Responsable [Vera]
CT : 12
End : 16
For : 18
Perc : 15
Ag : 16
Vol : 18
Ch : 9
pas de victoire qui n'évoque une défaite."
--G. Brooks
Miche s'exprime de rares fois en #666666
CT : 12
End : 16
For : 18
Perc : 15
Ag : 16
Vol : 18
Ch : 9
C’était lui. C’était bien lui, n’est-ce pas ?
Non. Comment. Pourquoi serait-il ici ? De toutes les foutus villes de ce continent, pourquoi ici ?!
Peut-être n’est-ce pas un hasard.
Peut-être m’a-t-il retrouvé, lui aussi. Comme tous les autres. Comme tous ceux qui cherchent la vérité. La vérité sale. La vérité pourrie qui ronge ce cœur lâche. La vérité destructrice. Peut-être n’est-ce pas un hasard, après tout.
Il m’a retrouvé.
Il est venu à Starkhaven pour moi. Pour sa vengeance.
Un rire essoufflé, chaotique, soupir du cœur malade, du cœur qui n’en peut plus. Attendais-je lâchement cet instant depuis toutes ces années ? Qu’un guerrier plus courageux et plus juste ne m’emporte enfin, me fasse enfin payer mes impuretés morales ? Après toutes ces années. Après toutes ces nuits sans sommeil. Après tous ces cauchemars sans fin. Cette répétition infernale de cette même journée. De cette même erreur. De cette même tragédie. Après toutes ces années à porter sur mes épaules le poids de mon échec, serait-ce enfin l’heure de la conclusion ? Arriverais-je enfin à dormir pour de bon ?
Le rire s’envole, se fracasse. Cabossé, le rire se change en chagrin. Difformité abjecte, pourtant si faible dans l’air pesant de la chambre, mais qui dérange, mais qui n’a pas sa place. Pourquoi je pleure ? Pourquoi la vie s’agrippe encore à mes épaules une dernière fois ? Pourquoi, alors que je ne sais que détruire ? Pourquoi, alors que tout ce que j’entreprends se corrompt, se putréfie sous mes bonnes intentions, ou mon simple toucher ? Pourquoi me tourmenter encore ici ? Pourquoi me faire regretter cette joie de la délivrance qui n’en a plus pour longtemps ?
Pourquoi la vie me maudit ainsi, au point de me faire rester encore, encore et toujours ?
Le fouet siège encore dans une main mal refermée, dont les doigts tremblent de spasmes incontrôlables. L’autre est occupée à empoigner ces cheveux grisonnants et en sueur, avant de retomber sur mon visage. Le corps recroquevillé près du sol, lourdement appuyé contre le lit. Les yeux tantôt fermés, tantôt perdus.
Mon fils me hait. La vipère est bientôt là. Et mon bourreau m’attend dans cette cité. Il semblerait que toutes les cartes soient désormais en place. Je n’ai plus rien à perdre, les tourments sont loin d’être terminés, et la paix m’attend enfin.
Trois coups contre la porte. Je tressaille, glisse le fouet sous le lit, me fais violence pour me porter jusqu’au lit. Mais la voix se contente de rester hors de la pièce.
- « Miche, t’es là ? »
C’est Seamus. Je me racle la gorge, cherchant une certaine contenance difficile à avoir après une bouteille de cognac, mais passons.
- « Quoi. »
- « Ça fait une bonne heure qu’on te cherche. Tout va bien ? »
- « Ça va. Manque de sommeil. »
- « Oh. T’as besoin de quelque chose ? »
- « Non, c’est gentil. »
- « Okay, repose-toi bien alors. »
- « Merci. »
Les pas s’éloignent. Seamus a toujours été très respectueux de l’espace d’autrui. N’importe qui d’autre ne se serait pas gêné d’entrer, mais pas Seamus.
Je l’ai vu au sein de l’établissement. J’ai pris mes jambes à mon cou. C’est pour ça qu’il s’est inquiété, sûrement. Ou alors la patronne l’envoie. Déjà une heure a passé ? j’observe mes mains, pensif, une tremblant bien davantage que l’autre. Je serre le poing, la rejette sur le côté, tourne la tête dans l’autre direction. C’est certainement lui. Enfin. C’est difficile à dire, depuis toutes ces années .. Mais si c’était bel et bien lui ?
Et s’il était revenu à toi pour enfin t’offrir la paix ? Et s’il était .. oui. La paix. Le repos. la fin de tous ces cauchemars qui m’empêchent de dormir. Le salut, après toutes ces années infernales. Mais .. Un salut que tu mérites, après toutes ces années. Tu as suffisamment payé pour tes crimes, il est temps de tirer ta révérence, tu ne crois pas ?
Une brume familière se répand dans mon crâne, que je tiens soudainement d’une main épouvantée. Je ferme les yeux, serre les dents. Non. Quelque chose ne va pas. Mikaal, il est peut-être encore là. Plus tu attends, plus cette chance inouïe s’envolera pour de bon .. Il est peut-être encore là. Qu’as-tu à y perdre ? Tu n’as plus rien.
