir sans ployer à nouveau.

Jamais, cependant, ne suis-je seul. Car auprès de moi subsiste Le souvenir de mes amis.

La porte grince, emportant dans son désaccord un fil de lumière à en brûler la rétine. Je frotte mes yeux, m’étire avec inconfort à cause de la position recroquevillée dans le coin et dans laquelle je me suis une fois de plus endormi. Une plainte émane doucement, étrangeté que de m’entendre, pour une fois. Il faut dire qu’à n’avoir personne à qui parler, l’on arrête de parler. Je ne prends pas la peine de relever la tête, ce doit être pour une broutille, comme manger un croc ou une bêtise du genre.

- « Debout, templier. »
- « Urgh », la voix est rauque, sèche. « Quoi encore… »
- « Ta sentence est levée, tu peux sortir. »

Mes yeux agrandis de surprise se posent sur le casque qui me parle. C’est…

- « C’est aujourd’hui ? »
- « C’est aujourd’hui. »

Une boule d’air glacial emplit mes poumons face à un tel choc. C’est aujourd’hui ! Je peux sortir !! Je bondis sur mes deux pieds, glisse les mains dans mes poches pour feindre la nonchalance, et m’approche de la sortie. J’aurais pu me demander s’il ne disait pas ça pour se payer ma tête, mais l’idée pourtant prévisible n’a même pas traversé mon esprit. Lorsque je lui fais face, il se pousse sur le côté pour me laisser passer. Ce qui est si étrange. La porte se referme derrière moi, et avec elle est enfermée une éternité d’angoisses. Celle de ne plus jamais sortir. Celle de ne plus jamais revoir mes amis. Celle de ne même plus avoir le luxe de pondre la moindre petite connerie inoffensive, véritable droit de l’Homme. Le templier mène la marche sans un mot – protocolaire, prévisible –, jusqu’à atteindre les grands escaliers pour nous remonter à la surface. Là où l’on vit. Du moins, là où l’on essaie.

- « De par les rapports de ta chevalière-caporale, nous t’avons assigné à une nouvelle escouade. Tu devras transmettre à ton nouveau caporal la moindre de tes localisations et activités au sein du cercle, et il gardera un œil de fer sur toi. »
- « Au sein du cercle… ? »
- « Ta peine n’est pas encore pleinement purgée, templier. Tu n’as pas le droit de sortir pour les deux prochains mois. »
- « Oh. »

D’ordinaire, j’aurais gueulé. Évidemment que j’aurais gueulé. Mais si j’ai bien appris une chose entre ces quatre murs, c’est qu’il faut savoir quand la fermer, savoir quand se faire petit, savoir quand se fondre dans la masse et les murs.

Nous regagnons les halls habituels. C’en est presque intimidant.

L’air y semble suspendu, comme si, en brisant le silence, la foudre se fracassera sur moi. Je me sens si petit, comme perdu dans un manoir interminable, comme si j’avais dû aller réveiller Elise en plein milieu de la nuit car y’a une grosse bestiole dans le coin de ma chambre et qu’elle fait peur. Et je le suis en silence dans l’inconfort le plus total, jusqu’à ce qu’il me conduise à mon dortoir. Un dortoir vide où, sur mon lit, se trouvent des vêtements propres.

- « Ton caporal m’a transmis ton programme de la soirée, et il semblerait qu’il soit clément, pour une fois… Va te laver et ensuite tu as quartier libre jusqu’au couvre-feu. »
- « Ça marche. »

Je vais en chier.

Sans plus de cérémonie, le gradé me lâche les bottes et referme la porte. J’observe un instant le lit, hume cet air de dortoir rempli de mecs qui n’a en soi rien de spécial, mais étrangement, pour une fois, il semblerait que oui. Odeur qui retrouve les petites choses habituelles, ces petites choses que l’on a tendance à oublier.

Après une toilette rudimentaire mais efficace, frottant parfois trop fort autant par souci de crasse que d’essayer de me focaliser ailleurs, je retourne au dortoir, vêtu de ces vêtements à l’odeur fleurie, pour y trouver Tadgh. Assis sur mon lit, les bras croisés, il me toise un instant, avant de me sourire. Je referme la porte, tandis qu’une bulle se forme dans mes poumons, débordant dans ma trachée. Je ne sais pas si rien ou tout à la fois me vient en termes d’émotions.

