Type de RP Classique
Chapitre concerné Chapitre IV
Date du sujet 8 Auguste 5:13
Participants @Aerontus Nepos – @Cassandra O'Ryan
TW négociations
Résumé Suite à la réception d'une demande d'entretien avec lui de la part du Guet de Starkhaven, Aerontus accueille fièrement la représentante de leur ordre pour connaître la nature de leur proposition.
Pour le recensement

Code:

[code]<ul><li><en3>8 Auguste 5:13</en3> : <a href="LIEN DU RP">Petite mise en bouche</a></li></ul><p><u>Aerontus, Cassandra.</u> Suite à la réception d'une demande d'entretien avec lui de la part du Guet de Starkhaven, Aerontus accueille fièrement la représentante de leur ordre pour connaître la nature de leur proposition.</p>[/code]

Une lettre, qu’Amadeus avait sagement déposée sur mon pupitre. Une écriture délicate, scellée du sceau associé à une entité bien particulière : le Guet. Une entité bien particulière qui, justement, avait attiré mon regard avec une certaine réjouissance. Un angle d’attaque. Un très bon angle d’attaque.

La demande est des plus mondaines : un entretien avec ma personne, au sein même de mon ambassade. Les fous ! Qui oserait s’approcher de cette demeure maudite, habitée de serpents malfaisants ? Cela ne signifie qu’une seule chose à mes oreilles, ou plutôt deux : le confort de mes oreillers, et le désespoir. J’ai donc accepté sans y penser davantage. Le 8 Auguste, soit dans quelques jours. Le temps d’effectuer quelques préparatifs pour réserver à mon invitée un accueil digne de ce nom.

Toge de lin aux fines broderies, pantalon tout aussi élégant que confortable, le tout enroulé dans de colorés tissus de velours et de soie. Ma tenue respire l’Imperium, un Imperium calme, un Imperium étrangement modeste de par la saturation timide de mon crème, de mon turquoise. Contraste cependant saisissant d’un viridien de velours assumé, et évidemment, pour compléter une tenue aussi complexe que ma foi modeste, un turban crème serti de topazes bleus, et surmonté d’une majestueuse plume de paon albinos. Trois fois rien.

Le jour venu, je siège avec aise au cœur de mon salon privé. Coussins aux lourds motifs, une table basse en aulne blanc peinte de mille natures, un grand tapis aux nombreuses arabesques et autres charmants lotus. De l’encens brûle dans un coin de la pièce pour une ambiance des plus détendues. Et j’attends.

L’aboiement de mes dobermanns m’indique sans peine que l’invitée doit être arrivée. Le cliquetis des armures montant l’escalier en colimaçon m’indique sans peine que l’invitée est agréablement escortée jusqu’au hall d’entrée. Le “par ici” m’indique sans peine que la voilà, toujours aussi bien accompagnée de mes deux soldats, qui traverse ce hall pour atteindre une grande porte en cerisier aux diverses sculptures et à la poignée parée de ses plus belles dorures. Deux coups retentissent. Rahim, mon garde du corps, raffermit sa position, les dents serrées.

- « Votre excellence », fait l’un d’eux, « madame O’Ryan est arrivée. »
- « Bien. Qu’on la fasse entrer. »

Et la lourde porte s’ouvre sur mes deux hommes, accompagnés d’une femme au regard ferme. Mon sourire s’élargit, assis au cœur de mes oreillers les plus douillets, ne prenant nullement la peine de me lever.

- « Cassandra O’Ryan », débuté-je d’une voix presque mielleuse, tout en tendant la main afin de réceptionner son baiser de main une fois rapprochée. « Quel plaisir de vous rencontrer enfin. Entrez seulement, prenez donc place face à moi. »

Deux claps des mains pour orchestrer la suite. Des pas pressés accourent, des mains portant de fins plateaux d’argent aux décorations florales sur les côté arrivent, chargés de divers biscuits et autres pâtisseries. Dorte emboîte le pas hésitant de Zélia, avec en sa possession une bien charmante théière en porcelaine, deux tasses, une petite carafe de crème et quelques cubes de sucre de canne. Le tout est déposé avec l’adresse experte de mes serviteurs sur la table, deux plateaux qui débordent de douceurs sucrées, et le set de thé. Je remercie mes serviteurs, qui se dépêchent de quitter les lieux à toute vitesse, puis souris une fois de plus à mon invitée.

