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Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or - Vera

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Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'orCHAPITRE DEUX : CEUX QUI MARCHENT DANS LES PAS D'ANDRASTÉ

Type de RP Classique
Date du sujet 3 Marchiver 5 : 13
Participants Vera, Andra Valheim
TW Prostitution, Sexualité, Vulgarité
Résumé Andra rend compte à Vera de la santé de ses pensionnaires après inspection, selon un partenariat récent qui commence à porter ses fruits.
Pour le recensement


Code:
[code]<ul><li><en3>3 Marchiver 5 : 13 </en3> : <a href="https://ainsi-tomba-thedas.forumactif.com/t1142-tu-m-as-donne-ta-boue-et-j-en-ai-fait-de-l-or-vera#14885">Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or </a></li></ul><p><u>Vera, Andra Valheim.</u> Andra rend compte à Vera de la santé de ses pensionnaires après inspection, selon un partenariat récent qui commence à porter ses fruits..</p>[/code]

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Un jour qu’un autre Garde lui avait demandé pourquoi elle s’échinait à proposer ses services aux bas-fonds les plus sordides, Andra avait répondu après un long silence que les méprisés devaient savoir s’entraider. L’homme n’avait pas compris. Comment aurait-il pu ? Fils d’une famille de petite noblesse orlésienne, il avait rejoint la Garde autant par idéal que parce qu’il était un cinquième fils et que l’Ordre des Templiers avait déjà pris un de ses frères. Ne lui restait donc plus que la prêtrise, avec bien peu de chances de s’élever en raison de son genre, ou la Garde pour rêver de gloire. Il avait choisi cette dernière. Il avait toujours eu à manger et un toit sur la tête, et on le saluait à l’extérieur. Les seuls regards hostiles à affronter étaient ceux qui n’aimaient guère leur organisation, et son orgueil faisait un barrage efficace à ce dernier. Il ne connaissait pas ce qu’était le mépris réel, dans sa chair, celui adressé à ce que l’on est, celui dont on sait pertinemment qu’on ne peut se défaire. Celui qui marque, plus encore que ce stigmate social qu’il est impossible d’enlever. Andra le connaissait intimement. En vérité, elle avait d’abord connu sa sœur aînée, la haine, puis son frère cadet, le dégoût, et cette famille l’avait adoptée avec une douceur putride qui lui collait à la peau. C’était la pitié de ceux qui voyait son visage. C’était l’horreur de ceux qui remarquait ses robes, son bâton. C’était les voix qui s’étranglaient ou grondaient. C’étaient les pieds qui accéléraient nerveusement. C’étaient les insultes murmurées ou hurlées. C’étaient les accusations qui résonnaient encore et encore. Alors Andra admettait avoir une affection pour la boue. Parce qu’elle avait été suffisamment foulée au pied pour ne pas mépriser celle qui s’accrochait à ses bottes quand elle frayait avec la lie de la société. Et elle trouvait une forme de plaisir pervers à faire subsister ce que la Chantrie réprouvait tant, à encourager les vers comme elle à se bâtir une existence. Peut-être que certains pourraient avoir l’illusion d’être libres.

Être vue dans un bordel lui était indifférent, fut-il de luxe. Comme elle l’avait dit un jour, avec son physique, on n’avait guère de choix qu’entre sa main ou son or. Au moins, se disait-elle avec son humour ordinaire, elle ne pourrait pas dire qu’elle n’avait pas vu son lot de corps nus devant elles. Sauf que les gestes n’avaient rien de sensuels, que les paroles, si elles étaient murmurées souvent, n’avaient rien de séductrices. Andra inspectait, soignait, délivrait des remèdes quand cela s’avérait nécessaire, offrait ses conseils. Et l’espace d’un instant, sa carapace se fissurait pour laisser la douceur que la délicatesse de ses soins pouvaient permettre d’entrevoir apparaître. Il fallait rassurer, ou expliquer. Ecouter, aussi. Elle avait toujours été douée pour cela. Et pendant que les esprits s’allégeaient, les corps cicatrisaient. Parce que parfois, on finissait par lui parler d’autres maux que ceux pour lesquels elle était venue, et les mots des maux venaient à manquer pour expliquer. Alors, il fallait enquêter, comprendre. La lie n’était peut-être pas attirante. Mais elle avait sa part d’humanité qui n’avait jamais cessé de l’attirer. Une fois son office terminé, la mage rassembla ses affaires, prit congé, avant d’arriver devant le bureau de la maîtresse des lieux et de frapper. Puis elle entra.

Son œil se posa sur Vera. La maquerelle trônait au milieu de son office, et, en d’autres lieux, aurait pu être l’incarnation de la vertu administrative penchée sur les éminents problèmes de la cité. Mais elles étaient au Laurier Carmin, et le vice y avait davantage sa place. Pourtant, il se dégageait de l’autre femme l’assurance discrète de ceux qui savent mener leur barque, de ces gestionnaires avisés qui se battent pour amasser encore plus. La boue savait cacher de l’or. Peut-être parce que ceux qui s’y roulaient laissaient échapper le précieux métal qui coulait en une rigole d’égout jusqu’aux poches de la tenancière.

« Re-bonjour, Vera. »

Evidemment, elle avait été accueillie par la dame des lieux en arrivant. La chose l’amusait toujours. Il est vrai que la première rencontre avait été épicée, et encore aujourd’hui, elle se demandait s’il s’agissait de courtoisie ou de rappel implicite pour marquer son territoire. Les deux, sans doute. On pouvait être poli et sourcilleux. En fait, on appelait cela l’aristocratie. Voilà qui était ironique. S’asseyant en face de la propriétaire, Andra lui tendit une page de notes d’une écriture serrée et sèche, pointue, à l’image de celle qui avait écrit ces lignes.

« Voici la liste des remèdes à appliquer et les durées de traitement pour chaque personne. J’ai fait ce qu’il fallait, mais je préfère assortir sur du plus long terme, en préventif. »

Avec l’ombre d’un sourire, elle pointa :

« Mais pour celui qui a initialement déclenché cette … vérification … Il est seulement allergique au mouton. Préférez les vessies de porc, pour les préservatifs. »

Même s’il est vrai que cette éruption cutanée avait été … vivace. Comme quoi … Son visage reprit son expression neutre, bien qu’une certaine ombre soit présente dans sa pupille alors qu’elle ajoutait :

« Maylin était enceinte. Grossesse extra-utérine. Quelqu’un de moins expérimenté n’aurait pas pu détecter la chose compte tenu du caractère très précoce, et les dommages auraient été vraisemblablement irréversibles.

Il lui faudra quelques jours de repos, mais il n’y aura pas de conséquences. »


A nouveau ses lèvres s’étirèrent en un demi-sourire tandis qu’elle ajoutait :

« Dois-je continuer mon exposé en passant en revue chaque infection sexuellement transmissible et ses symptômes ?

Il est bien dommage que nombre de mes semblables ne viennent pas ici plus souvent. On y trouve un matériau d’études absolument formidable. »


Léger éclat au fond de l’œil :

« Et une compagnie toujours aussi charmante. »
Hortense Harimann
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Salonnière de l'Acanthe
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Illustration : Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or - Vera 011f5ca56cc03348d7b6ea2f5afdfaf0

Peuple : Humain
Âge : 36 ans
Pronom.s personnage : Elle
Occupation : Ancienne prostituée, désormais propriétaire d'un salon
Localisation : Hortense passe l'essentiel de son temps dans son établissement, l'Acanthe
Pseudo : Velvet
Pronom.s joueur.euse : Elle
Crédits : Nightingale, Anastasiia Horbunova ; Delilah Copperspoon, Dishonored 2 (winterswake & Sergey Kolesov & coupleofkooks & KOHTLYR) ; Nathie (signature)
Date d'inscription : 09/07/2021
Messages : 754
Autres personnages : Marigold
Attributs : CC : 11
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End : 15
For : 11
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Ag : 13
Vol : 15
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Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'orFt. Andra Valheim


La plume gratte le papier - crissements réguliers sur la surface blanchâtre du carnet. L’encre, d’un noir aussi sombre que la limaille qu’elle applique parfois sur ses dents, s’étale docilement et la toile se forme. Noms, rendez-vous, engagements… L’araignée tisse méthodiquement son réseau, arrange les journées à venir selon les impératifs du moment. Le programme, comme chaque semaine, s’annonce chargé, mais Vera ne trouve pas à s’en plaindre. Comment le pourrait-elle ? Chaque entrevue raffermit la place du Laurier dans les salons bourgeois de Starkhaven, et avec lui le nom désormais bien connu de son implacable propriétaire. À la façon d’un peintre conquérant sa gloire au fil de son pinceau, Vera organise son empire du bout de sa rémige.

Toc, toc, toc. Trois petits coups contre la porte du boudoir tirent la maquasse de sa besogne. La voix claque dans le silence contrarié du bureau :

« ― Entrez.
  ― Re-bonjour, Vera. »

Le vantail crache sur son seuil la mine abîmée de la mage, qui pénètre dans la pièce avec l’assurance d’un général en terrain conquis. Vera l’observe se couler tranquillement dans la pièce, tandis qu’elle remise silencieusement à plus tard - non sans une once certaine de frustration - le plan de travail quasi-achevé. « Andra.  » Ton de miel, d’une hypocrisie tout à fait professionnelle. Les doigts lâchent la plume pour saisir le papier que lui tend soudainement la Garde, accueillie quelques heures plus tôt à la hâte..

« Voici la liste des remèdes à appliquer et les durées de traitement pour chaque personne. J’ai fait ce qu’il fallait, mais je préfère assortir sur du plus long terme, en préventif. »

Les yeux glissent sur les petits caractères couchés sur la feuille, qu’ils déchiffrent sans grande peine. Andra poursuit :

« ― Mais pour celui qui a initialement déclenché cette … vérification … Il est seulement allergique au mouton. Préférez les vessies de porc, pour les préservatifs.
 ― Oh. Tant mieux, tant mieux.  » La nouvelle la rassure, elle qui avait craint quelque redoutable infection dont elle avait commencé à anticiper les - terribles ! - conséquences. Les courtisanes et courtisans du Laurier étant la vitrine du bordel, un mauvais état de santé, surtout d’ordre intime, est une bien triste publicité que Vera cherche activement à éviter.
  ― Maylin était enceinte. Grossesse extra-utérine. Quelqu’un de moins expérimenté n’aurait pas pu détecter la chose compte tenu du caractère très précoce, et les dommages auraient été vraisemblablement irréversibles. Il lui faudra quelques jours de repos, mais il n’y aura pas de conséquences. »

Le zèle manifeste de la mage, s’il aurait mérité d’être salué, indiffère pourtant la maquerelle. Doigts désormais glissés sous le menton, coudes sur le bureau, Vera observe son vis-à-vis avec froideur ; sous le masque d’impassibilité, toutefois, l’esprit s’agite : « Je lui avais pourtant donné un abortif…  ». Une chance, alors, qu’Andra ait été minutieuse dans son examen. C’est que dans le monde des Lorettes, une grossesse est rarement synonyme d’allégresse. Vera, pour sûr, en sait quelque chose.

« ― Je veillerai personnellement à ce qu’elle se repose.  Un contretemps qu’il était difficile de reprocher à la cocotte. Les risques du métier. Merci pour elle.
 ― Dois-je continuer mon exposé en passant en revue chaque infection sexuellement transmissible et ses symptômes ? »

La maquasse hausse un sourcil. « N’est-ce pas la raison de votre venue ? Auriez-vous mieux à faire, très chère ? » Mais voilà que la Garde enchaîne, toute en sourires :

« Il est bien dommage que nombre de mes semblables ne viennent pas ici plus souvent. On y trouve un matériau d’études absolument formidable. Et une compagnie toujours aussi charmante. »

La transition brutale de tonalité arrache un rire, léger mais sincère, à la matrone, que la remarque enjoleuse ne manque pas d’amuser. Une moue faussement navrée vient toutefois assombrir son visage, tandis que son dos rejoint le dossier de son siège.

« Ah ! Un matériau d’études ? Andra, trésor. Que vous êtes vexante.  » Les mains formellement installées sur les accoudoirs, Vera darde sur la femme un regard amusé. « Du reste, vous êtes bien mal placée pour faire la leçon à vos semblables : pour l’étude ou le plaisir, je ne vous vois pas souvent sous notre toit. » Une nouvelle moue. « J’en conclus que la compagnie, aussi charmante soit-elle, n’est pas assez bonne.  »

La parenthèse est divertissante, de celles qui se font rares en ces temps d’incertitudes et de tensions diverses. L’Enclin, bien sûr, n’a pas manqué de ternir le tableau déjà tristement assombri par les récents déboires du bordel avec le Carta, à l’instar de cette Chantrie envahissante et de ce Prince instable. Loin de s’émouvoir des paroles tantôt osées, tantôt brutales de son hôte, Vera accueille l’impertinence d’Andra avec un plaisir discret.

Se redressant sur sa cathèdre, le dos bien droit, la maquerelle se penche légèrement en avant et ouvre un des tiroirs de son bureau. D’une main souple, féline, elle dépose devant elle cinq pièces d’or, préalablement tirées du casier.

« Je sais, vous n’avez que faire de l’argent. Néanmoins, j’estime que tout travail mérite salaire.  » Et, sentant la protestation arriver : « Et si la chose vous indispose, vous n’aurez qu’à dépenser ce salaire au Laurier.  »



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La main fine et osseuse, comme le reste de sa propriétaire avança, avant de se refermer sur trois des cinq pièces. Les deux abandonnées continuèrent de luire doucement devant la mage, qui les dédaignait. En soit, Andra n’avait jamais craché sur l’or – elle savait suffisamment ce qu’était la misère et la faim – mais avait d’autres moyens d’obtenir de quoi s’offrir quelques gâteries qui n’étaient pas comprises dans le pécule octroyé par la Garde des Ombres à ses membres. Mais elle avait toujours refusé de faire payer les indigents, et d’extraire trop de ceux qui les exploitaient. En baissant volontairement les prix afin de les amener au simple remplacement de ses matériaux, elle s’assurait accessoirement d’éliminer la concurrence, ce que peu de rebouteux de basse extraction pouvaient se permettre – parce qu’eux, ils avaient le toit sur leur tête à payer. Et, peut-être était-ce de l’arrogance mal placée, mais elle s’estimait meilleure que cette concurrence de bas étage. Ses talents étaient autant influencés par sa connexion avec l’Immatériel que par ses connaissances plus ordinaires, mais affinées par de nombreuses années par monts et par vaux. Mieux valait que ce soit elle qui s’occupe des pensionnaires du Laurier Carmin. Quant à ses motivations, pour une fois, elles étaient sincèrement altruistes, et cela ne la dérangeait pas. En plus, elle continuait à exercer son art. Parce qu’en soit, se tromper n’aurait guère de conséquences. C’était l’avantage. Et qu’elle disposait réellement d’un matériau d’études docile et … régulièrement fourni avec de quoi l’occuper. L’altruisme n’avait jamais empêché qu’elle y trouve son compte, d’une manière ou d’une autre. Pas de celle qu’on aurait attendu, peut-être. Glissant les pièces dans un repli discret de sa vêture de Garde-Acolyte, Andra répliqua avec son sourire en coin caractéristique :

« Trois, je n’ai pas besoin de plus pour refaire mes stocks. Mais rassurez-vous : l’or peut m’intéresser. Je le gagne ailleurs.»

