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Arbitre des élégances - Aerontus

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Arbitre des élégancesCHAPITRE TROIS : ILS S'ELEVERONT QUAND S'ANNONCERA LA CHUTE

Type de RP Classique
Chapitre concerné Chapitre 3
Date du sujet 20 Réconfort 5 : 13
Participants Victor Donnall, Aerontus Nepos
TW Deuil, Handiphobie
Résumé Au cours d'une réception, Victor et Aerontus échangent en aparté.
Pour le recensement


Code:
[code]<ul><li><en3>20 Réconfort 5 : 13</en3> : <a href="LIEN DU RP">Arbitre des élégances</a></li></ul><p><u>NOMS DES PARTICIPANTS.</u> Au cours d'une réception, Victor et Aerontus échangent en aparté..</p>[/code]

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Une réception était à la noblesse ce qu’une tournée de taverne était au peuple : une source d’amusement comme de bassesses. L’on y allait pour le plaisir, censément, pour se montrer, assurément, et pour observer, évidemment. Du moins, c’était le cas pour Victor, qui ne pouvait de toute façon guère faire autre chose en de tels lieux. L’alcool lui était indifférent, quoiqu’il ne dédaignât pas un vin fin pour occuper son palais et sa main. Les femmes avaient eu de l’attrait, fut un temps, mais la dignité de son deuil ne souffrait guère de tels égarements de l’œil. Et il leur gardait la rancune discrète de sa jeunesse, quand les quolibets étaient plus nombreux que les soupirs, à pointer sa mauvaise jambe, sa timidité, ses sourires niais de jeune garçon qui découvrait qu’il y avait un monde, en dehors de la demeure familiale dont il sortait si peu. Les humiliations avaient eu raison de cela, heureusement pour lui. Le pouvoir également. Sa grand-mère lui avait un jour dit : « Le pouvoir rend beau. » La cruauté de la sentence n’avait d’égale que sa profonde vérité. Il lui avait demandé, bêtement, si l’intelligence rendait beau. Elle l’avait regardé avec circonspection avant d’ajouter, sentencieuse : « Ne sois pas ridicule, Victor. » Il se l’était tenu pour dit, se demandant secrètement tout de même si la chose n’avait pas un rien d’importance dans ce qui avait été sa propre union, quand on contemplait la laideur renommée de son auguste grand-père. Peu importait, finalement. Que lui restait-il, alors, si l’on excluait le vin et les femmes ? La danse lui était résolument interdite, et il n’aimait guère s’empiffrer. Alors lui demeurait le jeu et les commérages.

Assis au milieu des dames d’un certain âge et des oies blanches à chaperonner qui les accompagnait, Victor affichait la gravitas qui convenait à un veuf éploré qui s’acquittait de ses devoirs sociaux avec la dignité que cela demandait. L’on pleurait la défunte, l’on plaignait son pauvre fils en jurant prier pour sa santé et une fois les commodités d’usage terminées, l’on passait tout de même au plus important : sonder les volontés du Haut-Juge sur le remariage à venir. Comme il était attendu, l’homme se drapait dans son veuvage, non sans adresser un sourire contrit envers les jeunes filles présentes, comme pour leur signifier son respect pour leurs appâts, en toute vertu. Et ainsi rassurées, ces dames pouvaient passer aux diverses conversations sur les derniers événements – terrifiants ! sur l’Enclin – pauvres antivans!, sur les réfugiés – quelle pitié !, sur la mésentente entre le sieur Dougwerth et son épouse – outrageant !, sur le mariage à venir entre le fils de la famille Abragh et la fille de serah Saoirse – s’il ne louchait pas, le futur époux aurait été charmant. Le Donnall glissait d’un sujet à l’autre, sa main ne quittant pas sa canne au pommeau d’ivoire sculpté présentant une orbe polie.

Et soudain, la conversation se tut. Un instant, avant que la bienséance ne revienne, mais les yeux, pendant quelques secondes, avaient convergé vers l’entrée par laquelle le nouvel invité était apparu. Comment ? Il osait paraître en société ! Tout de même. Le regard de Victor se posa sur l’Ambassadeur tévintide. Puis il se replongea dans la conversation en cours. Sa jambe le lançait. Avec un sourire courtois, il annonça vouloir se rafraîchir un instant – l’émotion d’être présent sans sa tendre Agatha, ce qui arracha quelques soupirs à sa petite assemblée et, après s’être extrait de son siège, se dirigea vers le petit salon attenant de sa démarche pesante, claudiquante. A ses côtés, la canne tapait la mesure sur le sol, annonçant chaque pas avant qu’il ne fut entamé. Il se dirigea vers le lourd fauteuil tout au fond de la pièce et s’y assit avec ravissement. Un claquement de la canne au sol, et un serviteur fit son apparition. Une coupe de vin arriva, qu’il posa sur la petite table à ses côtés de ses mains gantées de noir, assorties à ses vêtements de deuil, tout aussi sombres. Coupe élégante néanmoins, à la sobriété d’usage.

Les minutes s’écoulèrent.

Quand enfin l’Ambassadeur parut, Victor annonça, de sa voix de velours, comme s’ils étaient seuls dans la demeure, comme si c’était une évidence que Nepos ne pouvait être venu que pour lui parler, avec l’assurance chaleureuse de ceux dont la parole ne saurait être dédaignée :

« Ambassadeur Nepos, je vous attendais.

Je vous en prie. »

De sa canne au pommeau tendu, il désigna le fauteuil face à lui.