- « Wow, qui aurait cru que te laisser seul un petit temps te couperait la langue ? »

Je m’approche, il se lève. Il ne porte pas son armure, il ne doit pas être de service, en ce moment. Je m’arrête à deux-trois pas de lui, ne sachant pas trop quoi répondre à sa petite remarque qui se veut sûrement humoristique. C’est un peu notre humour à nous avec les gueux, de se taquiner pour rien, ou de s’insulter des pires insultes que la terre ait connu parce que c’est drôle. Ma gorge est barricadée d’émotions pures qui ne demandent qu’à sortir, mais est-ce le bon moment pour autant ? Pourquoi y aurait-il de bons ou de mauvais moment ? Ou peut-être qu’ils n’attendaient que ça, après tout : un prétexte pour me mettre à l’écart. Je ne sais pas trop. Je comprends, cela dit.

Au moment où Tadgh ouvre les bras cependant, j’y fonds instantanément et le serre comme je n’avais jamais serré personne. Pas même Elise lorsque j’avais peur du noir. Pas même Amadeus lorsque mon monde s’est encore effondré. Comme si je voyais un fantôme après de longues années. Comme si je n’avais jamais reçu le moindre câlin de ma vie.

Et Tadgh me rend cette étreinte, accompagné d’un rire un tant soit peu étranglé d’une vive émotion. Comment lui en vouloir, je suis une véritable épave, mes mains tremblent, mon souffle me fait mal, mes yeux me brûlent.

- « Oh, Alzyre… » qu’il souffle le gueux, tandis qu’une de ses larges mains caressent mes longs cheveux encore mouillés. Puis, il attrape mon visage à deux mains pour la redresser dans sa direction, plantant ses yeux clairs dans les miens. « Toi aussi tu m’as manqué. Avec qui étais-je censé m’entraîner, Etienne ? Il lui arrive de tenir son épée à l’envers, ce qui est un exploit. »

Il arrive à me tirer un souffle de rire malgré les sanglots, et je vois à son sourire davantage étiré qu’il considère la chose comme une belle victoire.

- « Allez soldat, un petit entraînement pour fêter ça ? »
- « Urgh, mais je suis tout engourdi… »
- « Justement, ça te fera du bien. Allez », ajoute-t-il en effaçant une traînée de larmes le long de ma joue, avant de me tapoter l’épaule.

Tadgh rompt l’étreinte, puis glisse une main entre mes omoplates pour me pousser doucement vers la sortie. De mon côté, j’essaie de reprendre quelques couleurs en me tapant gentiment les joues et en effaçant les preuves irréfutables d’un moment de faiblesse. Mais aussi et surtout, j’essaie de comprendre ce qui se passe. S’entraîner aussi tard ? D’habitude on s’entraîne le matin… Bon, il fait peut-être une exception. Et pis bon, d’après l’autre gradé, j’ai quartier libre aujourd’hui, donc je n’aurais pas non plus trop de problèmes.

- « Où sont les autres ? » je demande, tandis que nous traversons le couloir qui mène à notre salle d’entraînement habituelle.
- « En patrouille. Ils sont de nuit cette semaine, malheureusement. Autrement dit, ils vont sûrement te réveiller en pleine nuit pour t’assourdir. »
- « Oh… Haha, ouais surtout Etienne. Cadwell oserait pas réveiller les mouches. »

Le gueux rigole, mais en même temps, c’est vrai. Putain, même Cadwell m’a manqué. Même Blair m’a manqué, limite. N’importe qui de vivant m’a manqué. Même Yara aurait pu me manquer. Le mécanisme de la porte effectue un grand CLIC, avant que Tadgh ouvre la porte puis, dans un grand geste de grâce, m’invite à entrer le premier.