Quant à ces deux orphelines :

« Mais si jamais ces deux pièces seules sont une terrible insulte au Laurier Carmin, je saurai vous envoyer des compagnons de la Garde qui ont bien besoin d’un peu de détente. Ils se paieront dessus. Pour le début, du moins. »

S’ils n’étaient pas trop gourmands. Mais de son expérience, pourvu que le tarif soit à l’heure, un homme n’irait pas au-delà des deux pièces d’or. C’était là un accord davantage gagnant-gagnant qu’il ne le semblait à première vue : des clients pour l’une … et des dettes pour l’autre, qui n’avait jamais dédaigné l’achat de la reconnaissance des uns. Or, il était curieux de voir à quel point certains êtres étaient sensibles à l’offrande d’un joli minois après la boue et la puanteur des Tréfonds. Curieux, vraiment. Néanmoins, Andra ne tenait pas à montrer qu’elle dédaignait les services offerts, surtout qu’elle n’avait pu s’empêcher de laisser échapper un rire rauque en voyant la moue de la reine offensée des lieux, à la voir si peu assidue à la bagatelle. Ah, c’est qu’elle ne manquait pourtant pas de ferveur en la matière, mais elle avait tendance à la trouver sans payer. Coquetterie des laids, qui aiment se donner l’illusion qu’ils savent séduire sans devoir acheter un peu d’amour, pour se rabattre sur une fille de taverne qui a au moins l’avantage de ne pas être regardante, pourvu que la consommation soit suffisante pour satisfaire le patron. L’échange monétaire n’en est pas moins présent, finalement, mais c’est plus facile de ne pas le voir. Surtout quand on n’a qu’à fermer un seul œil. Son contralto vibra légèrement tandis qu’elle se penchait également, comme pour une confidence :

« N’y voyez aucun dédain pour vos charmantes pensionnaires. Après tout, je viens de passer près de l’entièreté d’une après-midi entre leurs cuisses, peu de vos clients peuvent se targuer d’une telle endurance, je gage. »

La crudité du langage demeurait mâtinée de cet amour de linguiste pour les phrasés élaborés, dans un mélange qui avait souvent étonné. Peut-être était-ce le résultat de l’amour de la boue avec une éducation d’or, qu’elle avait largement payée au centuple. Au moins le Cercle n’avait-il pas eu que des inconvénients. Mais Andra ne voyait pas l’intérêt d’enrober les choses, en de tels lieux. Vera savait pourquoi elle était là, et ce que cela impliquait. En un sens, c’était appréciable, de se débarrasser de la pudibonderie qui pouvait exister, souvent, dans leur société corsetée. Bien que cette dernière ait heureusement tendance à diminuer passé deux heures du matin et un taux d’alcoolémie à faire pâlir un Apaisé.

« Je note néanmoins que vous ne trouvez pas ma présence suffisante. Je n’imaginai pas que je vous manquerai autant. »

L’humour perçait aisément sous les graves de la voix légèrement éraillée. Son œil se posa sur l’autre femme, et une lueur brilla dans sa prunelle, tandis qu’elle ajouta sur un ton de velours :

« Dois-je proposer d’investir ces deux pièces d’or, finalement, pour payer ma part du dîner de ce soir auquel vous pourriez m’inviter, afin de réparer ce terrible affront  ? »
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Peuple : Humain
Âge : 36 ans
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Crédits : Nightingale, Anastasiia Horbunova ; Delilah Copperspoon, Dishonored 2 (winterswake & Sergey Kolesov & coupleofkooks & KOHTLYR) ; Nathie (signature)
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La corneille se penche au-dessus du bureau, laisse courir ses longues serres osseuses sur les piécettes d’or, qu’elle finit par saisir. « Trois, piaille l’oiseau,  je n’ai pas besoin de plus pour refaire mes stocks. Mais rassurez-vous : l’or peut m’intéresser. Je le gagne ailleurs. » Les écus disparaissent dans les plis de ses modestes atours - bleu roi piqué de cuir -, sous les yeux alertes de la maquerelle, silencieuse mais attentive. Andra poursuit : « Mais si jamais ces deux pièces seules sont une terrible insulte au Laurier Carmin, je saurai vous envoyer des compagnons de la Garde qui ont bien besoin d’un peu de détente. Ils se paieront dessus. Pour le début, du moins. » Vera acquiesce d’un léger hochement de tête.

« Faites selon votre désir, très chère. » Toujours perchée derrière son bureau, la matrone ramène ses épaules contre le dossier de son siège. L’esquive relative au bordel, bien sûr, ne lui a pas échappé, mais son sens des convenances lui souffle de ne pas insister. Aussi, elle enchaîne : « Si vous souhaitez partager cet argent, veillez simplement à sélectionner avec soin vos compagnons. Cet établissement observe un standing qui ne saurait être… perturbé. » Pause explicite, pour un sous-entendu qui ne l’est pas moins. L’indélicatesse de la remarque ne la rend pas moins nécessaire. Après tout, si Andra est en passe de gagner sa confiance, la mage ne doit ce privilège qu’à l’expérience de leur collaboration. Qui sait quel genre d’énergumène la Commanderie de Starkhaven peut bien abriter ? Prudence est mère de sûreté.

« N’y voyez aucun dédain pour vos charmantes pensionnaires. Reprend Andra, devinant sans doute la lucidité de sa partenaire qui, pourtant, s’est abstenue de la moindre remarque. Après tout, je viens de passer près de l’entièreté d’une après-midi entre leurs cuisses, peu de vos clients peuvent se targuer d’une telle endurance, je gage. » Elle se penche légèrement en avant, tandis que le boudoir résonne encore des derniers échos de son rire - grave, chaud, puissant.

Cette fois, c’est d’un haussement de sourcil passablement dubitatif que Vera accueille la saillie - douteuse ? - de la mage, plus railleuse que réellement abattue par l’allusion grivoise. « Ma foi… » commence la maquerelle, guère impressionnée par la verve… imagée de son hôte. Le privilège de l’expérience, encore qu’Andra n’est pas à son coup d’essai. Ce petit jeu innocent, en effet, dure depuis quelques mois déjà, sans que Vera ne trouve à s’en offenser. « J’espère sincèrement pour elles que vous êtes plus agile avec vos instruments que vous ne l’êtes avec votre langue. »

L’estocade part et un frisson la saisit : non d’émotion, mais bien de fraîcheur ! C’est que l’hiver est rude, dans les Marches Libres, et qu’en dépit des multiples foyers allumés çà et là à différents points stratégiques du Laurier (le Grand Salon, bien sûr, mais également à l’étage), l’humidité est parvenue à s’infiltrer, rongeant par là même la patience de la propriétaire des lieux, d’un naturel frileux. « La peste soit de ce froid ! » maugrée, dans l’intimité de sa conscience, une Vera pour le moins agacée. Arrangeant son châle d’un geste souple de la main, la matrone se lève finalement de son siège avec l’agilité d’un félin, contourne calmement son bureau, pour se hisser à proximité du petit brasero de fer trônant dans un coin de la pièce et installé là depuis le début de la saison des neiges. Sans détourner son attention d’Andra, désormais dans son dos, Vera saisit les pinces remisées dans un petit seau à charbon et entreprend de rallumer le feu à demi éteint.

« ― Je note néanmoins que vous ne trouvez pas ma présence suffisante. Je n’imaginai pas que je vous manquerai autant.
 ― Vous mésestimez mon appétence pour les métaphores grasses et la morgue médicale. Ironie dans le ton. Sa voix trahit le sourire léger qui étire ses lèvres peintes. Du bout de ses pinces, elle attrape les morceaux de charbon qu’elle dispose contre les dernières braises.
  ― Dois-je proposer d’investir ces deux pièces d’or, finalement, pour payer ma part du dîner de ce soir auquel vous pourriez m’inviter, afin de réparer ce terrible affront  ? »

Un silence, seulement troublé par les feulements du brasero de nouveau saturé d’étincelles. Tournant toujours le dos à la Garde, Vera observe d’un œil songeur le balais passionné des flammes, tandis que l’esprit se questionne, pèse et soupèse l’invitation. « Et pourquoi pas ? » s’interroge intimement la maquerelle, tout en remontant le fil de ses dernières entrevues galantes. Car les intentions d’Andra, à l’image de sa verve, laissent peu de doute quant à la couleur de cet hypothétique rendez-vous. « Ce serait manquer de sérieux. Elle n’est pas tout à fait étrangère au Laurier. » Et en même temps… Depuis combien de temps ne s’était-elle autorisé semblable distraction ?

Exactement.
Quelle ironie.

Le brasero ronronne lorsque Vera se retourne enfin, dos droit et port raide. Dignité orlésienne... « Je n’ai pas pour habitude de quitter le Laurier lorsque la nuit est tombée. Cela étant dit… » … que vient trancher un sourire mutin, dont elle fixe la mesure. Sa valse. « Je suppose que Sioned pourrait tenir le service, si je devais m’absenter quelques terribles heures. »



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« Voyons, avec qui imaginez-vous que je fraye … Ne vous en faites pas, je saurai choisir mes obligés. »

La légèreté de la réponse suffit à enterrer le sujet. Vera avait parfaitement raison de se méfier de ce qui pouvait traîner dans une Commanderie de Gardes des Ombres. A vrai dire, il était difficile de trouver un endroit aussi bigarré dans Thédas, quand on y pensait. Pour tous ses défauts, l’institution était probablement la seule où se trouvaient à peu près égalitairement toutes les races peuplant le continent, où les guerriers frayaient avec les mages, et où toutes les classes sociales se mêlaient. Ce qui signifiait concrètement que de preux templiers pouvaient côtoyer des fripouilles de bas-étage, et que les pieux idéalistes se tenaient aux côtés des canailles qui avaient eu le choix entre la corde ou la Garde. Cela faisait un mélange quelque peu détonnant, qui avait néanmoins son utilité, très prosaïquement. Andra avait depuis longtemps remarqué que les uns étaient parfaits pour le lustre de la Garde, et que les seconds lui assuraient un vivier de recrues débrouillardes aux connexions parfois utiles. Il s’agissait en sus d’un creuset inédit pour échanger et parfaire les talents de chacun, quoiqu’on puisse en dire. Mais cela signifiait évidemment que certains n’avaient pas les manières les plus délicates. C’étaient généralement les comparses qui lui seyaient le mieux. Néanmoins, elle avait depuis longtemps compris que la stratégie de la maquerelle pour voir son établissement tenir était davantage d’attirer la clientèle fortunée et bénéficier ainsi d’une certaine complaisance bien utile. Qui eut crû qu’une maison de tolérance soit aussi bien nommée ? L’idée était loin d’être idiote : les bouges sordides et crasseux qui pouvaient être trouvés dans certains quartiers gagnaient en abattage ce qu’ils perdaient en prix.

Tandis que Vera répondait – avec une allusion qu’elle-même n’aurait pas dédaignée, parce que parfois, la facilité avait un certain charme – Andra laissa son regard couler dans sa direction alors que la tenancière se levait pour raviver son brasero, parcourant la silhouette haute de l’autre femme, s’attardant légèrement sur la chute de reins avec un sourire discret, avant de remonter le dos, puis le cou, et quelques pensées suffisamment chaleureuses lui vinrent pour l’empêcher, elle, de souffrir du froid. Elle ne pouvait pas dire que sa vis-à-vis était réellement à son goût, essentiellement parce qu’elle n'en avait pas de particulier. Son attention avait toujours tendance à être attirée par un détail particulier, quelque chose qui l’intriguait. Mais pour le reste, la beauté était la beauté, et elle était bien trop complexe à appréhender pour la réduire à quelques caractéristiques. Or, il y avait cette dualité présente, ce port de tête digne et fier, au milieu d’un bordel, l’ambition qui brillait derrière le masque de la maquerelle. Elle ne pouvait qu’y être sensible, chercher à savoir ce qui se cachait derrière cela. En sus, Vera était belle, de ces beautés sévères aux mouvements calculés et souples, dont la rondeur contrastait avec les angles du visage. C’était un tableau à observer, à décomposer, à découvrir, dont les couleurs se mouvaient, se fondaient. Ses intentions étaient évidentes, et elle n’avait pas réellement cherché à les cacher, sans pour autant les prendre pour une réalité, ou les imposer parce que le lieu s’y prêtait. Le jeu l’amusait, et elle s’y était prise, parce que cela la délassait depuis son arrivée dans cette ville. Un sourire fin se peignit sur son visage, et elle répondit avec nonchalance :

« Personne ne s’est jamais plaint de ma dextérité. J’ai les doigts très assurés. »

Pas que les doigts. On pouvait difficilement reprocher à la mage son manque de confiance en elle. Et elle n’avait pas l’ego suffisamment enflé pour mal prendre un refus. Croisant les bras contre son torse, elle attendit, son éternel sourire en coin aux lèvres, que la maquerelle réponde à son invitation, relevant l’amusement dans sa voix vis-à-vis de ses deux sujets de conversation favori, en dehors d’une longue logorrhée sur la magie – et d’autres qu’elle réservait à ses seules pensées. Il y avait, après tout, un temps pour l’élévation et un temps pour le reste. Finalement, la dame des lieux se retourna et Andra contempla la silhouette droite, notant mentalement que, pour ironique que ce soit en de tels lieux, nombre de nobles dames aimeraient avoir un port aussi … régalien. L’accord en deux temps l’amusa d’autant plus, même si son contenu la surprit. En vérité, elle n’avait pas imaginé que Vera puisse envisager de quitter le Laurier Carmin, peut-être parce qu’elle semblait une composante presque matérielle du lieu. Cela ne l’encourageait que plus fort à apprécier l’opportunité. Un bref instant, une sincérité réelle vint prendre possession de son visage, et d’une voix plus douce que d’ordinaire, velours grave, elle déclara :

« J’essayerai de les rendre aussi infernales que possible, pour vous permettre de revenir aussi vite que possible au Laurier. C’est un crime de séparer une femme d’un amant aussi exigeant. »

Andra se leva, dépliant sa haute stature avant de proposer :

« Il y a une taverne fréquentée par l’essentiel des artisans tailleurs et bijoutiers non loin. Le patron me doit une faveur, je peux nous avoir une table aisément.

Mais si vous préférez demeurer ici, le choix vous appartient, je n’y trouverai rien à redire. Ce qui vous plaira le plus. »


Son sourire demeura, et sa voix prit des ondulations chaudes tandis qu’elle ajoutait :

« Le lieu importe moins que le plaisir partagé de la conversation. »
Hortense Harimann
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Salonnière de l'Acanthe
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Peuple : Humain
Âge : 36 ans
Pronom.s personnage : Elle
Occupation : Ancienne prostituée, désormais propriétaire d'un salon
Localisation : Hortense passe l'essentiel de son temps dans son établissement, l'Acanthe
Pseudo : Velvet
Pronom.s joueur.euse : Elle
Crédits : Nightingale, Anastasiia Horbunova ; Delilah Copperspoon, Dishonored 2 (winterswake & Sergey Kolesov & coupleofkooks & KOHTLYR) ; Nathie (signature)
Date d'inscription : 09/07/2021
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Autres personnages : Marigold
Attributs : CC : 11
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End : 15
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Vol : 15
Ch : 15

Classe : Civile, niveau 2
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Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'orFt. Andra Valheim

Les flammes dansent dans son dos, tandis qu’elle observe d’un œil curieux la silhouette déliée de la mage. « Elle est grande. » se surprend-elle à penser, comme si la taille d’Andra lui avait jusqu’ici échappé. L’envergure de l’animal, bien sûr, n’est pas un détail qu’il lui aurait été possible d’ignorer, mais l’éventualité d’une entrevue intime remet en perspective ce que le quotidien a pu émailler de son vernis vulgaire et besogneux. Vera, d’ailleurs, n’est pas la seule à se laisser porter par cet élan inquisiteur : Andra aussi lui semble scruter son corps, s’accrocher aux traits anguleux de son visage et redécouvrir, peut-être, la femme sous le titre parfois intriguant, souvent étouffant de maquerelle.