Lève-toi.
Je me lève.
Pars embrasser cette paix que tu désires tant.
La paix ..
Je m’arrête subitement devant la porte. Referme le poing. M’efforce de reculer. Non. Quelque chose ne va pas. J’observe mes mains. La brume se répand, engendre quelques vertiges. Mikaal, tu n’as plus à avoir peur. Je recule encore, le cœur fracassant mes tempes. Ta délivrance t’attend enfin, et tu hésites ? Quel fou résiste à sa meilleure destinée ? Le vertige de trop tangue mon corps, qui s’écroule contre le sol. Qu’as-tu à y perdre, à rester dans cette misérable vie ?
C’est vrai. Qu’ai-je à perdre de mourir maintenant ?
La tête enfouie dans des mains qui débordent de spasmes, mon œil tombe sur le fouet. Il faut que je m’ancre. Je l’attrape avec peine de la mauvaise main. Un violent spasme le fait tomber. Pourquoi continuer à souffrir, Mikaal ? N’as-tu pas assez donné ? Je peste de rage. L’attrape de l’autre main. Raffermis ma prise comme je peux.
Je ne peux pas partir maintenant. Je ne dois pas. Pourquoi. Car Vera a besoin de moi. Je dois veiller sur les autres. Elle n’a pas besoin de toi, tu es aussi remplaçable que ces autres. Elle compte sur moi.
Tu les as abandonnés à chaque fois qu’ils avaient besoin de toi. Tous.
CLAC !
La ferme.
Et la belle Lilley, que tu as abandonnée à la laideur de l’acide ?
CLAC !
La ferme ..
Et la procession, occupé à fouiner alors que Vera frôlait la mort ?
CLAC ! CLAC !
La ferme !
Sans parler des derniers incidents, où pendant que tu galopais dans les plaines, le Laurier a frôlé la catastrophe.
CLAC ! CLAC ! CLAC !
La FERME !!
Tout ce que tu fais pour réparer tes erreurs, tu les détruis, ou tu les abandonnes. Pourquoi persévérer ? Pourquoi t’entêter à souffrir comme tu le fais, alors que personne, et tu le constates bien, personne n’a besoin de toi ? Plus rien ni personne ne t’attend, ici. Autorise-toi enfin de souffler, de trouver la paix. Elle est si proche. Elle t’attend.
Qu’ai-je à perdre de mourir ?
Qu’ai-je à perdre de vivre ?
Tout.
pas de victoire qui n'évoque une défaite."
--G. Brooks
Miche s'exprime de rares fois en #666666
CT : 11
End : 15
For : 11
Perc : 15
Ag : 13
Vol : 15
Ch : 15
« ― Il est dans sa chambre.
― À cette heure ?
― Mauvaise nuit. Je… je crois qu’il a bu. »
Un raclement de gorge. Seamus se tend, détourne le regard : le garçon est mal à l’aise. Qu’il ne tire aucun plaisir de la délation confirme à Vera que l’affaire n’est pas tout à fait anodine. Le rapport, en lui-même, ne laisse de toute façon guère de doute quant à l’anomalie de l’instant : Miche devrait être là. Et la substance évoquée ne manque pas d’ajouter à l’étrangeté de ce tout déjà inquiétant. Seamus l’a compris, lui aussi. Sa mine navrée, crispée dans une expression de franc embarras, témoigne de son propre trouble. Quelque chose ne va pas.
« ― Merci. Je vais aller le voir.
― Bien ma dame. »
Il s’incline, et prend ses jambes à son cou sans se faire prier. Vera l’observe faire, toujours assise derrière son secrétaire, l’esprit divaguant déjà vers cet associé qui rechigne à quitter ses quartiers. Miche n’est pas homme à se soustraire à ses obligations, et devoir les lui rappeler la dérange plus qu’elle ne le voudrait. Rappeler à l’ordre une de ses filles est une chose ; sermonner ce colosse de loyauté en est une autre.
Vera soupire, s’autorise quelques secondes de franche lassitude, avant de se lever de son siège et de son bureau. Direction la chambre de ce fichu cerbère.
Elle s’immobilise devant la porte close. À l’autre bout du couloir, empêtrée dans ses tâches quotidiennes, Ysna risque un coup d'œil, les bras chargés de linge. Le regard noir qu’elle récolte lui fait presser le pas.
Vera se retourne vers la porte, s’apprête à porter la main contre le vantail lorsque des bruits secs, de l’autre côté du panneau de bois, l’en dissuade. Sifflements qui fendent l’air ; chocs tranchants.
Une lanière de cuir.
Elle en reconnaît les accents sans avoir besoin d’en apercevoir les effets.