- « J’espère que vous appréciez le thé noir infusé de cannelle, madame O’Ryan », annoncé-je tandis que, le thé servi, je l’attrape avec élégance d’une main avant de la porter à mes lèvres.

La porte se referme derrière les serviteurs, tandis que les deux gardes qui ont accompagné madame jusqu’ici demeurent plantés devant la seule issue. Mon sourire demeure.

- « Dites-moi, madame O’Ryan, que vient donc faire le Guet de Starkhaven au sein de mon ambassade ? »

Aerontus s'exprime en #B48C22.
Rahim, son garde du corps, s'exprime en #B46022.

Les références pour la tenue d'Aerontus en image :

Une personne tout d’armure vêtue pour des négociations promet des négociations des plus houleuses. Une personne qui refuse un baise-main promet des négociations dans l’urgence. Cependant, je ne m’en formalise pas, décalant ma main dans un arc-de-cercle gracieux pour qu’elle rencontre, sans la moindre hésitation, les lèvres de Rahim, mon garde du corps. Mes bien nombreuses bagues manquaient de chaleur, comprenez-vous.

L’invitée prend place avec l’élégance de son statut. Son regard parcourt les petits préparatifs que mes serviteurs ont concocté pour moi, ce qui m'honore : ce n’est certainement pas la Crassotte qui se donnerait cette peine, c’est certain.

Les petites conversations banales débutent alors.

- « Bien sûr, je suis une grande amatrice de thé ambassadeur. D'ailleurs, si vous aimez le thé ambassadeur, je pense que vous devriez aimer mon cadeau.Je l’ai remis à un de vos gardes sur sa demande. »
- « Oh ? Voyez-vous cela… »

Un présent ? C’est que madame met les bouchées doubles pour cet entretien. Mon regard se porte sur un des deux gardes, qui hoche de la tête en silence, une boîte finement sculptée en évidence dans une de ses mains.

- « Ne sois donc pas timide, remets-la-moi », demandé-je sur un ton de miel.

Le garde hésite, et à raison : et s’il s’agissait d’un piège ? Ou pire : d’un présent de très mauvais goût ? Je lui fais un signe de la main pour le rassurer, et le voilà qui s’approche de nous pour déposer le présent sur la table basse. En tout cas, c’est une bien belle boîte. Je l’observe un instant d’une main distraite, avant de la reposer avec nonchalance et d’attaquer les hostilités avec la question pesante de cette entrevue : que fait-elle donc sous mon toit ?

- « En tant qu’intendante du Guet de Starkhaven je suis à la recherche de soutien afin de permet au Guet d’avoir les moyens d’assurer la défense de la cité contre les engeances le moment venue, car contrairement à ce que nombres de noble croient la cité des princes ne sera pas épargnée, c’est déjà un miracle qu’elle n’est pas encore était attaqué. D’autres grandes cités mieux défendu non tenu que quelques jours. »

Je hoche de la tête, faussement pensif, avant de hausser des épaules.

- « C’est en effet bien regrettable ce qui est arrivé à Antiva », déclaré-je tout en contemplant la pâtisserie que je tiens avec ennui.

L’Enclin n’aurait-il pas pu faire preuve de bon sens et se déployer depuis Val Royeaux ? Cela nous ferait des vacances. Je déguste un morceau de biscuit, contemplant ma réponse.

- « Mais tout de même », je reprends avec mesure, « quelle audace de venir frapper à ma porte. Comprenez que mon ambassade ne fait plaisir qu’à bien peu de monde, en ce moment. Je m’en voudrais d'entacher la réputation du Guet de la marque du dragon impérial. La noblesse havenoise est à ce point réticente à votre projet ? »

A en juger les ouïs-dire, peu d’éléments jouent en leur faveur, en ce moment. La majeure partie du problème étant l’instabilité de leur organisation, si on oublie de mentionner les circonstances d’une telle idée.

Alors dites-moi, Cassandra O’Ryan, est-ce le désespoir qui vous pousse à faire un pacte avec un démon ?