Elle soutient ce regard avec hauteur, éclats brillants au fond des prunelles grises, lorsque la Garde reprend : « Il y a une taverne fréquentée par l’essentiel des artisans tailleurs et bijoutiers non loin. Le patron me doit une faveur, je peux nous avoir une table aisément. Mais si vous préférez demeurer ici, le choix vous appartient, je n’y trouverai rien à redire. Ce qui vous plaira le plus. » Un sourire vient étirer les traits de son visage abîmé, dont Vera a appris à dépasser la laideur de l’orbite en ruine. Voilà longtemps que pareils stigmates n’évoquent plus chez elle qu’une indifférence franche, imputable à près de vingt années de service dans le monde du proxénétisme. Existait-il seulement une créature à l’âme plus tolérante que celle d’une pute ? « Le lieu importe moins que le plaisir partagé de la conversation. »

À son tour, désormais, de sourire - ourlet discret au coin des lèvres. Le pouvoir que la mage remet humblement entre ses mains l’étonne autant qu’il la séduit. C’est que l’attention est charmante, et empreinte d’un respect qui la conforte sensiblement dans sa décision. Quant à celle qu’Andra lui demande à présent de prendre…

« Ce boudoir est un cadre certes agréable, mais que j’ai trop peu eu l’occasion de quitter ces derniers temps. Un pas après l’autre, talons claquant contre les lames du parquet, Vera se rapproche lentement de la brune. Serpent se coulant paisiblement vers sa proie. Du reste, j’apprécie prendre mon temps. Or, rien ne nous enjoint à la précipitation. N’est-ce pas ? »

Comme il serait aisé de franchir ces derniers pouces qui les séparent et de s’abandonner à ces lèvres étrangères qui n’attendent que son signal. Vera, pourtant, juge la simplicité de l’alternative quelque peu décevante, en dépit d’une finalité qu’elle devine relativement similaire. La matrone aime qu’on la séduise - luxe qu’elle ne s’autorise, hélas, que dans sa vie personnelle. Et s’il lui arrive parfois de remiser cette coquetterie lorsque, d’aventure, l’humeur n’y est plus, Andra, ce soir, devra composer avec.

« Laissez-moi seulement une minute, le temps de prévenir mon associée. Vous pourrez me conduire où bon vous semble en suivant. »





Une brise glacée s’engouffre sous le manteau de fourrure, arrachant à la maquerelle une grimace d’inconfort. « Quel froid. » marmonne Vera entre ses dents, tout en resserrant plus fermement le col de sa pelisse. La maquasse, d’ailleurs, ne semble pas être la seule à souffrir de la rudesse de cette nuit de Marchiver : le Goldhead tout entier frissonne, à demi-assoupi par la fraîcheur ambiante. Seule Andra, les épaules insolemment dépourvues de cape, paraît affronter la chose avec une aisance tout à fait irritante…

Progressant côte à côte le long d’une venelle quasi-déserte, souliers crissant sur les pavés glacés, Garde et matrone rebroussent le chemin emprunté quelques heures plus tôt, à la faveur d’un crépuscule encore plein d’espoirs. Ces derniers, malgré la température peu engageante, n’avaient pas été déçus : la taverne choisie par Andra s’était révélée aussi accueillante et policée qu’elle l’avait annoncé, et le repas, quoique léger pour Vera, avait satisfait son palais autant que son appétit. En conclusion, l’interlude s’était révélé fort agréable, à l’image de sa partenaire, généreuse en badineries et discussions passionnées.

Les secondes s’égrainent et la silhouette du Laurier se dessine à l’angle - désert - d’un carrefour voisin. Se pressant en direction de l’établissement, sa propriétaire laisse son regard courir le long de la façade entretenue du bordel, aux croisées duquel palpitent des ombres anonymes. Pointe de soulagement dans la poitrine - rien d’inhabituel à signaler ! -, suivie d’une brève bouffée d’orgueil. Son domaine. « Par ici. » souffle-t-elle à l’attention d’Andra, tout en indiquant l’embouchure d’une ruelle semblant disparaître derrière le Laurier. S’assurant d’être suivie, elle s’engouffre dans la venelle, laquelle débouche sur une arrière cour encadrée de part et d’autre par d’imposantes bâtisses.

« Merci pour ce dîner. J’ai passé un agréable moment. » Dans les ténèbres de la cour, à quelques pas mesurés d’une porte de service, Vera darde sur la Garde un regard appuyé. « Et maintenant ? » Instant suspendu sous les éclats blafards d’une Lune presque pleine. Un agréable moment, oui, qu’il ne lui déplairait pas de poursuivre… Mais la dame est prudente et fière. Joueuse, aussi, à l’instar de sa voix : « Je devrais rentrer. Rester dehors par ce froid n’est pas prudent. »

Une moue faussement navrée. Le geste, pourtant, ne se joint pas à la parole.
Les muscles se tendent sous la cape, désir naissant dans la poitrine.



Adore her. She demands it.

She dreams of all the world bowing, but more than that. Loving her. Breathing her name.

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« La lenteur est une vertu pour qui sait l’apprécier. Soyez sans crainte : je saurai m’y employer. »

Et s’y employer, Andra le fit, pour mieux conduire Vera jusqu’au bout de la nuit. Si la mage appréciait la franchise brutale et rugueuse des bas-fonds, elle n’aurait pu renier ses oripeaux de lettrée, vestiges de l’éducation du Cercle qui, à son corps défendants, étaient peut-être les atours qui lui allaient le mieux. Dans cette alliance paradoxale qui avait si souvent étonné ses interlocuteurs, elle déploya sa science savante de la galanterie, alternant subtils compliments et galéjades épicuriennes, tout en déployant tout son art de la conversation pour ne pas ennuyer son invitée. Un sourire en récompense, un rire en triomphe : voilà quelles furent ses humbles satisfactions. Vera avait le premier joli, et le second entier. L’ensemble était une symphonie bien trop délicate pour ne pas devoir être reproduite. Les sujets de conversation ne manquaient pas, et pendant un moment, la garde se fit la réflexion qu’elles auraient pu se trouver dans un salon orlésien, à pratiquer ce Jeu qui consistait à se deviner, et à ne dévoiler que ce qui pourrait susciter l’intérêt, afin de trouver l’agrément moins dans le contenu que dans le contenant ciselé, les mots soupesés, les phrases chuchotées et l’ironie affirmée. Il était impensable de parler de la Garde, elle n’avait pas envie de rappeler à son interlocutrice le Laurier, alors même qu’elle venait de l’en détacher. Restait alors les demi-vérités et les grandes interrogations sur une ville qu’Andra connaissait encore peu, agrémentées de ses propres souvenirs de diverses contrées visitées. Les heures s’écoulèrent, le feu ronflant dans l’âtre près d’elles, et tandis que la nourriture disparaissait des assiettes, la garde se demanda furtivement si, pour les autres clients, le plus étrange était que quelqu’un ait l’audace de fréquenter une mage, ou bien que quelqu’un puisse inviter une maquerelle. La pensée lui avait arraché un sourire cynique. Où vont les putes, demandait la chanson paillarde. Là où sont les mages, aurait-elle pu répondre avec sarcasme : dans l’enfer du mépris des justes, et dans le silence de leur hypocrisie. Combien se rendaient, au creux de la nuit, entre des bras ouverts pour quelques sous, avant de leur cracher au visage lorsque le jour pointait ? Combien payaient pour les potions de ceux qu’ils haïssaient ? Et pourtant, parmi les bons artisans et petites gens bien mises, Andra eut le sentiment que pour quelques heures, l’extérieur n’existait pas. Ou plutôt, qu’elle pouvait imaginer ne pas être mage, et se contenter de n’être qu’une femme qui en avait invité une autre à dîner, et avait l’insigne privilège d’entendre son rire. Ce n’était pas l’oubli rapide de l’ivresse recherchée et d’une compagnie trop vite trouvée, dans une alcôve salie et dans des draps défraîchis. C’était la réminiscence profonde qu’un ailleurs, bien loin d’ici, d’une autre vie, existait, et que si elle ne l’atteindrait jamais, elle pouvait toujours l’effleurer, et se contenter de ce toucher volé.

La fin vint la cueillir, et lui laissa une brève amertume au creux de la bouche. Egoïste qu’elle était, pour en vouloir davantage ! Mais les parenthèses étaient faites pour se refermer, et il convenait de l’accepter. De bonne grâce, Andra se leva, confirma au tavernier que sa dette était payée, et les deux femmes s’en furent dans le froid de Starkhaven. Vera paraissait maudire autant que tous ses interlocuteurs les conditions climatiques locales. La mage admettait ne pas trouver l’endroit pire que les Anderfels de son enfance. De temps en temps, son regard coulait vers sa partenaire, et elle détailla la silhouette se découpant dans la nuit à présent tombée, cherchant à ancrer dans sa prunelle les aspérités, sculptant ses souvenirs au gré de ses pas. Les contours du Laurier arrivèrent bien trop tôt, bien trop vite, mais elle n’en dit rien, se contentant de suivre Vera à travers son domaine, notant mentalement le chemin vers l’arrière-cour. Elles s’arrêtèrent. Un sourire ourla les lèvres de la mage en entendant les remerciements, et elle se contenta d’un discret :

« Le plaisir était partagé. »

Son unique œil, néanmoins, brillait intensément, dans la pénombre. Amputé de son jumeau, il n’en demeurait pas moins expressif, et à cet instant, était semblable à un lagon sombre dans lequel miroitait l’envie silencieuse d’une nuit. D’une vie. Celle de se perdre, juste un peu, et d’être uniquement. Les éclats de la lune éclairaient le temps suspendu. La suite ressemblait à une fin, et l’intonation signalait un début. Le moment était là. Elle le reconnaissait, percevait son arôme inimitable. Parce que toute danse menait irrémédiablement à un ultime pas pour, enfin, faire basculer sa cavalière et l’envelopper, il convenait de saisir cette minute si particulière qui indiquait qu’un choix devait être fait. Les secondes filaient. Son œil s’attarda sur la moue, sur le corps qui ne bougeait pas, lui faisait face.

Andra hésita. Parce que cette soirée, peut-être, se suffisait à elle-même. Depuis combien de temps n’avait-elle pas simplement apprécié une compagnie, sans aucune arrière-pensée ? Le badinage pouvait encore rester innocent, demeurer sans qu’il n’en advienne rien, pour préserver leur relation de travail, et ce sourire un peu traître qui lui venait quand Vera jouait de la sorte, prémisse de ce qui aurait pu être une amitié trop rare, dans son monde fait de regrets, de détestations, et de nostalgie. Elle aurait pu l’aimer différemment, y prendre autant de plaisir, sinon plus, et se satisfaire d’une présence légère. Cela aurait été beau, en un sens. Cela aurait été suffisant.

Hélas, l’égoïsme n’était pas le moindre de ses défauts.

« Tu devrais. »

Le vouvoiement glissa, et avec lui, ses pieds dans la neige qui la rapprochèrent de Vera. Sa main gauche suivit le même chemin, entremêlant ses longs doigts fins dans ceux de l’autre femme. Avec délicatesse, elle porta ces dernières à ses lèvres, s’arrêtant néanmoins juste à l’orée de la peau, dans une imitation parfaite du baise-main orlésien et chuchota :

« Mais cette fois, je n’ai pas envie de me contenter de te voir partir. »

Son autre main se faufila contre sa taille, et elle l’attira à elle, dans un mouvement d’une rare douceur chez cette femme à l’apparence brusque, qui ne dévoilait cette partie d’elle-même qu’à celles qu’elle avait envie d’adorer. La senestre libéra les doigts de Vera, pour se poser sous son menton, relevant légèrement ce dernier afin d’atténuer la différence de taille. Le contact de la peau nue l’électrisa, et la lueur dans son œil se fit iridescente, incandescente. Elle se pencha, enveloppant sa partenaire de sa haute taille. Ses lèvres s’arrêtèrent à quelques centimètres des siennes, et elle murmura, son contralto vibrant d’une chaleur particulière, profond et coloré :

« Reste avec moi, ce soir. »

Délicatement, Andra franchit la distance qui les séparait encore, pour apposer ses lèvres sur celles de Vera. Ce fut un effleurement, une virgule pour laisser sa demande en suspens, une exclamation pour en souligner la sincérité, et un point pour la remercier de ce qu’elle venait de lui voler. Elle entendit, au loin, les pas d’un inconnu qui traversait la rue en contrebas. Le bruit sur les dalles se perdit. Elle-même n’entendait que celui de sa respiration qui se perdait contre celle de l’autre femme, que le froissement de ses mains sur le tissu de sa robe. Et celui, entêtant, du souffle de Vera contre le sien, alors qu’elle lui rendait son baiser. Instinctivement, la mage raffermit sa prise, faisant glisser sa main de la taille au dos, pour l’attirer entièrement contre elle, et profita de sa stature pour approfondir cette découverte exquise de l’autre, qui n’avait plus rien de la chasteté des premiers instants. Ivre du parfum de son – amie ? amante ?, elle se perdait dans les délices de ses lèvres et bientôt dans les secrets qu’ils renfermaient, tandis que son étreinte s’osait plus aventureuse, plus passionnée. Ce n’était ni un baiser timide, encore moins un murmure hésitant. Il y avait l’assurance de la maturité, de celle qui sait que les transports les plus exquis sont parfois ceux qui prennent le temps d’explorer, de titiller, et parfois, de s’arrêter pour mieux recommencer. Un baiser, après tout, pouvait signifier une infinité de choses. Celui-là chuchotait son désir, murmurait son envie, et avouait son respect. Où vont les putes, demandait la chanson paillarde. Andra n’en savait rien. A cet instant, elle était avec une femme qui lui plaisait, et dont elle appréciait l’intellect autant que le charme. Et elle essayait de le lui exprimer, par ses gestes à la précision calculée, et à la douceur consommée. Par cette volonté farouche de lui arracher un soupir, et non de rechercher son plaisir. Ses deux mains, enfin, vinrent se poser sur les joues de Vera, et l’étreinte redevint délicate, dans les derniers instants de leurs souffles rendus erratiques par le manque d’air. Son pouce gauche caressa la pommette saillante, alors que sa langue traçait contre ses lèvres d’ultimes promesses aussi tendres que sulfureuses. Enfin, elle consentit à se détacher de Vera, et sa main droite glissa à nouveau à sa taille. Elle ne la lâcha pas. Comme si, déjà, sa présence contre son corps lui manquait. Et pourtant, l’urgence ne la tenaillait pas. Parce que l’éternité avait le parfum de ces secondes, et qu’elle y tenait trop pour vouloir la hâter.
Hortense Harimann
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« ― Je devrais rentrer. Rester dehors par ce froid n’est pas prudent.
  ― Tu devrais. »

Le premier rempart s’effondre dans la chaleur de sa voix grave. Distance symbolique qui vole en éclats, tandis qu’Andra se rapproche, œil brillant à la lueur des croisées voisines. La bravade, consentie, s’accompagne d’une percée plus audacieuse encore : celle des doigts qui viennent chercher ceux de la maquerelle, dans une caresse tendre qui se prolonge à la frontière de ses lèvres. Leur contact, furtif, presque chimérique, arrache un frisson à Vera, que ce baiser renvoie à l’orée d’une époque presque oubliée…

Celle des bals et des robes de brocart et de velours, de l’insouciance et des rires, de la courtoisie et de l’opulence…

« Mais cette fois, je n’ai pas envie de me contenter de te voir partir. » Les mirages s’évanouissent, dissipés par une réalité qui n’a presque rien à envier aux échos d’antan. Et la distance se réduit, encore, d’une manœuvre souple contre sa taille. Main qui glisse sous son menton ; silhouette qui l’enveloppe de toute sa hauteur. La sincérité de l’étreinte la déconcerte un instant, elle qui s’encombre rarement de pareille futilité. La célérité de ses aventures exclut tout éclat de l’âme : elle charme, use puis repousse avec cynisme ces maîtresses qu’elle ne destine qu’à son plaisir. Que dire, alors, de la douceur que lui consacre cette étrange femme ? De cette déférence absolue qui, si elle la sait motivée par l’envie, n’en demeure pas moins surprenante.

