4:78 des Ténèbres Naissance d'Aerontus dans une famille d'Altus, à Qarinus. Il sera l'enfant unique, l'enfant roi, choyé et aimé de ses parents malgré les absences régulières de son père et la droiture assumée de sa mère : il se dégage publiquement une exemplarité sans faille de la famille Nepos, forçant l'admiration de leurs pairs. Dès qu'il en a l'occasion, il essaye de s'accrocher à ses vêtements pour partir avec lui : le paternel n'a pas su résister bien longtemps à la prunelle de ses yeux, et le garçon découvre assez tôt les splendeurs de Minrathie. Calme, obéissant mais curieux et infatigable, il est le modèle exact de l'héritier parfait dont tous rêveraient et envient à ses parents... 4:92 des Ténèbres Alors qu'il grandit entre Qarinus et Minrathie, Aerontus vit de très loin la troisième Marche Exaltée, couvé par ses parents : mais les histoires sont comme le vent, impossibles à retenir, et ses cours de géopolitique deviennent soudainement bien concrets. Il déclare ses pouvoirs cette année-là ce qui est dans l'Impérium une véritable source de fierté car tout le prédestine désormais à devenir Magister quand son tour viendra : et le don avait pris bien longtemps à se manifester, peur des Nepos, et le digne héritier rattrapera et dépassera bien vite son retard. Il cherchera toujours cet amour parental sans faille, bien qu'il commence à vouloir aussi vivre par lui-même, paradoxe constant. 5:06 des ExaltésFatigué des secrets de son père, Aerontus se met à fouiner dans ses affaires : il tombe sur un étrange contrat passé avec la Maison des Corbeaux pour assassiner plusieurs elfes, anciens esclaves de la famille qui ont profité de leur libération pour emporter des biens précieux. Il confronte le Magister qui finit par lui avouer qu'il a bien fait tuer ces elfes, ayant enfin retrouvé leur trace : les nuances de la politique s'offrent au jeune homme... qui s'y prend de passion et s'y découvre un talent. Cherchant à s'affranchir de la présence de son père qu'il ressent désormais comme étouffante, le jeune mage ayant fraîchement réussi sa Confrontation se démène et obtient cette année-là le poste d'ambassadeur à Starkhaven, une des rares ambassades qui restera au Sud alors que l'empire a fermé ses frontières à la suite de la Quatrième Marche Exaltée. L'ancien Archonte lui confie lui-même cette mission et lui donne un esclave pour l'accompagner, étrange compagnon qui lui offre le meilleur duo de mystères... 5:13 des ExaltésEt le moins que l'on puisse dire est qu'Aerontus la trouve, sa place, dans cette Cité-État si différente des merveilles de son enfance : qui a le plus de mystères à offrir entre les deux ? Ses paroles sont irréprochables et ses silences, intrigants ; son entourage attire la curiosité et ses manières sont, par principe plus que par conviction, raillées. Et pourtant ce fils de magister demeure à sa place : quand l'Enclin se déclare, il est même le premier à mettre les ressources de son ambassade à disposition des réfugiés venus d'Antiva ou du nord des Marches Libres. Toujours présent mais sachant se faire oublier quand il le faut, rien ne paraît l'ébranler : c'est à se demander s'il n'y a que la nouvelle de la maladie de ses parents pour l'ébranler, s'inquiètent ses proches... ou même enfin le déloger de là, se réjouissent ses ennemis ?

Les mystères de l'Impérium repoussent autant qu'ils attirent, et l'avouer vous déplait : je vous vois deviner mes intentions dans mes sourires et questionner ma présence dans les sillages de mes soieries. Trop jeune pour une ambassade ! Trop impérial pour le pardon ! Trop subtil pour la confiance ! Pourtant, depuis toutes ces années, je tiens encore cette décriée ambassade, et ai même su la mettre au service des réfugiés de l'Enclin. Je sais que mon père, ce magister, m’en veut encore d’avoir quitté le doux nid qu'il me construisait, eu égard à la pile de missives  sans réponse qui traînent sur mon bureau. Il ne devrait pourtant pas être si surpris, car j’ai tiré les leçons de ses enseignements : jeux de pouvoirs et manœuvres, le tout en gagnant la confiance dans les cœurs.… J’ai appris - seul - et j’ai gagné ma place - seul - et j’ai trouvé ma voie bien loin des bras trop chauds de ma mère et des chemins bien trop tracés de mon père. L’Archonte avait besoin d’un homme à Starkhaven, dernière de nos ambassades en milieu andrastien, et a placé son inestimable confiance en moi ; j’avais besoin de fuir les bancs trop durs et les salles empestant les vieux politiciens séniles, et de me faire mon propre nom. Pour ainsi mériter mon rang de magister.  