Urgh, j’ai pas vraiment envie de m’entraîner. Je suis tellement crevé… Je prendrais bien un bon thé, un peu de lecture, dormir dans un vrai lit – je ne pensais pas que je dirais ça un jour des lits du dortoir, et pourtant. En plus je dois être complètement rouillé, il va forcément me…

…baiser.

Je n’ai même pas eu le temps de battre des cils que la lumière fut à nouveau, que des pétales s’envolent, et qu’absolument toute l’équipe des gueux se trouve attroupée au milieu de la pièce. Même les gueux de Blair sont là, tout aussi contents d’être là – dans la mesure de l’acceptable, n’exagérons pas non plus. Y’a Etienne, y’a Cadwell, y’a Greer, y’a vraiment tout le monde ! Je passe une main sur mon visage pour non seulement tenter de ravaler mon sourire, mais aussi mes larmes, mais malheureusement pour moi, c’est bien Etienne qui hurle le plus fort, abandonne son petit panier et se rue sur moi, manquant de nous faire tomber tous les deux.

- « AAAAAAAAAAAAH ALZYYYYYYRE !!!! Comment ça va mon BICHON ??! C’était absolument le NÉANT j’ai bien cru que j’allais MOURIR !! »
- « Mais- qu’est-ce qu- » Je glisse un regard vers Tadgh, tandis que j’étouffe littéralement, avant de comprendre dans son regard et son sourire l’élan de victoire qui illumine ses traits. Oh. C’était une feinte.

Agrippé à Etienne – faute de quoi je TOMBE –, je resserre l’étreinte et colle ma tête contre la sienne. Puis il m’attrape par les épaules, comme ces proches que tu vois qu’aux grands repas de famille et qui n’ont aucune notion de l’espace vital, et me secoue légèrement tout en explorant la moindre miette de mon âme.

- « Oooh, mais t’as pris des cheveux ! Par contre t’as l’air tout maigrichon. MAIS PAS DE PROBLEME HAHA, on a pensé à tout. Surtout les autres, car moi, je délègue. »
- « Il considère sa présence comme un cadeau suffisant », blague Greer en arrière-plan.

Je souris, le regard brillant. Quelque part, sa présence est en effet un cadeau suffisant. Comme leur présence à tous.

Les couleurs des dialogues parce que y'a pleins de homies (la liste peut se rallonger) :

• Tadgh : #996699
  
• Etienne : #99ccff
  
• Greer : #ffff00
  
• Blair : #669966
  

Sentir l'émotion que suscitait cette surprise chez Alzyre était presque aussi touchant que voir tous ses camarades réunis autour de lui. Certains étaient plus expansifs que d'autres, Etienne toujours très dramatique dans un extrême, et dans l'autre extrême la bande à Blair, qui se tenait légèrement en retrait, car moins proche d'Alzyre que les autres... mais belle et bien présente pour exprimer son soutien. Ils avaient toutes et tous été touchés par l'absence du jeune De Launcet.

Cadwell se rappelait encore parfaitement de la réaction de ses camarades ce jour funeste où ils étaient rentrés au Cercle sans lui ; lui-même avait eu du mal à comprendre et réagir quand Alzyre avait été emmené par la garde. Il se trouvait avec l'apprentie Isbeil à ce moment-là, et c'était peut-être une bonne chose ; Cadwell ne savait pas comment il aurait réagi s'il avait été seul. Il aurait sûrement couru après la garde et aurait aggravé la situation.

Par la suite, Isbeil et lui avaient voulu se plaindre de la situation auprès du Premier Enchanteur et du Chevalier-commandant, mais on leur avait fait comprendre que la sanction qui attendait Alzyre était inévitable. Cadwell ne comprenait pas qu'on puisse accuser son camarade de l'horreur qui s'était déroulée devant le Laurier. Il restait persuadé que la situation aurait dégénéré quoi qu'il arrive, même s'il n'avait pas vu de ses propres yeux comment cela était arrivé. Tout ceci ressemblait trop à une injustice. La garde avait besoin d'un bouc-émissaire, et elle avait un jeune templier maladroit sous la main : cible idéale.

