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On est jamais mieux que chez nous !

Hector de Grandbois
Hector de Grandbois
Garde de rang
Garde de rang
Hector de Grandbois
Personnage
Peuple : Humain
Âge : 36 ans
Origine : Noblesse Orlésienne, né en ville.
Occupation : Garde
Localisation : Tavernes ou la commanderie de la garde
Crédits : Holy Warrior, Tomasz Ryger, Artstation
Date d'inscription : 02/09/2022
Messages : 177
Attributs : CC : 20/20
CT : 10/10
End : 16/16
For : 20/20
Perc : 14/14
Ag : 13/13
Vol : 10/10
Ch : 12/12

Classe : Guerrier niveau 2
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https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t1155-hector-de-grandb
On est jamais mieux que chez nous !CHAPITRE DEUX : CEUX QUI MARCHENT DANS LES PAS D'ANDRASTÉ

Type de RPClassique
Date du sujet17 Marchiver 5:13
ParticipantsHector de Grandbois - Saam Van Cauwenberghe
TWVulgarité / Alcool / Allusions sexuelles
Résumé Dans la garnison de la garde de l'ombre, Hector alcoolisé rencontre le petit nouveau de la garnison, le saint Saam.
Pour le recensement


Code:
[code]<ul><li><en3>9 Marchiver 5:13</en3> : <a href="https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t1173-on-est-jamais-mieux-que-chez-nous#15293">On est jamais mieux que chez nous !</a></li></ul><p><u>Hector de Grandbois - Saam Van Cauwenberghe</u> Dans la garnison de la garde de l'ombre, Hector alcoolisé rencontre le petit nouveau de la garnison, le saint Saam.</p>[/code]

Hector de Grandbois
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On est jamais mieux que chez nous !Discutons calmement.

Le ciel avait déjà perdu tout éclat, bon nombre d'habitants de la ville avaient déjà sombré dans un profond sommeil. Les bruits restant à travers Starkhaven étaient ceux des gardes, de quelques criminels ainsi que des retardataires, attendus par leur lit à cette heure si tardive. Dans les halls de la caserne des gardes le grand Hector avance à pas difficile, accompagné de quelques autres hommes, dans un état visiblement guère meilleur que celui de l'ancien noble. Ils avaient patrouillé durant la soirée, principalement dans les divers tavernes de Starkhaven. Aucune engeance à déplorer, bien moins d'alcool dans les honnêtes établissements qu'ils avaient protégés. D'aucun dirait que cette façon d'agir était indigne de l'ordre auquel appartient l'ancien héritier de Grandbois, grand bien leur en fasse. Il n'avait que faire des avis des saints, maintenant beaucoup le savait.

Les quatre gardes progressaient à rythme difficile dans les halls, guidés par une faim non étanchée. Ils avaient beaucoup bu durant la soirée, hélas le repas restait encore à faire. Titubant en groupe les quatre gardes avancèrent doucement vers les cuisines. Dans les couloirs le bruit des quatre comparses heurtent les murs un à un était aisé à entendre. Bien que dans un état second Hector était le plus lucide des gardes, menant ses camarades jusqu'aux cuisines, il fit des efforts pour paraître un maximum silencieux, sans succès. Arrivés à destination les gardes s'empressèrent de manger ce qu'ils trouvaient, emportés par une faim dantesque. Peu enjoué à l'idée de partager sa nourriture l'Orlésien emmena un plateau fournit de tout type de nourriture dans la grande salle à côté et s'installa à table, sans remarquer d'autre présence dans l'ombre. Après tout il n'était pas vraiment en état de chercher. Couteau en main il commença à remplir sa panse, le rythme plus lent qu'à l'accoutumée pouvait rappeler facilement le taux d'alcool élevé dans son sang.

« Hector ! On va... D... Dormir ! »
« Parfait, si vous vous cassez la gueule vous vous démerdez poivrots. »
« Bien sur monsieur le Marquis ! »

Hector s'emporta en un instant, bien entendu les autres gardes s'attendaient à la réaction du colosse qu'ils titillaient en lui rappelant ses origines nobles. Étrangement rapide sur leurs appuis, ils esquivèrent la choppe, encore pleine, lancée à leur égard. Celle-ci s'écrasa contre le sol quelques mètres plus loin, déversant son contenu sur la pierre. Grommelant quelques insultes dans sa langue natale, il se rassit, découragé de poursuivre son offensive par la distance entre eux et lui, il reprit son repas rapidement. Les gardes quittèrent les lieux, laissant quelques rires lointain rappelait leur existence au géant. Le regard de l'ancien héritier de Grandbois balaya la salle, trouvant un peu plus un jeune homme que Hector reconnut. Son regard se replanta rapidement sur son écuelle, bientôt vide.

« T'y crois ça ? C'est moi qu'ils font chier avec ce putain de titre alors qu'on a un vrai nobliau à domicile ! »

Il pointa le jeune garde du doigt tout en enfournant un morceau de fromage dans son bec.

« Z'en pensez quoi votre sainteté ? »

Le ton un peu dédaigneux d'Hector fut bientôt balayé pour un rot sourd du garde.

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On est jamais mieux que chez nous !« Pif paf pouf »


Il fallait croire que les soirées de beuverie faisaient partie intégrante de la mission de la Garde.

En ce cas, mes supérieurs devaient être très déçus : je ne me montrais guère à la hauteur de la tâche. Ne leur en déplût, je ne voyais pas mon devoir au fin fond d'un verre.

Depuis que j'avais intercepté une poignée d'entre eux en pleine résurgence des brumes vaporeuses de l'insomnie et de l'alcool, quelques nuits à peine après mon arrivée à la commanderie de Starkhaven, les escapades arrosées ne s'étaient pas raréfiées, bien au contraire ; mes confrères et consœurs s'étaient obstinés dans leur vice, comme moi dans mon refus de participer à leur glorieuse « tournée d'inspection » des tavernes locales. À leur grand regret, sans aucun doute. J'étais d'une compagnie si agréable lorsque je leur rappelais que chacun de leurs péchés détournait un peu plus le Créateur de Notre sort.