4:86 des Ténèbres Naissance d'Agnese à Tréviso, au sein de la famille du Prince-Marchand Arturo de Palia après qu'il se soit remarié avec une femme d'une très grande famille de Riveïn, non loin de la frontière : l'alliance arbore sans conteste les plus beaux habits, et peut-être se teinte-t-il d'amour. Le père est puissant, la mère, sûre de ce qu'elle désire et les familles, riches : la petite fille héritera sans aucun doute de ces trois legs, mélange subtil et réussi des deux nations. Depuis le départ de sa sœur aînée pour le Cercle d'Antiva, le monde ne tourne plus qu'autour d'elle, et elle ne pourra jamais se plaindre de manquer de quoi que ce soit. 5:02 des Exaltés Seulement, Agnese voit le pouvoir, Agnese rêve du pouvoir : les doux privilèges de ses parents lui plaisent mais, même jeune adulte, elle veut commencer à compter sur ses réussites. Habitant de jour comme de nuit les rues de sa ville natale, la petite noble commence à mener ses propres affaires politiques et relationnelles, aux résultats plutôt mitigés, face au mépris sexiste intrinsèque à la société antivane. Elle arrive à en conclure une dont elle est plutôt satisfaite : seulement tout ne se passe pas comme prévu et elle ne reçoit aucune autre nouvelle de son complice que sa présence à Starkhaven - et elle ne compte pas le lâcher, s'arrangeant pour l'y faire rechercher.5:08 des Exaltés L'expérience manque, malgré les contacts, malgré les richesses : Agnese est hargneuse, mais les fruits ne goûtent pas d'un doux sucre. Ils commencent même à tourner avec amertume. Ses affaires n'ayant pas pris la tournure qu'elle aurait souhaitée, elle préfère fuir Antiva avant d'être démasquée et de se retrouver avec un contrat des Corbeaux sur la tête, et réussit finement à obtenir le poste d'ambassadrice d'Antiva à Starkhaven. La vie à Starkhaven est bien différente de celle qu'elle avait à Antiva, au sein de sa famille qui la chérissait : elle ne se sent plus comme la petite princesse privilégiée autour de laquelle tourne le monde, et souffre parfois de cette solitude. 5:13 des Exaltés Grâce au nom de sa mère, grâce à ses charmes, grâce à sa hargne, Agnese arrive au moins à s'affirmer à son poste d'ambassadrice antivane : elle a même su s'imposer de facto comme la femme défendant les Rivéniennes et Rivéniens, eux et elles que l'on reconnaît à peine dans la Cité des princes. Et c'est dans cette cité humide et parfois très morne qu'elle a admiré l'archidémon, qu'elle a appris la destruction de son Antiva chérie : l'Enclin a coupé le royaume en deux comme une lame maudite, et Tréviso paraît inaccessible, même si l'ambassadrice tente inlassablement de recontacter les siens. La nouvelle l'effondre au moment même où les réfugiés affluent en quête de son aide. Les regards commencent à se tourner vers elle pour savoir comment elle va réussir à défendre les siens, tandis que ses yeux scrutent les flots incessants pour y trouver des visages connus...

La politique coule dans mes veines comme le vin entre les lèvres des nobles, ou l’hypocrisie derrière les masques - mais je sais user des armes léguées par mes parents. J’étais encore vêtue de langes que j’arrivais à recevoir le dernier gâteau du plateau ; même si je ne manquais de rien. Mon père, ce Prince-marchand, tournait à peine le dos que je récupérais ses contacts à mon compte et faisais fuir, de peur ou de dégoût, les prétendants qu’il me dégottait : de toute façon, mes goûts en la matière étaient bien différents des ambitions qu’il nourrissait pour moi. Sans oublier ma mère, cette fière Rivénienne, dont je piquais les bijoux et les biens durement gagnés pour les investir avec charme et ambition ; et il suffisait que je batte des cils pour qu'elle me pardonne et même me félicite. L’art de la manipulation m’est venu très jeune et très facilement, même s’il s’est complexifié en grandissant. J’avais du culot et cela me fit briller, un temps seulement. Car mon audace et mon orgueil m'emmenèrent trop loin, et je me pris les pieds dans le tapis sous le regard sévère de mes aïeux. Je ne trouvai d’autre solution que la fuite de ma chère mais trop doucereuse Antiva pour l’austère Starkhaven : et quelle fuite, puisque l’on accepta de faire de moi l’ambassadrice officielle de ma nation ! Il est désormais temps de réparer et de reprendre les affaires là où je les avais laissées... alors que l'Enclin consume chaque jour mes tendres racines.