« Reste avec moi, ce soir. » Andra murmure, presque contre ses lèvres - souffles qui se mêlent, désir qui s’affirme au creux des entrailles de Vera. L'espièglerie de la séduction a cédé sa place à l’envie, franche, brûlante, que le jeu cesse. Alors, quand le baiser, enfin, arrive, elle ne résiste pas, mais répond plutôt ; avec douceur, d’abord, de celle des corps qui se découvrent et s’appréhendent pour la première fois ; puis avec force, à mesure que la passion embrase leur échange. Jusqu’ici à la merci de la mage, les mains glissent jusqu’au buste d’Andra, doigts caressant l’étoffe de son pourpoint, à la recherche d’un contact qu’elle désire toujours plus franc. Elle la veut, et son être tout entier en témoigne, dans la fureur de leur baiser, la frénésie de son souffle et ce soupir qui lui échappe lorsque leur étreinte, finalement, se brise.

Paupières closes, Vera peine à s’arracher à l’instant. Comme il était désespérément facile de sombrer entre ces bras qui, désormais, la soutiennent et l’enserrent. « Tu vieillis. » commente la conscience, alors que les yeux s’ouvrent et cherchent celui, unique, de la mage. L’ardeur qu’elle y lit lui évoque celle qui la domine toute entière.

« Viens. » Ses mains rejoignent celles, tendrement posées sur son visage, de la garde et les retire avec douceur. S’écarter pour mieux se retrouver : seule promesse qui la motive à renoncer à l’étreinte de son amante. Reculant d’un pas, doigts flirtant une dernière fois avec ceux d’Andra, Vera l’abandonne pour se hisser prudemment à proximité de la porte de service, tout juste discernable dans l’obscurité ambiante. Et les réflexes de matrone reviennent : « Pas un bruit, à l’intérieur. » souffle-t-elle à l’intention de sa partenaire, qu’elle couve d’un regard sérieux. Elle n’attend pas de réponse.

La porte s’ouvre dans un grincement que recouvre l’agitation, étouffée, du Grand Salon. Un examen rapide du corridor la conforte dans ce qu’elle supposait déjà : l’attention des cocottes et des domestiques est ailleurs. Une chance pour Vera, qui souhaite passer inaperçue - non par embarras, ou désaveu d’une maîtresse qui l’encombre (comment le pourrait-elle après cette étreinte dans la cour ?), mais par souci de tranquillité. Sa vie intime ne regarde qu’elle et n’a pas vocation à alimenter les causeries de boudoir.

Le Laurier Carmin palpite autour d’elles tandis qu’elles progressent entre ses murs, corps qui se frôlent, caresses esquissées mais désespérément avortées. Si l’envie la tiraille toujours, la crainte d’être surprise par ses gens invite la maquerelle à presser le pas. Alors, les étages s’enchaînent : un premier, puis un second, dans la rumeur voilée du tohu-bohu nocturne. Finalement, la porte de ses appartements se matérialise enfin, au sommet d’un escalier qui ne partage pas de palier. Vera y entraîne sa compagne avec entrain, dans une ascension rendue maladroite par l’échange de plusieurs baisers. Déverrouiller une porte ne lui a jamais paru aussi laborieux et Andra n’y est pas tout à fait étrangère...

Le verrou, néanmoins, finit par céder et dévoile dans sa capitulation les appartements de la matrone - une pièce unique, baignée de ténèbres. Vera s’y presse sans demander son reste, garde sur les talons, qu’elle accueille dans son antre en dérobant une nouvelle fois ses lèvres, d’une fougue proportionnelle au désir qui la consume.



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Le soupir échappé résonna au cœur d’Andra, alors que ses oreilles bourdonnaient sous l’effet du désir, et du plaisir de voir celui de son amante, confirmé par le léger éclat qui s’évanouit sur les lèvres de Vera et qu’elle se plut à voler au creux de son myocarde. En vérité, elle n’aurait su ce qui fouettait le plus son ardeur : l’exquise vision de l’autre femme, yeux fermés entre ses bras, le gémissement languide, comme une confession susurrée dans les confins de la nuit, secret nocturne contenu dans cette arrière-cour égarée, ou l’unique mot chuchoté, invitation confirmée, attendue, offerte. La mage eut, l’espace d’un court instant, un rien de tendresse pour celle qu’elle avait été, dans sa jeunesse, et qui n’aurait pas manqué de répondre par un trait d’esprit, avant, peut-être, de se laisser emporter par la passion, dans cette ruelle, avec la folie de ses dix-huit ans, et du furieux besoin de vivre qui, vingt ans après, continuait de lui dévorer le corps. Mais elle avait appris à le maîtriser, et surtout, à apprécier la délicatesse de ces instants ou quelque chose se finissait, et quelque chose commençait. Pourtant, pour la première fois de la soirée, elle sentit le froid de Starkhaven, lorsque l’autre femme se retourna pour se hisser jusqu’à la porte dérobée. Sa chaleur lui manquait, son souffle contre le sien s’était dérobé, et son parfum se perdait dans le souvenir diffus de la flagrance sous ses doigts, contre ses lèvres. Silencieusement, la garde se glissa à sa suite, acquiesçant simplement à la consigne.

Combien de fois avait-elle entendu ces mots ? Trop pour qu’elle ne les compte. Pratiquement toute sa vie amoureuse avait été gouvernée par le sceau du secret. Parfois, il avait été transparent. D’autres fois, la discrétion était impérative, et elle s’y était pliée. En se faufilant à travers le Laurier Carmin bercé des bruits de la nuit et des étreintes tarifées qui s’y déroulaient, un sourire mélancolique apparut sur le visage de la mage. Lui revinrent les rires étouffés, comme ceux qui leur parvenaient du Grand Salon, de ses jeunes années au Cercle, lorsqu’elle se dérobait à la torpeur du dortoir des apprentis pour rejoindre l’étuve aménagée, et profiter d’autres mains, d’autres lèvres, dans une intimité précaire qui offrait néanmoins un peu plus d’espace qu’un lit rejoint à la tombée de la nuit au milieu des autres jeunes mages. Qu’ils avaient été divins, ces premiers soupirs partagés, comme ceux dérobés au détour d’un couloir, ou dans une salle d’études inoccupée. Ser Jonas n’avait plus jamais été capable de la regarder en face sans rougir, après l’avoir surprise une fois dans une position pour le moins compromettante. Et puis, après le Cercle, il y avait eu la découverte des plaisirs de la vie du dehors, et cette étrange sensation, la première fois à aimer dans une chambre miteuse, qu’elle pouvait être aussi libre qu’elle le voulait dans ses élans. Elle avait eu du mal à s’habituer à cet état de fait. Cela ne l’avait rendu que plus déterminée à recommencer. Alors avaient débuté les plaisirs passagers. Combien d’escaliers avait-elle monté, ainsi, sous couvert de ne pas se faire voir par un domestique, voir par le conjoint trompé ? Les femmes des autres avaient irrémédiablement sa préférence. Peut-être parce qu’elle s’assurait ainsi de l’impossibilité d’espérer, et donc du plaisir de jouir sans entraves autres que celles qu’elle se fixait, et auxquelles sa condition l’enchaînait. Il y avait eu aussi les veuves, soucieuses de leur réputation, comme les jeunes premières. Les maîtresses-femmes, et les femmes-maîtresses, parce qu’après tout, qu’y avait-il de plus poétique que de profiter de celle qui est à plusieurs autres bras ? Et, bien qu’elle ne l’avouerait pas, il y avait aussi eu les rares – très rares – histoires sincères. Un château nevarran, et les mêmes escaliers, apparut dans son esprit, ainsi que la remémoration tendre d’une escalade de façade particulièrement ridicule. Puis, une fenêtre ouverte, et un joli rire, tandis qu’elle maugréait que ces cascades n’étaient plus de son âge, avant de se faire happer par des bras enjôleurs et des lèvres compatissantes. Elle chassa l’image, non sans qu’une pointe de nostalgie ne vienne l’envahir. Elle se souvenait de chacune : de leurs sourires, de leur nervosité, de leur appréhension, et du goût de leur peau contre sa bouche, sur sa langue. De leur rire. De leurs soupirs. Du bruit de leurs pas dans les couloirs, les escaliers, les enfilades de pièces. Au loin, elle entendait les clients, et s’amusa de sa propre montée. Un jour, un autre garde lui avait dit que tout le plaisir de l’amour se trouvait dans les escaliers. A suivre Vera et à contempler sa silhouette souple qui progressait si vite, elle ne pouvait s’empêcher d’acquiescer. Au troisième et dernier, elle accueillit avec plaisir les lèvres de son amante sur les siennes, retrouvant avec ferveur leur goût, leur forme, et laissant ses mains explorer plus librement les formes qui se dissimulaient dans la torpeur moite du début de la nuit. L’ascencion en fut d’autant plus ralentie, mais cela n’importait guère. A la place, elle s’amusait de ce ballet de lèvres qui se retrouvaient, se perdaient, se déchiraient pour enfin se réunir. Enfin, elles parvinrent sur le palier, et tandis que Vera se battait avec le verrou, Andra ne résista pas, une lueur espiègle dans l’œil. Posant ses mains sur la taille fine, elle apposa ses lippes contre l’espace entre la racine des cheveux et la robe, dans cet espace de chair non recouvert par le tissu, avant de descendre, et de tracer la courbure de la tempe, ses doigts agiles remontant contre les côtes, caressant la peau sous la finesse du vêtement, froissant avec malice le tissu sous ses mouvements à la précision calculée. Lentement, l’une de ses mains remonta jusqu’au bras qui cherchait la clé, traçant un sillon aérien du bout de ses phalanges, alors que ses lèvres parcouraient le reste du cou, le côté offert de la mâchoire. Presque à regret, elle entendit le verrou céder, et consentit à desserrer son étreinte, pour laisser Vera y entrer. Elle s’y engouffra à son tour, pour sentir ses lèvres capturées par Vera. Instinctivement, la mage lui rendit son baiser avec la même fougue, l’attirant contre elle d’une main, tandis que l’autre fermait la porte avec dextérité, avant de retrouver la taille de l’autre femme pour l’emprisonner dans une étreinte farouche, maintenant qu’elles étaient enfin à l’abri des regards, et parvenues à leur destination.

A la faveur d’une respiration, Andra remarqua, dans les ténèbres de la pièce, les contours d’une lampe. Refermant son œil, elle revint, comme un bateau ivre à la dérive, vers la source de son addiction, dans un échange qui n’avait plus rien de chaste, et dont l’allant sulfureux témoignait du désir brut, entier, ardent, qui les possédait. Elle qui n’avait jamais été attirée par l’Ecole de l’Instinct trouva cette fois très facilement ce qu’elle voulait, tout en prenant particulièrement garde à ses gestes. Heureusement, son esprit était trop bassement occupé par les préoccupations du monde des vivants pour se préoccuper des tentations spirituelles. La lampe s’alluma doucement, flammerole fragile, alors que la mage quittait les lèvres de Vera pour laisser glisser les siennes contre sa mâchoire, sa joue, avant de remonter jusqu’à l’oreille dont elle mordilla le lobe, pour y susurrer :

« Je préférerai te voir. »

S’il y avait un certain charme dans l’amour voilé, l’âge et l’expérience avaient rendu la mage plus sensible au plaisir de pouvoir contempler ses partenaires, dans cette jouissance si particulière de la vue, dans les reflets au creux des prunelles et les ombres projetées sur les corps dénudés au gré de lampes étiolées. Du coin de l’œil, elle observa distraitement les lieux, avant de revenir à l’objet de ses pensées. Mais, tandis que ses lèvres reprenaient possession de celles de Vera, elle ne put s’empêcher de songer que l’endroit ressemblait, en mieux décoré et moins spartiate, à ses propres quartiers au sein de la Commanderie, avec le bureau et les papiers éparpillés, le coin discret pour les ablutions et la malle rassemblant les affaires. C’était le repère d’une âme solitaire. Elle le savait, pour avoir le même. La même ?

