Panthéon elfique

« Nous ne connaissons que peu de choses à propos de Fen'Harel qui, dit-on, n'avait cure de notre peuple. Elgar'nan et Mythal ont créé le monde que nous connaissons, Andruil nous a enseigné les Voies du chasseur, Sylaise et June nous ont donné le feu et les façons ; Fen'Harel, lui, n'avait d'yeux que pour lui-même. Après la destruction d'Arlathann, quand il trahit les dieux et les rendit sourds à nos prières, il est dit que Fen'Harel passa des siècles en un lieu reculé de la terre, tout à sa jubilation insensée. »
Extrait du Triomphe de Fen'Harel d'après les récits de Gisharel, Archiviste du clan dalatien Ralafeïrin.
Crédits : Kirin (Xiaodi Jin)
Résumé

Ce que tout le monde sait
Lecture obligatoire.

Fantasmes d’antan ou religion hérétique. Les Chantristes ont beaucoup de mal à aborder la question des divinités elfiques : toutes à la fois figures païennes, croyances hérétiques ou legs d’une civilisation fascinante, ils préfèrent les ignorer plutôt qu’avouer leur intérêt, ou les dénigrer comme on dénigre les Dalatiens, elfes sauvages et nomades dévoués à des dieux disparus. Plus ancienne religion de Thédas, ce qu’il reste pourtant du panthéon elfique n’est qu’une infime partie de ce qui fut : comme leur culture et leur gloire, ils perdirent leurs croyances avec la chute d’Arlathan, et ne chérissent jusqu’à la lie que des miettes. Des mythes et des légendes auxquels, du temps de leurs esclavage, puis de la Dalatie, et encore maintenant, ils ont réussi à donner un sens. Celui d’un Père et d’une Mère les protégeant de leurs ennemis, de Jumeaux les guidant dans l’Immatériel ou encore d’une Chasseuse infatigable ; qui ne peuvent plus exaucer leurs prières car rendus sourds par la malice d’un Loup. Que leurs Evanuris, qu’ils traduisent en langue commune par Créateurs, n’existent pas n’importe que peu à l’historien que je suis : car dans le fond, j’admire leur rage de vivre et la poésie de leurs contes, dont la morale finale n’est finalement qu’après la chute, il ne restera pas rien.

Panthéon elfique
Lecture facultative sauf si religion choisie.