4:77 des Ténèbres A Val-Chevin, dans l'empire orlésien, naît la jolie tête blonde de Fannie, au sein d'une famille modeste de tailleurs pourtant appréciés des nobles orlésiens. Au gré des visites de ces hommes et de ces femmes tantôt extravagantes, dans leurs belles crinolines ou leurs jabots, tantôt plus délicates, préférant les soieries fines et les motifs venus d'ailleurs, la petite fille vit son propre conte de fées, modeste mais paré de splendides couleurs. 4:95 des Ténèbres Elle est à peine adulte, Fannie, quand elle quitte le foyer délicat de ses tendres parents pour tracer sa vie : est-ce une surprise de la voir rejoindre l'académie des bardes ? Son goût prononcé pour la mode, les astuces de son père séjournant de temps en temps à la cour de Val-Royeaux et quelques relations placées l'y conduisent. Elle y apprend le chant, dans lequel elle excelle, l'étiquette nobiliaire qu'elle peaufine et, surtout, les subtilités du Noble Jeu. Sa formation ne se passe pas sans encombres non plus, car la vie de roturière est extrêmement compliquée en Orlaïs : et l'on ne leur laisse pas facilement une place, aussi talentueuses soient-elles. Et cette certaine discrimination ne lui plaît pas autant qu'elle y paraît... 5:03 des Exaltés Dans le fond, Fannie se rend compte qu'elle rêve d'une vie plus simple que celle de la cour et de ses manigances politiques, de ses poignards dans le dos et de ses interminables discriminations : au moins peut-elle profiter des nouvelles tendances orlésiennes, qu'elle arrive parfois à inspirer aux meilleures oreilles. Au cours d'une soirée mondaine, la barde  fait la rencontre de Jean-Floribert de Crassilliot, un vieil homme veuf et pas si désagréable de conversation, loin de là, malgré leur différence d'âges qui, parfois, la fait douter. Le plaisir de leurs compagnies est partagé, l'un trouvant chez l'autre la tranquillité cherchée, et quand la demande en mariage tombe : l'occasion dont la société orlésienne rêvait pour exercer son amour du scandale. Plus par nécessité que par choix, Jean-Floribert, aidé de Fannie, obtient auprès de l'empreur le poste d'Ambassadeur d'Orlaïs à Starkhaven. 5:13 des Exaltés La culture orlésienne est aimée par la noblesse havenoise qui ne manque jamais d'occasion d'envoyer leurs jeunes filles et fils en voyages dans l'empire : Fannie devient dans cette Cité-État pourtant austère une référente de goût et apprécie grandement cela. Oh, tout ne va pas dans ses rues, et elle sent que de nombreuses autres Nations cherchent à tailler leur bout de gras - mais si elle n'est que l'épouse de l'ambassadeur, en réalité, son influence est bien plus prégnante que celle de son époux : il suffit de voir quelles couleurs inspirent l'entourage du Prince chaque saison, quelles personnalités viennent ragoter dans son salon, ou seulement à qui les derniers courriers sont adressés... alors que l'empire s'inquiète des répercussions de l'Enclin.

À chaque robe de bal, le plus fin des cavaliers ; à chaque jabot volubile, le plus étincelant des colliers. J'ai emporté dans ces terres humides milles couleurs, accrochée au bras du plus surprenant des époux. N’allez pas penser que j’ai épousé un vieil homme en espérant qu’il rejoigne le Créateur au plus vite, car vous seriez bien loin de la réalité. D’ailleurs que croyez-vous savoir de moi ? Et de lui ? Uniquement ce que nous souhaitons vous montrer, hérauts du Noble Jeu : le scandale accroché à nos talons à cause de la différence d'âges, de la différence de classes sociales : me prendrait-on pour une profiteuse, moi, l'humble fille de tailleur ? Allons. Je crois que notre union l’arrangeait autant que moi. Il n’a pas toujours été sénile et impotent, et jamais un sot, nous avons même eu quelques années plutôt agréables et connu une certaine affection mutuelle. Néanmoins la situation actuelle n’est pas pour me déplaire et j’entends bien à ce qu’il reste en vie encore longtemps : je susurre à son oreille et traduis ses babillements, pendant qu’il endosse toutes les responsabilités avec son panache particulier.