Mon manque d'enthousiasme quant à leurs orgies ne m'avait pas rendu populaire, mais ce n'était pas comme si je m'en étonnais. À l'époque du Cercle, tout ce que les templiers mettaient d'effort pour contrôler les consommations des apprentis n'empêchait pas les tonnelets de circuler, et plus d'une fois avais-je été invité à des « rencontres aménagées » sous l’œil divergent de quelques recrues de l'Ordre complices de l'occasion ; mais, loin de céder à ces écarts que je considérais profondément dangereux en sus d'être illégaux, j'avais tenté dès que j'en avais eu la possibilité d'informer les enchanteurs supérieurs des transactions discrètes qui se manœuvraient à leur insu. Évidemment, ma loyauté n'avait pas favorisé la complaisance des clandestins à mon égard. On m'écarta bien vite de ces festivités interdites, on se mit à me considérer d'un regard méfiant et crépitant de mépris, mais je n'en avais eu cure. En ce qui me concernait, je n'avais rien à me reprocher : j'étais resté fidèle à moi-même, et à ce que les lois divines et morales attendaient de moi.

Si les restrictions n'étaient plus les mêmes au sein de la Garde, je ne comptais pas renier mes valeurs en faveur de leur débauche. J'étais aussi libre que mes coéquipiers. Ce qui incluait la liberté de les réprouver.

De fait, j'ignorais les regards en coin qu'on me distribuait dès lors qu'une « patrouille » revenait de son excursion en terrain aviné. Si je n'en pensais pas moins, je me gardais également d'émettre le moindre commentaire, puisqu'on m'avait fait entendre de manière très claire que mes sermons vertueux n'étaient au goût de personne ici ; soucieux de conserver des relations, sinon sereines, au moins cordiales avec ceux qui étaient voués à devenir comme une seconde famille, je prenais donc sur moi et tenais coite la volée de reproches qui menaçait de s'envoler dès que je croisais une silhouette trébuchante dans le hall. Très vite, je me maintins le plus loin possible des réjouissances, au milieu de mes carnets et de mes corvées. Je réussis presque à recomposer la routine familière de mes veillées d'étude à la tour.

Cependant, le destin, ce cruel farceur, s'amusait parfois à remettre sur notre route les embûches que nous pensions si habilement évitées.

Cette nuit-là, j'étais resté à mon bureau jusqu'au paroxysme de la lune. Je grattais, raturais et noircissais le papier grumeleux de mon carnet personnel, afin d'apposer en langage encré mes déductions sur mon feu intérieur. Le dortoir était presque vide ; si ce n'étaient une ou deux formes indistinctes enroulées dans l'ombre et leurs draps, la plupart des autres recrues s'étaient esquivées en ville, à la suite des Gardes de rang. Certains possédaient un motif de sortie tout à fait respectable. D'autres, en revanche...

Enfin, je m'étais résolu de ne pas laisser poindre ma désapprobation plus loin que mon expression désabusée ; mais je ne pus réprimer un soupir lorsque j'entendis un chœur de voix désinhibées, enflées par l'ivresse, heurter les murs de la commanderie avec autant de fracas que les corps alanguis de leurs propriétaires.

Je ne voulais pas les croiser.

Je ne voulais vraiment pas les croiser. Hors de question d'encore subir les ânonnements inintelligibles de ces gaillards imbibés comme du vieux liège, surtout s'il s'agissait de me traiter d'agnelet au sang bleu, d'oiselle chantriste ou que savais-je de ce que leur imagination abêtie par la consommation pouvait enfanter. J'aurais continué sans une arrière-pensée à rédiger le fruit de mes réflexions si un rai de lumière n'avait pas soudain embrasé une portion de ma table, et de la chambre avec lui, tandis qu'un individu auréolé de la lueur des torches s'encadrait dans la porte entrebâillée du dortoir. Par instinct, je tournais la tête vers l'origine de cette perturbation, et m'en mordis presque aussitôt les doigts lorsque je notai le sourire goguenard qui fendait le visage de l'intrus.

« Saam ? T'es le seul encore debout ? »

J'eus un terrible pressentiment.

« Il semblerait, » répondis-je, circonspect, alors que les deux masses endormies sur les matelas démentaient l'incertitude de mon propos, immobiles malgré l'irruption du nouveau venu et le tintamarre orchestré par les poivrots au rez-de-chaussée.

Le sourire inquiétant de mon interlocuteur s'étira de plus belle, et j'en vins à regretter que mes compagnons eussent le sommeil aussi lourd.

« Y'a de Grandbois et ses ouailles qui sont rentrés de leur p'tite virée, j'crois, » chuchota-t-il d'un ton badin - comme si j'avais pu rester sourd au vacarme digne d'un Enclin que ces rustres produisaient sur leur passage. « J'ai l'impression qu'y sont bien partis pour dévaliser les réserves... Faudrait que quelqu'un aille voir qu'ils vident pas tout. Ou qu'ils se vident pas eux-mêmes... » Très fier de son trait d'esprit, il étouffa un rire de fouine.

Mais son hilarité était moins dirigée vers les Gardes éméchés que mon irréprochable candeur.

« Vous ne sauriez vous en charger ? » essayai-je de lutter, bien que je ne me fisse pas d'illusion. Cet homme savait très bien ce qu'il faisait, surtout en m'envoyant au-devant de messer de Grandbois. Et, de fait, il valida mes craintes d'une dénégation du chef.

Ce n'était pas la bonté d'âme qui l'animait.