« Le vin de vos contrées ne s’apprécie sans doute pas aussi bien qu’en échangeant avec un connaisseur averti, à mon humble avis. »

Dans le verre disposé à côté du fauteuil montré, un liquide carmin à la robe profonde. Son ombre se reflétait dans l’œil de Victor.
Aerontus Nepos
Aerontus Nepos
Ambassadeur de Tévinter
Ambassadeur de Tévinter
Aerontus Nepos
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Illustration : Fis aquae ; Vincis contra elementa.

Peuple : humain
Âge : 35 ans
Pronom.s personnage : Il/lui
Origine : Tevinter
Occupation : Ambassadeur de Tevinter à Starkhaven
Localisation : Ambassade de Tevinter principalement
Pseudo : Adamant
Pronom.s joueur.euse : Il/lui
Crédits : Khalet par Servia Art
Date d'inscription : 17/07/2023
Messages : 92
Autres personnages : Copper, Alzyre de Launcet, Tiaru Tohopka, Miche
Attributs : CC : 6
CT : 10
Mag : 19
End : 11
For : 8
Perc : 17
Ag : 14
Vol : 18
Ch : 12

Classe : mage niveau 2
Sorts : Soin (3PM)
Glyphe de paralysie (3PM)
Désorientation (3PM)
Drain de vie (3PM)
Épouvante (6PM)

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https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t1870-aerontus-nepos-u
Arbitre des élégancesOu comment deux hommes tuent l'ennui de la meilleure des façons.

Une belle journée pour être sa meilleure version de soi.

Je m’étais préparé avec attention, ce matin. Zélia courait dans tous les sens, cherchait les bons tissus, les bonnes couleurs, les bonnes formes. Non, trop formel ; non, trop flamboyant ; il nous fallait le juste milieu entre la discrétion et la prestance, entre la sobriété et l’imperium, entre la puissance et l’écoute. Ainsi, j’ai opté pour une couleur à la fois élégante, pure et puissante ; une couleur haute en symboles, que ce soit l’union, l’innocence, le divin, tant de contradictions : le blanc. Enfin, un blanc crème, soyons modestes.

Sous une longue tunique couleur du sable aux motifs chargés mais discrets, s’impose un veston blanc crème aux arabesques entre l’or et le beige. Un sarouel plus sombre pour le contraste, des mocassins crème pour accompagner le tout et, une fois n’est pas coutûme, pas le moindre drapé de fierté ou de puissance typiquement impérial, non. Aujourd’hui, nous demeurons à la hauteur des hommes du sud, ne serait-ce qu’un peu. Aujourd’hui, nous jouons sur la modestie. Mon turban est clair et simple, orné d’une broche d’or incrustée de perles, avec une longue plume blanche qui s’élève vers les cieux havenois. Des colliers de perles, des bagues à n’en plus finir – car quel homme serais-je sans mes bagues ? –, et des boucles d’oreilles qui percent leur voie sous le tissu de lin qui recouvre ma tête, de petits éclats astraux qui tentent avec tant d’ardeur de toucher la terre, pour se contenter de se suspendre dans le vide, la longueur ne dépassant guère ma mâchoire.

Rahim tient à m’accompagner, mais hélas, c’est une distraction diplomatique que je dois effectuer en solitaire. Je le rassure devant la grande et fade entrée, un sourire aux lèvres, les deux mains qui attrapent ses épaules. Tout ira bien. De toute manière, il ne peut pas vraiment contester mes ordres, vu que je le paie pour obéir. Oh, il adore m’obéir, mais parfois il déteste vraiment de toute son âme m’obéir. Parfois. Peu souvent.

Ainsi, j’entre dans la demeure d’un grand fracas des portes pour signaler ma présence. Ma présence non-invitée, bien entendu. Mais après une étude attentive de ces mondanités ridicules et .. oui .. fades, d’un ennui qu’on ne trouve dans nulle Chantrie blanche, dans nul échange perdu d’avance car l’interlocuteur est sourd d’oreille, ni même auprès de ces chers de Crassillots et leurs maniérismes absurdes et suant de ridicule.

Le bâtiment entier se tait, me regarde, du haut de son imposant balcon, dans les escaliers qui s’offrent à moi, à ma propre hauteur, dans la porte qui s’entrouvre à peine pour guetter. Les murmures s’élèvent, et puis, comme toujours, la triste célébration reprend son précédent rythme – lent, ennuyeux. Je connais ces soirées.

Dans ce cas, ô messir l’ambassadeur, pourquoi faire le déplacement si vous savez avec certitude que cette soirée ne vous apportera rien de bien divertissant ?

Eh bien, il y a un homme.

Je quitte le grand hall, parcours du regard les divers visages présents, en salue quelques-uns. Certaines de ces vieilles pies m’accostent, me parlent de la pluie, du beau temps. Certaines osent même compatir aux récents incidents qu’a subi mon ambassade quelques mois auparavant, m’expriment leur sincère indignation face à l’inaction de la garde, me brossent dans le bon sens du poil avec quelques sourires et trop de poudre au visage. Puis elles me parlent de leur fille, leur pauvre fille qui doit vivre cette mascarade à chaque soirée, et avec tous les hommes célibataires et suffisamment riches. Mais je prends le temps de sourire, je prends note des familles – endettées, avides, trop ambitieuses pour les mauvaises raisons, des boulets, des ennuis avec le gouvernement princier (Voyons, messire Irvine a totalement raison au sujet de ces réfugiés !!) Quel désespoir que de tout tenter sur l’ambassadeur le moins apprécié de la cité, tout de même. Mais bon, messire Van Markham est marié et est rentré chez lui, j’imagine que les candidats restants ne sont que peu nombreux.