Sexe, érotisme

Avec dextérité, Andra conduisit Vera jusqu’au rebord du lit derrière elles, ses mains cherchant les lacets de sa robe pour les défaire un à un. Enfin, le vêtement céda à ses assauts, et elle découvrit avec délicatesse les épaules de l’autre femme, y apposant ses lèvres, avant de parcourir chaque centimètre de peau ainsi offert à sa vue. Ses doigts descendaient à présent le long des attaches, et elle l’aida à se défaire du tissu, tout en l’aidant à délacer son propre pourpoint, dont elle se débarrassa nonchalamment, ne trahissant pas d’appréhension alors que les cicatrices du passé apparaissaient, sur ses côtes et son dos, ainsi que celles du présent. Les marques marbraient encore son corps, plus qu’elle ne l’avait souhaité, jeune, mais moins qu’elle n’acceptait, désormais, avec la sagesse du temps et la volonté farouche de montrer, même dans l’intimité, ce qu’il lui en avait coûté, de pouvoir allumer cette malheureuse lampe qui projetait son regard scrutateur sur la peau martelée. Elle avait l’habitude, de l’éclat de surprise dans les yeux des autres, qui constataient que tout ne s’arrêtait pas à son visage grêlé, martyrisé, et à l’orbite vide. Non. La fureur et la haine n’avaient pas connu de limites, ce jour-là. Elle vivait avec ces stigmates dans sa chair, parce que cette histoire faisait partie d’elle, à jamais. Le désir, néanmoins, ne s’estompa pas, et par conséquent, accentua le sien. Doucement, alors que leurs jambes touchaient le rebord du lit, Andra soutint Vera pour l’aider à s’asseoir, avant de s’accroupir pour dégager définitivement l’autre femme de sa robe. Un sourire proprement provocateur sur le visage, elle déposa ses lèvres à l’intérieur d’une des cuisses exposées, en profitant pour dénouer les chausses, l’une après l’autre, descendant à mesure que le cuir quittait l’ancienne prostituée pour dévoiler entièrement son corps. Puis elle remonta, traçant un sillon cette fois brûlant, jusqu’à l’ultime rempart sur sa poitrine, dont elle admira un bref instant la beauté du tissu et la finesse de l’ouvrage. Ses braies suivirent, ainsi que ses propres bottes, et elle les fit basculer en arrière, corps contre corps, sa main tenant celle de Vera alors qu’elles s’étendaient sur les draps doux, et que son envergure lui permettait aisément d’embrasser l’intégralité de l’autre femme, que ses mains parcouraient enfin la peau sans devoir se heurter à la barrière du tissu, ou presque, et qu’elle mordillait avec avidité la chair tendre à la naissance du cou. Quand enfin elle se souleva, dans un appui précaire sur ses coudes, Andra contempla Vera et chuchota dans l’ardeur de leur étreinte :

« Tu es magnifique. »

Ses doigts se faufilèrent contre sa tempe, et elle l’attira pour un baiser ardent, profond, tandis que son corps entier se fondait dans le sien, et que leurs jambes s’entremêlaient pour ne plus savoir exactement à qui elles appartenaient, que leurs lèvres ne cessaient de se chevaucher, à tel point qu’il devenait impossible de tenir le compte de leurs baisers. Que leur importait ? Ils formaient le fourreau de leur étreinte sensuelle, des soupirs échangés et des murmures informulés, tandis qu’Andra ravageait le haut de la gorge avec une lenteur consommée, et que ses doigts se faufilait sous la beauté du tissu orlésien pour caresser la poitrine qui se soulevait au rythme de leurs respirations erratiques.

Oui, à cet instant, dans l’ivresse du désir et l’ardeur de la chair, Vera n’avait jamais été si belle que sous ses doigts et contre ses lèvres. Et elle-même, dans l’envie qui perlait au creux des prunelles grises, se surprenait à se trouver belle. Presque.
Hortense Harimann
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Salonnière de l'Acanthe
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Peuple : Humain
Âge : 36 ans
Pronom.s personnage : Elle
Occupation : Ancienne prostituée, désormais propriétaire d'un salon
Localisation : Hortense passe l'essentiel de son temps dans son établissement, l'Acanthe
Pseudo : Velvet
Pronom.s joueur.euse : Elle
Crédits : Nightingale, Anastasiia Horbunova ; Delilah Copperspoon, Dishonored 2 (winterswake & Sergey Kolesov & coupleofkooks & KOHTLYR) ; Nathie (signature)
Date d'inscription : 09/07/2021
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Attributs : CC : 11
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Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'orFt. Andra Valheim


Sexe, érotisme
Leurs lèvres s’affrontent, ballet silencieux dans les ténèbres de la chambre, tandis que les mains se perdent sur les hanches, s’accrochent à l’étoffe des vêtements dont elles espèrent bientôt pouvoir s’affranchir. L’intensité des caresses, erratiques et voraces, alimentent encore davantage le désir qui consomme la maquerelle, dont les gémissements troublent le calme familier de ses appartements. Anticipation, envie, satisfaction… Chaleur caractéristique qui irradie son être, seconde après seconde, baiser après baiser… jusqu’à ce qu’un frisson, brusque, la traverse.

Le Voile tremble autour d’elle.

Elle le ressent dans ses os, perçoit les frémissements dans sa chair. Réalité qui s’altère un instant, alors qu’Andra agite une main en direction d’une lampe - qui s’embrase. Le geste, anodin, mille fois répétés, lui renvoie au visage l’apostasie de sa compagne, et la sienne, plus aigre encore, que les circonstances lui ont presque fait oublier. Mage.

« Je préférerai te voir. » Est-ce ses mots qui la ramènent de cet ailleurs, ou la sensation irrésistible de ses dents contre sa peau ? Vera l’ignore, mais les voix disparaissent dans la puissance évocatrice de cette simple phrase. Qu’elle la voit : la matrone y consent sans rougir, aisance acquise au fil des années - dans la douleur, d’abord, puis l’orgueil du métier. Alors, elle se laisse faire et remet entre les mains expertes de sa maîtresse le rythme de cette danse. Les lacets de sa robe, puis son pourpoint à elle, qu’elle s’emploie à déboutonner avec diligence. Vient le tour de la chemise, retirée avec semblable hâte, mais dont la disparition marque un battement dans l’exploration de leur corps respectif. Zébrures et impacts, estafilades sèches et nodules… Vera observe les stigmates avec une prudence pudique, mais l’esprit, déjà, s’interroge. « Que t’ont-ils fait ? » questionne son silence, qu’elle ne désire pas expliciter davantage. Plus tard. Le moment invite à une toute autre dynamique, dans laquelle il lui est terriblement facile de se laisser une nouvelle fois sombrer. Doigts qui frôlent la poitrine nue, appréhendent la chair de ces seins menus qu’elle caresse jusqu’à ce que, finalement, Andra ne la bascule prudemment sur le lit. La position de la mage, d’une sensualité calculée, lui arrache d’abord un sourire, qui devient soupir à mesure que les vêtements disparaissent, que les lèvres parcourent la peau nue et que les corps, enfin, se rejoignent.

« Tu es magnifique. » Leurs silhouettes se confondent, noyées dans les ombres mouvantes de la chambre, tandis que Vera gémit sous les assauts de son amante. Son souffle chaud et la présence brûlante de ses doigts contre sa poitrine l’invitent à désirer davantage. Hanches qui s’agitent, protestent contre celles d’Andra… Elle brûle de changer de mesure et finit par s’y employer : d’une impulsion facilitée par sa partenaire, les corps basculent sur les draps et la tendance se renverse. À Vera, désormais, de se redresser, à califourchon sur la garde, qu’elle toise avec hauteur, regard perçant, fauve, qui scrute la chair, embrasse les courbes, et s’enorgueillit de cette découverte. « Tu es magnifique. » Les mots ricochent dans son esprit et la réciproque lui brûle les lèvres. « Toi aussi. » Si elle le pense, la maquerelle préfère le formuler autrement ; avec ses yeux, brillants, qui ne quittent pas le sien tandis qu’elle se débarrasse du tissu qui voile encore sa poitrine ; avec ses mains, à la douceur maîtrisée, qu’elle glisse sur le bassin d’Andra, puis le long de ses jambes, emportant dans leur course l’ultime pièce qui la préservait encore d’une totale et absolue nudité. Toi aussi.    

Vera se cambre, s’inclinant à dessein pour porter ses lèvres à la naissance du bas-ventre. La langue, agile, trace son chemin au creux de la hanche, progresse jusqu’à l’intérieur de la cuisse, où les baisers se font plus joueurs. « Regarde-moi. » Souffle-t-elle contre sa peau. L’ordre, bien sûr, n’attend aucune protestation. Et les lèvres reprennent leur chemin, jusqu’à ce sexe qu’elles caressent, appréhendent enfin ; avec retenue - premier mouvement de leur symphonie -, puis ardeur, tandis que sa langue entre dans la danse.

Oui, les voix sont loin, à présent. Leur terrible vérité aussi.
Mages.

« Pas ce soir. » Une main glisse sur les draps, à la recherche des doigts de sa maîtresse qu’elle mêle aux siens. La seconde se fait plus aventureuse et rejoint la langue dans sa quête de plaisir, dans l’espoir, désespéré, d’éloigner encore un peu, rien que peu, l’amertume de leurs destins.

Pas ce soir.



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Sexe, érotisme

Ivresse délicieuse, que celle de perdre son regard sur un corps sous le sien, de sentir ses mouvements se faire erratiques, à l’unisson des siens ! Un léger sourire aux lèvres, Andra sentait le désir de Vera, et alors que ses bras se refermaient contre la silhouette de l’autre femme, elle abdiqua avec élégance, l’entraînant avec elle dans un léger roulis, pour lui permettre de la dominer de sa taille à son tour. Relevée sur les coudes, son œil contemplait Vera avec une avidité sensuelle, mais aussi une appréciation sincère pour sa beauté intrinsèque. Ce n’était après tout pas un hasard, si la mage avait consacré tout un recueil de poèmes à sa fascination pour la gent féminine. Au-delà de l’aspect strictement charnel, elle avait toujours éprouvé une tendresse étrange, un intérêt inexplicable pour ces corps si semblables, et si différents du sien. Elle aimait regarder leurs courbes et leur dureté, la pointe des hanches et la chaleur des cuisses. Chaque femme aimée avait été un paysage à observer, une toile à décomposer, une œuvre à saluer. Vera, dans l’étrange complexité qu’elle discernait depuis ses débuts au Laurier, était peut-être l’une des représentantes les plus exquises de cet art si puissant. L’œil caressa les muscles fins, l’échine élancée, et s’attarda sans gêne aucune sur le tissu qui avait été auparavant ce rempart si vicieusement contourné, pour profiter de l’érotisme exacerbé de la scène qui se déroulait devant elle. Une expression malicieuse lui vint, alors qu’un de ses genoux se soulevait pour venir taquiner son amante, se plaçant avec adresse sous son centre, tandis qu’elle ne quittait pas de l’œil le dévoilement charmant de la poitrine offerte, l’enveloppant de son regard, le goûtant sans le faire, s’imaginant avec ferveur sa tendresse sous ses doigts, sa forme dans sa main, sa flagrance sur sa langue. Elle était belle, Vera. Beaucoup trop pour être avec elle. La douleur secrète, comme souvent, se joignit à la jouissance des sens. Parce qu’Andra ne s’aimait pas, et ne s’aimerait jamais. Chaque jour, son reflet lui rappelait ce qu’il en coûtait, d’être elle-même. Chaque étreinte la renvoyait à ce corps sec, grêlé, osseux, qui aurait pu être à peine quelconque dans une autre vie, et n’était que ruine, comme ce qu’il restait de son visage. Elle le portait avec un orgueil blessé, une fierté dérangeante, pour le plaisir de voir les sourires se déconfire et la gêne fleurir sur son passage. Il ne lui suffisait pas de voir les visages se tendre à la vue de son bâton, de son uniforme, de la possibilité qu’elle aussi, fasse partie des maudits. Il lui fallait encore confronter les autres à sa laideur, pour se souvenir de ce que leurs cœurs noirs avaient fait subir à une enfant de douze ans. Et chaque frisson arraché la ramenait aux suppliques hurlées, dans l’enfer des Anderfels.

Non, Andra ne s’aimait pas. Mais elle s’aimait dans le regard des autres. Et quand son œil accrocha celui de Vera, elle se consola de ce qu’elle était dans le désir qu’elle y lisait. Son genou de plus en plus appuyé contre le mince rempart de tissu, elle se laissa immerger dans l’ardeur qui y luisait, animale, dans la sensation des mains sur son bassin, contre ses jambes, alors que son dernier vêtement disparaissait pour la révéler entièrement aux yeux de sa maîtresse. Sans pudeur, elle observa Vera se glisser entre ses cuisses, et apprécia avec ferveur la cambrure offerte, se perdant dans les délices de ses rêveries caressantes, ainsi que dans celles, si puissamment matérielles, dont la gratifiait sa partenaire. Son dos s’arqua en arrière lorsqu’elle sentit cette langue taquine remonter sa hanche, sa cuisse, pour mieux l’agonir de baisers. Cette fois, une vague de plaisir l’emporta, et sa poitrine se souleva sous la profondeur de l’envie, alors que la voix qui résonnait l’empêchait de céder entièrement. En appui sur ses coudes, la mage contempla Vera et sa voix de velours, accentuée par la lourdeur de l’envie et la chaleur de l’hédonisme, répondit avec cette espièglerie légère qui marquait sa volonté de tenir ses propres démons à distance :

« A tes désirs. »

Le jeu de mots résonna dans la pièce, et les siens furent satisfaits tandis que les lèvres de Vera entamaient leur descente conquérante. Était-ce le frisson de l’attente, la certitude de l’instant à venir, ou bien encore l’érotisme extrême de contempler l’autre femme lovée entre ses cuisses qui provoqua le premier soupir qu’Andra laissa échapper librement ? Probablement un mélange des trois. Amante méthodique, mais amante silencieuse, la mage n’avait pas la réputation d’être très vocale, stigmate de sa vie au Cercle, de cette existence de plaisirs cachés, de ces amours qui ne pouvaient qu’être condamnées, parce qu’elle en était la cause, ou la conséquence. Un second vint bientôt, échappé dans un jappement rauque, tandis qu’elle sent Vera au plus près de son plaisir. Se mordant la lèvre inférieure pour ne pas fermer son œil et rejeter sa tête en arrière, la garde éprouva cette douleur si délicieuse de nier l’expression la plus absolue de sa jouissance, tout en subissant les assauts répétés et experts de son amante avec délectation. Elle sentit la main de sa compagne chercher la sienne, et ses doigts se faufilèrent dans la paume offerte, les liant doucement. Ses jambes se dénouèrent à leur tour, remontant de la plante des pieds le bas du corps de Vera avant de l’emprisonner délicatement pour l’amener encore plus près, si cela était possible du centre de son désir, palpitant et brûlant. Et elle continuait de la regarder, son œil se voilant au fur et à mesure de sa lente montée vers l’ailleurs. Une légère convulsion la prit quand la houle l’emporta vers des horizons si proches, si beaux. Un tremblement agita sa jambe, et un grondement de basse s’échappa de sa gorge alors que tout son être dérivait lentement, follement. Insensiblement, elle s’élevait, alors que la lie l’emportait. La boue des plaisirs charnels se sublimait dans l’or de la félicité la plus pure, la plus exquise.