« J'reviens de mon tour de garde, là. J'viens juste de finir, je vais me pieuter. Allez, le bleusaillon, » rigola-t-il, « tu vas pas me dire que t'as plus peur de tes frères d'armes que des engeances ? »

Je pris sur moi pour ne rien dévoiler de l'intense déplaisir que me procurait la perspective de relever mes aînés de leur propre vomissure. À la place, j'offris à mon vis-à-vis un sourire docile, suivi d'un « je m'en occupe » qui ne manqua pas de lui révéler quelques dents supplémentaires sur son rictus chafouin, et abandonnai mon carnet derrière moi pour prendre le chemin des cuisines. Sur mon passage, je crus entendre un « bonne chance, Saam ! » qui n'avait rien d'encourageant ; mais je me forçai à conserver ma contenance.

Créateur, aie pitié de Ton humble serviteur, songeai-je au moment de pousser la porte du réfectoire - car les bruits sourds et les beuglements qui en émanaient ne me rassuraient pas sur la lucidité de leurs émetteurs.

Je pénétrai dans la salle à l'instant où une chope, se découvrant des qualités aviaires, vola dans les airs pour s'écraser non loin de l'entrée des cuisines. Une explosion de rires gras et de gesticulations bleu et argent derrière l'encadrement de la porte trahit la présence d'un groupe de Gardes, effectivement occupé à puiser dans les vivres, qui avait été la cible du douteux projectile. La catapulte - une immense montagne de muscles et d'ivresse au moins aussi large d'épaules que j'étais haut, et que je reconnus comme le Garde de Grandbois - se laissa lourdement choir sur sa chaise après son assaut manqué, la bouche tordue sur un chapelet de borborygmes incompréhensibles que l'intonation traduisait sans mal en jurons. Avant que je n'eusse eu le temps de réagir à la scène, la bande de joyeux larrons disparut à l'angle des cuisines, et l'écho de ses ricanements stupides fut bientôt englouti dans les répugnantes mastications du colosse resté en retrait.

Je me massai les sourcils d'un geste las. La bière, échappée de son contenant, se répandait sur le sol de pierre en une flaque brune et disgracieuse qui ne tarda pas à teinter l'air de son effluve reconnaissable. En vertu des plus élémentaires notions de respect et d'hygiène qui m'avaient été inculquées, je ne pouvais laisser un tel désastre en l'état, surtout si Senaste devait débarquer sur les lieux le lendemain matin ; mais, bien sûr, il ne fallait pas compter sur mes camarades, pour certains occupés, la plupart endormis et les derniers enivrés jusqu'à la moelle, pour se charger de la corvée de nettoyage à ma place.

Au moins, il ne semblait pas y avoir trace de salissure plus sordide que du mauvais alcool.

Résigné, je me glissai entre les tables en quête du nécessaire pour éponger la coulée de houblon, lorsque l'ivrogne posté à l'autre bout de la pièce s'emporta contre sa propre assiette, d'une élocution abrutie par l'ébriété et la colère.

« T'y crois ça ? C'est moi qu'ils font chier avec ce putain de titre alors qu'on a un vrai nobliau à domicile ! »

Oh, non. Je savais où cela allait nous mener.

Hector de Grandbois, mastodonte s'il en fallait, était réputé pour sa brutalité assumée autant que la violence avec laquelle il rejetait ses hautes origines. À dire vrai, avant que je ne l'eusse appris au cours d'une altercation entre lui et un plaisantin mal avisé, jamais ne me serais-je douté que ce sinistre morceau d'Orlésien couturé de cicatrices était issu de la noblesse. On ne pouvait dire qu'il en arborait la mise, ni les manières, et si ce singulier maquillage de soudard était chez lui un jeu volontaire, je devais lui reconnaître un impressionnant talent d'acteur.

Mais je ne pensais pas qu'il fît semblant. Sa rudesse de corps et d'esprit était par trop dérangeante pour ne pas être sincère.

Je ne savais ce qui l'avait amené à haïr avec une telle passion son milieu de naissance. J'avais cru comprendre qu'il avait renoncé à son rang après un lourd différend avec sa famille, mais les murmures captés çà et là parmi les rumeurs créatives des recrues ne m'en avaient pas révélé davantage - rien de crédible, du moins. Un truand mi-homme mi-bête qui aurait massacré et dévoré toute sa lignée avant de rejoindre la Garde pour reporter sa soif de sang insatiable sur les engeances ? Impossible. Pareil démon incarné n'aurait jamais pu trouver le chemin de la Garde avant de croiser celui de la justice.

Quoiqu'il en fût, je n'avais pas éprouvé d'intérêt à me renseigner sur sa vie. Messer de Grandbois ne se qualifiait pas comme figure sympathique ; je crois que c'était encore plus vrai dans mon cas, car, de par mes ascendances nobles, il ne pouvait tourner le regard vers moi sans l'agrémenter d'une raillerie sardonique. Dès notre première rencontre, les allusions à mon encontre fusèrent, soutenues et amplifiées par un petit groupe de ses comparses les plus zélés, et n'avaient fait qu'empirer suite à la critique affichée que j'avais faite de leurs abus déplorables.

Aussi ne me surpris-je pas à entendre résonner la provocation du Garde saoul ; je me contentai de l'ignorer, filant sans un mot vers le débarras où je savais que quelques affaires de ménage étaient stockées, pourtant il persista à m'accuser de son gros doigt couvert de graisse.

« Z'en pensez quoi votre sainteté ? »

Sa question se déforma sous l'impulsion grotesque de l'une des éructations les plus ignobles que j'eusse jamais entendue de ma vie.

Cette fois, un souffle sec s'échappa de mon nez. J'avais ouvert la porte du réduit pour m'emparer d'une serpillère et d'un seau de bois ; sans daigner répondre de suite à mon tourmenteur, je rabattis le panneau et me rendis d'un pas vif jusqu'à la chope renversée, que je replaçai sur une table. Je m'accroupis devant la flaque.

Et m'attelai à la tâche.