Un instant, elle hésite, s’interroge sur ces limites personnelles, jamais explicitées mais toujours comprises, que matrone et bras droit se sont posés dès les prémices de leur collaboration. Ouvrir cette porte, alors, serait-il un écart à ce cadre vertueux qu’elle s’en voudrait de malmener ? Elle le pense, jusqu’à ce que lui revienne à l’esprit la raison première de sa visite : Miche manque à l’appel. Et Miche est certainement ivre.
Vera tente d’atténuer les effets de sa trahison par trois petits coups contre le battant de la porte - toc, toc, toc -... sans toutefois attendre de réponse.
Le carnage qu’elle découvre, à l’intérieur de la petite chambre, lui arrache un hoquet de surprise.
« Mais qu’est-ce que tu fais ?! » Qu’elle s’entend vainement souffler. Question rhétorique, bien sûr : l’activité de Miche ne fait aucun mystère. Qu’elle s’ébruite, toutefois, l’indispose, aussi la maquerelle se porte-t-elle vivement dans la pièce et en referme tout aussi soudainement l’issue. L’intimité de Miche ne regarde que lui. Et… elle, maintenant.
Elle le regrette presque.
« Qu’est-ce qui te prend, bon sang ? » Elle a vu le sang et le sent désormais, suspendu dans les airs. L’odeur de la sueur, aussi, et celle de l’alcool.
Par respect, Vera s’efforce de détourner son regard de l’homme vautré là, tout proche. Mais les plaies aperçues, l’inquiétude et la curiosité jouent contre elle et cette distance qu’elle cherche à marquer. Et ses mâchoires se crispent.
« J’attends que tu t’expliques. »
Sa voix claque dans la pièce, comme le fouet sur la chair de Miche, quelques instants plus tôt.
CT : 12
End : 16
For : 18
Perc : 15
Ag : 16
Vol : 18
Ch : 9
Un rire tonne dans mon crâne. Un rire désabusé, un rire pitoyable, un rire qui glace le sang et les os. Un rire qui virevolte, avant de s’abattre comme le faucon sur sa proie. Tout se brouille. Tout résonne. Je sens mon cerveau exploser.
Pourquoi lutter pour une vie qui m’abandonne jour après jour ? Pour une vie dans laquelle je faillis davantage jour après jour, pour une vie dans laquelle mon fils et seul espoir de santé me hait davantage jour après jour, pour une vie dans laquelle Lilley méprise mes erreurs davantage jour après jour de par son absence ?
Mais pourquoi lui donner raison après toutes ces années de martyr ?
L’air se fend l’espace d’un instant, air où le passé est si réel, air où le présent est si illusoire ? Comme une brise dans la tempête, comme une pause dans la dépression. Air qui manque, air qui siffle, air qui tonne, air qui caresse, air qui étouffe, air qui console.
Mélodie dont le sens m’échappe, mais dont je reconnais la voix de l’artiste. Comme un éclair de conscience dans l’orage de misère qui soulève ce navire incontrôlable qu’est devenu ma pensée. Mer de songes qui chavire la coque, tempête de reproches qui m’éclabousse en pleine face, tandis qu’après ses nombreux efforts, mes mains relâchent le gouvernail de mon âme, avant que mon dos ne se heurte à quoi que ce soit qui m’éloigne du moindre contrôle. Air qui manque, air qui étouffe. Air qui console, air qui fracasse.
Mais voilà que ce souffle insoupçonné me pousse toujours plus vers la proue désastreuse mais tenace, soulève mes pas, glisse une corde à laquelle me raccrocher. Une autre tentative. Je connais cette bourrasque élégante.
Le paysage oscille entre le désert de sang et la chambre. Mes genoux oscillent entre le sol de poussière et le parquet soigné. Mes bras oscillent entre la barre de ce navire biscornu et le rebord de mon propre lit. Et j’essaie. J’essaie de répondre à la bourrasque par ma propre bourrasque, mais rien ne franchit mes lèvres, foutue tempête qui en bloque l’issue. Un râle pénible parvient à mes oreilles – mon propre râle ? –, de bouillantes larmes creusent mes joues – mes propres larmes ? –, et les syllabes se distinguent enfin plus clairement.
- « J’attends que tu t’expliques. »
Vera ?
J’essaie de relever la tête pour l’apercevoir, mais mon corps est si lourd. Elle retombe contre le bois, vaincu, et un autre râle me parvient. Une léthargie comme j’en avais rarement vécue. Mes yeux demeurent clos, plus par nécessité que par choix, mon corps se secoue de ce trop plein de tout qui me submerge à la fois. J’essaie de m’y accrocher comme je peux, à cette corde. A cette main. A cette voix.
C’est alors que sa demande percute mes pensées. Une explication ? Comment suis-je censé expliquer tout ça ? Que diable se passe-t-il donc ? Que m’arrive-t-il ? Que m’est-il arrivé ?