Voir ses camarades déprimés par l'absence d'Alzyre était presque aussi difficile que l'imaginer enfermé, seul, accusé d'être responsable du mouvement de foule devant le Laurier. C'était cruel et injuste. Cadwell avait beaucoup de mal avec l'injustice, a fortiori quand un de ses amis était concerné. Si avant cela il considérait davantage Alzyre comme un camarade, il s'était rendu compte que son absence le touchait plus que prévu, et pas uniquement à cause de ses sombres circonstances. Ami, donc. Dans ses prières, Il avait demandé la compassion d'Andrasté pour son ami, et pour lui... pour lui, il avait simplement demander de l'aide pour accepter une situation sur laquelle il n'avait aucun pouvoir.

Resté en retrait lorsque Etienne s'était jeté sur Alzyre pour le serrer bruyamment dans les bras, Cadwell s'approcha à son tour sans cesser de sourire.

"Comme tu peux le voir, Etienne était perdu sans toi. Ne nous refais plus jamais ça, il était insupportable ces dernières semaines."
"Cadwell non plus n'était plus le même. Il est devenu gentil."
"Tss."
"Il a même été..."
"Acheter des raisins frais."

Cadwell passa devant Etienne en lui donnant un coup de coude habile dans les cotes pour le faire taire au passage. Il était hors de question qu'il balance son entrevue avec le Chevalier-Commandant. Il tapota l'épaule de son camarade fraîchement libéré et lui fit signe en direction du centre de la salle, où ils avaient installés de quoi manger pour une dizaine de jours...

"On a fait des réserves pour la soirée. Les domestiques ont été très bienveillants, comme tu peux le voir. Tu as manqué à plus de monde que tu ne le crois, Alzyre."

Il se tourna ostensiblement vers Blair en disant cela, et haussa un sourcil à son intention. L'autre templier se racla la gorge, embarrassé.

"Oui, eh bien... par les temps qui courent, les templiers doivent se serrer les coudes."

Cadwell sourit, surpris. C'était une trêve ou avait-il mal entendu ? Dommage que Blair et sa bande ne comptaient pas s'éterniser, les choses étaient en train de prendre une tournure surprenante et très intéressante. Le petit moment gênant passé, ce fut Greer qui reprit la parole :

"Qu'est-ce qui te ferait plaisir ? On a pris un peu de tout, on savait pas trop... mais si tu veux autre chose, n'hésite pas à le dire ! Il y a du pain, des raisins, quelques friandises et des viennoiseries, du lard et..."

Pendant qu'elle énumérait littéralement tout ce que l'équipe avait rassemblé, Cadwell jeta un regard à Alzyre à la dérobée. Il espérait que tout cela ne ferait pas... trop, pour lui, après les semaines de silence et de solitude qu'il avait dû passer dans une cellule sombre et mal aérée. Il aurait aimé faire plus, mais ils ne pouvaient même pas l'emmener hors du Cercle pour lui faire oublier pendant quelques heures cette prison qui avait été la sienne pendant si longtemps.

Ils auraient tous aimé faire plus.

- « Comme tu peux le voir, Etienne était perdu sans toi. Ne nous refais plus jamais ça, il était insupportable ces dernières semaines. »
- « Cadwell non plus n'était plus le même. Il est devenu gentil. »
- « Tss. »
- « Il a même été... »
- « Acheter des raisins frais. »

Leur nouvelle (?) complicité me fait froncer des sourcils, avant d’adresser un regard qui ne hurlait certainement pas quelque chose du genre “je croyais que tu courrais après les minettes toi”, non non.

- « Je vois que j’ai raté les dernières représentations, faudra me faire un récap. »
- « Comment ça- » Il croise ainsi ce relevé de sourcil sur son lit de “je sais ce que tu fais Etienne”, auquel cas il commence à bredouiller. « Oh eh ça va hein. Fallait bien que je m’occupe », qu’il bredouille, avant d’aussitôt se rectifier. « ENFIN- »

Un autre coup de coude de la part d’un Cadwell étrangement à l’aise lui parvient, ce qui le réduit au silence. Putain, si j’avais su qu’il suffisait juste d’un coup de coude et d’un sourire mielleux, il serait muet le gueux.