« En premier lieu, il serait de bon ton pour vous de ne point ignorer qu'un tel titre revient d'abord et avant tout à Notre Gracieuse Divine, plus dévouée des servantes du Créateur, » entamai-je d'une voix détachée, essuyant à deux mains le liquide malodorant. « Quoiqu'il puisse s'agir d'un grand honneur d'être traité comme Son égal, cela ne me sied guère - et puis, de vous à moi, je doute que votre intention était de me flatter, n'est-ce pas ? » Le chiffon, gorgé de bière, rejoignit le ventre vide du seau où je l'essorai avec vigueur. « Ensuite, messer de Grandbois, sachez que de par ma condition de mage, je n'ai plus droit à aucune prétention noble depuis mes onze ans. Au Cercle, je n'ai pas vécu différemment des apprentis issus de milieux moins illustres ; ajoutons à cela que j'ai scellé la fatalité en choisissant d'endosser l'uniforme de la Garde, et je crains, messer, de devoir vous dire que "ce que j'en pense", c'est que vous tenez bien plus du noble que moi. »

Sur ces paroles bien senties - peut-être même un peu plus piquantes que prévues, mais, qu'Andrasté me pardonne, quelle libération ! - je terminai ma besogne dans un silence lourd de sens.

Hector de Grandbois
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Le petit nobliau faisait parti des gardes qu'Hector avait du mal à apprécier, il représentait ce que l'ancien héritier de Grandbois appréciait le moins dans la noblesse. Emmurés dans des mensonges, cachés derrières des principes qu'ils sont prêts à baffouer pour un peu de pouvoir et d'or. Le manteau de gloire construits par les êtres au sang bleu est leur plus grand succès, ils se servent de son rayonnement pour tenir dans le creu de leur main ceux qui font leur véritable richesse. Ces innombrables âmes perverties par le pouvoir se donnent des missions de sainteté et d'honneur alors qu'ils ne sont en rien différent de ceux qu'ils tiennent en si basse estime. Bien qu'aujourd'hui perdu dans le combat de la garde des ombres et noyé dans l'alcool, il se souvenait toujours de la haine viscéral qui l'avait poussé il y a des années à commettre un crime sauvage, considéré comme impardonable pour tant de personnes.

Une belle insulte que d'avoir vécu aussi longtemps sans se cacher d'un tel crime. Dans la garde il avait été pardonné pour les meurtres, certains regards continuaient de porter sur lui un grand jugement, coupable de ce meurtre tant bien que mal que la raison leur échappe. Mais à quoi bon se défendre ? Jamais il ne l'avait envisagé, tant ceux qui le voyaient comme coupable ne pouvait un instant penser que la cause qu'il avait porté méritait de faire couler le sang bleu.

Certes, le jeune Saam n'avait pas, à sa connaissance, commit d'acte aussi vil, mais sa personnalité et son passif suffisaient pour qu'Hector le juge comme tant de nobles. Peut-être ce jugement était-il trop rapide, mais il ne pouvait le retirer. D'un regard plein de dédain il regarda le blondinnet entretenir le sol, là ou le liquide de sa précédente choppe était venu s'écraser. Il répondit au boucher de Grandbois, sur un ton détaché, calme, qui ne manquait pas d'attiser la rancoeur alcoolisée du garde. Votre sainteté ne lui allait pas, pourtant ce sobriquet était bien trouvé pour l'homme d'alcool qu'était Hector à cet instant. Le cureton comprenait tout de même que le garde ne voulait pas le flatter avec les termes faussement respectueux. Le calme d'Hector contrastait avec sa pensée rageuse. Bien évidemment qu'il ne vouait pas suffisament de respect au gamin pour le révérer avec honneur, ni qui que ce soit honnètement. Le fanatisme de certains n'était que la stupidité pour Hector, fut-il pour un dieu ou une personne. Après tout, chaque roi n'était que de chaire et de sang, les tout-puissants ne se perdaient plus dans un monde qui partait en catastrophe et chacun savait au fond qu'ils ne pouvaient compter que sur eux-même.

Les derniers mots du nobliau continuèrent d'attiser l'état colérique et alcoolique d'Hector. Il était plus noble que le gamin ? Peut-être avait-il vécu plus longtemps dans ce milieu qu'il haissait tant, mais aucunement ne pouvait-il accepter d'être noble sur un quelconque niveau. Ni le luxe, ni le pouvoir, ni l'or n'avait réussi à le persuader d'embrasser cette vie, alors ce n'était pas ce jeune garde qui lui dirait ce qu'il était. Balayant les mots de Saam d'un revers de la main, Hector vida ce qu'il restait de sa dernière choppe avant de se lever, emportant avec lui le pichet. Lentement il serpenta jusqu'au jeune garde, prenant bien soin de verser de l'alcool de sa position jusqu'à celle du blondinet, laissant une trainée irrégulière d'alcool jusqu'à arriver à destination. De toute sa hauteur il toisa le gamin, puis reprit la parole en vidant tristement ce qu'il restait du pichet dans son gosier.

« Tu te crois si bien que ça hein ? Tu t'imagines déjà au côtés de ta gracieuse machine ? Tu vois, c'est le problème des petits nobliau dans ton genre ça. Tu penses être si bien, si parfait, caché derrière tes principes. Attends un peu, attends un peu de les voir se briser lorsque tu verras enfin ce qu'il y a dehors. Tu restes planqué dans un monde juste et beau, ce n'est pas celui dans lequel tu es maintenant. Alors ne te pense pas supérieur à nous autre, pauvres gardes perdus dans l'alcool, malgré la mission divine que tu penses être la tienne, tu... »

Un hoquet vient perturber les mots d'Hector qui s'arrêta net de parler, puis resta immobile quelques instants, comme tentant de refrener une envie soudaine. Il se plaqua contre le mur, prêt de la trace d'alcool et se laissa glisser un peu. La soirée avait été bien arrosé et voilà maintenant qu'il peinait vraiment à tenir droit. Un peu de repos, voilà ce dont il avait besoin.