La manière la plus simple d’aborder les croyances elfiques est de commencer par son panthéon, s’élevant au nombre de huit… plus un. Le premier d’entre eux n’est autre qu’Elgar’nan, le Dieu de la Vengeance. Également connu sous les sobriquets d’Aîné du Soleil ou Celui Qui Renversa Son Père, il représente également la paternité aux côtés de Mythal, son épouse, avec laquelle il dirige le panthéon. Les Elfes l’invoquaient avant de partir à la guerre, car il tiendrait en ses mains le feu qui réduirait leurs ennemis en cendres : son symbole est le soleil. Connu pour son insatiable rage, ses plus fervents croyants comptent parmi les meilleurs guerriers de leur peuple. La deuxième d’entre eux, bien qu’on puisse la nommer première tant elle est essentielle dans leurs croyances, est Mythal, la Déesse de la Justice, bien qu’elle soit affectueusement nommée la Déesse de l’Amour, représentant la maternité aux côtés de son colérique époux Elgar’nan. À la fois tendre et aimante mère, mais également implacable et féroce juge, les Dalatiens d’aujourd’hui appellent sa protection et sa clairvoyance dans les situations les plus compliqués pour eux, espérant grâce à elle agir justement - ou simplement retrouver le pardon maternel. Son symbole est le dragon et elle est parfois représentée comme une femme avec deux ailes dans le dos. Les suivants vont par deux, faces complémentaires d’une même pièce, jumeaux inséparables et enfants d’Elgar’nan et de Mythal. Le premier des deux frères est Falon’din, l’Ami des Morts ou le Miséricordieux, Dieu donc du trépas mais aussi de la chance et de la fortune. Son rôle principal est de guider les morts dans l’Après, nom elfique désignant l’Immatériel ; il est dit qu’avant que les Elfes ne vivent leur accélération et ne deviennent mortels, il guidait les esprits de leurs anciens dans l’uthenera, repos éternel d’êtres immortels. Pour qu’ils trouvent leur voie, ils sont équipés d'un baton de chêne. Falond’in est symbolisé par le hibou. Le second des deux frères est Dirthamen, le Gardien des Secrets ou Maître des Corbeaux, dieu du savoir et des secrets, réputé pour avoir enseigné aux Elfes la connaissance mais aussi la loyauté et la foi envers sa famille. Le plus discret des dieux, il est celui qui guide les vivants dans l’Après pour qu’ils surmontent ses épreuves : si les morts sont enterrés avec une branche de cèdre, c’est pour se défendre des dangers. Les mages dalatiens l’invoquent pour apaiser leurs rêves et surmonter leurs démons. Dirthamen est ainsi symbolisé par deux corbeaux. La déesse prochaine est sûrement la plus connue parmi les Humains, car c’est son nom qu’ils entendent avant que la flèche ne siffle : Andruil, la Chasseuse ou Dame de la Fortune, est donc la déesse de la chasse et de la forêt, terrible prédatrice qui sert de modèle aux fiers Dalatiens. Elle enseigna aux Elfes le Vir Tanadhal ou la Voie des Trois Flèches, symbole d’une force par l’unité. Premièrement, le Vir Assan ou Voie de la Flèche : vole droit et ne tremble pas. Deuxièmement, le Vir Bor’assan ou la Voie de l’Arc : ploie et ne casse jamais. Troisièmement, le Vir Adahlen, ou la Voie de la Forêt : reçois les fruits de la forêt avec déférence. Son symbole est le lièvre. Avec elle vient toujours la plus jeune des déesses, Ghilan’nain, la Mère des hahls, ces chevreuils à la robe immaculée qui accompagneront les Dalatiens et guideront leurs aravels, ou caravanes, jusqu’à la fin des temps. Ghilan’nain est invoquée avant les longues transhumances dalatiennes car elle est la déesse des voyages ; elle leur assure de ne jamais se perdre en route. Elle a aussi la particularité d’avoir une mortelle élue par Andruil pour devenir divinité, car sa foi et son désespoir la touchèrent profondément. Naturellement, son symbole est le hahl. Andruil avait aussi une soeur, selon les versions, que les Elfes nomme Sylaise, la gardienne du foyer : à la manière des chantristes, un feu éternel lui est dévoué et ils mettent leur coeur entier à le maintenir vivace. Elle est la déesse des arts domestiques mais également de la guérison, protégeant les plus faibles qui cherchent la chaleur de son foyer, particulièrement les enfants. Elle enseigna aux Elfes le Vir Atish’an, la Voie de la Paix, invoqué avant d’allumer un feu et après l’avoir éteint. En plus d’être invoquée auprès des innocents, elle préside aussi les mariages et assure la fertilité du jeune couple. Son symbole est le feu dans l’âtre. Avec Sylaise vient son époux, June, Maître de l’Artisanat. Habile constructeur, il est parfois raconté qu’il s’est créé lui-même à partir de rien ; mais les Elfes racontent peu de choses sur lui, car il est, parmi leurs divinités, celui qui a été le plus touché par la chute d’Arlathan et la destruction de leur culture par les Tévintides, et rien ne leur est laissé qui n’est pas conté chez Sylaise. Invoqué par les artisans lorsqu’ils sont affairés aux réalisations les plus subtiles et les plus fragiles, il défend aussi le clan. Son symbole est un bouclier. Quant au dernier, Fen’harel, le Loup implacable, il est difficile pour moi humain de vous dire s’il appartient ou non au panthéon elfique - et en toute honnêteté, je ne crois pas que tous les Dalatiens soient au clair avec sa place. Car il est le Seigneur des Tromperies, le Messager des Cauchemars, celui qui a trahi le peuple des Elfes : à la fois Créateur mais aussi les Oubliés, il est celui qui aurait détourné les dieux elfiques de leurs sujets et les a rendus à jamais sourds. Pourtant, il tient encore une place dans leur panthéon, car les Dalatiens l’invoquent pour effrayer leurs ennemis ou maudirent leurs adversaires : ils gardent leurs camps et les Archivistes cherchent à l’apaiser plus qu’à l’adorer. Il dispense encore des conseils, mais il est dit que c’est à un grand prix que peu sont prêts à payer. Son symbole est le loup.

Rites et pratiques
Lecture facultative sauf si religion choisie.