- « On a fait des réserves pour la soirée. Les domestiques ont été très bienveillants, comme tu peux le voir. Tu as manqué à plus de monde que tu ne le crois, Alzyre. »
- « Eh oh exagère pas. »

La table DEBORDE de bouffe, et il faut dire qu’avec les rations de ma cellule, ça donne faim. Oh wow ça donne faim. Mais vient au moment de Blair de parler, et déjà : qu’est-ce qu’ils foutent là ? Le monde marche sur la tête ??

- « Oui, eh bien... par les temps qui courent, les templiers doivent se serrer les coudes. »

Je hoche de la tête en silence, mais la grimace d’incrédulité qui marque mes traits en dit long. Et il comprend parfaitement le message.

- « Qu'est-ce qui te ferait plaisir ? On a pris un peu de tout, on savait pas trop... mais si tu veux autre chose, n'hésite pas à le dire ! Il y a du pain, des raisins, quelques friandises et des viennoiseries, du lard et… »
- « Faudra m’expliquer ce qui se passe les gars, là », je lance distraitement en prenant un morceau de pain et un peu de viande séchée.

Un certain silence retombe légèrement, même si quelques discussions continuent. Je glisse un regard vers Tadgh, qui me répond dans un silence étrange, comme si l’eau se mélangeait à l’huile. Une certaine joie de me revoir en un seul morceau et… autre chose.

- « Bah », lance Hadrian que je n’avais pas encore aperçu, « on se pose tous un peu la même question, mais apparemment c’est classifié. »

Je hausse des épaules. C’est en effet le cas. Et c’est vrai que de leur point de vue, ils ont juste attrapé la première teigne qui leur est passé sous la main pour excuser… ça. Mais Blair reprend la parole, les bras croisés, les sourcils froncés de perplexité.

- « Ce foutu bûcher était une erreur. Je les sens pas, ces templiers de Tantervale. »
- « Roh, encore la même mélodie. »
- « Ne te sens pas libre non plus, Alzyre : à mon avis, t’auras constamment les Chercheurs sur le dos, à présent. Sur ce… »

Il se dirige vers la sortie dans un silence confus, suivi de ses gueux. Un dernier regard dans ma direction, un hochement de tête.

- « Amusez-vous bien. »

Quand la porte se referme, Etienne brise le silence d’un râle.

- « Il tourne un peu la boule depuis. Quelle mouche a bien pu le piquer ? »
- « Yep, si je me rappelle bien il avait l’air bizarre lors du bûcher. »
- « C’est compliqué. »

Tadgh observe encore la porte, comme s’il pouvait le voir à travers. Comme si ses pensées pouvaient le transpercer d’ici. Le Créateur sait à quoi il pense.

- « Comment ça ? »
- « Par respect je n’entrerai pas dans les détails. Pour ton information Alzyre, Blair était en arrêt une bonne semaine après l’incident, à cause de l’abomination qui a surgi. »
- « … … .. L’ABOMINATION ???? »

Wow. On me l’avait pas raconté celle-là. Je les regarde avec de grands yeux, et j’espère vraiment pour une fois qu’ils se paient ma tête. Mais à en juger l’attitude de Blair, bon. Est-ce qu’il aurait vraiment l’envie d’assister dans un prank aussi élaboré ? Bon. Peut-être. Mais bon, même Cadwell est dans le coup, donc autant partir du principe que ça ne peut pas être un prank.

- « Ouaaaaais, t’as peut-être raté deux-trois choses Al. »
- « “Peut-être” ouais. »

Comme quoi, il s’en passe des choses en quoi, un mois à peine ? Je hausse des épaules, avant de poser mon regard sur Cadwell. Cadwell qui doit sentir dans mon regard une forme détournée d’inquiétude. Je m’approche un peu, attrapant au passage un gobelet pour le remplir un peu d’hydromel.