Après la tempête de faux semblants, le calme de la vérité.

Ouvrant la bonne porte, je retrouve l’homme que je cherchais. L’homme qui m’a fait effectuer le déplacement au fin fond du divertissement courtois. Un sourire à mon attention, un regard aiguisé, autoritaire.

Le Haut-Juge.

- « Ambassadeur Nepos, je vous attendais. Je vous en prie. »

Mon sourire s’élargit de malice. Je ne l’avais encore jamais réellement rencontré en personne, en-dehors des coups de vents occasionnels. J’observe la pièce, le siège qu’il me montre et qui n’attend que moi, ainsi que le verre de vin qui attend à sa place. Un brin de surprise illumine ce regard qui revient à lui, une surprise appréciée.

- « Même les commères désespérées qui tentent de me refiler leur précieuse fille en mariage ne vont aussi loin pour tenter de me séduire. »

On m’avait toujours mis en garde face au Haut-Juge, dans les commérages de la cour. Un homme calculateur, ambitieux, qui est capable de sonder vos plus embarrassants péchés dans le blanc de vos yeux. Si le bon Luthair Callaigh en fait trembler plus d’un, je n’ai jamais songé que la réelle menace venait de son air grincheux.

Je m’approche du brave infirme, lui tends une main couverte de bagues et de bracelets.

- « C’est un plaisir, messir Donnall. »

Une fois les politesses échangées, je gagne le fameux siège – confortable, même si je n’aime guère la couleur, la texture est passable. J’attrape le verre avec prudence, en observe la robe d’un œil attentif, tandis que je la fais danser dans son contenant. Je rapproche le verre de mon nez, en aspire le vin, les épices, toute la complexité de mon pays, et soupire de détente.

- « Le vin de vos contrées ne s’apprécie sans doute pas aussi bien qu’en échangeant avec un connaisseur averti, à mon humble avis. »
- « Que c’est tentant, messir .. » J’observe encore la robe valser, conscient de ma position sur l’échiquier politique. « Hélas, ce n’est guère contre vous, mais je préfère vous annoncer que chaque goutte y demeurera. L’idée qu’on vous accuserait de mon empoisonnement me briserait le cœur ! »

Le ton est ironique, un petit rire s’élève suite à de telles déclarations osées. Je repose ainsi le verre, croise mes jambes l’une sur l’autre, joins mes mains sur le genou le plus élevé. Lui adresse un sourire cordial.

- « Cela dit, ma curiosité est piquée au vif. Que me vaut un tel présent ? »

Aerontus s'exprime en #B48C22.

Les références pour la tenue d'Aerontus en image :



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« Là est toute la différence. Elles viennent à vous. J’ai toujours attendu que l’on vienne à moi. »

Les yeux clairs étudièrent l’homme de leur éclat métallique, passant en revue la tenue étrangère quoique sophistiquée, détaillant les traits du visage. On en apprenait beaucoup sur une personne en étudiant ses vêtements, surtout dans leurs sphères, où l’apparence avait une importance bien souvent prépondérante – trop, mais son avis n’avait jamais été requis et ne ferait jamais autorité. Qu’est-ce que Victor apprenait donc, ce soir, sur Aerontus Nepos ? Que le tévintide prenait soin de son apparence, comme en témoignait le souci des tons harmonieux de sa tenue. Qu’il était méticuleux, au vu du soin apporté à l’ensemble. Et qu’à en juger par leur caractère très … fade, comparé à ce qu’ils avaient pu voir ordinairement chez les habitants de l’Imperium, il ne se sentait pas suffisamment sûr de lui en ces temps pour arborer les signes de son appartenance à l’Empire du nord de Thédas. Victor aurait parié que l’Ambassadeur aurait eu à cœur de défier les murmures sur son passage et d’apparaître aussi, si ce n’est plus flamboyant que d’ordinaire. Mais non : et c’était un indicateur très intéressant sur son état d’esprit. Sa main serra celle d’Aerontus. La poigne de Victor n’était pas ferme, en apparence : elle était enveloppante, lente, et pourtant, au moment de se retirer, se révélait une force insoupçonnée. Gant de fer dans une main de velours.

« Plaisir partagé, Ambassadeur. »

Les yeux clairs demeurèrent fixés sur Aerontus tandis que ce dernier s’asseyait en face de Victor, qu’il saisissait son verre et l’observait, avant de … refuser d’en boire le contenu. Ils ne cillèrent pas. Le sourire lui, s’agrandit, dévoilant la dentition blanche. Non, Aerontus Nepos n’était pas en terrain conquis, ce soir-là. Ou en tout cas, il faisait grand cas d’afficher face à lui ses doutes sur sa position dans la cité. Ce qui était évidemment un fait intéressant, là encore. Inconséquent, néanmoins. Victor n’avait aucun intérêt à assassiner le tévintide. Déjà parce qu’il n’en avait pas l’intérêt. Ensuite, parce que s’il voulait réellement éliminer l’Ambassadeur, il avait d’autres moyens. Certains avaient la malchance de devoir s’en remettre à des artifices douteux pour éliminer les autres. Victor, lui, utilisait la loi. Et grâce en soit rendu à la complexité des coutumes en vigueur, à leur enchevêtrement, la question n’avait jamais été de savoir si une personne était coupable, mais de quoi elle serait accusée. On trouvait toujours, quand on savait chercher. L’innocence n’avait jamais été qu’un concept, finalement. Etaient innocents ceux qui n’éveillaient pas l’attention, dont les fautes étaient essentiellement vénielles. Le reste … Sa voix douce susurra, comme une confidence offerte à un ami dans l’intimité de ce boudoir improvisé :