Les Elvens racontent qu’avant toute chose, il y aurait eu le Soleil et la Terre. Le premier, intriguée par la seconde, s’en approcha pour mieux l’admirer, jusqu’à la touche : de ce contact naquit alors Elgar’nan. Soleil et Terre aimèrent immédiatement Elgar’nan, car il était beau et intelligent, et elle lui créa la vie qu’il adora en retour. Mais cette adoration provoqua jalousie au Soleil qui décida de réduire toutes les créations de la Terre en cendres ; et elle pleura, créant les océans ; et elle fut brisée, créant les rivières et les lacs. Furieux, Elgar’nan s’en serait allé le combattre dans le ciel, le vainquit, et l’y précipita. Le monde fut alors plongé dans le noir le plus complet, et la vie ne réussit pas à s’y développer à nouveau, malgré les efforts du dieu pour consoler sa mère. C’est alors que Mythal émerga des flots et marcha sur la terre, et posa sa main sur Elgar’nan pour apaiser sa colère destructrice. Elle le conduisit à rapporter la vie en pardonnant à son père, et il le libéra de sa cage, avec la promesse de se retirer toutes les nuits pour ne plus consumer la création : et le Soleil, empli de remords, accepta. Elgar’nan et Mythal recréèrent la vie sur le monde, mais regrettèrent le noir implacable des nuits ; alors, recueillant la lumière de la couche solaire, la déesse modela la lune et la plaça dans le ciel. De l’union d’Elgar’nan et Mythal naquirent Falon’din et Dirthamen, les jumeaux, inséparables depuis leur conception et s’aimant profondément. Un jour vint, pourtant, où Falon’din dut accompagner un cerf mourant au-delà du Voile et son frère tenta de l’y suivre ; mais Dirthamen s’égara dans l’Après et se retrouva seul, errant à sa recherche. Il croisa sur sa route deux corbeaux, Peur et Tromperie, qui tentèrent de le troubler et de le perdre à jamais. Mais Dirthamen désirait plus que tout retrouver Falon’din et il les domina, les forçant à le reconduire à son frère. Lorsque les jumeaux furent réunis, ils jurèrent de ne jamais se séparer. Il est raconté qu’aucun animal n’est plus aimé de Dirthamen que l’ours car, alors que le monde était jeune, le dieu confia à tous les animaux un secret à garder. Les renards confièrent leurs secrets à Andruil contre des ailes, les lièvres le crièrent à la cantonade et les oiseaux l’échangèrent contre des pièces d’or et d’argent ; seuls les ours gardèrent leur secret. Et lorsque Dirthamen découvrit ce que les animaux firent de ses présents, il arracha les ailes aux renards, fit taire les lièvres et rendit les oiseaux mendiants ; mais il loua les ours pour leur contenance et leur force de volonté. Lorsque le Peuple des Elfes était jeune, pareils à des enfants cherchant leurs parents, il est dit qu’ils erraient dans la forêt sans but : ils buvaient l’eau des rivières et mangeaient les fruits et les noix qu’ils trouvaient. Ils ne chassaient pas, car ils n’avaient pas d’arc ; ils ne portaient aucun vêtement, car ils ne savaient pas coudre. Et ils tremblaient de froid la nuit et de faim le jour, alors que le monde était recouvert de neige et de glace. C’est alors que Sylaise et June vinrent : la première leur montra comme allumer le feu et le nourrir de bois ; le second leur enseigna à fabriquer les arcs et forger les couteaux. Les Elfes apprirent à chasser, à cuisiner, à coudre, et ils ne souffrirent plus du froid et de la faim. Bien avant le temps d’Arlathan, il est raconté que Ghilan’nain était une magnifique chasseuse, aux cheveux d’albâtre et aussi gracieuse qu’une gazelle, fidèle à Andruil dont elle fut l’élue. Un jour qu’elle était dans la forêt, elle rencontra un chasseur qu’elle ne connaissait pas et découvrit qu’il avait tué un faucon, animal sacré d’Andruil. Ghilan’nain demanda au chasseur de faire une offrande à la déesse pour racheter sa faute, mais il refusa, et elle demanda à Andruil de le maudire pour que jamais plus il ne puisse chasser et réussir à tuer une créature. Sa malédiction atteignit le chasseur qui devint la risée de sa famille et de ses proches, incapable de ramener la moindre proie, et il chercha vengeance. Il trouva Ghilan’nain parmi ses soeurs, l’attira en arguant qu’il avait compris la leçon et, isolée, il s’en prit à elle : il lui creva les yeux, l’attacha à un arbre et essaya de la tuer ; mais la malédiction l’en empêcha et il la laissa pour morte dans la forêt. Alors la chasseuse pria les dieux et Andruil la sauva : les lièvres défirent ses liens et un magnifique cerf blanc, le premier hahl, guida la pauvre elfe jusqu’aux siens qui jugèrent le chasseur pour ses crimes. La dernière légende, qui clôt en quelques sortes la cosmogonie des Elfes, raconte comment leurs dieux les ont abandonnés - ou, plus exactement, comment la malice de Fen’harel le laissa seul maître de ce monde, alors qu’il est dit qu’il ne s’occupa jamais de son peuple. Car, avant la chute d’Arlathan, les dieux menèrent un combat sans fin contre d’autres divinités dont il faut taire le nom : les Oubliés. Leurs noms, Geldauran and Daern'thal et Anaris, ne sont que murmures dans les rêves ; dieux de la terreur et de la malice, de la maladie et du dépit. Et seul Fen’harel pouvait marcher parmi les dieux et les Oubliés car il était des premiers mais sa ruse était familière aux seconds. Et c’est ainsi qu’il les trompa : aux Evanuris, qui le voyaient comme un frère, il leur suggéra de protéger les cieux pendant qu’il cherchait une solution aux conflits ; aux Oubliés, il leur dit qu’il allait défaire les dieux seulement s’ils retournaient un temps dans les abysses. Et lorsque ce fut fait, il enferma les deux dans leurs prisons, les uns dans le Ciel et les autres sous la Terre : et il régna en maître sur le monde. Mais où ? Pour certains Dalatiens, il est reclu dans une partie du continent, ou de l’Immatériel, fou de ne plus avoir de proie, à la recherche d’âmes égarées ou imbéciles qu’il peut encore tromper…