Aerontus s'exprime en #B48C22.
Rahim, son garde du corps, s'exprime en #B46022.

Les références pour la tenue d'Aerontus en image :

Un doux parfum d’encens et d’épices parfume la pièce aux chaleureux tons. Un doux parfum qui me rappelle mes terres, hélas si lointaines, et donc, par extension, qui me rappelle à mon fier devoir, à toute sa complexité, mais également à tout son intérêt. Une responsabilité dont la lourde charge trace dans le sable clair une œuvre des plus alambiquées, où chaque courbe représente des opportunités comme des menaces. Distinct dessin qui dresse à dessein un si décisif destin. Somptueux mandala qui s'enfuit à la moindre petite bise mal intentionnée.

Mon père disait toujours – et le dit certainement encore – que le Créateur sait faire preuve d’humour en des temps difficiles. Que chaque malheur qui foule Thédas, chaque ironie du sort ou de l’instant, emplit Son théâtre céleste d’une comédie incendiaire et Le délecte avidement. Mon père disait également – et le défend avec toujours autant de bravoure – que comprendre cet humour si particulier et macabre est la clé de la réussite pour comprendre ce monde. Il faut dire que la nature humaine engendre de bien belles tragédies, comme de nauséabondes comédies. Trahisons, rumeurs, mensonges, fausses ou vraies alliances ; chaque fil tombe d’un ciel absent, prêt à déclencher la suite pour le meilleur et pour le pire.

Ainsi, telle ne fût pas ma surprise de constater ce bref moment de haine gratuite. Un désir si ardent de médire d’autrui, par pure préoccupation de son image, de cette volonté de l’acceptation. Car après tout, l’Homme ne peut marcher seul sans en souffrir ses funestes conséquences.

Mais bien entendu, pourquoi rater une si belle occasion de la tester ?

- « Délicieux, cela change des biscuits fades et sans goût proposer par cette petite roturière de bas étages de Crassillot. Et bien, il faut croire que ces personnes n’ont pas les sens suffisamment délicats pour apprécier la qualité de votre hospitalité, ambassadeur Aerontus Nepos. »
- « Vous m'en voyez ravi, madame O’Ryan. Il est vrai que l’hospitalité orlésienne n’est guère ma tasse de thé. Vous rendez-vous compte ? Tandis que je souffrais de bien sévères problématiques, les voilà à éviter mon courrier pendant des mois ! Tout simplement scandaleux. »

Une pause se marque dans mon exaspération, une pause qui me permet de déguster un biscuit, avant de reprendre une gorgée de mon thé.

- « Quant à l’hospitalité de mon ambassade, il est vrai qu’elle est éprouvée de bien sot stéréotypes. Je suis ravi que vous ayez accepté de vous joindre à moi, madame, malgré quelques inconvenantes et inconfortables rumeurs. »

La conversation se poursuit sur le sujet principal, dont j’écoute la réponse avec attention.

- « C’est tout à votre honneur et je vous remercie de votre considération vis à vis de la réputation du Guet de Starkhaven, mais le Guet n’a pas vocation à participer au noble jeu des coqs de bassecours d’Orlais donc sa réputation et pour le moment très secondaire. De plus je verrais davantage cela comme un honneur d'être soutenue par L’empire Tevintide cela montrerai également aux citoyens de cette ville que contrairement à Orlais, Tevinter se soucis d’eux que cela soit vrai ou pas vous et moi ne sommes plus des enfants et nous savons comment fonctionne la politique. »
- « Oh, vraiment ? » je demande, un sourire énigmatique étendu sur mes lèvres.

Plus mon interlocutrice converse et tergiverse, mieux je cerne son personnage. Sous ses grands airs et sa passion si dévorante pour les potins et l’attention de ses allocutaires, se cache une bien frêle personnalité. Son assurance compense et compense, sans hésiter à tout ravager sur son chemin pour conserver cette apparence de force et de maîtrise. Intéressant. Je bois quelques gorgées de mon thé, avant de formuler une réponse appropriée.