« Voyons, Ambassadeur, tout le monde sait que les seules personnes que je condamne à mort sont celles qui sont coupables. Et ça ne vous concerne pas, n'est-ce pas ? »

Sa main déposa le verre sur la table. Il se pencha en avant, attrapa celui du tévintide, planta son regard dans les prunelles de l’homme face à lui et y trempa ses lèvres avant de le reposer. Elles s’ourlèrent d’une teinte carmin qui faisait ressortir la pâleur ordinaire de ses traits. Ses doigts caressèrent le pommeau rond de sa canne tandis qu’il appréciait la saveur du vin, puis il demanda soudainement, sans qu’un tressautement dans la voix ou changement de ton ne trahisse un quelconque changement de conversation :

« Vos pouvoirs de mage ne détectent donc pas le poison ? »

Au moins une question posée avec une curiosité réelle. C’était là un pan du réel dont il n’était guère informé. Même si la question, in fine, n’avait pas tant d’importance. Heureusement, Nepos était quasiment le seul mage qu’il était susceptible de croiser dans sa vie quotidienne, et c’était très bien ainsi. Non pas qu’il les haïsse, oh, c’eut été vulgaire ! Il réservait cela au commun, et aux adorateurs de la Chantrie. Mais comme beaucoup, Victor n’aimait guère la perspective que la personne en face de lui dispose de capacités qui lui était hors de portée, indépendamment de sa volonté, et notamment celle d’entrer dans son cerveau ou de manipuler la réalité. C’était injuste, mais c’était ainsi : si n’importe qui pouvait s’élever par un caprice du destin, alors le tissu sociétal n’était plus gouverné par autre chose que ce coup de pouce supplémentaire. Et cela donnait Tévinter et ses dérives. La perspective ne le faisait pas rêver. D’autant moins qu’en plus d’être privé de magie, Victor était infirme, et il savait parfaitement quel sort lui aurait été réservé, sur les terres d’Aerontus Nepos. Lui n’avait pour armes que son intellect. Cela faisait bien peu, face à un mage. Alors, non, il laissait la majorité des mages là où ils étaient.

Qu’il en ait un seul à jauger pouvait se tolérer.

A nouveau, ses yeux clairs se posèrent sur Nepos. Il ouvrit ses mains, soulevant sa canne dans le procédé et haussa les épaules :

« Je suis un homme très généreux, Ambassadeur, et j’aime partager mon vin avec les personnes qui occupent davantage les mauvais esprits que moi.

J’ai l’impression que ce soir, vous m’étiez tout destiné. »
Aerontus Nepos
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Le Haut-Juge ne cille pas le moins du monde face à mon refus. Pas une once de surprise, pas une once d’indignation. Rien ne l’étonne, rien ne le surprend. Nous avons là un homme des plus informés. Il faut dire que ma petite visite surprise à l’ambassade de l’autre empire n’était pas passée inaperçue non plus. La question était de savoir : à quel point sait-il ? Que sait-il, exactement ?

- « Voyons, Ambassadeur, tout le monde sait que les seules personnes que je condamne à mort sont celles qui sont coupables. Et ça ne vous concerne pas, n'est-ce pas ? »

Et, sans la moindre hésitation, comme un pari que j’ai honteusement refusé par couardise, messir Donnall s’empare du verre, m’offre son regard le plus intense – ou un des plus intenses de son arsenal, aussi varié que ses célèbres cannes –, avale une gorgée de vin et d’épices, puis repose le verre et reprend sa position initiale.

- « Vos pouvoirs de mage ne détectent donc pas le poison ? »
- « Hélas, non. Ce serait fort pratique, je dois l’avouer. »

Je sens la peur d’autrui à travers le Voile. Je sens les péchés des Hommes que l’on appelle démons. Mais le Voile ne tremble pas. Cet homme ne craint pas la mort. Qui sait ? Peut-être un petit malin a glissé du poison dans ce verre en pensant m’atteindre, et le voilà, l'œil calme, le sourire étincelant. Quel charme. Je ne crains pas la mort, mais mourir maintenant serait fâcheux.

A ma question se pose une réponse, lui laisse l’opportunité de poser sur la table un commencement de réelle conversation. Tant de mystères ! Je comprends pourquoi toutes les commères se réjouissent que sa femme soit enfin morte et enterrée.

- « Je suis un homme très généreux, Ambassadeur, et j’aime partager mon vin avec les personnes qui occupent davantage les mauvais esprits que moi. »
- « Votre générosité m’honore, messire. »

Sans la moindre pause dans son éloquence, le regard aussi sombre que radieux, la voix toujours aussi suave et ronronnante, le Haut-Juge conclut ses propos sur une note qui sait me plaire.

- « J’ai l’impression que ce soir, vous m’étiez tout destiné. »

Créateur, si je n’avais l’habitude de côtoyer le charme masculin à son apogée constamment, je faillirais comme un adolescent face à sa déclaration. Fort heureusement pour ma personne, je ne suis plus un jeune homme. Je lui offre un sourire brillant de malice, un regard brillant de curiosité.