4:66 des Ténèbres Kada voit le jour à la Surface, dans une des nombreuses succursales que la Guilde marchande naine compte sur le continent. Ses parents la laissent aller et venir, et c'est une petite fille bien plus occupée à courir partout dans les cités qu'elle voit et traverse plutôt que d'avoir la tête dans les livres de comptes et les pièces de monnaie. Elle préfère profiter des bals, des fêtes et des mondanités ; offrir et nouer des relations plutôt qu'enrichir et garder pour elle. Elle se fait plusieurs fois rabrouer pour sa nature dépensière, jusqu'au jour où elle commence à ne pas ramener que des garçons à la maison, mais aussi de potentiels clients - surtout des Humains, aux poches lourdes et à l'admiration pour les produits nains. 4:90 des Ténèbres Les parents sont pingres et gardent près d'eux la clef de leur coffre : Kada peut bien trouver moyen de faire son argent toute seule, et de le dépenser comme elle le souhaite. La Guilde lui trouve une place dans la Cité-État de Starkhaven, où elle commence à se faire connaître. Elle aurait préféré Antiva mais, finalement, le vin pétillant n'est pas loin. Et puis vient cette fête dans le manoir d'un Orlésien, qui avait une certaine passion pour les vins - passion qu'il transmit à la Naine, connaissances qu'elle assimila pour mieux l''abandonner, lui, l'Humain, car la voilà qui tombe sous le charme du contremaître Medryck Ivo. Personne n'aurait pensé qu'elle se serait intéressé à lui, mais sa passion pour l'architecture et ses mots sur la Pierre la touchèrent - ainsi que sa nature pince sans rire. Ils se marient quelques temps après.5:07 de Exaltés Leur mariage accueille un petit garçon, Ori. Quelques années après, la Guerre des Rats éclate et l'on a besoin de contacts et d'argent - beaucoup d'argent. On se tourne vers celle qui a déjà financé la construction de la Grande Cathédrale, et Kada accepte, en échange d'une reconnaissance de dette. Depuis, elle organise régulièrement dans son manoir - qu'elle partage avec Medryck, et parfois ses amants quand il n'est pas là - fêtes et bals, attirant toute la noblesse de la cité, faisant profiter à tous de ses connaissances en vin. 5:13 des Exaltés Rédaction en cours. Sachez qu'elle est l'une des Ivo qui hésite le plus à quitter la cité avec l'annonce du siège à venir.

Joviale et affable, bonne vivante, il ne faudrait pas me prendre pour la plus ébréchée des cruches : je suis l’une des négociatrices les plus acharnées de la Guilde, capable de faire avaler des couleuvres à Tévintides. J’ai débarrassé la ville des rats qui pullulaient et faisaient de cette cité un véritable trou. Pensez-vous que l’argent pour embaucher tous ces mercenaires est tombé du ciel ? Une affaire gagnant-gagnant pour tout le monde - sauf les rats ! Pour la Guilde, j’achète, fais vieillir et revends les meilleurs crus d’Antiva ; je me sers quelques bouteilles au passage, que j’aime appeler des pourboires, pour le plaisir d’admirer et de déguster la meilleure cave de tout Starkhaven… si ce n’est de toutes les Marches Libres. Au moins ma demeure est un lieu de fêtes prisé par toute la noblesse de la cité, quand je désire leur ouvrir mes portes et mes bras.