Et pourtant. Elle en voulait plus, avant d’avouer sa défaite, de plaider l’abandon, de rendre les armes. Son naturel joueur, et sa passion vivace pour les soupirs de l’autre, tout concourrait à lui lancer un défi qu’elle était bien en peine de ne pas relever. L’effort fut à la mesure de la dextérité de Vera tandis qu’elle parvenait à énoncer, de manière cohérente :

« Ralentis … Laisse-moi … »

Ne t’arrête pas. Laisse-moi t’offrir ce que tu me donnes. Laisse-moi me convaincre que la magie n’est pas qu’un fardeau, une tare, un cauchemar qui m’a condamné. Laisse-moi …

« … T’emporter. »

Cette fois, enfin, son œil se ferma. Le plaisir continuait à venir, mais Andra avait l’œil rivé sur l’Immatériel. Jeu dangereux. Jeu brûlant. Sommet de son art érotique aussi, car en effet, la magie servait l’homme, et surtout la femme. Qu’il était aisé de ne pas entendre les voix murmurantes, quand rien de ce qu’elle pouvait lui susurrer ne serait jamais à la portée de la concupiscence qu’elle ressentait à cet instant. Qu’il était facile, de ne leur accorder aucune importance, parce que l’entièreté de son monde se réduisait à cette chambre au dernier étage, à ce lit aux draps souples, et à la femme qui la torturait de la plus exquise des manières. Sa respiration, jusque-là heurtée, se calma, alors que la concentration venait, effort suprême de la volonté et triomphe de l’esprit sur la chair. Lentement, elle tissa sa toile autour de Vera, comme elle l’avait fait, en de rares occasions, aux amantes qu’elle voulait célébrer. La magie avait bien des usages, après tout. Croyait-on que ses utilisateurs avaient circonscrit son usage au simple utilitaire ? Voilà qui eut été pour le moins décevant. Oh, chacun avait ses secrets. L’Ecole de l’Instinct et son électricité pouvaient faire des merveilles. Que dire de celle de l’Entropie, et du plaisir délicieux à plonger ses partenaires dans des transes aphrodisiaques, cauchemars merveilleux ? Et la liste s’allongeait, limitée par la créativité, et le goût du risque. Andra avait les deux. Et l’Ecole de la Création, la bien-nommée, n’avait jamais été avare en possibilité. Ce qui, après tout, insensibilisait à la douleur, pouvait pousser les nerfs à la sensibilité la plus extrême. Avec un talent certain – qu’un autre mage aurait pu reconnaître sans mal – la garde manipula les filaments de l’Immatériel, jouant avec eux plutôt que de les plier à sa volonté, dans un équilibre subtil. Et avec un sourire fin, elle sentit les premiers effets du sort venir, quand elle poussa un ensemble de nerfs particuliers chez son amante.

Alors, enfin, elle consentit à rejeter sa tête en arrière, et à se laisser entièrement dominer par les sensations qui l’emportaient à présent tout à fait. Plus son plaisir augmentait, plus elle le communiquait à sa maîtresse, dans un abandon réciproque. Ses jambes se croisèrent un peu plus contre l’échine de l’autre femme, et ne resta bientôt plus que l’ivresse. Et enfin, l’oubli vint. Ce moment qu’elle chérissait, celui où rien n’existait hormis la recherche absolue de la délivrance, pour elle et pour sa partenaire, la saisissait. Le monde n’existait plus, celui-ci comme l’autre, derrière le Voile. Le silence se faisait, dans son cœur comme dans sa tête. Seule existait la sensualité de l’instant, les soupirs qui résonnaient, la peau qui se chevauchait, et la main de Vera dans la sienne, qu’elle n’avait jamais lâchée, qu’elle serrait dans l’acmée qui enflait. Dans un sursaut d’orgueil, elle rouvrit son œil, et parvint à maintenir son cou tendu pour contempler une ultime fois son amante. Impudique, vibrante, fière jusqu’au bout, elle lui offrit la vision de la plus ultime des vulnérabilités, alors que son corps entier succombait à la pulsion suprême. Cri sombre. Cri rauque. Cri palpitant. La délivrance la faucha, brûlante et profonde, et dans la violence magnifique de l’assaut, elle ressentit la paix si recherchée, celle de l’éternité d’un instant. Aucun bruit, aucune voix, rien d’autre que ce plaisir si brutal, si sublime. Rien que son corps qui prenait enfin le dessus sur cet esprit faible. Rien que Vera et ses lèvres, Vera et son plaisir.

Vera, dont elle expira le prénom, et dont l’image se figea dans sa rétine, qu’elle emporta sur les rivages du néant le plus merveilleux, pour quelques secondes précieuses. Vera que ses mains vinrent chercher, doucement, une fois ses frissons stabilisés, pour unir leurs lèvres dans un baiser hors du temps, à la fois doux et violent, délicat et mordant, avide et chaste, de remerciements et de promesses. Il avait le parfum d’Andra, ce baiser, l’odeur du Voile, la flagrance du désir de Vera et de ce qu’il restait de son ultime vêtement. Il sentait le stupre et l’envie, la tendresse et l’offrande.

Ce baiser, c’était elles, dans leur abandon et leur envie d’oublier, dans la tristesse de leurs existences brisées, et dans l’envie farouche de vivre, encore et encore, pour voir au détour d’un regard étranger, la beauté d’âmes massacrées.

Tu n’as jamais été aussi belle que là,
Perdue au creux de mes reins, languide alanguie.
Tes lèvres humides murmurent une symphonie
Dont l’écho danse sur ma peau avec fracas.

Aime-moi ! Aide-moi ! Amène-moi là-bas,
Dans cet ailleurs si loin qui n’appartient qu’à toi.
La houle chevauche le désir de tes doigts,
Et m’emporte. O acmée, o ton combat.

Laisse-moi te conter ce qui n’existe pas,
Savourer un monde qui ne sera jamais,
Celui où j’aurai pu dire que je t’aimais,
Celui où la magie ne me condamne pas.
Hortense Harimann
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Sexe, érotisme
Elle se tord sous sa langue, sous ses doigts besogneux qui n’ont pour aspiration que son unique plaisir. Donner, pour à son tour obtenir : des gémissements, profonds et entiers, des sursauts motivés par l’expertise de ses assauts. Orgueil qui se gonfle à mesure que monte la délectation de l’autre - non par absolue dévotion, mais par fierté mal placée ; celle que lui procure la domination et la maîtrise, intrinsèques à l’abandon de ses partenaires. Quête de pouvoir, en somme, détournée dans ce que le destin lui a appris à faire de mieux : faire jouir. Le choix, bien sûr, n’avait d’abord pas été le sien : l’initiative était revenue à d’autres, adultes malfaisants qui avaient vu dans son corps d’enfant une opportunité lucrative. Treize ans. Brisée. Par le premier, qui avait négocié son innocence à prix d’or, et tous les autres après lui, jusqu’à ce que, finalement, le dégoût et la détestation ne se muent en une détermination farouche de vivre. Et l’orgueil avait été sa béquille. Car une goutte de son sang, aussi vicié fut-il, valait mieux qu’un kil du leur. Béatrice de Morrac valait mieux que chacun d’entre eux. Vera aussi.

« Ralentis… » Andra gémit, œil rivé sur elle tandis qu’elle persiste dans ses travaux charnels. Si la mage s’est montrée docile à l’égard de son ordre, la maquerelle, pour sa part, rechigne à faire montre de pareille discipline. Cadence qui s’accélère, alors que son regard ne quitte plus le sien. Insolence. Envie. Suffisance.  « Laisse-moi… T’emporter. »

Elle ne comprend pas tout de suite, mais les frissons reviennent - anormaux dans la chaleur de leur étreinte. Et puis, elle les ressent. Des ondulations dans l’atmosphère, légères mais familières, et qui ne laissent aucune place au doute : le Voile s’agite à nouveau, à l’initiative, mystérieuse, de sa maîtresse. Pourquoi ? La confusion arrache un instant Vera à son affaire, sourcils froncés : « Qu’est-ce que… » La réponse, toutefois, écrase bien vite la fugacité de la pensée, lorsque la chaleur, au creux de son ventre, vient à croître à mesure que le Voile vrombit. Remous agréables, ondes qui l’électrisent. Et une once, certaine, d’incrédulité. La garce.

Si elle se crispe sous la tension nouvelle, la matrone s’accroche à son ouvrage, par fierté et goût certain pour les envolées sensuelles correctement achevées... Mais le plaisir progresse, celui d’Andra comme le sien, vagues implacables qui lui arrachent soupirs et complaintes, mais qu’elle se refuse obstinément à embrasser. Pas encore. Pas encore. C’est trop tôt. Pas encore. Pas…

Elle le pressent avant de l’entendre, cet orgasme qui la saisit. Dans les draps qui se tendent sous les contorsions du corps de son amante ; dans les tressautements des jambes contre son dos ; dans la pression tendre de sa main dans la sienne. Puis viennent les grondements : graves, chauds, profonds, et son nom dans sa bouche. Vera - cape d’ombres qu’elle s’est choisie, voilà une éternité de cela, et qui explose dans cette nuit de Marchiver. Vera. Vera qui bouillonne contre sa maîtresse, oeil se délectant de la vision offerte. Celle de cette femme terriblement fière qui s’ébranle sous ses caresses, alors que celles d’Andra menacent de la faire vasciller à son tour. Et la jouissance la guette, teintée de frustration, à laquelle elle tente de remédier de ses propres doigts.

« Tu… Merde » Le plaisir l’emporte, tandis que la malédiction résonne des accents de l’Empire ; négligence que la situation ne le lui laisse pas l’opportunité de regretter, car déjà Andra l’attire contre ses lèvres, dans un baiser frénétique qui lave son esprit des angoisses de la veille et des préoccupations du lendemain. Vera s’y abandonne de bon cœur, son corps pressé contre le sien, alors que l’âme goûte au bonheur de l’oubli.

Et le silence retombe… rythmé par les échos du Laurier en contrebas et de leurs souffles qui s’apaisent.
Pour quelques secondes d’éternité.
Hélas...

« Où diable as-tu appris à faire ça ? » La matronne murmure contre son cou, yeux clos. Certains mystères ne peuvent attendre.



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Distraitement, les doigts d’Andra se promenaient sur les côtes de de Vera, dessinant des arabesques dont seul son esprit avait le secret, tandis que sa poitrine s’abaissait et se soulevait doucement, et qu’un sourire aux ourlets pétris d’un orgueil de tout jeune homme éprouvant la fierté de sa virilité pour la première fois venait s’épanouir sur son visage. Il était difficile de ne pas éprouver un orgueil joueur à l’idée d’avoir surpris quelqu’un de la trempe de sa partenaire. Si elle n’avait guère douté de son expérience – parce que la mage avait suffisamment remué les boues de la terre pour savoir que l’immense majorité des maquerelles n’avaient obtenu que la seule élévation sociale qui leur était possible après avoir été catin -, elle admettait volontiers avoir trouvé une amante à sa mesure. Elle se demanda un bref instant si sa compagne appréciait aussi la compagnie des hommes, ou si la chose avait été uniquement pécuniaire. Et s’interrogea sur ce qui aurait été le plus douloureux, que d’être utilisée comme objet de plaisir par ceux qu’on aurait pu aimer, ou de devoir supporter des assauts sans parvenir à en retirer une réelle satisfaction. Elle sentit ses caresses se faire, presque instinctivement, plus lentes, plus tendres aussi, et s’en voulut légèrement de cette once de compassion qui venait de l’envahir, parce qu’elle avait la sensation que Vera l’aurait repoussée avec ardeur, et qu’elle avait tenté de faire ce qu’elle pouvait, avec les cartes qu’elle avait dans sa main. Comme elle-même. Tout le monde n’avait pas la même chance lors du tirage au sort du destin, tout simplement. Restait les quelques satisfactions qui pouvaient être arrachées au flot morne de cette existence et à ses douleurs. Au loin, la garde entendait les bruits du Laurier nocturne, semblables à ceux qui avaient empli cette chambre quelques instants plus tôt, et en même temps, un peu distordus, peut-être parce que les voix féminines étaient insensiblement plus étouffées, plus haut-perchées … plus fausses que l’immense majorité des voix masculines. Les soupirs des étreintes tarifées se mêlaient au son du souffle de Vera contre son cou, et au bruit de sa propre respiration. Un frisson agréable lui vint à la question de son amante, et son sourire s’élargit. Quelques souvenirs diffus lui vinrent, et un ricanement rauque lui échappa :

« Pas dans une leçon du Cercle, en tout cas. »

Une once d’un sentiment étrange vint teinter le sarcasme de la phrase, et fit ressortir l’accent rugueux des Anderfels, accentuant le rocailleux de son contralto encore éraillé par le plaisir ressenti. Le juron orlésien, lui, flottait toujours à ses oreilles, et Andra se dit avec un amusement bien présent que l’amour avait cela de beau qu’ils révélaient souvent ce qu’on tentait de cacher, car le plaisir était toujours le plus bel égalisateur du monde. Matrone ou putain, veuve ou jeune première, les expressions de la jouissance étaient multiples, mais à la fin, l’envie était la même, puissante et dévorante, profonde et sublime, et dans la véhémence de l’ardeur, les laides égalaient les belles, et chacun, l’espace de quelques instants, fugaces, trouvait dans la solitude du désir partagé un peu de paix. Est-ce que cela l’étonnait ? Pas exactement. Est-ce que cela l’intriguait ? Evidemment. Est-ce qu’elle avait envie d’en savoir davantage ? Sûrement. Mais pas maintenant. Se tournant vers Vera, toujours dans ses bras – la position avait eu des allures d’évidence, compte tenu de leurs tailles respectives et de sa propre allonge -, Andra déposa un baiser furtif sur les lèvres de sa maîtresse, et sa main descendit plus bas, longeant les courbes minces pour l’attirer contre elle, dans un corps à corps languide, seulement pour le délice de savourer sa peau contre la sienne, son odeur et la sienne mêlée, et la présence simple d’un autre être contre elle, entre ses bras, contre ses doigts.

Presque malgré elle, la mage approfondit l’étreinte, et ses caresses se firent plus précises, ses phalanges passant sous le dernier vêtement – toujours présent – de Vera, explorant la chair ferme sous ces dernières, pendant que ses lèvres reprenaient un ballet sensuel. Passé la première réalisation avide du désir farouche qui les avait animé, Andra retrouvait son affection pour la lenteur suave. En vérité, cela eut pu rester fort chaste, mais la chaleur du corps de Vera contre le sien réveillait chez l’impétueuse guérisseuse l’envie d’inspecter ce dernier à loisir. Finalement, avec délicatesse, elle se glissa au-dessus de l’autre femme, comme au début de leur étreinte passionnée, et chuchota contre sa bouche, avant de la capturer d’un nouveau baiser :

« Mais je préfère les moyens plus ordinaires. »

Parce que la prudence le commandait. Et parce que, surtout, le plaisir d’Andra avait toujours été dans celui qu’elle offrait, et beaucoup moins dans le sien. Amante altruiste, rien ne l’étourdissait plus que de voir une femme éprouver de la félicité sous ses doigts, contre son corps, et sentir que, pour quelques précieuses minutes, elle était son univers. Que ses soupirs n’appartinssent qu’à elle, qu’elle en était la cause, qu’elle était capable d’arracher un autre esprit à la nuit. La mage s’était depuis longtemps résigné à ne jamais pouvoir donner ce que d’autres pouvaient épandre avec vigueur. Point de bonheur familial, et peu d’espoir d’acceptation dans un monde qui rejetait avec force ce qu’elle était. Mais le plaisir, elle pouvait le procurer. En dépit de sa laideur, de son statut de femme, de sa magie, de la souillure qui dévorait peu à peu son corps et causerait sa perte, de tout ce qui l’empêchait d’être une partenaire à laquelle on pensait au-delà des quatre murs d’une chambre et de l’envie dévorante ou de la curiosité parfois malavisée, elle aimait, pour une nuit ou quelques étreintes, avec toute la fureur de son malheur, avec tout l’espoir de son orgueil. Elle révérait les corps sous ses doigts, sous ses lèvres, ne s’arrêtait qu’une fois avoir été certaine d’offrir la félicité la plus hardie, la plus absolue. En un sens, chaque femme qui avait partagé sa couche avait été unique, et elle les avait toute aimés follement, dans l’ivresse des sens et la joie secrète de sentir que, pour une fois, elle avait l’attention pleine et entière d’une personne. Elle vivait pour leur regard, leur emportement, leur goût au creux de sa langue, pour avoir la sensation furtive d’être voulue. Au moins un peu. Au moins quelques heures. Pour se consoler de ce qu’elle serait, le jour venu : une étrangère, une erreur, ou la femme d’à côté.