J’explore les possibilités avec prudence – le moindre faux pas peut s’avérer fatal –, creuse la question de mes propres mains, mais à chaque possibilité, de nouvelles questions surgissent. Le souffle bruyant, j’essaie de lutter contre la tempête, contre ces mille vents qui m’ensevelissent et me censurent. J’essaie de lutter contre la tempête, et l’abominable sentiment de défaite qui surgit face à une si simple demande. Une demande toute bête.
- « Je… ne sais pas… »
Ce qui s’emplit dans l’hurlement d’une centaine d’ouragans ne se révèle qu’en un murmure cassé et sec, tandis que ma conscience se raccroche à l’articulation de chacun de ces mots honteux à admettre. Comme la suite.
- « Aide…Aide-moi… »
pas de victoire qui n'évoque une défaite."
--G. Brooks
Miche s'exprime de rares fois en #666666
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Vol : 18
Ch : 9
[Ce post a pour but de conclure ce rp et a été écrit en accord avec la joueuse.]
L’air dans la chambre s’alourdit à chaque seconde qui ose passer. La silhouette grotesque de Miche, avachi contre son propre lit, se perd en quelques grognements fiévreux sous le regard incrédule de Vera, qui ne peut que détailler cette carcasse des yeux. Elle ne veut pas savoir, que ce soit par respect pour son cerbère abattu ou par simple peur de la connaissance. Et pourtant, elle le doit, car les rares paroles cohérentes du Névarran, dont l’accent est désormais bien plus appuyé qu’à l’accoutumée, supplient à l’aide.
Mais que peut-elle bien y faire, dans cette chambre plongée dans l’obscurité la plus totale, Vera la maquerelle, non la sainte sauveuse ? Le silence parle de lui-même, silence qui hésite, qui sonde la situation encore et encore. Une chose est certaine aux yeux de la mère maquerelle : Miche est capable de l’entendre. Pour l’instant.
Un drôle de choc que de voir l’imperturbable et silencieux géant qui garde les portes de son établissement, à moitié allongé, à geindre et à pleurer, le sombre sang qui coule le long de ses vertèbres. Vera pourrait appeler Seamus pour l’aider à le calmer, voire le neutraliser s’il tente une énième bêtise, mais elle s’en ravise. Elle peut le faire seule, et elle le doit.
Dans une impulsion aussi soudaine que l’étincelle qui habite à présent son regard confus de tant d’émotions, la patronne se précipite auprès de son ami. Elle qui aurait préféré conserver cette distance rassurante… Mais Miche a besoin d’elle. Alors elle ploie le genou avec son élégance habituelle, attrape son visage à deux mains, et cherche la moindre lueur dans l’ambre de ses yeux.
- « Miche. Regarde-moi. »
Mais ce voile qu’elle décèle dans son regard compresse son estomac, regard qui demeure dans le vague, dans le lointain. A le voir de plus près, elle constate la trace de quelques bleus à la hauteur du front. Une vague d’effroi la secoue, tandis que la liste de questions se rallonge toujours plus.
Miche a disparu de nouveau. Elle a hésité trop longtemps.
La panique étrangement sous un certain contrôle, Vera commence à le secouer, dans l’espoir que cela change quelque chose.
- « Miche. Miche ! Allez, parle-moi ! »
Si sa voix habituellement assurée est parcourue d’un frisson d’effroi, son ton reste assez bas, afin de n’alerter personne. Elle y est désormais, et elle sait qu’elle doit s’en occuper par elle-même. Échouer alors qu’elle se donne la peine de l’assister ? Hors de question.
Cela dit, Miche est si près, pourtant si loin. Ses yeux se sont cristallisés de fatigue et de terreur, tandis que ses lèvres tremblent dans une fièvre incohérente. Quelques mots par-ci par-là parviennent à Vera, dont le sens lui échappe encore. Pour le moment.
- « Non… Je ne dois pas. J’ai menti. …et c’est son droit. J’ai tant péché… mais il vivra… »
Le souffle de la maquerelle se débloque enfin, tandis qu’elle observe le malheureux. On dirait une conversation. Miche est clairement en train de délirer, il n’y a pas d’autre explication.
- « Peux pas mourir. …comptent sur moi. »
Silencieuse et des plus concentrées, Vera réessaie de l’atteindre en le secouant une fois de plus. Et encore. Et toujours.
- « Miche ? Ne l’écoute pas. Tiens-lui tête. Écoute-moi. »
La densité de l’air autour d’eux deux lui hérisse le poil, et elle connaît cette sensation. Mais contrairement à l’homme sous son emprise, elle sait comment s’en protéger. Elle avait senti que ces derniers temps, cette foutue ville attirait les démons comme la peste. Certainement une conséquence psychologique de l’Enclin qui menace de s’effondrer sur eux. Et maintenant que cette éventualité est évoquée, Vera en est désormais certaine.
Mais ce nouvel élément rend la situation des plus délicates encore. Un démon au Laurier Carmin ? Il ne faut certainement pas que cette information quitte ces quatre murs.