4:82 des Ténèbres Naissance de Taenar à Marnas Pell, en Tévinter. Autour de lui, le jeune elfe découvre bien que ses « confrères » adoptent deux positions : la plupart ploie le dos sous le labeur et le travail, ravale leur douleur et leur fierté, et finissent rapidement avec le corps et le cœur brisés  ; ou d'autres, plus inconscients, s'opposent vivement à leur condition et sont réprimés avec violence. Le garçon hésite un moment avant de trouver sa position : plus qu'accepter sa naissance, il compte bien l'embrasser, se démarquer et se faire connaître. Quoi qu'il en coûte. Sa famille ne sait pas quoi penser de ses manières mais son aide leur est si précieuse qu'elle finit indubitablement par l'en remercier. 5:05 des Exaltés Alors qu'une nouvelle rébellion éclate à Marnas Pell, en réponse aux troubles que cause la Quatrième et Dernière Marche Exaltée déclenchée par la Chantrie andrastienne, Taenar est témoin d'une scène atroce causée par un esclave sur une famille d'Altus. D'emblée mais avec difficultés, il fait remonter l'information aux autorités en ville qui puniront sévèrement les coupables ; quant au délateur, il est récompensé et entrera directement au service de l'Archonte Imperitri. Cette ascension s'accompagne d'une élévation de vie pour ses proches, aussi, loin de la réalité servile du pays : il s'éduque et découvre qu'il apprécie plutôt bien cela. 5:06 des Exaltés Le service ne durera cependant pas : l'Archonte décide de le vendre à Aerontus Nepos, futur ambassadeur à Starkhaven. L'acte de cession stipule très précisément que Taenar doit être bien traité et bien plus respecté que ne le veut son statut d'esclave ; mais il doit tout de même le servir en retour. L'Elfe dispose d'une certaine liberté dans la Cité-État qui ne comprend pas très bien comment se positionner vis-à-vis de lui ; et tant qu'il peut continuer de s'éduquer et d'apprendre, l'esclave n'en a vraiment pas grand chose à faire de leur avis. Car son maître et lui font tout ce qu'ils peuvent pour préserver les leurs de la Guerre des Rats, au cours de laquelle les risques d'en profiter pour s'en prendre à l'ambassadeur de Tévinter sont plus qu'avérés : mais les deux se préservent, ainsi que leurs proches. 5:13 des Exaltés  Depuis toutes ces années, Taenar s'est habitué aux Havenois et Havenoises comme eux à lui : finalement, l'esclave aux cils papillonnants et aux habits multicolores devient un Elfe, tout simplement, un Tévintide, assurément - comme si cela lui déplaisait, alors qu'au contraire il en rit doucement. Depuis tout ce temps, il a appris à lire dans la bibliothèque d'Aerontus, et s'y est découvert une tendre passion qui occupe son temps libre ; mais c'est une passion qu'il a dû oublier depuis quelques temps maintenant que l'Enclin est déclaré, et que son maître souhaite rester en Starkhaven. Qu'il ait toujours su se faire habilement oublier n'empêche pas certaines personnes de se demander où l'esclave passe la plupart de son temps, loin de la demeure de son maître...

Il existe un certain dégoût des nations du sud pour l’esclavagisme, dégoût qui se transforme en pitié lorsqu’ils me regardent et savent ce que je suis : la plupart n’en demeurent pas moins surpris en ma présence. Laconique, presque nonchalant, je hausse les épaules lorsqu’ils plaignent mon statut. Oui, j’en suis satisfait : la plupart des autres esclaves vivent humiliation et labeur dans l’Impérium quand je vais dans les rue de Starkhaven habillé dans la plus belle mode tévintide, colorée et scintillante. Pourquoi me soucier des milliers d’Elfes croulant sous les fouets, quand les miens sont bien traités et que leurs Elfes des bascloîtres souffrent autant que les autres ? Alors certes, je reste la propriété de l’ambassadeur Nepos, qui m’a acquis juste avant de partir pour la Cité-État marchéenne : mais je suis certain qu’il prend très au sérieux mes conseils, peu importe qu’ils viennent d’un esclave.