- « Sans vouloir vous contredire, ces “nobles jeux de coqs de basse-cours d’Orlaïs” est précisément ce que vous êtes en train de déployer devant mes yeux. Il faut bien me convaincre de la bonne volonté de votre institution, n’est-ce pas ? Je me permets de vous offrir gratuitement quelques propos qui vous seront utiles, très chère : si j’étais vous, je garderais un œil avisé sur cette réputation, car sans elle, vous n’aurez rien. Ainsi marche le monde, hélas. »

Je m’empare d’une autre petite pâtisserie, que je brise en deux avec précaution, avant d’en reposer la moitié dans une des nombreuses assiettes.

- « J’entends votre argument », je poursuis, pensif, « et vous suis reconnaissant de vous soucier de ma propre réputation, au détriment déplorable de la vôtre. Je suis cependant navré de vous poser une si insignifiante ou sotte question, mais croyez-vous réellement en ce que vous dites ? J’admire votre idéal de pensée. Cependant, même si je tuerais de mes mains l’Archidémon pour les sauver, le bon peuple Havenois ne se contenterait que de haine et de feu à mon égard. Telles sont les règles du jeu, hélas. »

Un autre silence emplit la pièce de ma part, avant de rebondir sur le reste des hostilités, terminant de manger cette moitié de biscuits.

- « Dans tous les cas, la réputation n’est guère ce que je cherche auprès de votre cause. Parlons de choses plus concrètes, voulez-vous ? Qu’avez-vous donc à me proposer de concret comme accord, en échange de mon soutien ? »

Aucune porte ne se ferme. Le sable clair où se tracent les courbes et les angles de mon destin tressaille cependant. La tant redoutée bise commencerait-elle à se frayer un chemin vers la création du Tout-Haut ?

Aerontus s'exprime en #B48C22.
Rahim, son garde du corps, s'exprime en #B46022.

Les références pour la tenue d'Aerontus en image :

- « Je reconnais que cela est scandaleux, et c’est en effet ce que je pense et sans vouloir vous contredire pour moi cela ressemble plus à une négociation commerciale qu’au noble jeu. Fut un temps je pensais que la seule menace des engeances suffirait à unir les peuples de Thédas mais ce temps semble révolu si t’en est qu’il est existé… La question serait plus que désirez-vous ? car vous semblez ne manquer de rien et surtout pas de délicieuse pâtisserie. »

Cassandra O’Ryan joue de bien curieuses cartes, ou un jeu dont j’ignore son entier fonctionnement. Sa question intrigue, non sans éclipser un manque évident de renseignements vis-à-vis de l’Imperium. Non que je blâme qui que ce soit, après tout ; qui connaît quoi que ce soit de Tevinter, en dehors des on-dits frauduleux de la Chantrie blanche ? Même l’Histoire s’en trouve écorchée de toute part, petites plaies innocentes en surface, mais qui dissimule bon nombre d’infections et autres gangrènes mortelles.

Je lui offre un sourire amusé, avalant une gorgée de mon thé tandis que je songe à ma réponse. Ce que je désire ? Une si ambitieuse et risquée question.

- « Ce que je désire n’effleure en rien ce que l’Impérium exige », je réponds avec perspective. « Mon rôle est de représenter mon peuple et mon sang, ma chère, non de vaquer à mes envies les plus… tentatrices. Si vous voyez où je veux en venir, bien entendu. »

Cependant, je raffole d’ambition et de risque. Difficile de résister à cette lumière, moi le pauvre papillon de nuit qui s’envole avec grâce auprès de cette flamme qui aura raison de mon être. Le ton est frivole, le regard entendu, joueur ; que puis-je réellement tirer de cette femme ? Il me hâte de le découvrir de mes propres yeux, de mes propres mains. Je l’observe savourer une des nombreuses pâtisseries, pensif et amusé, attendant avec patience la suite de sa réponse.