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Je n'eus pas à attendre longtemps avant qu'une plainte sonore de pieds de chaise retentît dans mon dos. Messer de Grandbois s'était relevé en repoussant son siège dans un élan d'humeur ; absorbé par mon nettoyage autant que par le dédain que l'ivrogne m'inspirait, je ne daignai pas m'interrompre, ni lui accorder le moindre regard alors que ses pas pesants de brute avinée s'approchaient avec une lenteur qui aurait pu se révéler intimidante, si je ne l'avais pas su dictée par l'ivresse. Impassible, je tordai mon torchon imbibé d'alcool au-dessus du seau lorsqu'un étrange crépitement couvrit le frottement irrégulier des semelles de cuir. L'aiguillon de l'agacement me détourna de ma tâche pour surprendre le colosse à quelques enjambées de moi, dressé entre les tables, la lueur éteinte de ses petits yeux noirs dissimulant toute la virulence de ses pensées... tandis que son pichet de boisson, bec renversé vers le sol au bout de son bras, se vidait à gros bouillon sur la pierre lisse. Un fil discontinu de mauvaise bière retraçait le parcours du molosse jusqu'à moi, et répandait avec lui un odieux mélange de mépris et d'amère puanteur houblonnée. Je réprimai un rictus.

« Vous n'avez donc aucun respect de vous-même... »

La réplique siffla entre mes dents serrées, assez basse, peut-être, pour que son destinataire n'entendît rien ; du moins, il ne réagit pas, et se contenta de me jauger du sommet de sa stature de géant. Son nez rougi et gonflé rendait son visage grotesque, comme les masques disproportionnés de ces saltimbanques de rue que j'avais parfois vus caracoler devant la commanderie. Je lui rendis son regard de front, sans ajouter un mot. Agenouillé au pied d'un parangon de débauche, je me sentais pourtant plus haut que son orgueil engorgé par la fierté du vice.

Que pouvait-il bien espérer de ses frasques répugnantes, alors que j'avais de mon côté la vertu, la justesse d'esprit, les préceptes du Créateur et l'amour d'Andrasté ?

« Tu te crois si bien que ça hein ? » Le Garde s'était repu d'une dernière gorgée d'alcool, qui rendit sa gueule baveuse pendant qu'il poursuivait : « Tu t'imagines déjà auprès de ta gracieuse machine ? » Son insolence envers Sa Sainteté tira des éclairs de mon regard, et je m'apprêtai à l'enjoindre séant de ne point blasphémer en ma présence ; mais Andrasté nous enseignait la compréhension et le pardon, et l'individu, tout abject qu'il fût, n'était clairement plus en pleine maîtrise de ses moyens. Je pris sur moi le nouvel affront et décidai de me taire, afin de ne pas envenimer une situation déjà bien malheureuse. « Tu vois, c'est le problème des petits nobliaux dans ton genre ça. Tu penses être si bien, si parfait, caché derrière tes principes. Attends un peu, attends un peu de les voir se briser lorsque tu verras enfin ce qu'il y a dehors. Tu restes planqué dans un monde juste et beau, ce n'est pas celui dans lequel tu es maintenant. »

Si je reste « planqué » dans un monde juste et beau, comme vous semblez le penser, comment expliquez-vous que je me retrouve ici, face à vous, à me faire insulter pour la raison même qui m'a poussé à quitter le confort d'une existence bien établie, et à prêter mon bras et ma foi à la lutte contre les suppôts de l'horreur ? La pique me démangeait les lèvres, mais le malotru ne me laissa pas l'opportunité de la libérer. « Alors ne te pense pas supérieur à nous autres, pauvres Gardes perdus dans l'alcool, malgré la mission divine que tu penses être la tienne, tu... »

Sa tirade, beaucoup trop longue, beaucoup trop véhémente, avait commencé de vaciller avant qu'un début de haut-le-cœur ne le forçât au silence. Messer de Grandbois parut produire un effort douloureux pour étouffer les protestations — légitimes — de son ventre face au traitement injuste qu'il lui infligeait. Pour ma part, j'avais terminé d'éponger la bière de ma partie de sol ; m'attendait encore le ruisselet que l'aimable officier avait trouvé spirituel de déverser partout ailleurs, cependant la brusque dégradation de son état m'incita plutôt à le surveiller du coin de l’œil. Compatissais-je à sa détresse dévoyée ? Non. Le soûlard avait cherché son malheur. J'étais uniquement soucieux de ce qu'un Garde de rang se trouvait mal devant moi, qu'importaient les raisons qui me poussaient à le réprouver. Que cela me plût ou non, mon devoir exigeait aussi de mettre de côté mes vexations personnelles afin de servir au mieux mes supérieurs, y compris et surtout lorsqu'ils n'étaient pas en mesure de se servir eux-mêmes. Cela faisait partie de mes principes, oui, ceux-là mêmes que ce de Grandbois venait de moquer vertement.

De nous deux, qui fallait-il vraiment blâmer ?

Quand le seigneur orlésien se laissa péniblement glisser contre la solidité salutaire du mur, je me remis debout, jetant le chiffon dans le seau, et me retournai vers lui d'une rotation des talons parfaitement contrôlée, le menton droit et le maintien digne. « Messer, je ne me pense supérieur à personne. Ce sont les gens de votre envergure qui préfèrent ployer l'échine au nom du désespoir. »

Je maquillai habillement la colère qui m'habitait. Les yeux rivés au visage malmené de mon vis-à-vis, sans fléchir, je laissai passer un instant de silence avant de me rapprocher. Nulle forme d'émotion superflue ne sourdait de mes gestes, soigneusement mesurés, lorsque j'offris au guerrier ivre un bras secourable. « Vous avez bien assez consommé pour ce soir. » Il était rare qu'on me vît mine aussi sombre, ou ton plus lourd de sens. « Vous n'arrivez même plus à tenir debout. Laissez-moi vous reconduire à vos appartements. » Parce que mon devoir impliquait que je vinsse en aide à ceux dans le besoin, qui qu'ils fussent, quoi qu'ils pensassent ; et que, pour cette mission divine qui prenait tout mon cœur, pour ce monde juste et beau que je savais exister seulement au plus profond de mes espoirs, mais que je m'efforçais de faire réalité par chacune de mes actions sous la lumière du Créateur, je n'allais pas laisser mon aîné d'âge et d'expérience dépérir, par volonté ou résignation, sur le chemin de la dépravation.