- « Ne cède pas à ses caprices. Il te dit toutes ces choses pour que tu lui succombes. Tu es plus fort que ça, bon sang ! »
Un gémissement incompréhensible lui parvient, et elle sait qu’elle est en bonne voie. Miche a toujours été sacrément résilient, et il n’y a pas besoin de le connaître depuis des lustres pour le savoir.
Poursuivant sur sa bonne lancée, et comprenant à présent le raisonnement derrière la barbarie commise contre son dos, Vera glisse ses deux mains le long de ses avant-bras, avant d’y planter ses ongles sans le moindre remord. Après tout, la douleur aide à s’ancrer dans quelque chose de réel, et Miche en a terriblement besoin.
- « Tu n’oserais pas me faire un tel affront… »
Le grognement qui lui parvient est encourageant. Les subtiles griffes y plongent avec davantage de fermeté, piqûre de rappel dans cette tempête invisible qui le secoue de toute part. Mais son visage réagit à peine, noyé dans ses sombres tourments, avant un énième rauque soupir. Comme pour s’accrocher. Comme pour se forcer vers la surface. Les ongles de Vera changent de position, tel un curieux massage cardiaque, jusqu’à ce que Miche pousse un cri aussi soudain que douloureux. Une onde de surprise parcourt le visage de la maquerelle, tandis que son regard se pose sur ce bras gauche qui remue de façon incontrôlable, bien plus que le droit qui encaisse paisiblement. Les doigts se contorsionnent de spasmes comme une araignée mourante, et si sa première pensée a été le choc de la découverte, la seconde, plus pragmatique, a été la révélation d’un point faible à exploiter.
Les mains de Vera changent alors de cible pour se concentrer sur l’autre avant-bras, et c’est en le remontant davantage vers elle que la pénombre révèle de drôles de marques, comme un éclair de cicatrices qui est venu fracasser sa peau. Et le plan pourtant sordide fonctionne, car à mesure des griffures et des réponses plaintives, la main libre de Miche attrape le bras de la patronne tandis qu’il encaisse encore, tandis qu’il encaisse toujours. Et après d’éternelles minutes, son corps toujours plus calme se recroqueville, sa tête repose une fois de plus contre le bois du lit, son souffle se stabilise.
Le silence revient dans la chambre. Retrouvant son sang-froid, Vera l’observe avec attention avant de cesser ses attaques bénignes.
- « Miche ? »
L’inquiétude se voile encore, la maquerelle attendant une vague réponse mâchée de sa part. Elle ne sera pas déçue, puisque le grincement grave qui lui parvient est suivi de quelques mots dans une langue qu’elle comprend.
- « Ça va… »
- « Non, ça ne va pas du tout. »
Si le ton accuse, celui-ci se calme le temps de confirmer que Miche est bien revenu sur terre.
- « Tu m’entends ? Tu me vois ? »
- « Oui, oui… »
- « Bien. »
Mais elle ne peut retenir un certain agacement. Le genre de colère qui survient lorsque la personne est enfin hors de danger, pour lui témoigner sa stupidité pour tomber dans pareille dangereuse situation. Le ton accuse à nouveau, car désormais en sécurité, c’est bien tout ce qu’elle peut faire pour qu’il comprenne son inquiétude sans devoir l’admettre.
- « Ne te crois pas sorti d’affaires, Miche. J’exige une explication de ta part. »
Le silence retombe, comme les épaules du colosse s’affaissent soudainement. Les fines mains de Vera relâchent leur emprise pour de bon, avant de se rappeler de cette anomalie et de la remonter aux yeux de son propriétaire.
- « Et qu’est-ce que c’est ? J’espère que ça n’entrave pas ton travail. »
Un rire muet secoue sa cage thoracique, un rire d’embarras également. Miche ajuste un peu sa position avec peine, afin de caler sa nuque contre le bord du lit et de laisser sa tête se reposer contre le matelas.
- « Si personne ne l’a jamais remarqué avant, c’est que tout va bien. »
Mais son souffle le quitte bien vite, passant une main tremblante sur son front en sueur. Se sentant envahissante, Vera se lève, et époussette sa jupe élégante avant de reculer de quelques pas. Elle observe la chambre, s’y promène, repère les fonds de bouteille et le tabac qui traîne aux côtés de sa pipe. Une chambre pourtant impeccable, si l’on omet quelques détails. Il faut dire que Miche est de rigueur militaire, que ce soit dans son travail ou dans son environnement. Elle termine sa petite promenade assise sur son lit, à une distance respectable, sans pour autant lui tourner le dos.
- « Sinon, c’est… c’est un tout, j’imagine. Ce n’est pas la première fois, mais cette fois-ci était… étrange. »
- « Un démon, Miche. Tu as été victime d’un démon. Je n’ai aucun doute là-dessus. »
- « Ah. C’était donc ça. »
- « Et comment ça, “ce n’est pas la première fois” ? »
Miche ouvre les yeux pour observer sa silhouette angulaire, avant de soupirer. Ses mains se joignent sur son torse, tandis qu’il observe le plafond sans réel but.