- « Ambassadeur Aerontus Nepos pensez vous que l’Empire Tevintide serait apte à fournir à la cité de Starkhaven un soutien militaire afin de nous aider dans la lutte contre l’enclin si cette dernière accepterait la chantrie impériale ? J’ai conscience que cela peut sembler étrange voire difficile à concevoir, mais Starkhaven n’a pas participé à la dernière marche des Exaltés contre l’Empire Tevintide et je crois savoir que les relations entre la chanterie de Starkhaven et celle de Val-Royaux ne sont pas des meilleurs peut-être y a t-il quelque chose à tenter, qu’en pensez-vous ? »

Fréquenter la noblesse de Tevinter vous apprend deux ou trois choses utiles, à commencer par l’instinct de survie. La seconde, bien proche, est d’apprendre à ne rien laisser paraître. Dans un milieu si inconnu de tout ce que j’ai connu, dont les croyances divergent, où la société soporati marche sur la tête, il faut apprendre à gérer l’absurde et les idées les plus invraisemblables avec adresse et politesse. Savoir répondre de la plus juste des façons, maîtriser la conversation à son avantage, et oser sortir de sa zone de confort pour obtenir cette grâce tant désirée.

Le rôle d’un ambassadeur est de représenter à la perfection l’entité d’une nation toute entière. Le rôle d’un ambassadeur est de se préparer au pire, de servir de véritable bouclier humain face aux reproches des plus vindicatifs. Le rôle d’un ambassadeur, avant tout, est de comprendre toutes les règles du jeu, et d’exploiter chaque technique à son avantage. Il est donc tout naturel que le réflexe de boire une gorgée pour étouffer mon rire glisse sur les eaux comme un voilier sous le bon vent. Je profite également de cet instant pour analyser la situation, construire mon axe, envisager la bonne direction à prendre dans cet échange des plus… inattendus ? Car oui, tel est aussi le rôle d’un ambassadeur : savoir s’adapter en un battement de cils pour ne pas y laisser trop de plumes.

C’est une tasse vide qui repose à présent sur la table basse. Ne me laissant distraire par Rahim, qui se penche pour attraper la carafe fleurie et remplir à nouveau mon récipient en porcelaine, j’observe le visage de mon interlocutrice en quête du moindre indice. L'impassibilité de ses traits accentue davantage le sourire radieux qui fleurit sur mes lèvres.

- « Vous me surprenez dans un premier temps avec votre idéal de penser, et maintenant, vous me surprenez avec votre créativité des plus flamboyantes. Et j’ai comme l’impression que vous possédez bien d’autres atouts tout aussi intéressants, madame O’Ryan. »

Je remercie Rahim de façon distraite, avant d’attraper ma tasse à nouveau et de souffler sur la délicate fumée qui en émerge. Avalant une autre gorgée de ma boisson, je repose ensuite la tasse une fois de plus, avant de l’observer à nouveau.

- « Vous savez, aussi surprenant cela puisse paraître, je suis un homme de sciences. Ainsi, la curiosité l’emporte toujours sur mon âme. Je serai curieux d’en savoir plus sur votre proposition : comment vous y prendriez-vous, ma chère ? Quel atout utiliseriez-vous pour convaincre le Prince de Starkhaven en personne du bien fondé de votre initiative ? Je suis toute ouïe. »

S’échappe de mon nez un souffle léger mais brusque. J’entends Rahim se râcler la gorge, à ma droite. Mon sourire radieux et mon regard débordant de malice reposent toujours sur la femme qui me fait face, en attente de cette bien précieuse et intrigante réponse.

Aerontus s'exprime en #B48C22.
Rahim, son garde du corps, s'exprime en #B46022.

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Le cobra est une créature redoutable et dangereuse, et au venin mortel. Une seule fausse manœuvre, et l’on en mord la poussière. Un prédateur qui en effraie plus d’un, jouissant d’une réputation indestructible ornée de ses légendes et de ses mérites. Pourtant, il n’est pas si difficile de le mater. Quelques jeux de jambes pour le distraire, une distance raisonnable, un bras et demi suffit largement, et au fil de ces petits et mondains détournements, un doigt suffit. Un doigt posé lentement, très lentement, avec la patience d’un sage, sur le haut de son crâne et, sans crier gare, toujours aussi intrigué par ces ronds de jambes, le voilà qui ploie la tête vers le sol poudré de sable. Avant de comprendre ce qui lui est arrivé, le cobra si imposant et terrifiant se retrouve bêtement allongé. C’est alors que son corps se tord et se contorsionne d’effroi et de panique, tandis que son bec est enfin cloué avec fermeté.

Les ronds de jambes commencent à me lasser.