Hector de Grandbois
Hector de Grandbois
Garde de rang
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Hector de Grandbois
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Peuple : Humain
Âge : 36 ans
Origine : Noblesse Orlésienne, né en ville.
Occupation : Garde
Localisation : Tavernes ou la commanderie de la garde
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Date d'inscription : 02/09/2022
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On est jamais mieux que chez nous !Discutons calmement.

Aucun mot ne pouvait résumer aisément le dédain qu'il ressentait, peut-être ici l'alcool accentuait-il les pensées néfastes du garde, mais en cet instant il n'y avait que les années de dégoûts pour la noblesse qui ressortaient. Et puis quelques rejets d'alcool, remontant de son estomac. Maintenant au sol le colosse peinait encore plus à penser. Malgré tout il savait, il savait : ce gamin était encore un nobliau qui ne méritait ni plus ni moins que de comprendre violemment dans quel monde il vivait. Il parlait d'un ton faussement respectueux, se murait dans des paroles trop polies pour être véritables, se cachait derrière des fresques héroïques auxquels personne ne croyait. Non, il n'était guère plus qu'un autre de ces petits parasites gangrenant le monde. Il voulait devenir un garde ? Pourquoi donc, pour se faire bien voir auprès de sa famille ? Pour flatter l'égo de celui qui se pensait juste ? Bien entendu, lui qui était enfermé au sommet de cet tour d'ivoire n'avait pas de compréhension de la réalité, il ignorait tout du monde cruel qui allait s'ouvrir à lui, des épreuves, du sang et des efforts qu'il devrait affronter pour se glorifier un peu plus auprès de ces déités calculatrices et immorales.

Hector laissa un petit sourire gagner ses lèvres. Bien qu'il n'avait guère la force de juger bien plus le petit homme en cet instant, il se réjouissait à l'idée de le voir se briser devant cette masse de désillusion, de chuter face à cette falaise de morts, celle qui ornait la voie des gardes. Il n'avait pas ce qu'il fallait pour être un garde, ni même quoi que ce soit de plus qu'un orateur d'or. Il aurait son futur avec les siens, les privilégiés, les puissants, ceux qui peuvent se permettre d'utiliser pour arme leur verbe et de condamner ceux qui doivent faire usage d'une lame pour leur survie. Triste ironie que celle-ci, protégés tous les jours par ceux qui manient les arts de la guerre ils aiment pourtant se draper dans des discours de paix et de prospérité, tout en espérant que le commun des mortels ne comprennent pas que cette paix et cette prospérité sont nées du sang et de la mort des milliers d'innocents, tout cela pour ne conserver que ce ne possédant en leur âme qu'un vice les entrainant à vouloir rejoindre ces nobles, ces orateurs, ces puissants. Alors il parlait, bon menteur qu'il était. Il ne se pensait supérieur à personne, préférant juger les gens de l'envergure du garde, de son envergure. Il ne se croyait pas supérieur ? Cette simple pensée arracha un sourire plus franc au colosse.

« Et pourtant tu t'arraches aux gens de mon envergure, te voilà si différent, pourtant tu n'es que notre égal ? Mensonge que cela, car si égal tu étais, tu serais bien moins enclin à juger. »

Son ton portait moins de dédain, déjà vaincu par l'alcool il ne pouvait plus laisser la haine transpirer aussi purement. Il se cachait maintenant derrière l'idée des mauvais jours qui attendaient le jeune homme, laissant ce qu'il restait de lettre dans son verbe parler à ce petit voyou qui chutera par le futur. Rien ne valait plus que voir le visage de ces menteurs s'effondrer, ou presque rien. Le jour où il saignera il comprendra, il n'est pas différent et ce désespoir qu'il se refuse à voir n'est que le triste reflet de la réalité. Le sourire sur le visage d'Hector diminua alors qu'il retint avec difficulté un premier rejet d'alcool.

« Je vais gerber... »


Il tendit sa main, alors même que les deux s'opposait il semblait avoir une bizarre envie d'accompagner le grand guerrier jusqu'à ce qu'il trouve son lit pour terminer cette nuit. Drôle d'idée, d'ordinaire Hector se plait à rester au sol, montant la garde jusqu'à ce que le soleil ne vienne le relayer et qu'une bouche pâteuse ne lui rappelle pourquoi il était restait en sentinelle jusque là. Le regard du boucher de Grandbois remonta jusqu'aux yeux du petit homme. Il resta à le fixer quelques instants, cherchant à quel jeu il s'adonnait maintenant. Étrangement il n'en trouva aucun, peut-être simplement ne voulait-il pas de lui dans ses pattes d'ici que le soleil ne se lève. Qu'importe, Hector n'avait guère envie de passer sur cette occasion de dormir dans son lit. Étrangement il faisait facilement confiance à celui qu'il n'aimait que si peu, il n'était pas encore un garde, il n'avait pas encore gagné assez pour avoir le droit à un respect réel du colosse, pour l'instant l'Orlésien se contentait d'accepter sans trop de questions. Il attrapa le bras tendu du jeune garçon et tira de toutes ses forces pour se relever, priant pour qu'il parvienne à tenir debout face à la masse qui pendait maintenant à son bras.