- « Eh bien, je n’ai pas fait le déplacement pour quelques endettées en quête de fortune pour leurs vieux jours. Ce soir, c’est bien à vous que je me destine, messire Donnall. »

Ma posture s’affale davantage dans le fauteuil, tandis que je l’observe une fois de plus. Le ton reste plaisantin, étrange contraste avec le sujet qui s’aborde.

- « D’abord pour enfin prendre le temps de rencontrer la charmante personne que vous êtes, mais aussi pour m’enquérir de quelques nouvelles, au sujet du nouveau caillou dans la botte du conseil. Son spectacle larmoyant s’est bien fait remarquer devant ce lupanar, dans le Goldhead. J’ose espérer qu’il sera appréhendé prochainement. »

Savoir Irvine en liberté n’est pas rassurant. Ce n’est que le début du chaos : à chercher à prendre le roi, il s’est dit que de renverser l'échiquier serait plus simple, moins fatigant. S’il y  a bien une bonne âme pour me renseigner sur le sujet, c’est bien le maître de la loi et des magouilles qui vont avec.

Aerontus s'exprime en #B48C22.

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Un sourire amusé ourla les lèvres fines du sieur Donnall, qui réprima le léger rire qui lui venait face à la déclaration du Magister. Sa main libre caressa l’orbe polie sous ses doigts, traçant les sillons inexistants du pommeau à la courbure parfaite de sa canne. On le qualifiait rarement de charmant, et encore moins les hommes. La chose était donc … charmante également, tant par son effronterie que par sa fraîcheur. Contrefait de nature, Victor n’avait jamais eu d’espoir quant aux qualificatifs que l’on pouvait user à son endroit. Boiteux était le plus doux. En une société où la beauté extérieure et la perfection du corps correspondait encore à une vision des qualités de l’âme, il savait ce que l’on disait des laids et de ceux dont la chair était si traîtresse. Pourtant, plus jeune, quand il se regardait dans un miroir, il ne se trouvait point trop répugnant : ses traits étaient fins, pâles, aristocratiques, sa mâchoire bien dessinée, et ses yeux bleus avaient un éclat d’intelligence qui leur donnait une tonalité particulière. Oui, le charme pouvait agir … jusqu’à ce qu’il se lève. Jusqu’à peiner pour donner son bras, car devant reporter tout le reste de son poids sur sa canne. Jusqu’à devoir les femmes courtisées, désirées, partir avec un autre homme pour danser. Jusqu’à se savoir exclu de cette fraternité masculine qui lui était interdite non pas par son genre, mais bien par son handicap. Jusqu’à … Le seigneur chassa les souvenirs de soupirs déçus et de regards gênés. Oui, il avait abandonné l’idée d’être charmant depuis bien longtemps. Oh, il pouvait encore s’y essayer, à jouer ce charme si facile à contrefaire – si semblable à lui-même, donc – en société, et trouvait quelque agrément dans le plaisir de trousser un joli mot que les butors dépourvus d’esprits mais bien bâtis n’auraient jamais eu. Hélas, il avait toujours dû s’incliner face à ces derniers, non sans rancune.

Mais après tout, la rancune nourrissait l’ambition, et à défaut de charmer, il pouvait exiger. Le pouvoir avait des vertus aphrodisiaques, c’était bien pour cela qu’il était dangereux, surtout entre des mains incapables de ne pas en abuser. Cependant, il y avait quelque chose proche du délice à voir les grands hommes chercher son approbation, et à voir ceux qui, en d’autres circonstances, dans d’autres vies, auraient été incapables de le considérer, quémander sa présence, son avis, ses informations. Son regard se posa sur le Tévintide. Charmant ? Peut-être pas. C’était néanmoins un mensonge qui leur conviendrait à tous les deux, ce soir, car en ces terres, l’homme qui lui faisait face, en dépit de sa belle posture et de son sang, n’avait pas grand-chose de charmant non plus. Comme quoi, parfois, les mages puissants pouvaient se retrouver aussi démunis que les boiteux. Ironie du sort, et du pouvoir.

Ainsi donc, Aerontus Nepos s’inquiétait des événements survenus lors de l’exécution de cette « Corneille ». Comme la moitié de la cité. Il s’inquiétait de la sédition avortée d’Irvine. Comme tous les ambassadeurs extérieurs. Si Victor n’y avait pas assisté, et s’en félicitait fort, car le mouvement de foule s’ensuivant lui aurait été à coup sûr fatal, les propos qui lui avaient été rapportés étaient évidemment de nature à troubler celui des ambassadeurs dont la position était la plus délicate. Contrairement au reste des autres nations de Thédas, le Tévintide était là par faveur spéciale du Prince, et sa sécurité ne tenait qu’à cette dernière, et à la volonté de Starkhaven de ne pas couper entièrement ses liens avec l’ancienne puissance occupante. Alors forcément, peu importe vers qui les critiques d’Irvine pointaient réellement : il était naturel de se sentir quelque peu … à l’étroit dans cet habit d’invité que l’on faisait mine de tolérer.

« Charmante personne … Voilà sobriquet qui m’a été fort peu alloué. »

La voix était neutre, le regard aussi, Victor ne laissant pas transparaître s’il envisageait insulte ou agrément. Il resta ainsi, jaugeant son interlocuteur, étudiant sa posture, les mouvements de ses traits, de ses mains. Les secondes s’écoulèrent, sans que le Haut-Juge ne paraisse s’émouvoir de l’éventuel inconfort provoqué par cette assertion. Puis, soudainement, sa morphologie changea : son visage se fendit d’un sourire aimable, tandis qu’il demandait, comme si c’était là la chose la plus normale du monde, en pointant avec sa canne un hanap reposant non loin :

« J’observe cet objet depuis un moment … et l’anse est brisée par le bas. La position dans l’ombre le cache aux yeux des autres invités, mais je l’ai remarqué très vite. Pourtant, je trouve que cela donne un … charme à ce hanap.