Je vais donc résumer sa proposition concrète : de mon côté, je fournis le Guet de Starkhaven non seulement en fonds, mais également en hommes de l’armée la plus endurante du continent, en échange de quoi elle compte convaincre sa chère Excellence Leysleigh de convertir l’entièreté de Starkhaven, ainsi qu’elle-même, à la Chantrie impériale.

Les paroles de Cassandra O’Ryan me parviennent, des justifications à foison, des théories à foison, et face à une si claire et vibrante idée, je ne puis retenir mon rire davantage. Un rire résonne dans l’entièreté du salon, un rire chantant, un rire mauvais. Un rire à en trembler les murs qui s’arrête après quelques dizaines de secondes, avant que je ne retrouve un certain calme.

- « Je ne doute guère du bien fondé de votre institution, madame O’Ryan. Assister la Garde des Ombres en ces temps troublés est une bien noble quête. Cependant, permettez-moi, malgré vos qualités d’oratrice et de diplomate, de vous expliquer ce qu’est réellement la politique thédosienne. »

J’avale une gorgée de mon thé pour hydrater ma gorge. Il est l’heure d’incliner le doigt fatidique pour mater le cobra agité.

- « Nous vivons en une époque des plus fascinantes, savez-vous ? Des décennies et des décennies que la Chantrie blanche envoie ses armées de fanatiques à nos portes tévintides, afin de prouver par la force brute que leur croyance est meilleure que la nôtre. Des siècles que l’entièreté de Thédas tourne le dos à ce qui fut jadis la première puissance mondiale, gouvernant sur l’entièreté des terres. Des siècles que ces terres se sont affranchies de nos remparts, que ces peuples nous crachent au visage, que ces familles enferment les leurs dans des cages car ils possèdent un don pour la magie. Des siècles qu’Orlaïs envie notre puissance et nos biens. »

Je marque une petite pause, pour m’assurer que mon interlocutrice ait bien le temps de tout suivre. Il faut dire que le monde de la politique est des plus complexes et des plus fournis.

- « Des siècles également depuis le second Enclin, durant lequel Tevinter n’a nullement participé. Nous nous en sommes lavé les mains, et la Garde des Ombres comme les Anderfels ne nous l’ont jamais pardonné. Pensez-vous donc que l’Imperium compte changer d’avis aujourd’hui car vous le lui demandez si gentiment ? Pensez-vous donc qu’après des guerres et des guerres pour une question de divergence de croyances, qu’une Grande Prêtresse de surcroît compte changer d’avis aujourd’hui car vous le lui demandez si gentiment ? Ma pauvre fille ! Qu’il me fâche que je doive ainsi vous ramener sur terre, mais dans cette négociation, vous ne m’offrez rien, si ce ne sont deux issues : plusieurs guerres contre Starkhaven en plus de l’Enclin, ou la simple et réaliste conclusion où vous passez pour une idiote. »

Un regard se pose sur Rahim, avant que je n’adresse un sourire empli de politesse à ma destinataire.

- « Je puis vous suggérer en revanche de revenir à mon ambassade lorsqu’une réelle proposition vous sera enfin venue à l’esprit, ou que quelqu’un de plus compétent de votre équipe vienne à moi avec une proposition alléchante. En attendant, terminez seulement votre breuvage à votre rythme, très chère, et quittez mon ambassade avec cependant l’espoir certain que mes portes ne vous sont guère entièrement closes. »

Et voilà le cobra couché dans la poussière, confus. Les constrictions vont commencer.

Un espoir certain, oui, car je ne compte nullement juger l’entièreté de leur cause par le biais d’une seule femme trop idéaliste pour son propre bien.

Aerontus s'exprime en #B48C22.
Rahim, son garde du corps, s'exprime en #B46022.

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Le venin gonfle dans sa gorge, la mortelle brume étend ses vapeurs dans le salon, s’engage dans une douce valse avec l’encens épicé et les bougies fleuries. Je le vois, dans ce regard clair qui scrute, qui décortique avec une précision manquante ou manquée. Petite proie insipide qui réalise que le jeu a depuis longtemps commencé. Confusion, colère d’y avoir foulé le moindre pas, dégoût que l’heure n’est guère aux flatteries, ni aux moindres confessions d’oreillers. Je le vois, je le respire : Cassandra est en colère.