« Merci. »

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On est jamais mieux que chez nous !« Pif paf pouf »


Je suppose que j'étais fatigué. Fatigué de cette rancœur purulente, de ce mépris exhibé avec une ferveur presque patriote, de ce remugle de haine qui puisait son identité dans la consécration du vil et sa vocation à l'anéantissement de tout ce que je symbolisais. J'étais fatigué de ce faciès difforme, ce mufle d'ivrogne borné à vomir sa bile houblonnée sur chaque précepte et chaque valeur tissés parmi les fibres de mon être ; et les crispations spasmodiques qui gondolaient périodiquement la lippe du malotru auguraient que de métaphorique, l'analogie prendrait bientôt des aspects fétidement concrets. De ce colosse aux pieds de bourbe avachi devant moi, je restai à distance respectueuse, les bottes détournées sans que je n'en prisse conscience sous la révulsion intestine de mon corps envers cette montagne de fierté stérile qu'elle décrétait cynique et que je déclarais pathétique. De la pitié ; voilà le mieux que ce noble, ce vétéran, ce Garde de rang qui tenait puissance et prestige à portée de ses mains calleuses, et préférait noyer ces dons d'Andrasté dans un marasme d'alcool, jusqu'à l'enlisement, jusqu'à la lie, pouvait bien espérer de ma part. Le Créateur savait combien d'infirmes, d'incapables, de miséreux et d'oubliés du sort auraient voulu dans leur manche ses atouts innés pour surmonter le jeu injuste de la vie ; le Créateur savait ce qu'ils et elles auraient fait de ses chances, pour peu qu'on les leur eût accordées ! Ce qu'ils feraient, désormais, pour en obtenir ne serait-ce qu'une pincée ! Et pourtant, voilà que cet homme qui aurait pu être grand et brave ne l'était qu'en valeur de chair, non à celle de l'âme ; et se laissait échouer au pied d'un stupide gamin illusionné, barbotant dans ses régurgitations comme un naufragé de sa propre tempête.

Pathétique.

« Et pourtant tu t'arraches aux gens de mon envergure, »
bafouilla messer de Grandbois sous un sourire fade. L'ivresse mâcha la moitié de ses mots, et même en y portant un réel intérêt, je n'aurais pas su en faire de sens. « Te voilà si différent, pourtant tu n'es que notre égal ? Mensonge que cela, car si égal tu étais, tu serais bien moins enclin à juger. »

Pour vous donc, un égal se doit de consentir à tous les caprices de ses congénères, y compris leurs égarements et leurs torts ?  Oh, oui, j'étais fatigué ; à dire vrai, je n'avais aucune envie de renchérir ; je ne répliquai rien alors, cependant je ne pouvais retenir mon cœur de se révolter dans ma poitrine. Confronter autrui à la vérité de ses exactions est parfois l'unique moyen de lui venir en aide. Et j'avais cessé de compter les prêches que j'avais menés à mes anciens camarades du Cercle - tous mes égaux, quoi qu'eux ou moi en pensassions, quelles que fussent nos volontés et nos origines - qui se perdaient sur des sentiers dangereux ; il y avait ceux qui s'en étaient sortis, ceux qui m'avaient écouté, et ceux qui avaient persisté. Qu'arrivait-il aux mages qui s'abîmaient loin des voies de la Providence ? Malheureusement, nul n'aspirait à leurs épilogues.

Le guerrier éructa un autre râle.

« Je vais gerber... »

Ecoeuré, ma première impulsion fut de reculer ; la seconde me contint sur place. C'était puéril, sans doute, un accès d'orgueil déplacé, mais il était hors de question que l'Orlésien saoul s'appuyât sur mon dégoût - légitime - pour m'insulter davantage. Ainsi, plutôt que de battre en retraite, je voulus faire preuve de cette noblesse qu'il dédaignait tant, et lui tendis ma main.

Qu'il constatât que la peur et la répugnance n'arriveraient pas à me faire renoncer.

« Merci. » Il y eut peut-être une lueur d'étonnement au fond de ses yeux plissés, avant de pâlir si vite qu'elle put n'être qu'un mirage. Je tirai satisfaction néanmoins dans la seule éventualité de sa présence. L'individu s'était-il tant bercé de ses convictions putrides qu'un simple acte de dignité semait la confusion dans son esprit déjà embrumé ?

Pathétique.

La masse de muscles s'ébranla. Une paume plus vaste que ma main étendue quitta le pavé mouillé de bière. Stoïque, je laissai le poivrot se démener pour mouvoir sa carcasse récalcitrante, le regard suspendu à ses naseaux rougis, son front brillant comme un fruit trop mûr, et surtout sa bouche de coin qui menaçait à tout instant de céder sa digue.

Pathéti...

Les doigts m'agrippèrent sans prévenir et tirèrent sans égard. Le poids de mon fardeau humain me prit au dépourvu, et l'acidité de mes reproches s'évapora sous l'effort que je produisis pour ne pas vaciller. Je n'étais pas un athlète, mais je me considérais de constitution correcte en dépit d'une existence tournée vers l'étude, et l'idée ne m'avait pas caressé l'esprit que la carrure d'un géant, pis encore, d'un géant lourd de vin, fût une charge quelque peu supérieure à mes capacités physiques. Je me retrouvai bientôt à gronder en m'arc-boutant, le visage contracté de peine et de surprise, à patiner vainement et sans grâce aucune pour tenter d'échapper au triste destin que l'attraction terrestre imposait inexorablement aux équilibres précaires. Ma lutte vaillante retarda l'inévitable deux brèves secondes.

Et puis mes forces m'abandonnèrent, je basculai, entraîné par ma faiblesse, pour rejoindre messer de Grandbois sur le sol dur et froid - qui ne manqua pas de réserver à mon fondement une brutale accolade.