Même si le tranchant de la porcelaine ne doit pas être des plus agréables à manier. »


Le bout de la canne râcla le parquet quand Victor la repositionna devant lui. Son sourire toujours arboré, son regard pétillant, il interrogea Aerontus :

« Et vous Ambassadeur ? Avez-vous donc comme moi une appréciation pour les choses ébréchées ? »

Son sourire se fit plus froid, tandis qu’il continuait :

« Cette porcelaine est fine, inoffensive. Et pourtant … elle tranchera un doigt de façon bien plus efficace que ces belles épées que certains dans la pièce adjacente portent au côté. Parce que l’on peut vouloir être incisif, et n’être, finalement, qu’une vulgaire pièce de métal rouillé.

Bien sûr, si la pièce n’est pas correctement traitée, elle pourrait infecter une plaie. Mais … Ces choses se traitent.

Il arrive même qu’elles soient déjà traitées. »


Et, avec le même sourire :

« Comme les cailloux dans les chaussures. »
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De par la qualité de mes fonctions, la verbe doit triompher de la lame, comme la complexe machination de la réflexion doit triompher de l’impulsivité ignorante si caractéristique de la nature humaine. Pourtant je décèle, dans ce qui me paraît être un si anodin échange de bons procédés, une étincelle de défi, un soupçon de faux pas auquel je n’avais nullement pensé. Après tout, malgré ses imperfections évidentes, le Haut-Juge Donnall est une personne fort appréciable au physique et à la parole toutes aussi appréciées. Une preuve étant ces vipères prêtes au plus absurde péché pour le mettre en cage au sein de leurs familles aisées.

Cependant, force est de constater qu’un détail de son prisme a dû m’échapper ; une nuance si infime, qui pourtant ternit les clairs-obscurs de sa personne. Une certaine dépréciation. Une frustration ma foi inévitable de sa condition physique, et qui projette nombreuses ombres désagréables sur sa propre vision globale ; comme un défaut du peintre que personne, simple amateur de ce que la nature engendre de plus beau, ne saurait remarquer. Une erreur dans la prose ou le vers sur laquelle le poète se lamente, incapable de trouver la richesse de rime qu’il désire, et qui, en conséquence, déteste ce vers, ou cette strophe, ou cette scène, ou cet acte, ou cette pièce du plus profond de son âme, et ce malgré les ovations. Poète qui accepte, le sourire crispé, les félicitations et les acclamations de son public, tandis qu’il rumine encore ce simple mot qui lui a échappé à regret. Une si infime nuance que personne ne peut remarquer, encore moins admettre, reconnu uniquement par quelques tragiques élus : ses propres pairs.

Et cette nuance si infime, je la vois, oui.

Tevinter, et cette obsession du beau. Tevinter, et cette hantise du parfait. Tevinter, où chaque respiration se veut en harmonie socialement acceptable, où chaque geste se veut en rythme avec la valse du monde et de la vie. Tevinter, où la moindre fausse note glisse du poison dans le vin, où le moindre faux pas retourne ton propre sang à ton encontre, où la moindre imperfection disloque chaque parcelle de ton âme pour engendrer une créature parfaite ; abjecte, inhumaine, abominable, mais parfaite aux yeux de celles et ceux pour qui la bienséance l’emporte sur le reste.

Si son regard ne change nullement, mon sourire demeure. Sourire inébranlable qui a essuyé les tempêtes, les horreurs, les cataclysmes les plus effroyables et les plus sottes. Et puis, son discours reprend, appuyant davantage, non dans l’abus, sur cette nuance qui brille dans ses yeux égarés, mais perçants.

- « Et vous Ambassadeur ? Avez-vous donc comme moi une appréciation pour les choses ébréchées ? »

J’observe sa question avec intérêt dissimulé. Question que j’ai certainement contemplé tant de fois, une fois le masque tombé, dans cette solitude de plus en plus rare, dans cette solitude de plus en plus étouffante. Question qui tord, question qui répugne, question qui sonde chaque battement de mon cœur, en tout lieu, en tout instant.

Nous sommes tous ébréchés, et comme cela me répugne.

Mais je conserve un silence royal, ma digne posture ne tremble, et mon regard ne quitte nullement le sien. Aucune réponse ne lui parviendra, et il s’en doute probablement, car le voilà à reprendre son bien éloquent récit.

- « Cette porcelaine est fine, inoffensive. Et pourtant … elle tranchera un doigt de façon bien plus efficace que ces belles épées que certains dans la pièce adjacente portent au côté. Parce que l’on peut vouloir être incisif, et n’être, finalement, qu’une vulgaire pièce de métal rouillé. Bien sûr, si la pièce n’est pas correctement traitée, elle pourrait infecter une plaie. Mais … Ces choses se traitent. Il arrive même qu’elles soient déjà traitées. Comme les cailloux dans les chaussures. »

Mon sourire s’élargit. Je joue la prudence.

- « Vous m’envoyez ravi. »

Comme il est fascinant de voir un tel personnage dans de si hautes fonctions. A Tevinter, la cour l’aurait déjà achevé. A moins que je ne le sous-estime, même en territoire aussi hostile que l’imperium ? Si tel est le cas, le Haut-Juge se révélerait en une bien plus considérable menace que je ne l’aurais anticipé jusque lors.