4:74 des Ténèbres Un don des dieux au sein du clan Shiralhen : quand Varlas et sa jumelle voient le jour, c'est toute une communauté qui est en fête. Très tôt, le petit garçon se distingue par sa sérénité et sa patience à toute épreuve ainsi que sa grande communion avec la nature : cela le rend un peu solitaire, quoique lui et sa sœur ne sont jamais longtemps séparés. Quand, très jeune, sa magie se déclare et qu'il devient Premier, cela n'étonne personne, et il semble que la bénédiction divine continue à les baigner. Ils n'envisagent pas un instant les tragédies qui vont les frapper. 4:96 des Ténèbres La première arrive quand, alors que Varlas reçoit à peine ses vallaslins dédiés à Sylaise, la déesse du foyer, l'Archiviste du clan Shiralhen décède brutalement. Le voilà précipité à cette position prestigieuse mais ô combien pleine de responsabilités et ce, malgré son jeune âge, malgré son caractère : la solidarité qui unit les Dalatiens le soutient, mais les besoins sont nombreux car leur vie, compliquée ; sa jumelle se tient toujours à ses côtés. En l'honneur de sa déesse tutélaire, il tient l'engagement de son mariage arrangé et prend ses responsabilités. 4:98 des Ténèbres Alors que cela fait des semaines que son Premier, jeune mage en difficulté, est perdu dans l'Après, le clan Shiralhen rencontre le clan Eranavir : de l'aide pourrait être la bienvenue, leur Archiviste étant connue pour être spécialisée dans le monde des rêves. Cependant, malgré tous leurs efforts pour le sauver, rien n'y fait ; et un démon de l'orgueil prend possession de l'enfant pour libérer une abomination sur les Dalatiens. Le combat est extrêmement rude, mais Varlas, gravement blessé mais armé de sa destructive magie, arrive à porter le coup fatal à l'abomination affaiblie par le courage de tous les chasseurs et chasseuses du clan... pour faire face aux horribles conséquences : parmi elles se trouve sa chère jumelle. Cette plaie sera la seule qui ne parviendra jamais à cicatriser. Quelque temps après, les deux archivistes fusionnent leurs clans. 5:05 des Exaltés La fusion n'est pas une affaire si aisée à mener et, à dire vrai, Varlas passe plus de temps à arranger les problèmes qu'à trouver sa paix dans les forêts, ou à se rapprocher des dieux. Alors, parfois, il délègue tout à l'aînée, et disparait plusieurs jours, avant de revenir sans offrir d'explication à son absence. Il devient un fantôme pour sa propre famille, perd pied avec ces responsabilités qu'il avait endossées avec honneur, pourtant. Et l'affaire n'est pas prête de s'arranger : les visions de la seconde Archiviste, Rahnmyatha, lui confirme qu'ils doivent se rapprocher des shemlens, les Humains, pour protéger ce qu'ils restent des leurs. C'est ainsi qu'ils décident de s'établir à proximité de Starkhaven. 5:13 des Exaltés Le refuge que leur offrent les bois de la famille Byrne est assez inespéré : assez pour qu'on ne les inquiète pas trop. Varlas en profite inconsciemment pour lentement s'éloigner de ses responsabilités : même pour sa famille, il devient un fantôme. Du feu de Sylaise, ses prières se tournent vers les songes de Dirthamen, dont les corbeaux deviennent ses propres obstacles. Seulement, voilà que l'Enclin qu'ils craignaient tant s'abat sur Starkhaven et se prépare à assiéger la cité : le clan Tanassavir doit prendre la décision de fuir dans des terres dangereuses ou chercher la protection des murs de la cité. Contre toute attente, les deux archivistes décident de demander refuge aux autorités havenoises, conforté par l'appui des époux Byrne : certains les suivent dans ce choix quand d'autres refusent vivement. Varlas, pourtant, rejoint Ryatha et le poids de ses visions, même si la perspective d'un enfermement dans une ville shemlen le tend... Il sait, pourtant, que pour protéger les siens, ceux-ci vont devoir s'engager à défendre une cité qui les répugne.

Mon ancien clan ne comprend pas que je me mette autant en retrait, que je laisse l’Archiviste Rahnmyatha prendre les rênes et que j’intervienne si peu dans les décisions. Moi qui les ai pourtant toujours menés avec fermeté et bienveillance, qui suis d’ordinaire déterminé et sage. Ils ne comprennent pas parce que je ne leur montre pas les doutes qui me traversent depuis le combat contre le démon et aussi ceux inhérents à cette organisation pour le moins inédite. Ce combat a vu périr nombre des miens, dont ma propre jumelle et a marqué mon visage comme mon âme. Désormais, dans mes sommeils agités, les démons me murmurent et me tentent, prennent un visage connu, le mien ? Ou celui de ma sœur ? Quelle est cette famille dans laquelle je ne me retrouve plus ?