- « Il m’arrive souvent de faire des hum… “crises” on dira. Surtout avant de dormir. C’est… comment dire. Je cligne des yeux, et soudainement je revis le pire moment de ma vie. Comme si j’y étais. Toutes les sensations sont là, l’odeur putride, les ruines à perte de vue, le goût du sang et de la bile dans la bouche… Pour contrer ces crises, j’ai mes méthodes, et elles ont toujours bien fonctionné, mais là… Bon, faire une crise pendant le service ne m’était jamais arrivé, je dois dire. Mais ensuite, ça a évolué en autre chose de complètement différent. J’imagine que c’est le démon dont tu parles… je croyais qu’ils ne s’en prenaient qu’aux mages. »
- « Parfois, ils s’ennuient et vont voir les plus miséreuses gens. »
Le cerbère hoche de la tête en silence, retrouvant toujours plus ses esprits. Son corps demeure toujours aussi lourd, et il râle encore un peu dans sa barbe piquante de négligence.
- « Tu n’as pas répondu à mes autres questions, Miche. »
- « C’est vrai. »
- « Eh bien ? »
Un silence de nouveau. Le regard de Miche se perd sur un point invisible, sans pour autant voir quoi que ce soit. Mais Vera est patiente, étrangement, même, et elle compte bien savoir ce qui tourmente son employé.
- « J’ai traversé des horreurs. C’est égoïste quelque part et probablement stupide aussi, mais je n’ai pas envie que ces épisodes changent ta perception de moi. Enfin… ça serait mérité. »
Un autre soupir.
- « Je merde tout ce que je touche. A chaque fois qu’il y a un problème majeur au Laurier, je faillis à mes responsabilités. Maintenant Lilley m’en veut, t’as failli mourir à plusieurs reprises, et le business est en danger. L’Enclin est à notre gorge en plus. J’ai menti à tout le monde, ai laissé tombé tout le monde, même quand j’essaie d’aider je ne sers foutrement à rien. »
La patronne hoche de la tête, le dos droit. Elle évalue chaque information. Mais sans rater le moindre battement, sa réponse est aussi simple qu’efficace.
- « Miche, tu n’es pas un surhomme. »
- « Non, tu ne comprends pas ce que je veux dire. »
Le ton est agacé, la rétorque vive, mais après un temps suspendu, il se reprend, comme il l’a toujours fait.
- « Dans tous les cas, après… tout ça, je comprends si tu veux- »
- « Je ne compte pas te virer, imbécile. »
Vera a toujours su lire Miche comme un livre ouvert, malgré ses silences et son immobilité. La moindre petite faute stupide impliquerait son renvoi, ou même des choses qui échappent totalement à son contrôle.
- « Qu’est-ce que je ne comprends pas, alors ? »
Passant une autre main sur son visage, Miche prend le temps de la réflexion, ce que Vera pense lui autoriser dans sa clémence. Il lui faut un certain temps avant de trouver les mots.
- « Ma vie est un enfer que j’ai créé depuis ma vingtaine. J’ai passé mes jeunes années à fuir tout ce que je pouvais fuir, que ce soit mon devoir familial, un amour empoisonné qui me cause encore du tort aujourd’hui, ce genre de choses stupides. »
Miche marque une pause, se redressant un peu et passant une main dans ses cheveux.
- « Je fuyais dans l’armée. Ça donne bonne conscience que d’être un bon guerrier, de sauver la veuve et l’orphelin, d’accomplir des actes “héroïques”. Mais malgré cet échappatoire, rien n’allait mieux. Alors j’ai commencé à prier et à devenir un dévôt désespéré. Parce que si je n’y pouvais rien dans ma vie, c’était sûrement parce que le Créateur savait mieux que nous n’est-ce pas. Des conneries, quoi. Mais bon, quand t’es jeune… Et puis, une Marche Exaltée battait son plein. Donc avec des amis, on a décidé de foutre notre vie en l’air et d’y aller quand même. Parce que c’est une mission divine, c’est forcément bien, n’est-ce pas. »
Le ton est cynique, teinté d’une amertume et d’un profond regret.
- « Le Névarra n’avait nullement prêté assistance à cette marche-là, par conséquent nous avions trahi notre roi pour commettre ce qui s’est révélé être des horreurs. Je porte encore ce sang sur mes mains aujourd’hui. Je revois leurs visages chaque soir dans mes rêves. Et quand tu massacres des innocents pour un combat dont tu ignores tout, et que tu n’as plus nulle part où aller, tout en ayant apporté le déshonneur sur ta famille, que faire ? Mourir ? Si seulement. »
Il remonte le bras dans la direction de Vera, le fameux zébré de cicatrices.