Les longues années à Minrathie m’ont permis de comprendre l’âme humaine. Je ne parle guère d’idéal abject qui parsème les contes et les romans par milliers, mais bien de cette masse difforme, imparfaite, aux reflets malades. Celle qui montre son véritable sourire dans les situations d’urgence ou de défaite. Les femmes comme Cassandra, il y en a par dizaines sur mes terres : des femmes ambitieuses, qui pensent que la politique n’est qu’une question de formes et de couleurs charmantes, et, ma foi, personne sur leur route ne leur a prouvé le contraire ; des femmes qui ont toujours obtenu ce qu’elles voulaient des hommes, et à la première barrière, soudainement leur château de cartes qui leur sert de monde féérique s’effondre. Il n’eut su tarder.

La représentante du Guet de Starkhaven me dévisage d’une grimace qu’elle peine à dissimuler. Un long silence, durant lequel la poigne de Rahim se resserre sur son hallebarde dans un plissement laid de son gant de cuir. Un long silence, qui accueille la densité nouvelle de l’air, qui envoie valser la poussière avec légèreté. Je ne quitte nullement son regard, amusé : tant de choses doivent traverser son esprit embrumé de colère. Elle doit certainement revoir toutes les envies meurtrières qui l’eût traversée face à la Crassotte, se dire qu’il s’agit bien là d’une très mauvaise idée, puis se dire que je ne suis que Tévintide, après tout, que nombreux seront celleux qui loueront son geste héroïque, ou d’autres fantaisies absurdes qui osent traverser son grand couloir psychique, d’ordinaire si spacieux, désormais noir de songes.

Cassandra se relève brusquement, un pli disgracieux soutenant ses sourcils froncés à outrance. Sa voix gronde, orage sur le point d’éclater en une bien vicieuse tempête. Le temps de battre mes cils, deux hallebardes se croisent sur sa route, croix de sécurité que je ne trouve guère nécessaire, mais l’on ne sait jamais. Les femmes ont un don agaçant pour l’imprévisibilité.

- « Vous ignorez l’erreur que vous êtes en train de commettre, ambassadeur. »
- « S’il se produit l’improbable instant où je regretterai vos fantaisies lunaires, je m’en irai larmoyer dans vos jupons, soyez-en assurée. »

Un geste brusque, et les hallebardes se resserrent, s’avancent pour la bloquer dans son élan. L’humain est laid lorsque les choses ne vont guère dans leur sens, et Mme O’Ryan est loin d’incarner l’exception. J’observe ses traits avec malice, avant de sonner d’une voix froide et autoritaire.

- « Sortez. »

Ce n’était nullement une cordiale invitation à le faire. Mes gardes s’avancent, et d’un geste brutal la poussent vers la sortie. Si elle tente une espèce de résistance futile au départ, elle accepte finalement son sort avec honte et froide rage. Pas le moindre regard en arrière, pas la moindre courbette de respect – attendu d’une telle gueuse.

Je me relève, après avoir terminé mon thé, époussette mes vêtements et demeure dans ce salon, seul. Nous avons hélas des protocoles, désormais. Je dois à présent attendre. J’observe donc les alentours, aligne quelques toiles, attrape un dernier biscuit que je déguste en observant l’architecture.

Lorsque Rahim reparaît dans le salon, Zélia s’y faufile également, débutant ses diverses tâches de rangements. Elle s’arrête sur la tasse encore à moitié, sans m’adresser le moindre regard. D’une voix distraite, je l’incite à terminer la tasse si elle veut. Un regard de choc se pose sur mes épaules, avant de les noyer de “merci” interminables – Zélia, ou la modestie dans toute sa splendeur. Un regard s’échange avec Rahim, d’abord sérieux, puis perplexe, et enfin accompagné d’un grand rire désabusé. Seul, bien entendu ; Rahim ne rit jamais lorsqu'il travaille.

Qu’il me tarde d’en discuter autour d’un bon thé et en bonne compagnie.

Aerontus s'exprime en #B48C22.
Rahim, son garde du corps, s'exprime en #B46022.

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