Doucement, elle glissa des lèvres au menton, puis descendit dans le cou, profitant des frissons arrachés à la chair tendre, pendant que ses mains continuaient à exercer leurs sulfureuses admonestations, avant de s’attaquer à la clavicule, cherchant le point faible qui ferait tressaillir son amante. Elle prenait son temps, comme si plus rien d’autre n’existait que Vera. Ce qui était le cas. Toute son attention était focalisée sur cette dernière, et son œil brillait d’une lueur indéfinissable, où la passion se mêlait à une dilection réelle. Attentive au moindre indice, au rythme de son souffle, à la variation de sa voix, à la sensibilité de la peau, du corps, à l’initiation du moindre mouvement trahissant une préférence ou une aversion, Andra s’adaptait, tâtonnait délicatement pour découvrir les préférences de son amante et en faire bon usage afin de décupler son plaisir. Avec précaution, elle continua sa descente, ses lèvres comme une de ses mains longeant la poitrine, avant d’y goûter, là encore observatrice de ce qui indiquerait une opposition ou une envie. Sa bouche titillait, mordillait, savourait, tandis que ses doigts jouaient, caressaient, dévoraient. Parfois, elle changeait de rythme, avant de ralentir, maintenant Vera dans l’attente dans une torture sensuelle dont elle s’amusait à contrôler l’accentuation avec ferveur. Sa propre ardeur n’en était qu’exacerbée, mais elle la contrôlait. Un moment, elle se redressa sur ses coudes, contemplant à nouveau Vera et vint l’embrasser, dans une étreinte éperdue, et pourtant d’une puissante douceur. Comme souvent dans ces instants hors du temps, il y avait une forme de fragilité délicate qui se nouait, une révérence pour le plaisir partagé, pour la vulnérabilité admise, donnée à sa vue, et un respect de l’autre, de ses failles comme de sa beauté. Andra ne les avait jamais redoutés. Parce qu’elle n’avait jamais eu honte de son amour sans faille pour la beauté des corps, tous les corps qu’elle avait pu découvrir, aimer, adorer, parce qu’elle y trouvait une inspiration pour continuer à les cartographier, dans leurs infirmités et leurs grandeurs, dans ce qui n’était révélé qu’à l’ombre tremblotante de la flamme projetée.

Dans un souffle, la mage rompit leur baiser, et reprit son exploration, arrivant au bassin, aux côtes, effleurant le bas-ventre, le haut des cuisses. En découvrant quelques vergetures, l’accoucheuse qu’elle avait si souvent été marqua une infime pause, et emporta la connaissance du secret en apposant ses lèvres sur ces marques, les aspirant avec paisiblement, ne cherchant nullement à les éviter, et les reconnaissant à leur juste valeur, comme faisant partie de Vera. Elle n’avait pas besoin de savoir exactement ce qu’il en avait été, bien que la vérité n’était guère difficile à deviner – les grossesses faisaient partie des risques du glorieux métier de puterelle -, mais elles appartenaient à son histoire. A vrai dire, elle éprouvait une tendresse sincère pour ces découvertes dans le secret de l’alcôve, pour tout ce qui se passait de mots et qu’elle emportait dans la douceur de ses caresses. Certains secrets, elle s’en était rendu compte, étaient plus douloureux que d’autres. Certains signes ne trahissaient pas, hélas, sur les souffrances infligées par un monde aux instincts bestiaux. Elle ne pouvait, dans ces instants, qu’essayer d’aimer les stigmates, et celles qui les portaient. Les convaincre qu’elles étaient dignes d’être adorées, malgré les souvenirs et l’intimité souillée. Alors un enfant … c’était une étape. Quelque chose qui montrait une vie mature, qui avait eu ses bonheurs et ses errements. Pareillement, elle arriva à l’intérieur de la cuisse, et passa un doigt curieux sur les contours du laurier inscrit dans la peau. Elle s’interrogea sur sa signification, sur le moment où il avait été apposé, s’il avait précédé ou avait été la promesse. Elle le goûta, embrassant la chair délicate comme ce qu’était l’amante sous ses caresses, ne reniant pas ce qu’elle était, ce qu’elle représentait. Peut-être parce qu’Andra n’éprouvait pas de l’attirance pour Vera en dépit de son métier, mais en partie par ce qu’elle parvenait à dégager en ayant conscience de ce dernier. Sa main libre remonta, en des mouvements plus osés encore, s’enroula autour du tissu froissé. Quand enfin la garde consentit à se détacher de son festin, ce fut pour agripper le bord du vêtement. Avec une lenteur cruelle, elle le fit glisser avec ses dents, centimètre par centimètre, et sa langue traçait un sillon brûlant sur la peau offerte. Enfin, elle le fit glisser complètement de ses mains, pendant que sa bouche avait repris son exploration de tortionnaire. Néanmoins, elle sentait l’excitation de l’autre femme, et consentit enfin à offrir ce qui était promis, non sans avoir mémorisé dans l’ombre de sa prunelle unique tous les plis et les déliés, les monts et les vallons, les grains de beauté et les aspérités, tout ce qui était Vera sous ses doigts.

Nul ordre, nulle demande. Andra s’en moquait. Ce qu’elle voulait, précisément, c’était voir Vera dans ce qu’elle lui offrirait, et rien de plus. Passant ses bras à l’intérieur de ses cuisses, elle les plaça par-dessus ses épaules, dans une position plus aisée pour elle – plus érotique aussi. Et tandis que ses mains parcouraient la chair nue, ses lèvres commencèrent leur danse la plus hardie contre son intimité. Si la grammaire de ce discours lèvres à lèvres lui était depuis longtemps acquis, elle avait toujours eu la conviction qu’elle ne s’ornait de compléments qu’à la mesure de chacune, car les goûts étaient différents, et les préférences variées. Tout le plaisir de l’amour était de les découvrir peu à peu, et non d’imposer un schéma certes efficace, mais manquant singulièrement de beauté. Et l’esthète qui sommeillait en elle y aurait vu une forme d’insulte à son art. Sensible aux inflexions, à ce qui pourrait la guider, elle se laissa porter par Vera, identifiant ce qui lui plaisait particulièrement ou ce qui avait moins d’attrait pour chasser les seconds et continuer les premiers. Sa langue chuchotait des promesses interdites, dans ce ballet ardent auquel elle s’adonnait, et la flagrance de l’autre femme comme son goût sur ses lèvres aurait presque suffi à contenter le désir, profond et puissant qui prenait possession de son propre corps. C’était là l’acmée de ses fantasmes, de voir peu à peu la jouissance se former, d’être la récipiendaire de pareils soupirs. Avec délectation, elle continua, encore et encore, ralentissant parfois volontairement le rythme de ses caresses avant d’accélérer, dans une symphonie qui était celle d’une musicienne ayant peu à peu appris à maîtriser le plus exquis des instruments. Ses doigts quittèrent la peau pour venir enfin se mêler à cette farandole des sens qui l’emportait peu à peu elle aussi.

Bientôt, ses doigts s’autorisèrent à continuer seuls leurs entrechats sensuels, tandis qu’elle remontait, et embrassa doucement son amante. Son autre main saisit l’une de celles de l’autre femme, et elle l’amena vers la propre source de son envie, doucement, l’aidant si le plaisir était trop fort pour réellement agir, avec la volonté simple de partager, au moins un peu, la pureté des sommets qui approchaient. Cependant, Andra devait l’admettre : malgré tout l’entrain potentiel, les gestes en eux-mêmes, contrairement à leur étreinte précédente, n’auraient que peu de charme pour elle-même. Son érotisme était tout entier focalisé sur les gémissements entendus, sur la chaleur autour de ses doigts, sur le ballet languide de sa langue contre celle de Vera. Sur elle, et sur rien d’autre. Sur son plaisir, et uniquement ce dernier. Sur l’offrande partagée, au creux de la nuit, à l’ombre de ses soupirs, dans la chambre de ses envies. Et elle traça contre ses lèvres ce qu’elle voulait, à défaut de lui dire :

Jouis pour moi.
Soupire pour moi.
Aime-moi, juste un peu.
Contre ta peau, contre ton corps.
Contre ton âme, contre tes soupirs.
Oublie ce que je suis.
Ne m’oublie pas.
Sois à moi.
Juste pour ce soir.
Juste pour toi.
Toi.


Elle attendit, délicatement, que la délivrance vienne, que la houle emporte Vera, la guidant doucement vers l’abîme, et consentit enfin, à se laisser elle-même partir, de quelques gestes rapides. Andra se perdit dans les draps froissés, ruinés, et instinctivement, retrouva la même position que précédemment. Ses yeux, eux, ne quittaient pas le plafond et son bois.

Son cœur, lui, n’avait pas quitté Vera, parce que son esprit restait accroché à ses soupirs. Elle sourit. Cette fois, les soupirs du Laurier se perdirent dans le lointain, alors que d’autres échos emplissaient encore ses sens. La nuit  était belle, et peut-être qu’elle aussi.

Au moins un peu.
Hortense Harimann
Hortense Harimann
Salonnière de l'Acanthe
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Hortense Harimann
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Illustration : Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or - Vera 011f5ca56cc03348d7b6ea2f5afdfaf0

Peuple : Humain
Âge : 36 ans
Pronom.s personnage : Elle
Occupation : Ancienne prostituée, désormais propriétaire d'un salon
Localisation : Hortense passe l'essentiel de son temps dans son établissement, l'Acanthe
Pseudo : Velvet
Pronom.s joueur.euse : Elle
Crédits : Nightingale, Anastasiia Horbunova ; Delilah Copperspoon, Dishonored 2 (winterswake & Sergey Kolesov & coupleofkooks & KOHTLYR) ; Nathie (signature)
Date d'inscription : 09/07/2021
Messages : 754
Autres personnages : Marigold
Attributs : CC : 11
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Vol : 15
Ch : 15

Classe : Civile, niveau 2
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Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'orFt. Andra Valheim


Sexe, érotisme
De l’apaisement, au fond du cœur, comme un poids que l’on retire. Le froid, l’envie… Autant de désagréments chassés par la fougue de leur étreinte, dans le concert sensuel de leurs gémissements. Lovée contre la mage, dans un abandon sincère dont elle est la première à s’étonner, Vera savoure les ultimes échos de sa jouissance, nez glissé au creux du cou de sa maîtresse. Le parfum qu’elle y décèle, plus que trahir la passion de leurs ébats, révèle une odeur boisée tout à fait plaisante, au gré de laquelle la maquerelle se laisse doucement porter, tandis qu’Andra pavoise : « Pas dans une leçon du Cercle, en tout cas. » Le rire qu’elle laisse échapper repousse encore un peu la rudesse de l’hiver, comme cet accent, intriguant et inédit, dont elle enrobe soudainement ses mots. Si l’esprit s’y accroche un instant, la légèreté du moment invite Vera à laisser filer la bizarrerie. Les doigts qui courent sur sa peau, bien sûr, ne sont pas tout à fait étrangers à l’affaire. Arabesques tendres, comme autant de motifs abstraits, que la matrone se surprend à accepter sans effort…

Jusqu’ici résolument closes, les paupières s’animent enfin pour révéler le corps par lequel est venu, ce soir, son extase. Un corps sec, à la musculature nerveuse, qu’elle frôle distraitement du bout de ses doigts fins, précisant, sous la balade de l’index et du majeur, le tableau aperçu plus tôt au hasard de leur menuet. Ici, la chair abîmée par quelque odieuse cicatrice, là, le pourtour caractéristique, charmant, d’un mamelon et, ici encore, le dénivelé saillant des côtes. Autant de plaines et de monts étrangers que la jeunesse de la nuit la destine à explorer plus avant, mais dont Andra, d’un baiser appuyé, coupe langoureusement la prospection. Offense ! … dont Vera ne trouve pas à se plaindre. Son corps, d’ailleurs, ne tarde pas à trahir l’envie, sournoise, lancinante, qui revient à mesure que la mage impose sa valse, coule sa main le long de ses courbes.

« ― Mais je préfère les moyens plus ordinaires.
   ― Voyez-vous ça. »

L’orgueil lutte contre l’irrésistible ascendant de l’Autre, mais Andra le musèle d’un nouveau baiser. La matrone n’a pas le cœur à la lutte, et concède volontiers sa défaite d’un gémissement satisfait, alors que les doigts dansent contre son sexe, et que la bouche quitte finalement la sienne pour se couler jusqu’à son cou - point faible -, sa clavicule, sa poitrine… avec une lenteur perfide qui l’envoûte autant qu’elle l’indispose. Le désir, brûlant, qui consume ses entrailles appelle à une réalisation plus brutale, que Vera manifeste par plusieurs suppliques impudiques - liberté du verbe, strictement offerte aux amours saphiques. Hélas, si la matrone sait son amante attentive, la mage décourage ses espoirs par quelques nouvelles passes languides, au rythme de ses seules fantaisies… Le baiser qui les accompagne n’accentue que davantage encore son désir.

Les dents s’accrochent un instant aux lèvres, joueuses, suppliantes, téméraires, avant qu’Andra ne se dérobe encore, pour plonger plus profondément contre son corps. Des prières interdites se forment entre les tempes de la maquerelle, mi-jurons, mi-adjurations,  tandis que la langue trace son chemin contre son bas-ventre. Le souffle chaud de la mage contre sa peau éveille un frisson chez sa maîtresse, qui note la halte, discrète, au détour des cuisses. Ses stigmates à elle, remportés sur l’autel sacrificiel de la maternité. Oh, comme elle avait détesté ces zébrures, autrefois ! Comme son corps lui avait fait horreur, lorsqu’elle s’était aperçue que, si l’enfant avait disparu, l’odieux bâtard avait laissé de profondes marques dans sa chair, de celles que l’on ne peut dissimuler et dont la nature seule trahit les origines. Sillons amers, que la sagesse des années avaient fini par laver de leur chagrin, de sorte que Vera, désormais, ne les considérait plus qu’avec une indifférence franche, comme ses amants et maîtresses l’avaient toujours fait. Qui, après tout, voudrait d’une mère comme puterelle ? Le consensus, implicite, de négation l’a toujours arrangé, car chacun des partis, au final, y trouve son compte. Aussi, quelle étrange sensation que de sentir cette bouche faire brutalement fi des accords passés, pour s’emparer soudainement de ce fragment d’histoire si souvent dénié ! De percevoir la révérence, au travers des baisers… Hommage - lèvres caressant la peau abîmée - : à cette mère qu’elle n’a jamais su vraiment être. Hommage - doigt esquissant la silhouette du laurier, à l’intérieur de la cuisse : à cette jeunesse qui l’a quittée, comme l’artiste derrière le motif. Hommage - mains qui s’emparent du tissu - : à la femme, nue et imparfaite, puissante et fière, vulnérable et amère, qu’elle s’autorise à dévoiler, dans l’intimité de leur étreinte.

Et la langue, enfin, la saisit.