- « Cette blessure, je l’ai acquise là-bas, lors du dernier jour avant de perdre pour de bon la raison et l’envie de vivre. Un mage de foudre. Il… avait failli se transformer en abomination durant l’affrontement. Je l’avais neutralisé avant, heureusement. Si je n’attendais que la bonne excuse pour mourir, il ne méritait pas de perdre son humanité dans le processus.
Et depuis, j’erre sur cette terre, sans autre but que de purger ma peine. Ne pas oublier. Rester en vie, car le repos de la mort serait aussi lâche qu’injuste. Ce que de nombreux foutus berruyers ont fait d’ailleurs, mais au moins, ils avaient une once de regret. »
Il marque une autre pause, observe le plafond, passe une main sur son visage pour essuyer ses yeux.
- « Et puis, j’ai atterri ici. J’ai une mission. Et même si on me demande pas de sauver le monde, j’aime bien cette mission. J’aime bien les gens ici. Et je crois même que je recommence à vivre un peu. Mais depuis quelque temps, le passé vient frapper à la porte. Mon fils vit ici désormais, et me déteste maintenant qu’il sait la vérité. Son horrible mère compte venir “me récupérer” et le tuer pour “recommencer à neuf”. Cette folle… J’espère que la menace de l’Enclin la dissuadera de venir, mais connaissant l’extrême de sa furie, je sais que ça ne suffira pas. »
Puis il hausse des épaules, comme pour se convaincre qu’au final, ce n’est pas grand-chose.
- « Enfin voilà, j’imagine que c’est un peu tout ce qu’il y a à dire. »
Comme si ses nombreuses confessions ne valaient pas plus que de parler du beau temps. Une modestie qui parfois dérange la mère maquerelle, mais elle n’en dit rien. Ses pensées sont davantage dispersées sur toutes ces nombreuses et nouvelles informations. Miche a un fils ? Et qui est donc cette femme qu’il évoque ? Un bien drôle instant que de constater à quel point elle connaît si peu son fidèle bras droit, mais elle n’est guère la mieux placée pour lui en vouloir.
En revanche, son aparté rapide au sujet de cette confrontation à un mage ne la laisse pas indifférente. Son sang s’est glacé quelques instants, tandis que le choc d’apprendre qu’elle se trouve face à un Exalté se dissipe sans plus de cérémonie. Mais que pense-t-il vraiment de la magie ? Difficile à déceler, tant son regret fausse les premières impressions.
Plutôt que de l’assommer de questions trop diverses, Vera se contente de se relever et de s’approcher de son cerbère, tout en conservant cette distance à laquelle elle tient, davantage pour son propre confort que celui de son interlocuteur.
- « J’ignorais que tu avais un fils. »
Un sujet qui lui tient à cœur bien plus qu’elle ne l’aurait souhaité, étant elle-même mère malgré ses choix contraignants de l’époque. Mais ce sujet tout particulier semble peser sur les épaules de Miche bien plus que les horreurs de la guerre ou l’Enclin qui arrive à leurs portes. Le Névarran soupire, la tête à présent plongée dans ses bras, avant de passer une main sur sa nuque.
- « C’est compliqué… Enfin. C’était derrière moi, surtout. Ça sonne terriblement mal, mais c’est techniquement vrai. »
L’honnêteté toujours aussi brusque de Miche ne joue clairement pas en sa faveur, mais il argumente aussi vite qu’il le peut, la voix tremblante et les gestes hasardeux.
- « J’avais tellement honte à la fin de cette foutue Marche que je me suis exilé. Je n’avais pas envie que la rumeurs de mes actions parviennent à ma famille et ne ternisse leur réputation, alors j’ai fait croire que j’étais mort au combat depuis un certain temps. »
Une petite pause, le temps de savoir par où commencer. Comment résumer une histoire aussi chaotique que celle de son fils et de sa harpie de mère ?
- « J’ai un fils, oui. Illégitime. J’ai fait l’erreur de tomber amoureux d’une femme mariée à mes 17 ans, qui s’est révélée être une folle passionnée. Elle me mettait la pression pour que je lui demande sa main et exige son divorce, le problème étant qu’elle était mariée à un grand allié de ma famille. Donc impossible sans causer des problèmes. Et un jour elle m’a… comment dire… contraint à la faire tomber enceinte sans me demander mon avis, pour me lancer un ultimatum. J’ai fui une fois de plus. Je ne savais pas vraiment quoi faire. »
La jeunesse et le manque d’expérience de la vie qui l’accompagne sont des excuses rassurantes, mais insuffisantes à ses yeux.