- « Comme il est singulier que l’on m’attende, messir Donnall. Vous l’aurez constaté de par la tempête de commérages, je ne suis hélas le bienvenu nulle part, ces temps-ci. Que puis-je donc pour vous ? »

Il me faut redoubler de vigilance ; malgré les apparences d’infirme, le Haut-Juge savait que je viendrai. Le voilà bien informé, trop bien informé, même. Sa présence, qui eut occasionné mon envie de lui rendre ainsi visite de façon peu courtoise hélas, se révélerait-elle en piège dans lequel je viendrais bêtement de marcher ? Ou y aurait-il davantage à découvrir ?

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Il ne répondit pas. Aerontus Nepos ne répondit pas, et c’était, en soit, toute la réponse que Victor attendait. Parce qu’il aurait été si simple d’approuver sans en dire davantage, ou de dénier avec une hauteur brillante – peut-être ce que le Haut-Juge aurait attendu d’un mage tévintide. Mais Aerontus Nepos avait choisi le silence, et la Main de Justice du Prince ne put s’empêcher de se souvenir de ces mots qui avaient vertu de loi : silence vaut acceptation. On ne gardait pas le silence pour rien, dans une cour de justice, face au prétoire – face à la potence, bien souvent. Le silence était l’aveu, ou plutôt, l’aveu de ce qui ne pouvait se formuler. Parfois, certes, c’était la défense de la vertu, mais elle serait toujours bien faible, celle qui ne pouvait s’exprimer. Et il ne pouvait sauver ce qui ne se défendait pas. La Justice était ainsi. Alors, il se gorgea de ce silence, essaya d’en deviner les contours. Devenait-on Ambassadeur de l’Imperium par faveur, ou par exil ? Qu’y avait-il, derrière cette distinction qui n’offrait qu’une mince protection, en dehors des frontières tévintides, et exposait à la détestation d’une autre Chantrie ? Que pouvait bien se reprocher Nepos, pour contempler les choses ébréchées dans un silence sans affect ? Il l’ignorait, mais il avait suffisamment d’expérience comme juge pour savoir que tout un chacun avait bien quelque chose à se reprocher. Condamner n’était jamais l’aspect le plus difficile de son travail. Condamner les bonnes personnes, séparer le bon grain de l’ivraie, voilà quelle était souvent sa tâche. Cette subtilité, néanmoins, n’était pas unanimement appréciée, entre ceux qui prônaient une fermeté meurtrière et ceux qui n’avaient que mansuétude à la bouche – sans comprendre que cette dernière n’était pas toujours suivie de vertu retrouvée, contrairement à ce que les contes pour enfant faisaient miroiter. Les bons sentiments, hélas, trouvaient vite leurs limites. L’infirme qu’il était ne le savait que trop bien. L’homme d’Etat également.

Prudent, donc, cet ambassadeur, qui acquiesça. Le cas Irvine était clos en peu de mots, et cela seyait fort bien au Haut-Juge, qui n’avait guère envie de s’y attarder davantage. Moins l’on parlerait de son ancien homologue, mieux ce serait. Prudent donc. Echaudé, peut-être, sûrement, ou bien de plus en plus conscient de sa position précaire de mage apostat issu d’une nation mise à l’index par les serviteurs de Sa Grâce, et qui ne tenait encore son ambassade que par la volonté d’un Prince vacillant. La faiblesse du sieur Nepos était évidente, et il ne cherchait pas à la cacher. Sa constance à paraître néanmoins était cependant de nature à lui gagner une certaine appréciation de la part de Victor, qui avait toujours apprécié ceux qui faisaient preuve de courage face à la foule méprisante. Il était bien plus facile d’être courageux quand on était aimé, avait-il appris et constaté. Avoir le pas sûr, le verbe haut, quand Fortuna avait été généreuse dans les cartes allouées à la naissance, cela n’était guère compliqué. Le faire et être capable de le défendre sur le long terme, et ne pas être uniquement une jolie vitrine, beaucoup n’y parvenaient pas. Et pourtant, on leur pardonnait volontiers, car en ce monde, mieux valait naître beau et sot que disgracieux et intelligent. En vérité, que n’eut-il pas donné pour être idiot ! Au moins n’aurait-il pas vu ce qu’il était dans le regard des autres. Il n’aurait pas vu ce qui dansait dans les yeux de l’Ambassadeur, à son corps défendant : qui était donc cet infirme qui se tenait face à lui, à une telle position ? A moins que, à force de s’attendre à trouver mépris et surprise, Victor avait fini par le projeter sur tous ceux qu’il croisait, dans un mécanisme défensif forgé depuis son enfance et qui maintenait son emprise tenace sur sa psyché ? Peut-être était-ce donc pour cela qu’il aimait les braves : ils lui renvoyaient une image de ce qu’il pouvait être. Victor s’ébroua, main ferme sur sa canne, dos soudainement plus droit. Sa voix de basse rappela :

« Je suis le Haut-Juge de Starkhaven, Ambassadeur Nepos. Je juge de qui peut demeurer en ces terres, ou non.

La loi du Prince a autorité sur les commères, quoi que ces dernières en pensent. »


Certes, il y avait quelques impondérables à prendre en compte, mais tant que le pouvoir en place jugerait que l’Ambassadeur pouvait demeurer, il était de son devoir de s’y tenir.

« Je suppose qu’il n’y a pas de raison pour que je juge autrement, n’est-ce pas ? »

Sourire.