- « J’espère que c’était pas trop galère de devoir te taper mes responsabilités au retour », puis je continue un peu plus bas, un peu moins à l’aise. « La Byrne va bien ? »

Je n’ai pas revu mademoiselle Byrne depuis l’incident. Bon, comme tout le monde dans cette foutue ville. Je n’ose pas imaginer dans quel état elle a dû se trouver. Les pensées qui m’ont accompagné durant ma captivité pourraient bien me souffler qu’aussi elle aurait pu s’en foutre complètement et même bien en rire, mais hélas pour elle, l’apprentie ne sait pas se moquer de ses antagonistes. Elle serait capable de pleurer pour l’archidémon lorsqu’on le tuera, donc je ne risque rien. Mais ça implique qu’elle a probablement très mal vécu ma captivité, ou pire : qu’elle pense que ce soit sa faute. Alors que bon. Pas du tout. Mais on parle d’Isbeil, qui même si une engeance tue quelqu’un, elle va se sentir responsable, même absente de la scène.

J’espère qu’elle va bien.

- « Je demande comme ça hein. J’étais censé la raccompagner au Cercle après tout. »

Les couleurs des dialogues parce que y'a pleins de homies (la liste peut se rallonger) :

• Tadgh : #996699
  
• Etienne : #99ccff
  
• Greer : #ffff00
  
  
• Blair : #669966 (parti)
  
• Hadrian : #cc6666 (parti)
  

Cadwell souriait. Même les remarques d'Etienne, aussi insupportable qu'à son habitude - pire en fait, tout excité à l'idée de revoir son ami - même la présence étrange de Blair et sa bande ne réussissaient pas à entamer sa mauvaise humeur. C'était semblait-il l'état d'esprit général. Alzyre était dubitatif. Il n'était pas le seul à se poser des questions. Cadwell savait qu'on ne pourrait y couper très longtemps. Après tout, il avait été isolé et enfermé sans explications. La situation était restée floue, même pour ceux qui étaient présents au moment de son arrestation.

Ce fut Hadrian qui répondit, exprimant le sentiment général. Cadwell préféra ne pas commenter. Même Etienne ne dit rien. Comme quoi, il savait se taire quand il le fallait... Enfin, ce fut de courte durée. Cadwell se retint de lever les yeux au ciel. Blair intervenait et il fallait qu'Etienne y aille de son petit commentaire, n'est-ce pas ?

Le benjamin du groupe garda son opinion pour lui. Pour l'instant, Tantervale ne s'était pas ouvertement ligué contre les templiers de Starkhaven. Mais il fallait avouer que savoir Alzyre dans le colimateur des Chercheurs n'avait rien de rassurant. Et puis, il n'était pas beaucoup plus âgé que lui. Cadwell ne pouvait s'empêcher de penser qu'il aurait pu être à sa place, si les circonstances avaient été... pas si différentes. Il aurait fait une cible facile, lui aussi, s'ils avaient eu un timing différent.

"Tu manges pas ta part ? Je peux ?"

Etienne, toujours lui, venait de le sortir de ses pensées alors qu'ils avaient commencé à se servir petit à petit. Cadwell bloquait devant son assiette de lard depuis une bonne minute. Il répondit par un hochement de la tête, puis coupa son camarade dans son élan :

"Non, pas mon raisin."

Il se détourna vivement et s'écarta dans un coin pour éviter de se faire voler par ce morfale. Il vit Alzyre approcher, pour se servir à boire, et se décala pour le laisser passer. À présent, Alzyre faisait barrage entre Etienne et lui. Parfait. Cadwell entama tranquillement son raisin. Il haussa un sourcil à la remarque un peu désinvolte de son aîné. "Galère" n'était pas le mot que le jeune templier aurait choisi pour décrire la façon dont les choses s'étaient déroulées après son départ forcé. Il comprit, lorsque son camarade baissa la voix, à quoi il faisait exactement référence. L'expression de Cadwell s'adoucit.

"Je crois qu'Isbeil va bien", répondit-il sur le même ton que lui.

Loin de se laisser abattre, la mage apprentie avait semblait-il redoublé d'efforts depuis les événements du Laurier, où elle avait par ailleurs fait preuve d'un grand sang-froid. Elle avait été très secouée par l'arrestation d'Alzyre, mais Cadwell ne voyait pas l'intérêt de le lui dire. Ce n'était pas son rôle.