- « Elle menaçait sans cesse de se tuer ou de tuer l’enfant si je ne me décidais pas d’ici la naissance, et je n’ai jamais eu le courage de prendre cette décision. Elle a donc changé de plan et a décidé de le garder en vie, mais de s’assurer que toute la famille s’y mette à cœur joie pour lui mener la vie dure. D’abord, elle s’est assurée de bien dire à son époux qu’apparemment je l’ai agressée, et que l’enfant en était le résultat, pour justifier la violence. Les premières années, elle l’enfermait des heures durant dans une pièce sans se préoccuper de le nourrir. J’ai dû plaider auprès de son mari pour soit le tuer, soit en prendre soin, mais pas un entre deux qu’il ne mérite pas. Mes paroles ont été à peu près entendues… Ils ont simplement attendu qu’il soit plus grand. »
Un énième soupir remplit l’air de la chambre. Un soupir de regret, de fatigue, d’impuissance.
- « Il n’y a rien que je pouvais faire, si ce n’était d’être obligé de regarder. J’ai tenté de lui offrir un minimum de sécurité et de repos lorsqu’il était avec moi. Un garçon si gentil… battu jusqu’à l’os par ma faute… J’ai songé à la fuite, mais pour aller où ? Et quelles conséquences ? Et un jour j’ai craqué, et je suis parti en guerre. Il avait à peine 5 ans lorsque je suis parti. Il a 26 ans aujourd’hui. Et il n’a jamais su que j’étais son père. Du moins, jusqu’à récemment… Je ne voulais pas revenir dans sa vie pour de nombreuses raisons, mais nos routes se sont croisées ici. Il est marié à une femme qui abuse également de lui, et quand j’ai pris sa défense face à ses délires, je pense qu’elle en a parlé à ses beaux parents, et qu’ils ont compris qui j’étais. Et depuis, sa mère lui a “écrit”. C’est surtout une lettre qui m’est adressée. Elle parlait de vouloir tout reprendre à zéro, et “faire table rase” du passé, si tu vois ce que je veux dire… Donc pour sa sécurité, je n’ai pas eu le choix que de devoir tout lui expliquer. Et évidemment, mais c’était attendu… ça s’est terriblement mal passé. Déjà, il apprend que j’ai survécu, donc que je l’ai abandonné à ses tortionnaires, mais en plus que je suis responsable de ses tourments. »
Miche se racle la gorge, comme pour chasser le chagrin qui ombre ses paroles depuis qu’il a évoqué Dorne dans la conversation.
- « Elle parlait de lui rendre visite à Starkhaven. Je n’ai aucune idée de quand elle viendra, ni de comment elle s’y prendra pour se débarrasser de lui. Créateur que cette femme me dégoûte… »
- « S’il a besoin de protection, je puis lui en donner. »
- « Non. Enfin. C’est gentil de proposer, mais c’est mon combat. J’ai reçu un courrier de son époux, apparemment il a retrouvé de vieilles lettres qu’elle a conservé de nos échanges, et heureusement pour moi, j’ai toujours les miennes. J’ai une chance de l’avoir de mon côté dans ce merdier, c’est déjà quelque chose. En tout cas, il la surveille. Je n’en sais pas plus. »
Vera hoche de la tête, outrée mais compréhensive quant au refus de son aide. Miche n’est pas un homme qui manque de ressources, et elle le sait. Le silence retombe une fois de plus, mais la tension a disparu. Miche a l’air de reprendre quelques couleurs, ce qui est rassurant.
- « Et cette femme, comment s’appelle-t-elle ? »
- « Frieda… Frieda Wiergender. »
Miche n’a pas rechigné à répondre, car il sait que si Frieda le cherche, elle le trouvera ici, et donc demandera à n’importe qui du Laurier de le voir. Vera en a également conscience, évidemment, même si elle aurait préféré éviter les bavures dans son établissement.
- « Désolé pour ce qui s’est passé… »
- « Ne t’en préoccupe pas. Prends ta soirée, je verrai avec Seamus et les autres vigies pour compenser ton absence. »
Constatant que Miche va mieux, et ayant toutes les réponses dont elle avait besoin, elle préfère le laisser se reposer. Et aller se reposer elle-même. Quelle soirée fatigante…
- « Nous en parlerons demain. »
- « Oui. Bien sûr. »
Sur cette réponse satisfaisante, Vera se dirige à présent vers la porte, mais s’arrête avant de l’ouvrir, se tournant une dernière fois vers son bras droit.
- « Et ne reste plus seul avec tes problèmes. »
Une façon un peu rustre de lui annoncer que s’il a besoin de se confier, qu’elle est là pour l’écouter. Comme ils se sont toujours soutenus à mi-mots, ou dans la seule présence de l’autre.
Sans attendre sa réponse, Vera ouvre la porte de la chambre et la referme derrière elle. Elle croise le regard de Seamus, qui gardait la zone pour éviter les oreilles indiscrètes, sont les sourcils froncés demandent des nouvelles de son collègue. Elle lui fait un signe vif dans la direction de son bureau, pour en discuter de façon posée.
pas de victoire qui n'évoque une défaite."
--G. Brooks
Miche s'exprime de rares fois en #666666