Langue brûlante. Langue orgueilleuse. Langue bavarde. Langue moqueuse. Langue éloquente. Langue joueuse. Langue détestable. Langue désirée. Langue désirable…

Vera se cambre sous cette langue, accueille ses faveurs à renfort de gémissements et de soupirs à la hauteur du plaisir qu’Andra lui procure. Dans une pulsion qu’elle contrôle à demi, l’une de ses mains se perd dans la chevelure de sa maîtresse, à la recherche d’un contact qu’elle veut toujours plus pressant, toujours plus profond, toujours plus entier. « Non ! » manque-t-elle de supplier, lorsque, finalement, la mage se libère de son emprise, pour venir lui voler un nouveau baiser et laisser sa jouissance à la seule application de ses doigts. Les siens, malgré le brouillard de plaisir qui trouble sa conscience, se hâtent à rejoindre le sexe si diligemment offert, pour un nouveau ballet aux accents lubriques. Pour combien de mesures ? Vera l’ignore, car voilà que l’orgasme approche, encore et encore, par vagues puissantes qui finissent par l’emporter entièrement, tandis qu’Andra, à son tour, s’abandonne au creux de sa main.

Hommage.

Les corps se retrouvent au milieu des respirations fébriles et de la moiteur des peaux, sans que ni l’une, ni l’autre, n’entreprenne de briser le silence qui les couve. L’instant, après tout, doit-il nécessairement appeler à une conclusion ? «  Oui. » tempère le bon sens, malgré les protestations de l’âme. Oui. Mais…

« Tu peux rester ce soir, si tu veux. Les lèvres ont regagné leur place à la naissance du cou. Mais il te faudra avoir quitté cette chambre à l’aube. »

Oh, comme le jour, alors, pouvait être laid, et la nuit si belle.



Adore her. She demands it.

She dreams of all the world bowing, but more than that. Loving her. Breathing her name.

Vera devise en #993366
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TW : Nudité, Sexualité, Vulgarité

« Tu peux rester ce soir, si tu veux. [...] Mais il te faudra avoir quitté cette chambre à l’aube. »

« Il faudra que je regagne la Commanderie, à l’aube. »

Son œil n’avait pas quitté les lambris du plafond, tandis que son sourire se teintait d’un rien de fatuité alors que la voix de Vera se parait dans son imagination d’autres éclats qui n’appartenaient qu’aux instants écoulés. L’aube viendrait, funeste, et si l’une rappelait sans ambiguïté son envie de discrétion, l’autre n’offrait que la vérité d’une servitude qui finissait toujours par la héler, maîtresse ô combien plus avide que celle qui était dans les bras d’Andra. Il en avait toujours été ainsi. Dans sa jeunesse au Cercle, les étreintes ne s’éternisaient pas, et chacune regagnait ses quartiers en silence. Puis, les années avaient enfin offert un peu plus d’intimité, mais nombre de couples de mages préféraient ne partager leur lit qu’à la nuit tombée, et repartir au petit jour, comme si leurs amours en elles-mêmes étaient honteuses, comme si l’impératif de discrétion continuait à les marquer de son sceau d’infamie. Et après … Toujours, au petit jour, il fallait partir. Pour échapper aux partenaires trompés, aux rumeurs douloureuses, ou simplement parce que l’éphémère de ces instants partagés en faisait toute la beauté. Cela ne lui avait jamais pesé. Pratiquement. Si, parfois, après plusieurs années, dans ce Névarra qu’elle avait tant adoré, la douleur avait été discrète, mais réelle, que de devoir masquer l’affection et n’être jamais qu’une ombre, qu’un sourire flottant, qu’un souvenir silencieux. Mais elle l’avait choisi, incapable de concevoir qu’il puisse en être autrement, que l’amour puisse être vécu au grand jour. Du moins, pas avec quelqu’un comme elle. Il y avait toujours les regards volés, et les caresses échangées, pour se consoler. Quant au reste … Il n’en serait jamais autrement, parce que la nuit était le domaine des laids, des damnés et des débauchés, et qu’elle avait toujours appartenu à ces trois royaumes de misère. Parce que la Garde des Ombres l’empêcherait toujours de concevoir autre chose que ces baisers couverts par la nuit, et par ces plaisirs tapis dans les bras des autres. Elle se demanda s’il en était de même pour Vera, si le masque de maquerelle commandait qu’il n’y ait jamais personne de visible à son bras, pour l’attrait de la clientèle ou pour l’autorité sur les puterelles, dans cette illusion d’inaccessibilité qui, autant le confesser, ne pouvait que constituer un défi charmant – et qu’elle s’était plu à relever, parce que la mage était joueuse, et parce qu’elle aimait chercher ce qui se cachait derrière les ors et les boues, derrière les déguisements et les esquives des autres.

En vérité, tant de questions lui venaient sur sa compagne d’une nuit. Son œil se posa furtivement sur les tapisseries, sur les meubles joliment arrangés, bien loin de ses propres quartiers spartiates et dépouillés, à l’image, sans doute, de la belle mise de l’une et de la nonchalance négligée et sans apprêt de l’autre. Et le juron revint tinter à ses oreilles. L’Empire était-il la malédiction de Vera, ses Anderfels à elle ? Pour camoufler habilement l’accent d’antan aux oreilles des autres, et pour qu’il ne reparaisse que furtivement, quand le contrôle était le moins assuré et le plaisir le plus puissant ? Il y avait une histoire, derrière chaque mage. Il y avait une histoire, derrière chaque catin. Elle repensa au tatouage, se demanda à nouveau sa signification. Laissa son esprit s’évader vers les marques de grossesse. Qu’était-il devenu ce gamin ? Ces gamins, pour ce qu’elle en savait ? Était-il en vie ? Qu’était-ce, d’abord ? Enfant de putain, ce ne devait pas être mieux qu’enfant de mage. Et sans qu’elle ne s’en rende réellement compte, Andra sentit sa prise s’affermir sur la femme dans ses bras, comme si la nuit était trop jolie pour la laisser être envahie par tant de douleurs secrètes. Comme si, l’espace de quelques heures, il n’y avait que l’oubli qui comptait. Sa curiosité, pourtant si forte, s’apaisa. Un jour, peut-être. Ou pas. Mais ce soir, dans ce lit, elle s’autorisa à repousser les pourquoi et les comment.

Y aurait-il seulement un autre soir ? Elles n’en avaient pas parlé. Il était probable, d’ailleurs, qu’elles n’en parleraient pas. Qu’était-ce que cette étreinte, sinon l’égarement coupable de deux indépendances solitaires qui avaient trouvé à se parler, qui se plaisaient au moins suffisamment pour se laisser aller, complaisamment, à la jouissance la plus intime, mais dont les vies, comme les caractères, paraissaient si éloignées – et pourtant, si proches ? Et Andra n’avait jamais pris que ce qu’on lui donnait. Une nuit, c’était suffisant. Une nuit, c’était finalement le récit de toute sa vie. Et cette nuit était jeune, elle. Frissonnant agréablement en sentant les lèvres de Vera contre son cou, à l’endroit si sensible de sa naissance, la mage ne put s’empêcher de la faire glisser davantage sur elle-même, et non uniquement contre, de sorte qu’elle puisse chuchoter contre ses lèvres :

« Mais comme je t’ai demandé tout le soir … J’apprécie de ne pas avoir à revenir sur ma parole. Parce qu’une fois disparue au matin, je compte bien qu’il reste encore mon prénom sur tes lèvres cette nuit. »

Son œil pétillait de malice, tandis qu’un sourire doucement machiavélique se peignait sur ses traits heurtés, et que sa main se faufilait à l’arrière du cou de l’autre femme pour l’attirer dans un baiser volontairement langoureux, de ceux qui n’avaient pas besoin de s’empresser pour enflammer, de ces promesses languides murmurées langue à langue. Ce furent des heures douces, volées au creux de la nuit, dans le stupre partagé, la passion tumultueuse et la douceur sulfureuse. Des paroles, il y en eut, de ces riens échappés pendant l’amour, comme de ces confidences sans importance sur la beauté d’un des tapis – et les usages imaginés – ou sur un grain de beauté un peu trop taquiné. C’était sans importance, finalement, ce qu’elles pouvaient se dire en reprenant leur souffle. Et c’était si paradoxalement beau, de pouvoir être libres d’être inconséquentes, dans l’étouffement de ce qu’elles étaient, l’une et l’autre, l’une aux yeux de l’autre. Désormais, le désir consommé et qui achevait de les consumer trouvait d’autres moyens pour s’exprimer, alors que les préférences s’étaient révélées. Andra, en amante attentive, se fit peut-être plus audacieuse, parfois plus osée, sans jamais franchir la frontière de ce qui lui était offert, de ce qui lui était permis, mais bien trop joueuse pour résister au plaisir de la vue qui, parfois, lui fut concédée, dans la ferveur des caresses et l’embrasement des sens. Quand enfin, les corps cédèrent, les paupières s’abaissèrent et les souffles se ralentirent, sans trop savoir pourquoi, ni comment, elles restèrent emmêlées dans l’ivresse de leur acmée.

Avait-elle seulement eu réellement le temps de dormir ? En ouvrant l’œil, Andra préféra ne pas se poser la question. A la place, elle vérifia aussi doucement que possible si son amante était toujours assoupie, et, avec moult précautions, parvint à retirer son bras de la taille de Vera, mais dut s’avouer vaincue lorsqu’il fallut retirer l’autre, qui avait manifestement servi d’oreiller à l’autre femme – elle en serait quitte pour quelques courbatures supplémentaires, et clairement, elle n’était plus à une près. L’embrassant délicatement, elle attendit que sa maîtresse revienne à elle pour indiquer galamment :

« Je sais qu’il est confortable, mais j’aurai besoin de mon bras pour partir. »

Une fois l’intégralité de ses membres récupérés, la mage se leva rapidement, sans s’encombrer d’une pudeur qui aurait paru singulièrement déplacée après une telle nuit agitée et entreprit de récupérer à tâtons ses effets personnels, avec plus ou moins de succès – parbleu, comment diable ça avait réussi à atterrir là ? – avant de se glisser dans l’étuve pour se décrasser très sommairement au moins les mains et le visage. Ces modestes ablutions effectuées, la garde s’habilla, bien qu’il lui resta un épineux problème. Passant la tête en direction du lit – et constatant que Vera était levée également, elle demanda, l’air rieur :

« Dis, tu n’aurais pas vu ma … ? »

L’odieuse chaussette fuyarde était aux pieds de Vera, et Andra la remercia d’un signe de tête avant de récupérer la rebelle et d’achever de remettre ses vêtements froissés sur elle. Un instant, l’ombre d’un sourire doux passa sur son visage alors qu’elle contemplait l’autre femme, balayant une dernière forme ses courbes, ses plis et ses déliés, ce qui faisait de Vera ce qu’elle était, et qui n’appartenait qu’à ses souvenirs, et à la nuit. Hélas, cette dernière avait fui, et l’amour aussi. S’approchant, elle glissa ses doigts sous le menton de sa compagne de quelques heures et, se penchant, lui offrit un dernier baiser, de ceux qui disaient au revoir sans avoir besoin de l’énoncer. De ceux qui remerciaient. De ceux qui, tout simplement, embrassaient tout ce qui avait été, et tout ce qui n’avait pas lieu d’être.

Et Andra s’en fut, tirant doucement la porte pour ne pas qu’elle grince, et descendant l’escalier avec autant de discrétion qu’il lui était possible. Elle était presque parvenue à son but lorsque :

« Andra ? »

Une voix féminine un peu ensommeillée la fit s’arrêter net. Dasyra l’observait avec perplexité, et la mage bénit un instant la popularité de l’elfe et donc l’abaissement évident de ses réflexes cognitifs le matin puisque le silence demeurait entre elles. Se mordant la langue, la garde se demanda un instant ce qu’elle devait faire … et, comme à son habitude, convint intérieurement que la meilleure manière de gérer un problème, c’était de faire comme s’il n’existait pas. Avec un aplomb impérial, elle répondit :

« Bonjour Dasyra. Tu as bien travaillé à voir ta mine, je gage. Je regretterai presque d’être restée si peu de temps avec toi, hier. »

La plaisanterie, dont les accents grivois étaient couverts par l’éclat taquin dans son regard, fit rire la belle puterelle.

« Puisque tu as l’air de faire des heures supplémentaires … »

Le rire rauque, chaleureux d’Andra résonna, et l’elfe lui adressa un clin d’œil avant de lui dire :

« Viens, autant prendre quelque chose à manger avant de repartir. »

« Non, je … »

« Oh, ça me fera plaisir. »

Et que faire face à cette jolie paire de cils qui vous fixaient ainsi, et surtout, qui vous avaient pris pratiquement la main dans le sac, ou plutôt, les pieds en bas de l’escalier ? Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, la mage se retrouva donc emmenée dans la cuisine, bientôt entourée d’un aréopage de filles de joie qui se firent un plaisir de tester l’assurance de cette invitée impromptue. Qui parvint à ne pas plier, malgré un ballet fort avenant de décolletés et de taffetas divers dont elle devait, apparemment, se faire l’arbitre des élégances.

Ce fut bien évidemment ainsi que Vera la trouva, et Andra bénit, pour une fois, l’aspect rugueux et peu lisible de son visage, qui lui permit de maintenir un masque de neutralité au prix de rudes efforts. Son contralto s’éleva :

« Bonjour Vera. »

Professionnel, court. Tentant de donner le change, la garde étira sa haute stature et quitta son siège avant de dire :

« Mesdames, je vais vous laisser entre vous. Merci pour l’hospitalité, cela m’apprendra à profiter autant du vin de vos caves en paiement de mes services, mais d’autres compagnies moins plaisantes m’appellent. »

Un sourire enjôleur à l’une et un coup d’œil caressant à une autre, Andra prit plaisir à éveiller quelques rougissements et à en profiter pour prendre congés. Ou pas. Discrètement, elle se posta à l’intersection du mur, et attendit que toutes s’en aille. Et quand, enfin, elle devina Vera s’approchant, elle l’attira à elle, lui intimant le silence. Vérifiant qu’il n’y avait plus personne – cette fois – elle chuchota, contrite :

« Je suis désolée, Dasyra m’a surprise en train de descendre … Alors je me suis dit qu’il valait mieux donner le change. »

L’œil pétilla, et elle ajouta :

« Je ferai plus attention … »

Eclat brillant de malice.

« … la prochaine fois. »

Coup d’œil discret à nouveau, pour s’assurer encore d’une relative tranquillité. Et les mains vinrent, comme plusieurs heures auparavant, se poser sur la taille fine, tandis que les lèvres se posèrent sur celles de Vera pour un baiser qui, lui, n’avait rien de chaste. Ballet passionné, de ceux qui ne s’offrent qu’au petit jour, avant de regagner la vie. De ceux qui ne se donnent qu’au matin, cet enfant de la nuit. Cet enfant de catin, aussi. Lorsqu’enfin, leurs lèvres se séparèrent, la malice n’avait pas quitté les traits d’Andra, qui souffla :

« Re-aurevoir, Vera. »

Cette fois, elle s’en fut bel et bien.

Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or.
Tu m’as donné ton corps et j’en ai fait mon âme.
Tu m’as donné l’envie et j’en ai fait ta nuit.
Tu m’as donné la mort et j’en ai fait la vie.
Tu m’as donné l’acmée et j’en ai fait la fin.
Tu m’as donné ta boue, et je n’en ai aucun regret.
Tu m’as donné ton or et je n’en ai aucun remords.
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Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or - Vera