« Aïe !  »

Le cri fusa avant que mon amour-propre n'eût pu le réaliser. Des vagues de douleur remontaient de mon coccyx ; avec un rictus, je sifflai ma misère entre mes dents. La violence du choc fut à la mesure de l'énergie appliquée à l'éviter, et à mon grand dam, j'avais déployé beaucoup d'énergie.  

Aussi brusquement que j'avais chu, un rire tonitruant éclata dans le réfectoire comme une outre arrivée au point de rupture ; ses échos enhardis se répercutèrent d'un mur à l'autre avec la vigueur d'une volée de cloches, et guère moins de vacarme. Si ce n'était pas déjà le cas, l'ensemble de la commanderie devait désormais être informé de ma déconvenue.

Je transperçai l'Orlésien hilare d'un regard de suprême outrage, à même de réduire au silence, mettons, un bambin polisson, mais certainement pas un soudard de la Garde imbibé jusqu'à la morgue. Moins encore si l'on soulignait l'intéressante composition de rouge furieux et de blanc livide qui faisait sûrement le siège de mes joues brûlantes.

« Ce n'est ABSOLUMENT PAS drôle ! »

Bien sûr que ça l'était, et mon message fut jeté à la dérive. Il était peu probable que messer de Grandbois s'inquiétât de la susceptibilité du garnement qu'il se plaisait à railler jusque-là et, de fait, la cantine ne désemplissait pas de ses rires. Fait rare, je lâchai un juron très imagé en névarran - regretterais, plus tard, et irais m'en repentir à la chapelle lorsque le souvenir reviendrait me hanter - en tâtant prudemment mon fessier endolori.

Créateur, faites que je ne me sois rien cassé.

Le plus gros de l'incident passé, je gardai mon humiliation en travers de la gorge. Pourtant, je n'avais pas perdu de vue mon objectif ; et si messer de Grandbois pouvait bien se noyer dans ses larmes de rire, sur mon honneur, je ne m'avouerais pas vaincu si facilement.

« Je vais vous épauler. » Je ramenai mes mains près de mes cuisses pour me soulever avec précaution, étouffai une grimace quand les os de mon bassin protestèrent contre l'agression qu'ils avaient subie, et, agenouillé, me rapprochai du mastodonte pour glisser mon bras sous les siens. « Ça devrait... m'aider à répartir les forces, mais au nom du Créateur, je vous en conjure, servez-vous aussi de vos pieds ! »

Hector de Grandbois
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Pourtant la prière du garde ne trouva pas sa cible... Ou bien était-ce l'inverse? Face à la force physique et la masse qu'était Hector, le petit Saam peinait. Debout, il cherchait à lever cette immense monstruosité d'alcool et de sang, sans succès. Le garde poussait tant bien que mal sur ses jambes, mais lorsqu'il sentit le jeune faiblir, un petit diable vint murmurer quelques mots à ses oreilles. Les jambes du colosse cessèrent de pousser et sa poigne, toujours forte, se verrouilla. Le jeune initié bascula. Emporté par son ainé, Saam s'effondra. Lorsqu'il heurta le sol, il exprima sa douleur, tout comme son corps semblait avoir une certaine honte face à cette manœuvre ratée. Pour Hector, la réaction fut immédiate. Fier et hilaire il se laissa emporté et un grand rire rauque emplit bientôt la pièce. Le résultat de l'héroique tentative du petit nobliau était d'autant plus drôle qu'il refusait de le voir, clamant haut et fort que la situation n'était pas drôle. Pour toute réponse Hector rit plus fort, une magnifique façon de finir la soirée.

Porté par le ridicule de la situation et l'agacement de l'initié Hector se calma, sa colère fut remplacée par de la joie, de l'amusement. Sur les deux gardes un des deux avait pour l'instant oublié tout le mal qu'il pensait de son collègue. Les grands bras d'Hector vinrent frapper régulièrement les cuisses de l'Orlésien, prouvant sa joie en cet instant.

« Merci ! Très bon événement de fin de soirée ! »

Le jeune mage reprit son grand projet, redressé après une grimace légère, il retournait aider l'ancien héritier de Grandbois à regagner sa posture debout. Sans prendre autant de risque cette fois, il attaquait cette mission avec des astuces incroyables pour soulever Hector, tout en implorant le guerrier de forcer aussi. Peinant à terminer son rire Hector finit par coopérer, poussant sur ses jambes pour retrouver une posture debout difficile à tenir, tant le sol semblait bouger à grande vitesse. En cet instant les murs aussi semblaient vouloir venir se refermer sur le boucher de Grandbois. A peu près debout, il prit quelques instants de silence avant de reprendre la parole.

« Hey, je suis debout ! Par contre ça tremble beaucoup... »

Ses yeux, regardant plus ou moins dans la même direction, n'arrivaient guère à se fixer sur un point, emportés à leur tour par la marée d'alcool qui s'écoulait dans le corps du garde de rang. Le sourire présent sur son visage s'effaça petit à petit, laissant apparaître l'air usé et fatigué du guerrier, le prix à payer après avoir autant de débauche en si peu de temps. Titubant difficilement, il reprit la parole, non sans bégayer quelques mots.

« Gdsfk.. Pfsd... Pourquoi tu m'aides en vrai ? Me dis pas que je t'ai motivé, je pense que je pourrai pas te croire. »

Quoi que, visiblement terrassé par les boissons, l'état du cerveau d'Hector n'était pas clair.

« Tu n'as pas quelque chose de plus intéressant à faire en ce moment ? J'ai l'habitude en plus, c'est pas si peu confortable par terre... »

Par les trois cils d'Andrasté, il disait vrai, une bonne partie des pierres de la commanderie avaient déjà accueuilli le corps vaincu d'Hector au terme d'une soirée à breuvages. La plupart des gardes se contentaient de ne pas y faire attention, ou de se moquer le lendemain et le grand gaillard n'avait rien à y redire, c'était un simple prix à payer.

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