« Néanmoins … que vous reprochent ces braves gens ? Au-delà de l’ordinaire, je veux dire. »

Sourire, encore.

« Le Conseiller aux affaires courantes du Prince s’en enquiert. »

Sourire, toujours.
Aerontus Nepos
Aerontus Nepos
Ambassadeur de Tévinter
Ambassadeur de Tévinter
Aerontus Nepos
Personnage
Illustration : Fis aquae ; Vincis contra elementa.

Peuple : humain
Âge : 35 ans
Pronom.s personnage : Il/lui
Origine : Tevinter
Occupation : Ambassadeur de Tevinter à Starkhaven
Localisation : Ambassade de Tevinter principalement
Pseudo : Adamant
Pronom.s joueur.euse : Il/lui
Crédits : Khalet par Servia Art
Date d'inscription : 17/07/2023
Messages : 92
Autres personnages : Copper, Alzyre de Launcet, Tiaru Tohopka, Miche
Attributs : CC : 6
CT : 10
Mag : 19
End : 11
For : 8
Perc : 17
Ag : 14
Vol : 18
Ch : 12

Classe : mage niveau 2
Sorts : Soin (3PM)
Glyphe de paralysie (3PM)
Désorientation (3PM)
Drain de vie (3PM)
Épouvante (6PM)

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Arbitre des élégancesOu comment deux hommes tuent l'ennui de la meilleure des façons.

Dans toute une prestance étrangement retrouvée, voici que le Haut-Juge s’impose une fois de plus. Une autorité toute trouvée, qui par le respect forgé trouve naturellement son chemin à lui.

- « Je suis le Haut-Juge de Starkhaven, Ambassadeur Nepos. Je juge de qui peut demeurer en ces terres, ou non. La loi du Prince a autorité sur les commères, quoi que ces dernières en pensent. »

Et heureusement. Mais pour combien de temps ? La plus brutale illusion que l’Homme traverse dans son Histoire n’est pas l’espoir ou l’optimisme, mais bien la stabilité, le confort. Un jour, l’on demeure au sommet des mondes, et le lendemain son corps jonche la crasse et la poussière.

- « Je suppose qu’il n’y a pas de raison pour que je juge autrement, n’est-ce pas ? »
- « Si vous en trouvez une, messir Donnall, je vous invite à écrire à mon assistant. »

Et puis, un sourire. Un sourire tenace, un sourire de malice, un sourire d’inquiétude. Une réjouissance palpable quant à la suite des cordiales hostilités. Mon sourire rencontre naturellement le sien, avec une certaine hâte voilée.

- « Néanmoins … que vous reprochent ces braves gens ? Au-delà de l’ordinaire, je veux dire. Le Conseiller aux affaires courantes du Prince s’en enquiert. »

Et le masque change. Un masque précédemment porté par le conseiller Byrne, qui lui-même a pris la place d’Irvine sans hésiter, ni le moindre savoir-faire. On espère que son acolyte barbare lui rendra bien service. Une véritable chaise musicale au conseil de la cité des Princes.

- « Comme vous le savez, les tensions envers mon ambassade ne datent guère d’hier. Et à raison : après tout, nous partageons une Histoire des plus sanglantes et haineuses, ainsi que de nombreuses saintes batailles. »

Une Histoire complexe, mais dont le poids dans la situation actuelle n’est que plume. Je poursuis, pensif.

- « Cependant, les choses ont évolué depuis cette histoire de volaille à la procession. La magie est crainte, la folie s’est emparé de la foule lors de la procession et a causé de bien sévères dégâts. »

Et Amadeus a failli en mourir.


- « Je vous sais empli de bon sens, messir Donnall. Très peu de mes confrères mages fréquentent mon ambassade, et à raison. Le personnel comme mes assistants ne font pas la moindre magie. J’ai de temps à autre un ou deux invités d’honneur qui profitent de l’air campagnard pour me rendre visite, mais au-delà, il n’y a quasiment aucun mage dans l’ambassade, hormis moi-même. »

Je marque une pause, ajuste ma posture, aiguise mon sourire.

- « Là où je veux en venir, c’est que les a prioris ont la peau dure, hélas. La magie fait une fois de plus trembler le brave peuple havenois, les Tévintides apparemment pratiquent tous de la magie, interdite souvent, et les ressentiments surgissent. Des dipsomanes s’en sont même pris à mon personnel, un soir de Longnuage. Des Orlésiens, d’après les informations que j’ai pu rassembler. Je m’étais donc permis de contacter ce cher ambassadeur De Crassilliot, sans succès. J’ai donc songé au pire, mais heureusement, à force d’essai, j’ai obtenu une réponse. Satisfaisante, je l’ignore, mais une réponse tout de même. »

Mon regard glisse un instant sur cette porcelaine brisée, contemplant un avenir qui ne me réjouit nullement.

- « Le discours outrageant que s’est permis de tenir Irvine au sein de son cirque n’aidera en rien. J’ai bien peur que mon ambassade, mais également celle de mes confrères ambassadeurs, se voit passivement menacée. S’ajoute à cela l’inévitable Enclin, et l’ombre des Rats qui arpentent encore les rues, et nous sommes partis pour un sacré bal. »

Nous sommes tous menacés, même Orlaïs. Quel drôle de constat. Je lui adresse un sourire.

- « J’ose espérer que vous saurez maintenir la cadence, mais je n’en doute point. »

Une pause, puis enfin :

- « Y a-t-il autre réponse que je puisse faire pour vous, conseiller ? »

Aerontus s'exprime en #B48C22.

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