"Pourquoi tu ne lui poserais pas la question toi-même ?" sourit Cadwell, avant de se pencher à son tour vers la carafe d'hydromel, comme si de rien n'était.

Il se servit un verre.

"Elle a été admirable, ce jour-là", ajouta-t-il calmement. "Elle a sauvé beaucoup de gens."

Cela, il était à peu près sûr qu'Isbeil ne le dirait jamais, encore moins devant Alzyre. Mais elle avait été sous la protection de son camarade ce jour-là, alors il jugeait qu'il avait le droit de savoir qu'elle s'en était bien sortie.

Un peu plus que ça, même.

Mais Alzyre devait s'en douter. Après tout, il l'avait vue à l'oeuvre. Elle avait soigné un de ses amis gravement blessé. Cadwell ignorait qui il était, sans cela, il aurait cherché à avoir de ses nouvelles. Il ne pouvait même pas dire à Alzyre s'il allait bien. Il avait confiance en Isbeil, cependant. Il savait qu'elle avait fait de son mieux. Si l'ami d'Alzyre avait une chance de s'en sortir, alors il était sauvé. Il le fallait. Cadwell voulait croire que tous leurs efforts, ce jour-là, n'avaient pas été vains.

- « Je crois qu'Isbeil va bien. »

Je souffle du nez, quelque part rassuré. C’est plus frappant maintenant que j’y suis, mais lors de mon isolement, je redoutais presque de revoir trop de monde. Je ne vais pas mentir, c’est un peu beaucoup. Et encore, ce n’était que quelques semaines, je n’ose pas imaginer comment elle se sentait dehors, alors qu’elle sort si peu. Alors qu’elle ne peut sortir que si peu.

Qu’elle s’en soit sortie est rassurant. Je hoche de la tête.

- « Pourquoi tu ne lui poserais pas la question toi-même ? »
- « Attends, t’es MALADE ?? »

Le cri n’est pas vraiment un cri, davantage une voix qui s’étrangle de panique.

- « Elle était avec moi lors de mon arrestation, déjà je suis surpris qu’ils aient pas bêtement décidé de lui frire le cerveau, Cadwell. Vaut mieux pas qu’elle me voie dans les parages. »

Comme si elle en avait vraiment envie.

Mais le point que soulève Cadwell pour contrer un argument qui paraît un peu lunaire fait sens, oui.

- « Elle a été admirable, ce jour-là. Elle a sauvé beaucoup de gens. »
- « J’en doute pas. Elle peut faire beaucoup de choses quand elle joue pas la carte de la serpillère d’humilité. »

Comment ça, je suis rude ? Je n’allais quand même pas lui faire un compliment sans équilibrer derrière ! Ce serait insensé.

J’observe la salle à nouveau, chaque visage. C’est fou comment les choses ont évolué depuis ma fraîche arrivée. Un peu plus d’une année que je suis templier ici, et je n’aurais pas cru que ces gueux de templiers me manqueraient.

C’est pas si différent des Berruiers au final. Ils cassent juste plus les pieds avec la petite prière du matin.

- « Bon par contre eh. »

Je pointe discrètement (non) en direction d’Etienne, qui revit avec autant de bouffe dans les mains, à côté de Tadgh qui lutte pour conserver son lard, et Greer qui ne peut que rire du spectacle. Moi qui la trouvais casse-pieds à la base. Enfin bref c’est pas le sujet.

Mon regard s’appuie sur Cadwell, accoudé à la table, penché dans sa direction. Le regard très, trèèèèès évident.

- « Il se passe quoi avec l’autre, là ? »

Éviter de l’appeler, car même en pensée, il entend toujours quand on parle de lui. Ce salaud ne manque aucune rumeur et aucun drame.

- « Et essaie même pas d’éviter le sujet, j’ai un flair pour ça. »

Mes yeux se plissent (de façon dramatique).

- « Vous êtes louches. »

Les couleurs des dialogues parce que y'a pleins de homies (la liste peut se rallonger) :

• Tadgh : #996699
  
• Etienne : #99ccff
  
• Greer : #ffff00
  
  
• Blair : #669966 (parti)
  
• Hadrian : #cc6666 (parti)