4:79 des Ténèbres Depuis le premier jour où elle a ouvert les yeux, Tilelli n'a jamais vu que des épées longues, des longs couteaux et d'autres fauchards autour d'elle : née à Wycome dans une famille de forgerons d'armes, l'enfant puis l'adolescente a bien tenté d'apprendre à battre le métal comme son père, mais le succès s'avérait moyen et l'utilité ailleurs. Elle préfère prendre les armes en main, découvrir leurs forces et leurs limites, s'amuser contre les mannequins de paille. Bien loin de la rabrouer, ses parents l'encouragent dans cette voie : leur fille devient une duelliste émérite et, au fil des rencontres, se sent l'envie de transmettre ce savoir. 5:01 des Exaltés Les négociations de sa mère permettent à leur famille d'artisans de s'enrichir de la vente de leurs armes pendant la Conquête de Llomeryn, et de se construire une réputation des plus fructueuses : Tilelli multiplie les rencontres intéressantes, commence à se faire un petit nom comme enseignante en arts martiaux, mêlant connaissances des armes, influences antivanes et capacité à se fier à ses instincts. Mais elle se sent bien à l'étroit entre les murs de Wycome : elle rêve d'aventures et de voyages. Et la voilà qui se retrouve à parcourir les Marches Libres, voguant de contrat en contrat, découvrant toutes les Cités-États et leurs mille coutumes. 5:10 des Exaltés Après un temps passé à Kirkwall, un temps où elle a accumulé tant de dettes qu'elle craint pour elle et sa famille, voilà que le conseil d'Hasmal lui propose un contrat des plus alléchants : superviser l'entraînement aux armes de leurs citoyens et citoyennes. Les conseillers sentent bien que les tensions montent et que Tantervale prépare un coup contre eux, et veulent être prêts à se défendre. Quoi de mieux que de s'arroger les services de l'une des maîtres d'armes les plus réputés des Marches Libres ? Tilelli et sa famille arrive dans la petite Cité-État quelques temps avant la Guerre des Trente Jours et elle prend sa mission à cœur. Elle combattra à leurs côtés lors du siège mené par la très-pieuse Tantervale, et sortira de ce mois de combats plus chamboulée et secouée qu'elle ne l'aurait cru. Elle décide de revenir à Wycome pour mettre les siens à l'abri, renoue avec ses parents, cherche à se ressourcer... 5:13 des Exaltés Sauf que le goût du voyage la reprend rapidement, comme le besoin de se dégourdir les jambes, de voir et vivre les évènements du monde : laissant sa famille dans la paisible Wycome, Tilelli reprend la route, s'égare à l'ouest, continue de louer ses services et d'apporter savoir et soutien à qui le nécessite. Elle est aux premières loges lorsque le monde commence à sombrer ; elle voit les regards se baisser et les cœurs s'assombrir ; et c'est avec le même effroi qu'elle regarde l'archidémon survoler toutes ces terres qu'elle a appris à considérer comme son foyer. Elle n'a qu'une envie : rejoindre la Route de Wycome pour protéger les réfugiés et, surtout, rallier sa famille à Starkhaven. Seulement, des semaines durant, elle est retenue loin de la frange orientale des Marches Libres, et ne parvient à la rejoindre que pour constater la chute de la Route de Wycome : elle récoltera une grave blessure qui l'obligera à retourner dans la Cité des Princes. À son réveil dans les Faubourgs de Cairnayr, elle découvre avec effroi deux choses : combien les réfugiés sont incapables de se défendre alors qu'on le leur demande, ce qu'elle essaye de corriger en recevant une pitance trop maigre ; ainsi que la situation de Wycome, qui tient autant qu'elle peut, mais se retrouve abandonnée de Starkhaven... La cité côtière tombe et, avec elle, disparaît les traces de sa famille. La mère, la fille, la soeur, est au bord du désespoir, avant d'être convaincue que tous n'ont pas disparu : peut-être se trouvent-ils au milieu des derniers réfugiés ? Quels morts doit-elle venger ?

Si je suis née avec un marteau à la main, je l'ai rapidement troqué contre une rapière : à moi la route, les contrats et puis, la gloire ! Je connais les Marches Libres comme personne, et dois mon titre de maître d'armes à mon talent dans les arts martiaux. Un jour, je le sais, je prendrai le temps d'apprendre à écrire : alors j'arriverai à publier le plus grand des traités, décoré de si belles enluminures et incroyables gravures que tous les nobles impériaux se l'arracheraient ! Ce rêve, pourtant, j'ai dû l'abandonner quand l'Enclin a éclaté : car aujourd'hui, j'aide ces réfugiés qui ont tout fui car ne sachant pas se défendre, et bien incapables de payer mes services ; et, surtout, je dois me battre pour ma cité et ma famille que le monde a abandonnées et qui pourraient encore être sauvées... ou bien, vengées.